Parce que, selon toi on ne peut pas allier progrès technique, et humanisme ?- Je suis d'accord, le passé est le passé et il faut construire l'avenir, mais ce raisonnement il tient depuis les premiers hommes. Je pense qu'on a les mêmes aspirations mais pour y arriver selon moi il faut abandonner la notion de progrès car c'est a la fois un piège et un leurre, il faut s'en tenir a une politique humaniste, qui respecte l'humain dans toute ses diversités, ses histoires et ses cultures. Le reste ce n'est que mensonge et fumisterie.
Le mauvais roi
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Re: Le mauvais roi
Et l'on voyait marcher ces va-nu-pieds superbes sur le monde ébloui
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Re: Le mauvais roi
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- Parce-que tu pense qu'on a le choix aujourd'hui ? Tu pense qu'un fils d'ouvrier sera dans un poste de cadre supérieur ? Honnêtement, on fais peut être mieux qu'avant, il y a la possibilité officiellement, mais dans la pratique le fils d'ouvrier a 10% de chance de finir dans les hautes strates de la sociétés là ou celui qui viens directement de ce milieux a plutôt 70% de chance d'y arriver, simplement parce-que l'éducation parentale est différente, le fils d'ouvrier ne va pas recevoir une éducation qui va l'amener a s'intéresser a ce qui aurait pus faire de lui un candidat pour l'évolution sociale.
La seule différence aujourd'hui est qu'avant le fils d'ouvrier aurait eu 0.1% de chance, maintenant il en a 10 ! Mais ça c'est pas forcément lié a la démocratie, c'est plutôt lié a la modification de l'économie, a l'industrialisation et au besoin croissant de personnes ayant reçue une éducation dans les circuits économiques, il ne faut pas tout confondre !
Le progrès pour le progrès est mal, on est d'accord. Le progrès doit être mis au service de l'Homme et non pas l'inverse !Je pense qu'on a les mêmes aspirations mais pour y arriver selon moi il faut abandonner la notion de progrès car c'est a la fois un piège et un leurre, il faut s'en tenir a une politique humaniste, qui respecte l'humain dans toute ses diversités, ses histoires et ses cultures. Le reste ce n'est que mensonge et fumisterie.
Olives et Paix
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Re: Le mauvais roi
Par progrès j’entends surtout la notion de progrès morale, de progrès d'une société par rapport a l'antérieur. De nos jours l'idéologie dominante veut que nos sociétés soient le tip top de l'histoire humaine et que, jamais, nous ne furent collectivement si civilisés, si "supérieur" a notre homologue du passé. Et ce grâce principalement a notre forme de gouvernement politique qui est censé tous nous placer sur un pied d'égalité et nous délivre le message "maintenant, nous pouvons tous choisir le futur que nous désirons majoritairement". En pratique on vote pour un partis qui une fois au pouvoir dispose librement de ce dernier et mène la politique qu'il entend, ce sont donc ces élites qui forment l'ensemble de ceux qui ont réellement la pratique du pouvoir qui décide. Il faut reconnaitre qu'ils ont l’intelligence compréhensible de ne pas aller là ou le consensus commun, celui qui rassemble tout le monde au delà des clivages politique (donc si on en reviens a ce qu'on disais avec bart' les fameuses "aspirations" humaine) s'indignerait. Mais ils ne vont pas non plus dans le sens des aspirations communes, ils vont dans le sens de leur aspiration de "classe" (même si j'aime pas utiliser ce terme qui de suite fait référence au marxisme, m'enfin faute de mieux..)Riri a écrit :Parce que, selon toi on ne peut pas allier progrès technique, et humanisme ?- Je suis d'accord, le passé est le passé et il faut construire l'avenir, mais ce raisonnement il tient depuis les premiers hommes. Je pense qu'on a les mêmes aspirations mais pour y arriver selon moi il faut abandonner la notion de progrès car c'est a la fois un piège et un leurre, il faut s'en tenir a une politique humaniste, qui respecte l'humain dans toute ses diversités, ses histoires et ses cultures. Le reste ce n'est que mensonge et fumisterie.
Le progrès technique lui sers l'Homme, par fainéantise (encore une "aspiration" commune) nous progressons dans la maitrise de la technique qui nous permet de nous faciliter de plus en plus la vie quotidienne. Étant donné que ça fait partie intégrante de notre nature, bien sûr que oui on peut allier progrès technique et humanisme !

La Vérité sur les crimes de Staline..
"La table est l'autel des Français. L'élément sacré de Noël en France, c'est la gastronomie et pas la religion. "
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Re: Le mauvais roi
Je dirais plutôt que le pouvoir démocratique ne peut pas ne pas le faire car il entrerait en contradiction directe avec sa nature. Mais un pouvoir non-démocratique ou non-égalitaire peut aussi choisir de le faire, pourquoi pas ? Si il a besoin de cerveau pour faire tourner une économie de haute-technologie et de services complexes il a tout intérêt au contraire a favoriser ce mouvement.Bartimeus a écrit :
Déjà, 10% c'est mieux que rien et comme j'ai dit rien n'est parfait,mais il faut poursuivre nos efforts ! Et je pense que tout de même il y a un lien directe avec la démocratie(même si je suis d'accord que c'est bien plus complexe que ça) car de par le principe même que tout le monde puisse avoir le droit au chapitre facilite la notion d'égalité et de libre accès au différent poste et cela quelque soit son origine, alors qu'a l'inverse, un pouvoir non-démocratique est par sa nature même non-égalitaire.
