Ferdinand d'Aragon et Isabelle de Castille
"Aún y más allá"
Ferdinand II (1452-1516), roi d'Aragon et de Sicile.
Isabelle 1ère (1451-1504), reine de Castille.
Un symbole
Ferdinand d'Aragon et Isabelle de Castille furent pour les générations qui les ont suivis le symbole du renouveau espagnol. En quelques années, un seul souverain gouvernait l'ensemble des royaumes espagnoles (à l'exception du Portugal), et la péninsule était "débarassée" de la présence musulmane. Puis l'Espagne, elle-même, se retrouvait au centre d'un vaste empire, à la fois méditérranéen et océanique.
Mais rien ne semblait aussi simple au départ...
Deux jeunesses troublées par la guerre civile
Ferdinand était le second fils de Jean II d'Aragon et de Blanche de Navarre. L'Aragonais était à l'époque un territoire avec pour débouché méditerranéen Barcelone. Au moment du mariage avec Isabelle, la guerre civile sévissait sur son pays.
Isabelle était la fille de Jean II de Castille et de Isabelle du Portugal. Elle vivait retranchée dans un couvent avec sa mère après la mort de son père qui laissa le pouvoir à son demi-frère Henri IV de Castille. Celui-ci destinait le trône à sa fille Jeanne, surnommée "la Beltraneja" parce que la rumeur affirmait que le vrai père était un favori du roi (d'où le nom substantivé). Cette mauvaise réputation laissait présager une succession difficile. Mais Henri pensait contrôler le jeu en imposant un mari à Isabelle (prince français ou roi du Portugal ?).
Le mariage
Isabelle était soutenue dans ses ambitions par l'archevèque de Tolède et d'autres grands. Celui-ci arrangea alors un mariage secret avec le fils de Jean II d'Aragon, Ferdinand, en dépis des ordres du roi de Castille, Henri. Étant cousins, les futurs mariés devaient demander l'autorisation du pape, mais pour gagner du temps, l'archevèque fit rédiger un faux! Le mariage eut lieu à Valladolid en 1469 en toute discrétion, pendant une absence de Henri IV. Pour s'y rendre, Ferdinand dut traverser déguisé son pays en proie aux troubles. Henri, de retour, ne put que reconnaître le mariage et tenter de circonvenir le danger que représente Isabelle pour la paix en Castille.
Troubles interieurs réduits
Tandis qu'en Aragonais, Jean II réduisait définitivement les soulèvements en 1472 en pénétrant dans Barcelone, la guerre de succession en Castille se déclenchait à la mort du roi (1574). Louis XI de France envahit le nord de la Castille. Alfonse V du Portugal, un des prétendants d'Isabelle, l'ouest. Le jeune prince Ferdinand, roi de Sicile, se démèna pour réunir des fonds et des nobles. Ces efforts de diplomatie furent récompensés par la défaite d'Alfonse à la bataille de Toro (1476). La situation fut pratiquement rétablit à l'intérieur lorsque les Cortes de Castille reconnaissèrent Isabelle. Il fallut attendre cependant 1479 pour que la guerre civile prit fin et que la Beltraneja s'enferma dans un couvent. La même année, Ferdinand devint roi d'Aragon à la mort de son père.
Une association politique
Les deux rois furent liés par les liens du mariage, mais aussi par un contrat d'association politique. Toutes les décisions en politique étrangère étaient prises en commun. Ils voyagaient donc ensemble par monts et par vaux, Isabelle partageant la vie de camp de son mari. Jamais, rois ne furent plus près de leur peuple, au dire des témoins de l'époque.
La fin de la guerre de reconquète (Reconquista)
En 1481, les maures relancèrent la guerre en s'emparant de Zahara. Ils venaient sans le savoir de prononcer la fin de l'émirat espagnol. Le dernier acte fut donné, 10 ans plus tard, à Grenade qu'un dure siège encerclait. La résistance fut farouche, mais la ville se rendit au bout de 6 mois aux Rois Catholiques le premier janvier de l'année 1492. En mars de la même année, les juifs furent officiellement expulsés. Les années qui suivirent furent le théatre de longues traques à l'intérieur du pays à la poursuite des hérétiques et autres mauvais convertis. L'Espagne entière en trembla. Les musulmans et juifs se convertirent en masse. Certains fuirent vers l'Afrique ou le Portugal, puis revinrent. Un siècle plus tard, les morrisques, des convertis de force, se révoltaient encore. Ces nouvelles conquètes allèrent à la Castille qui s'affirmait comme le royaume le plus puissant de la péninsule, celui qui fournit par la suite les hommes et l'argent à toute expédition d'envergure.