Et notre ishin shishi ne déméritait pas. Maintenant que la guerre sur le Honshu attirait toute l'attention du daimyo Choshu, il fallait agir. L'impasse stratégique causée par les provinces Choshu sur l'île de Kyushu était de par trop évidente. C'est ainsi que de nouvelles rencontres conspiratives eurent lieu entre notre agent et les représentants des mécontents du régime Choshu.
Il fallut s'y reprendre à deux fois et investir des sommes énormes pour pousser les habitants de Buzen à la révolte, mais le résultat y était. Une province en proie à l'anarchie des rebelles, et une armée Choshu bloquée par le conflit du Honshu. Et bien sur, une armée satsuma prête à exploiter la situation.
Pour être sur de la non-intervention du clan Choshu, une geisha fut envoyée pour "persuader" le général commandant l'armée la plus proche de ne pas quitter son agréable logis.
Une brève bataille eut raison de ces rebelles aux pieds froids. L'investissement en infanterie de ligne s'avérait judicieux, le feu ami contribua à nettement réduire nos pertes.
Cette nouvelle annexion permit d'augmenter d'une bonne mesure les revenus fiscaux du clan, qui avait aussi fait venir quelques experts américains pour augmenter l'efficacité de la perception des impôts. Cependant, le clan devenait de plus en plus dépendant du commerce, et donc d'autres clans. Les revenus commerciaux dépassaient le surplus mensuel du trésor. Une situation dangereuse pour qui craint une guerre civile généralisée.
Au moins, la plupart des ressources précieuses était désormais entre nos mains. Charbon, cuivre, fer, thé, tout ce qu'il faut pour mener une guerre.
Le clan Saga ne souhaitait que renforcer les liens avec notre clan, mais une alliance n'aurait pas eu d'avantage pour nous. Le clan Saga possède de riches terres dans la partie Ouest du Kyushu, une cible potentielle. De plus, la majeure partie de ses capacités militaires était concentrée dans le Shikoku, où il maintenait une forte position, allié au clan Tosa.
Le daimyo préférait se réserver un terrain d'essai pour ses nouvelles troupes. Dans tout le Kyushu sous contrôle des Satsuma, des casernes étaient en train d'être érigées. L'infrastructure militare croissait à vue d'oeil.
Avec chaque austère bloc de pierres prêt à cracher des recrues capables de manier un fusil et de tirer en ligne, la confiance du daimyo grandissait. Il se sentait assez fort pour défier une nouvelle fois les Choshu, qui eux pataugaient dans une mélasse de problèmes immenses dans le Honshu. Une révolte éclata dans la dernière province des Choshu sur l'île Kyushu, sans que personne ne sache une autre cause que l'hostilité portée par la population locale aux Choshu ...
Le début de cette nouvelle campagne coïncida avec l'essor des technologies maritimes engendré par les experts étrangers.
Les rebelles ne faisaient pas le poids face à notre armée en cours de modernisation.
La province Tsukushi nouvellement conquise ne payait pas de mine, dévastée par la rébellion et souillé de tripots et autres endroits peu recommandables.
Le daimyo engagea des sommes colossales pour remettre la province sur pieds, mais il fit arracher le tripot, garant des coutumes de l'ancien Japon et nuisible aux efforts de modernisation. La paix relative qui s'installa à ce moment sur Kyushu déclencha un boom économique sans pareil. Les gigantesques revenus d'impôts furent presque entièrement réinvestis dans l'infrastructure économique de l'île. Bien sur, l'armée recut sa part elle aussi ...
Une multitude d'accords commerciaux, rendus possibles par l'agrandissement de ports commerciaux, furent scellés en peu de temps. Ces partenaires commerciaux étaient en partie notoirement fidèles au shogunat, mais l'appât du gain était plus grand.
Personne n'est dupe, ces amitiés nouvelles ne seront pas de longue durée
Faire du commerce avec les nez-roses n'était pas encore possible, les négociations étaient dures et notre position de faiblesse face aux armes occidentales n'était que trop évidente. En attendant des temps meilleurs, il fallait aussi souffrir les impertinences des étrangers.
L'inépuisable ishin shishi Arinori semait la terreur dans les provinces Saga, les révoltes éclataient les unes après les autres et la population était exaspérée des troubles incessants. Toutefois, la puissance militaire saga tenait (encore) la dragée haute à toutes les rébellions.
Il fallait donc chercher une alternative pour faire avancer la consolidation du noyau territorial qui devait porter le clan Satsuma à travers la guerre civile approchante. Il ne restait que les petites îles autour de Kyushu pour satisfaire le daimyo. Grâce aux nouvelles techniques occidentales, deux frégates de classe Kasuga aux parois renforcées de cuivre furent construites en l'espace de quelques mois seulement.
Le clan Tsushima-Fuchu, gâté par des mines d'or en abondance sur sa petite île, était presque à portée de canon.
Ce clan était haï dans tout le Japon pour son arrogance, son annexion ne provoquerait pas beaucoup de larmes. Peu avant d'embarquer pour l'île, le daimyo engagea un médecin étranger qui promettait des progrès rapides dans le domaine de la médecine.
Les dés étaient jetés ...
Une flotte saga, avec qui les Tsushima-Fuchu étaient en guerre depuis longtemps, s'était a priori déjà chargée de la flotte de nos nouveaux ennemis. Le débarquement se fit sans peine.
Les frégates recurent l'ordre de bombarder la capitale ennemie, mais malgré l'emploi de canons plutôt modernes, les dégâts restèrent modestes. La suprématie navale du clan Satsuma est loin d'être établie ...
L'infanterie est elle plus au point.
Supérieures en nombre, nos troupes ont tôt fait d'envelopper les forces ennemies dans un triangle de feu mortel. La troupe se tient bien, le rythme des salves est effréné, ils tirent plutôt bien, le feu constant effraye considérablement l'ennemi, nettement plus lent à riposter.
Le feu brise les rangs ennemis; la cavalerie, équipée de revolvers américains et de sabres, nettoie le terrain.
Pour la première fois dans l'histoire du clan Satsuma, les armes à feu ont joué le rôle décisif dans une grande bataille. Les temps changent!
La capitulation des Tsushima-Fuchu est désormais inéluctable, le détroit de Tsushima est notre. Nos ambassadeurs recoivent par télégraphe l'ordre de forcer à tout prix l'acquisition de nouvelles technologies concernant les armes à feu.
Désormais, même les Britanniques nous considèrent comme dignes de négocier sérieusement avec eux.