Là encore démocratie ne rime pas avec lumière et autocratie n'égale pas obscurantisme. Là dessus d'ailleurs je pense que la Chine pourrait donner une grande claque a l'occident si elle est sincère dans ses aspirations communistes, si eux arrivent a avoir un meilleur niveau de vie et une richesse plus partagée que la notre, une des justification principale de la démocratie périclite ! Il ne nous restera que la liberté mais c'est une notion bien plus subjective que l'égalité car on est égaux par rapport aux autres mais chacun définit sa volonté de liberté.
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Re: Le mauvais roi
Pour en finir avec ma démonstration, pour moi le gouvernement idéal serait le suivant :
Les trois pouvoirs sont strictement séparés.
Le législatif est le corps des citoyens, le parlement est supprimé, la représentation bannie, dans une période de courte durée (5 ans ?) les citoyens sont appelés a voter non pas pour un gouvernement mais pour des idées (d'ailleurs c'est l'idée du vote initialement, avant que la guerre des partis ne le transforme en vote pour le président) organisés autour de grand thèmes correspondant a nos ministères.
On voterais donc par exemple sur le thème de "l'immigration" (putassier®) parmi tout les choix possibles, représentant toutes les options sans aucune exclusion, donc ça irait de "Ouvrons nos frontières, notre pays doit être le berceau de tout les désœuvrés du monde" a "Plus aucune immigration ! Halt ! Bâtissons des murs sur nos côtes avec des corridors et des mitraillette".
L’exécutif est formé par un président (ou autre appellation, qu'importe), il a pour charge de représenter l'intérêt général, celui qui dans une définition humaniste amène vers la liberté et l'égalité. Figure charismatique aidé de conseillers il doit représenter son pays a l'étranger et est élus pour une longue période (20 ans ? plus ?).
Le président enregistre le résultat des scores et va infléchir (pas rompre) la politique long terme, en baissant d'un cran par exemple la graduation d'une politique, si aux élections précédentes le résultat pour l'immigration était majoritairement "restreignons les droits d'entrés sur le territoire aux étrangers dont le pays a besoin" et qu'aux nouvelles élections il est de "fermons drastiquement les frontières, nous ne voulons plus d'étrangers" la politique ira vers "restreignons les droits d'entrés sur le territoires aux étrangers dont le pays a besoin et haussons ces derniers critères". Pourqoi ? Pour éviter tout glissement trop brusque, pour éviter que sous le coup d'une "émotion nationale" (affaire Dreyfus par exemple) la politique s'infléchisse brusquement vers des solutions extrêmes.
Un peu comme des "slidders" sur les jeux paradox en fait
La liste des présidentiable est tout citoyens le souhaitant et a l’issue de plusieurs scrutins basés sur des débats entre les candidats les possibilités de vote se resserreraient pour qu'il n'en reste que deux. Une sorte de "casting" médiatisé ou l'on pourrait se faire une idée du personnage et de ses idées. Les débats et le vote a l'issue du débat commencerait au niveau local et grimperait progressivement les échelons.
Au service de l’exécutif, une administration recrutée dans des écoles favorisant l'esprit critique (vœu pieux) sur la base de concours ouvert a tous.
Le judiciaire, libéré de la contrainte politique (plus de partis, plus de députés) peut remplir son rôle de manière parfaitement indépendante en suivant les décisions de l'ensemble de la société.
Si Palpat' passe par là il va me traiter d'horrible utopiste
Les trois pouvoirs sont strictement séparés.
Le législatif est le corps des citoyens, le parlement est supprimé, la représentation bannie, dans une période de courte durée (5 ans ?) les citoyens sont appelés a voter non pas pour un gouvernement mais pour des idées (d'ailleurs c'est l'idée du vote initialement, avant que la guerre des partis ne le transforme en vote pour le président) organisés autour de grand thèmes correspondant a nos ministères.
On voterais donc par exemple sur le thème de "l'immigration" (putassier®) parmi tout les choix possibles, représentant toutes les options sans aucune exclusion, donc ça irait de "Ouvrons nos frontières, notre pays doit être le berceau de tout les désœuvrés du monde" a "Plus aucune immigration ! Halt ! Bâtissons des murs sur nos côtes avec des corridors et des mitraillette".
L’exécutif est formé par un président (ou autre appellation, qu'importe), il a pour charge de représenter l'intérêt général, celui qui dans une définition humaniste amène vers la liberté et l'égalité. Figure charismatique aidé de conseillers il doit représenter son pays a l'étranger et est élus pour une longue période (20 ans ? plus ?).
Le président enregistre le résultat des scores et va infléchir (pas rompre) la politique long terme, en baissant d'un cran par exemple la graduation d'une politique, si aux élections précédentes le résultat pour l'immigration était majoritairement "restreignons les droits d'entrés sur le territoire aux étrangers dont le pays a besoin" et qu'aux nouvelles élections il est de "fermons drastiquement les frontières, nous ne voulons plus d'étrangers" la politique ira vers "restreignons les droits d'entrés sur le territoires aux étrangers dont le pays a besoin et haussons ces derniers critères". Pourqoi ? Pour éviter tout glissement trop brusque, pour éviter que sous le coup d'une "émotion nationale" (affaire Dreyfus par exemple) la politique s'infléchisse brusquement vers des solutions extrêmes.
Un peu comme des "slidders" sur les jeux paradox en fait

La liste des présidentiable est tout citoyens le souhaitant et a l’issue de plusieurs scrutins basés sur des débats entre les candidats les possibilités de vote se resserreraient pour qu'il n'en reste que deux. Une sorte de "casting" médiatisé ou l'on pourrait se faire une idée du personnage et de ses idées. Les débats et le vote a l'issue du débat commencerait au niveau local et grimperait progressivement les échelons.
Au service de l’exécutif, une administration recrutée dans des écoles favorisant l'esprit critique (vœu pieux) sur la base de concours ouvert a tous.
Le judiciaire, libéré de la contrainte politique (plus de partis, plus de députés) peut remplir son rôle de manière parfaitement indépendante en suivant les décisions de l'ensemble de la société.
Si Palpat' passe par là il va me traiter d'horrible utopiste

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Re: Le mauvais roi
Ca fait vraiment jeux vidéo en effet ^^. Surtout ton histoire de cran qui est assez confus et qui doit être vraiment difficile à mettre en place !
Olives et Paix
Re: Le mauvais roi
Nonobstant la diffculté des sliders qui m'as l'air franchement compliqué a concevoir dans le monde réel, on peut imaginer l'immense frustration des gens pour qui quoi qu'ils votent, "rien ne change"...
Il vaut mieux pomper d'arrache pied même s'il ne se passe rien que de risquer qu'il se passe quelque chose de pire en ne pompant pas Proverbe Shadok
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Re: Le mauvais roi
Je remercie Bartimeus pour nous avoir ressorti Condorcet et les conneries qu'il a dit.
Quelqu'un m'explique, si c'est naturel de passer de "horrible tyrannie à une Sainte et Belle démocratie", pourquoi les romains sont passés d'une république à une monarchie ?( ouh, pardon, Principatus?)
Aristote, je te tiens!

Quelqu'un m'explique, si c'est naturel de passer de "horrible tyrannie à une Sainte et Belle démocratie", pourquoi les romains sont passés d'une république à une monarchie ?( ouh, pardon, Principatus?)
Aristote, je te tiens!
Re: Le mauvais roi
C'est plus compliqué que cela pour la dualité République/Principat.
Par certains cotés, le principat a été plus "démocratique" que l'oligarchie omniprésente de la république.
Par certains cotés, le principat a été plus "démocratique" que l'oligarchie omniprésente de la république.
« D'après une théorie, le jour où quelqu'un découvrira exactement à quoi sert l'Univers et pourquoi il est là, ledit Univers disparaîtra sur-le-champ pour se voir remplacé par quelque chose de considérablement plus bizarre et inexplicable.
Selon une autre théorie, la chose se serait en fait déjà produite. »
D. Adams
Selon une autre théorie, la chose se serait en fait déjà produite. »
D. Adams
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Re: Le mauvais roi
Je le savais pas tien, je vais donc m'intéresser au bonhomme. Merci de cette infoMoi_meme a écrit :Je remercie Bartimeus pour nous avoir ressorti Condorcet et les conneries qu'il a dit.![]()

Zek a répondu à ça et il semble si connaitre, moi j'avoue que je ne suis pas un pro de cette période.Moi_meme a écrit : Quelqu'un m'explique, si c'est naturel de passer de "horrible tyrannie à une Sainte et Belle démocratie", pourquoi les romains sont passés d'une république à une monarchie ?( ouh, pardon, Principatus?)
Aristote, je te tiens!
Et en plus, comme la fait remarquer Leaz, l'histoire est complexe et plein de chose joue ! Et je ne pense pas que l'humanité soit à l'abris de régression, loin de là. Parfois on fait deux pas en arrière pour, plus tard, pourvoir en faire trois en avant !
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Re: Le mauvais roi
Sincèrement, ce n'est pas à moi que l'on fait ce petit jeu là. Le principat est bien moins démocratique que la répubblique , Zak.
Pour Condorcet, je t'en prie.
Pour Condorcet, je t'en prie.
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Re: Le mauvais roi
Explique toi alors, moi j'attends que ça de voir tes augments autre que "Ressortir les conneries de X ou Y " . Si ca se trouve tu réussira a me convaincre !
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Re: Le mauvais roi
Condorcet exprime dans on œuvre principale ,l’Esquisse d’un tableau historique desprogrès de l’esprit humain, l'avis selon laquelle l'histoire est un long fleuve tranquille, qui porte peu à peu vers un monde gouverné par la raison. Son avis est en fait le tien et celui de Leaz, sans aucune modification. Pourtant, sa vision comporte deux problèmes majeurs, comme l'a démontre Kant, dans les Annexes de Critique du Jugement. Néanmoins, ce que je propose ici n'est pas les critiques traditionnelles de immanentisme humain, mais les critiques que les philosophes un peu plus modernes, comme Geddamer ou Heiddeger, ont porté à cette vision, qui était encore en vogue en 1910-1920
1er problème : L'humanisation du monde.
Condorcet , de fait, explique cet avancement vers ce monde plein de raison, par l'essence même humaine. Il ne faut y voir rien d'immanent, dit Condorcet, car il n'est rien de cela. Outre la Critique Kantienne connue sur cette façon de pensée, les Phénoménalismes ajoutent un autre point qui montre ou est l'erreur de Condorcet : universalisation d'un point de vue. Aristote, avait, ailleurs, fait le même erreur : il avait formé le monde selon la pensée. Or, c'est certainement très poétique, mais l'extension de sa propre pensée n'est pas un argument recevable. Ce que certains peuvent voir comme progrès, d'autre peuvent reconnaitre le contraire.
Non seulement : Condorcet donne ici une forme humaine à l'Humanité et, surtout , au Monde. Ici, on peut pardonner le pauvre Condorcet, à la limite, car la sociologie n'avait pas été inventée comme science. En effet, selon Condorcet, l'Humanité est une simple addition d'homme, or que la chose est bien plus compliqué que cela. Un homme n'agit pas seul comme il agit avec d'autres personnes. De plus, en plus, cette vision présume que l'on puisse comprendre l'humanité EN SA TOTALITÉ', ce qui demande une vision, de ce fait, supérieur ou externe. Ce qui est, impossible. Voir de dedans implique une vision non seulement une distorsion de la vision , mais aussi un irrationalisme qui lui est propre : difficilement on juge, par exemple, sa propre famille.
2eme problème : L'avancement des civilisation.
Condorcet porte en avant un point qu'il trouve très important dans sa philosophie : que tout les hommes sont égaux . Excepté les différentes critiques positivistes à l'égard de ce point, les remarques plus tardives sur l'origine de ce point, il y a un autre problème majeur . Comment expliquer la stagnation culturelle de peuplades comme les Arabes après le IXeme siècle, les Chinois après le XIV, et d'autres encore? Et pourquoi les Européens sont si avancées culturellement et scientifiquement? L'explication classique qu'apporte Condorcet est qu'il vaut voir le monde dans son intégralité . Il tombe alors sur l'explication sur cité. Si on accepte en ligne théorique cette réponse, on voie alors une horrible voie s'avancer : la colonisation. En effet, si on suit cette pensée, toute la colonisation est juste, car elle fait "avancer le progrès" et tout le tralala. Néanmoins, pour sauver sa peau en dernière instance, Condorcet critique l'esclavagisme, en allant contre les bases mêmes de sa pensée. Mais bon.
Par ailleurs, je t'invite à te renseigner sur la Colonisation, et surtout sur le fait que ce sont surtout des gens de gauche ( ou tout ce qui était définie gauche à l'époque) qui l'ont poussé. Enfin, je te conseille de lire un livre injustement oublié : Le Génie du Christianisme, qui apporte une cohérente réponse à Condorcet. J'ai essayé de simplifier, au passage.
1er problème : L'humanisation du monde.
Condorcet , de fait, explique cet avancement vers ce monde plein de raison, par l'essence même humaine. Il ne faut y voir rien d'immanent, dit Condorcet, car il n'est rien de cela. Outre la Critique Kantienne connue sur cette façon de pensée, les Phénoménalismes ajoutent un autre point qui montre ou est l'erreur de Condorcet : universalisation d'un point de vue. Aristote, avait, ailleurs, fait le même erreur : il avait formé le monde selon la pensée. Or, c'est certainement très poétique, mais l'extension de sa propre pensée n'est pas un argument recevable. Ce que certains peuvent voir comme progrès, d'autre peuvent reconnaitre le contraire.
Non seulement : Condorcet donne ici une forme humaine à l'Humanité et, surtout , au Monde. Ici, on peut pardonner le pauvre Condorcet, à la limite, car la sociologie n'avait pas été inventée comme science. En effet, selon Condorcet, l'Humanité est une simple addition d'homme, or que la chose est bien plus compliqué que cela. Un homme n'agit pas seul comme il agit avec d'autres personnes. De plus, en plus, cette vision présume que l'on puisse comprendre l'humanité EN SA TOTALITÉ', ce qui demande une vision, de ce fait, supérieur ou externe. Ce qui est, impossible. Voir de dedans implique une vision non seulement une distorsion de la vision , mais aussi un irrationalisme qui lui est propre : difficilement on juge, par exemple, sa propre famille.
2eme problème : L'avancement des civilisation.
Condorcet porte en avant un point qu'il trouve très important dans sa philosophie : que tout les hommes sont égaux . Excepté les différentes critiques positivistes à l'égard de ce point, les remarques plus tardives sur l'origine de ce point, il y a un autre problème majeur . Comment expliquer la stagnation culturelle de peuplades comme les Arabes après le IXeme siècle, les Chinois après le XIV, et d'autres encore? Et pourquoi les Européens sont si avancées culturellement et scientifiquement? L'explication classique qu'apporte Condorcet est qu'il vaut voir le monde dans son intégralité . Il tombe alors sur l'explication sur cité. Si on accepte en ligne théorique cette réponse, on voie alors une horrible voie s'avancer : la colonisation. En effet, si on suit cette pensée, toute la colonisation est juste, car elle fait "avancer le progrès" et tout le tralala. Néanmoins, pour sauver sa peau en dernière instance, Condorcet critique l'esclavagisme, en allant contre les bases mêmes de sa pensée. Mais bon.
Par ailleurs, je t'invite à te renseigner sur la Colonisation, et surtout sur le fait que ce sont surtout des gens de gauche ( ou tout ce qui était définie gauche à l'époque) qui l'ont poussé. Enfin, je te conseille de lire un livre injustement oublié : Le Génie du Christianisme, qui apporte une cohérente réponse à Condorcet. J'ai essayé de simplifier, au passage.
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Re: Le mauvais roi
Justement comme tu le dis, une personne seul a forcément un vision déformer car, l'Humanité est un ensemble de personne et donc UNE personne seul ne donc se prévaloir de savoir ce que veulent les autres Hommes, d'où l'idée même de démocratie !1er problème : L'humanisation du monde
Les stagnations Arabe ? Je pense que c'est(entre autre), une fois de plus, le fait de la religion qui a pris trop d'importance et qui a voulu s'imposer comme seul réponse supposé "rationnel" a toute interrogation.2eme problème : L'avancement des civilisation.
Comme je l'ai dit, moi je ne pense que tout est un longe fleuve tranquille et je ne pense pas l'avoir dit.
"Tendre vers" ne veut pas dire qu'on atteint cette "droite de la raison", parfois on s'en écarte, parfois l'on stagne, le tout pour différente raison bien plus compliqué qu'un simple "ils sont plus con que nous" ou alors, comme tu semble le sous-entendre, "on a une meilleur religion".
(Religion qui c'est opposé plein de fois au progrès vers une société démocratique et libre de l'occident je rappel).
Qu'elle est le rapport ? Tu m'explique ? Car bon, au contraire, la propagation des idées oui, l'imposition des idées non. Car je pense qu'avec le temps et l'instruction des personnes, comme l'ont montré les révolutions arabes, les peuples eux même évoluerons vers un idéal démocratique, adapté bien sur a leurs particularités.Si on accepte en ligne théorique cette réponse, on voie alors une horrible voie s'avancer : la colonisation.
Rien que le titre me donne de l'ulcère ! Arrête, le génie du christianisme ? Mais, par acquis que conscience je suis aller voir un peu ce qu'ils en disent sur Wikipédia et voila ce que j'ai lu :Enfin, je te conseille de lire un livre injustement oublié : Le Génie du Christianisme, qui apporte une cohérente réponse à Condorcet. J'ai essayé de simplifier, au passage.
Moi ça me fait rire, mais ça vaudrai un topic à lui seul, comment croire que le christianisme est excellent ?D'ailleurs, il suffit de lire ça :Chateaubriand cherche dans cet ouvrage à « prouver que le christianisme vient de Dieu, parce qu’il est excellent »[
Pour comprendre que son sentiment religieux par d'un sentiment et non de la raison ! (En même temps, je connais pas beaucoup de religion bati sur la raison, mais passons....)Converti à la foi de son enfance pendant l’écriture du Génie du Christianisme, rédigé à la suite de la mort de sa mère, (« Je suis devenu chrétien. Je n’ai point cédé, je l’avoue, à de grandes lumières surnaturelles ; ma conviction est sortie de mon cœur : j’ai pleuré et j’ai cru. »)
Dernier truc, ça ne sers a rien de sortir des grand nom pour appuyer tes idées, moi je me moque un peu que Kant ou un tel soit d'accord avec toi, la seul chose qui m'intéresse c'est l'argument (et pas d'argument d'autorité)
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Re: Le mauvais roi
Bébert a écrit :
Tout un tas, de Charlemagne à Louis XIV, en passant par Philippe II, Saint-Louis, Louis XI...Bref, des bons roi, il y en eu autant que de bons autocrates romains, voire plus.
La monarchie a été le systême politique en vogue par chez nous du VIème au XVIIIème, je crois que si le système avait été si mauvais, on aurait changé avant, on ne l'aurait pas gardé plus d'un millénaire![]()
L'à peine bicentenaire de la République fait, à côté, pâle figure...même si elle façonne nos comportements actuels.
il a fallu 5 mn à St Just pour démolir ce système à jamais

ON NE PEUT POINT REGNER INNOCEMMENT
J’entreprends, Citoyens, de prouver que le roi peut être jugé ; que l’opinion de Morisson, qui conserve l’inviolabilité, et celle du comité, qui veut qu’on le juge en citoyen, sont également fausses, et que le roi doit être jugé dans des principes qui ne tiennent ni de l’une ni de l’autre. Le comité de législation, qui vous a parlé très sainement de la vaine inviolabilité du roi et des maximes de la justice éternelle ne vous a point, ce me semble, développé toutes les conséquences de ces principes ; en sorte que le projet de décret qu’il vous a présenté n’en dérive point, et perd, pour ainsi dire, leur sève.
L’unique but du comité fut de vous persuader que le roi devait être jugé en aimable citoyen ; et moi, je dis que le roi doit être jugé en ennemi, que nous avons moins à le juger qu'à le combattre, et que, n’étant plus rien dans le contrat qui unit les Français, les formes de la procédure ne sont point dans la loi civile, mais dans la loi du droit des gens.
Faute de ces distinctions, on est tombé dans des formes sans principes, qui conduiraient le roi à l’impunité, fixeraient trop longtemps les yeux sur lui, ou qui laisseraient sur son jugement une tache de sévérité injuste ou excessive. Je me suis souvent aperçu que de fausses mesures de prudence, les lenteurs, le recueillement, étaient ici de véritables imprudences; et après celle qui recule le moment de nous donner des lois, la plus funeste serait celle qui nous ferait temporiser avec le roi. Un jour, peut-être, les hommes, aussi éloignés de nos préjugés que nous le sommes de ceux des Vandales, s’étonneront de la barbarie d’un siècle où ce fut quelque chose de religieux que de juger un tyran, où le peuple qui eut un tyran à juger l’éleva au rang de citoyen avant d’examiner ses crimes, songea plutôt à ce qu’on dirait de lui qu’à ce qu’il avait à faire, et, d’un coupable de la dernière classe de l’humanité, je veux dire celle des oppresseurs, fit, pour ainsi dire, un martyr de son orgueil.
On s’étonnera un jour qu’au dix-huitième siècle on ait été moins avancé que du temps de César-là le tyran fut immolé en plein Sénat, sans autres formalités que vingt-trois coups de poignard et sans autre loi que la liberté de Rome. Et aujourd’hui l’on fait avec respect le procès d’un homme assassin d’un peuple, pris en flagrant délit, la main dans le sang, la main dans le crime !
Les mêmes hommes qui vont juger Louis ont une République à fonder : ceux qui attachent quelque importance au juste châtiment d’un roi ne fonderont jamais une République. Parmi nous, la finesse des esprits et des caractères est un grand obstacle à la liberté ; on embellit toutes les erreurs, et, le plus souvent, la vérité n’est que la séduction de notre goût.
Votre comité de législation vous en donne un exemple dans le rapport qui vous a été lu. Morisson vous en donne un plus frappant : à ses yeux, la liberté, la souveraineté des nations sont une chose de fait. On a posé des principes ; on a négligé leurs plus naturelles conséquences. Une certaine incertitude s’est montrée depuis le rapport. Chacun rapproche le procès du roi de ses vues particulières ; les uns semblent craindre de porter plus tard la peine de leur courage ; les autres n’ont point renoncé à la monarchie ; ceux-ci craignent un exemple de vertu qui serait un lien d’esprit public et d’unité dans la République ; ceux-là n’ont point d’énergie. Les querelles, les perfidies, la malice, la colère, qui se déploient tour à tour, ou sont un frein ingénieux à l’essor de la vigueur combinée dont nous avons besoin, ou sont la marque de l’impuissance de l’esprit humain. Nous devons donc avancer courageusement à notre but, et, si nous voulons une République, y marcher très sérieusement. Nous nous jugeons tous avec sévérité, je dirai même avec fureur ; nous ne songeons qu’à modifier l’énergie du peuple et de la liberté, tandis qu’on accuse à peine l’ennemi commun et que tout le monde, ou rempli de faiblesse ou engagé dans le crime, se regarde avant de frapper le premier coup. Nous cherchons la liberté, et nous nous rendons esclaves l’un de l’autre ! Nous cherchons la nature, et nous vivons armés comme des sauvages furieux ! Nous voulons la République, l’indépendance et l’unité, et nous nous divisons et nous ménageons un tyran !
Citoyens, si le peuple romain. après six cents ans de vertu et de haine contre les rois ; si la Grande-Bretagne, après Cromwell mort, vit renaître les rois, malgré son énergie, que ne doivent pas craindre parmi nous les bons citoyens amis de la liberté, en voyant la hache trembler dans nos mains, et un peuple, dès le premier jour de sa liberté, respecter le souvenir de ses fers ! Quelle République voulez-vous établir au milieu de nos combats particuliers et de nos faiblesses communes ?
On semble chercher une loi qui permette de punir le roi : mais dans la forme de gouvernement dont nous sortons, s’il y avait un homme inviolable, il l’était, en partant de ce sens, pour chaque citoyen ; mais de peuple à roi, je ne connais plus de rapport naturel. Il se peut qu’une nation, stipulant les clauses du pacte social, environne ses magistrats d’un caractère capable de faire respecter tous les droits et d’obliger chacun ; mais ce caractère étant au profit du peuple, et sans garantie contre le peuple, l’on ne peut jamais s’armer contre lui d’un caractère qu’il donne et retire à son gré. Les citoyens se lient par contrat ; le souverain ne se lie pas ; ou le prince n’aurait point de juge et serait un tyran. Ainsi l’inviolabilité de Louis ne s’est point étendue au delà de son crime et de l’insurrection; ou, si on le jugeait inviolable après, si même on le mettait en question, il en résulterait, Citoyen, qu’il n’aurait pu être déchu, et qu’il aurait eu la faculté de nous opprimer sous la responsabilité du peuple.
Le pacte est un contrat entre les citoyens, et non point avec le gouvernement : on n’est pour rien dans un contrat où l’on ne s’est point obligé. Conséquemment, Louis, qui ne s’était pas obligé, ne peut pas être jugé civilement. Ce contrat était tellement oppressif, qu’il obligeait les citoyens, et non le roi : un tel contrat était nécessairement nul, car rien n’est légitime de ce qui manque de sanction dans la morale et dans la nature.
Outre ces motifs, qui tous vous portent à ne pas juger Louis comme citoyen, mais à le juger comme rebelle, de quel droit réclamerait-il, pour être jugé civilement, l’engagement que nous avons pris avec lui, lorsqu’il est clair qu’il a violé le seul qu'il avait pris envers nous, celui de nous conserver ? Quel serait cet acte dernier de la tyrannie que de prétendre être jugé par des lois qu’il a détruites ? Et, Citoyens, si nous lui accordions de le juger civilement, c’est-à-dire suivant les lois, c’est-à-dire en citoyen, à ce titre il nous jugerait, il jugerait le peuple même. Pour moi, je ne vois point de milieu : cet homme doit régner ou mourir. Il vous prouvera que tout ce qu’il a fait, il l’a fait pour soutenir le dépôt qui lui était confié ; car, en engageant avec lui cette discussion, vous ne lui pouvez demander compte de sa malignité cachée ; il vous perdra dans le cercle vicieux que vous tracez vous-mêmes pour l’accuser.
Citoyens, ainsi les peuples opprimés au nom de leur volonté s’enchaînent indissolublement par le respect de leur propre orgueil, tandis que la morale et l’utilité devraient être l’unique règle des lois. Ainsi, par le prix qu’on met à ses erreurs, on s’amuse à les combattre, au lieu de marcher droit à la vérité.
Quelle procédure, quelle information voulez-vous faire des entreprises et des pernicieux desseins du roi ? D’abord, après avoir reconnu qu’il n’était point inviolable pour le souverain, et ensuite lorsque ses crimes sont partout écrits avec le sang du peuple, lorsque le sang de vos défenseurs a ruisselé, pour ainsi dire, jusqu’à vos pieds, et jusque sur cette image de Brutus, qu’on ne respecte pas le roi. Il opprima une nation libre ; il se déclara son ennemi ; il abusa des lois : il doit mourir pour assurer le repos du peuple, puisqu’il était dans ses vues d’accabler le peuple pour assurer le sien. Ne passa-t-il pas, avant le combat, les troupes en revue ? Ne prit-il pas la fuite au lieu de les empêcher de tirer ? Que fit-il pour arrêter la fureur de ses soldats ? L’on vous propose de le juger civilement, tandis que vous reconnaissez qu’il n’était pas citoyen, et qu’au lieu de conserver le peuple il ne fit que sacrifier le peuple à lui-même.
Je dirai plus : c’est qu’une Constitution acceptée par un roi n’obligerait pas les citoyens ; ils avaient, même avant son crime, le droit de le proscrire et de le chasser. Juger un roi comme un citoyen ! Ce mot étonnera la postérité froide. Juger, c’est appliquer la loi. Une loi est un rapport de justice : quel rapport de justice y a-t-il donc entre l’humanité et les rois ? Qu’y a-t-il de commun entre Louis et le peuple français, pour le ménager après sa trahison ? Il est telle âme généreuse qui dirait, dans un autre temps, que le procès doit être fait à un roi, non point pour les crimes de son administration. mais pour celui d’avoir été roi, car rien au monde ne peut légitimer cette usurpation ; et de quelque illusion, de quelques conventions que la royauté s’enveloppe, elle est un crime éternel, contre lequel tout homme a le droit de s’élever et de s’armer ; elle est un de ces attentats que l’aveuglement même de tout un peuple ne saurait justifier. Ce peuple est criminel envers la nature par l’exemple qu'il a donné, et tous les hommes tiennent d’elle la mission secrète d’exterminer la domination en tout pays.
On ne peut point régner innocemment : la folie en est trop évidente. Tout roi est un rebelle et un usurpateur. Les rois mêmes traitaient-ils autrement les prétendus usurpateurs de leur autorité ? Ne fit-on pas le procès à la mémoire de Cromwell ? Et, certes, Cromwell n’était pas plus usurpateur que Charles Ier ; car lorsqu'un peuple est assez lâche pour se laisser mener par des tyrans, la domination est le droit du premier venu, et n’est pas plus sacrée ni plus légitime sur la tête de l’un que sur celle de l’autre.
Voilà les considérations qu’un peuple généreux et républicain ne doit pas oublier dans le jugement d’un roi.
On nous dit que le roi doit être jugé par un tribunal comme les autres citoyens... Mais les tribunaux ne sont établis que pour les membres de la cité ; et je ne conçois point par quel oubli des principes des institutions sociales un tribunal serait juge entre un roi et le souverain ; comment un tribunal aurait la faculté de rendre un maître à la patrie, et de l’absoudre, et comment la volonté générale serait citée devant un tribunal.
On vous dira que le jugement sera ratifié par le peuple. Mais si le peuple ratifie le jugement, pourquoi ne jugerait-il pas ? Si nous ne sentions point tout le faible de ces idées, quelque forme de gouvernement que nous adoptassions, nous serions esclaves ; le souverain n’y serait jamais à sa place, ni le magistrat a la sienne, et le peuple serait sans garantie contre l’oppression.
Citoyens, le tribunal qui doit juger Louis n’est point un tribunal judiciaire : c’est un conseil, c’est le peuple, c’est vous : et les lois que nous avons à suivre sont celles du droit des gens.
C’est vous qui devez juger Louis ; mais vous ne pouvez être à son égard une cour judiciaire, un juré, un accusateur ; cette forme civile de jugement le rendrait injuste ; et le roi, regardé comme citoyen, ne pourrait être jugé par le citoyen avant son crime ; il ne pouvait voter ; il ne pouvait porter les armes ; il l’est encore moins depuis son crime. Et par quel abus de la justice même en feriez-vous un citoyen, pour le condamner ? Aussitôt qu’un homme est coupable, il sort de la cité ; et, point du tout, Louis y entrerait par son crime. Je vous plus : c’est que si vous déclariez le roi simple citoyen, vous ne pourriez plus l’atteindre. De quel engagement de sa part lui parleriez-vous dans le présent ordre des choses ?
Citoyens, si vous êtes jaloux que l’Europe admire la justice de votre jugement, tels sont les principes qui le doivent déterminer ; et ceux que le comité de législation vous propose seraient précisément un monument d’injustice. Les formes, dans le procès, sont de l’hypocrisie ; on vous jugera selon vos principes.
Je ne perdrai jamais de vue que l’esprit avec lequel on jugera le roi sera le même que celui avec lequel on établira la République. La théorie de votre jugement sera celle de vos magistratures. Et la mesure de votre philosophie, dans ce jugement, sera aussi la mesure de votre liberté dans la Constitution.
Je le répète, on ne peut point juger un roi selon les lois du pays, ou plutôt les lois de cité. Le rapporteur vous l’a bien dit ; mais son idée est morte trop tôt dans son âme ; il en a perdu le fruit. Il n’y avait rien dans les lois de Numa pour juger Tarquin, rien dans les lois d’Angleterre pour juger Charles Ier : on les jugea selon le droit des gens ; on repoussa la force par la force, on repoussa un étranger, un ennemi. Voilà ce qui légitima ces expéditions, et non point de vaines formalités, qui n’ont pour principe que le consentement du citoyen, par le contrat.
On ne me verra jamais opposer ma volonté particulière à la volonté de tous. Je voudrai ce que le peuple français, ou la majorité de ses représentants voudra, mais comme ma volonté particulière est une portion de la loi qui n’est point encore faite, je m’explique ici ouvertement.
Il ne suffit pas de dire qu’il est dans l’ordre de la justice éternelle que la souveraineté soit indépendante de la forme actuelle de gouvernement, et d’en tirer cette conséquence, que le roi doit être jugé ; il faut encore étendre la justice naturelle et le principe de la souveraineté jusqu’à l’esprit même dans lequel il convient de le juger. Nous n’aurons point de République sans ces distinctions qui mettent toutes les parties de l’ordre social : dans leur mouvement naturel, comme la nature crée la vie de la combinaison des éléments.
Tout ce que j’ai dit tend donc à vous prouver que Louis XVI doit être jugé comme un ennemi étranger. J’ajoute qu’il n’est pas nécessaire que son jugement à mort soit soumis à la sanction du peuple ; car le peuple peut bien imposer des lois par sa volonté parce que ces lois importent à son bonheur ; mais le peuple même ne pouvant effacer le crime de la tyrannie, le droit des hommes contre la tyrannie est personnel ; et il n’est pas d’acte de la souveraineté qui puisse obliger véritablement un seul citoyen à lui pardonner.
C’est donc à vous de décider si Louis est l’ennemi du peuple français, s’il est étranger, si votre majorité venait à l’absoudre, ce serait alors que ce jugement devrait être sanctionné par le peuple ; car si un seul citoyen ne pouvait être légitimement contraint par un acte de la souveraineté à pardonner au roi, à plus forte raison un acte de magistrature ne serait point obligatoire pour le souverain.
Mais hâtez-vous de juger le roi car il n’est pas de citoyen qui n’ait sur lui le droit que Brutus avait sur César ; vous ne pourriez pas plutôt punir cette action envers cet étranger que vous n’avez blâmé la mort de Léopold et de Gustave.
Louis était un autre Catilina ; le meurtrier, comme le consul de Rome, jugerait qu’il a sauvé la patrie. Louis a combattu le peuple : il est vaincu. C’est un barbare, c’est un étranger prisonnier de guerre. Vous avez vu ses desseins perfides ; vous avez vu son armée ; le traître n’était pas le roi des Français, mais le roi de quelques conjurés. Il faisait des levées secrètes de troupes, avait des magistrats particuliers ; il regardait les citoyens comme ses esclaves ; il avait proscrit secrètement tous gens de bien et de courage. Il est le meurtrier de la Bastille, Nancy, du Champ-de-Mars, de Tournay, des Tuileries : quel ennemi, quel étranger nous a fait plus de mal ? Il doit être jugé promptement : c’est le conseil de la sagesse et de la saine politique : c’est une espèce d’otage que conservent les fripons. On cherche à remuer la pitié ; on achètera bientôt des larmes ; on fera tout pour nous intéresser, pour nous corrompre même. Peuple, si le roi est jamais absous, souviens-toi que nous ne serons plus dignes de ta confiance, et tu pourras nous accuser de perfidie.
J’entreprends, Citoyens, de prouver que le roi peut être jugé ; que l’opinion de Morisson, qui conserve l’inviolabilité, et celle du comité, qui veut qu’on le juge en citoyen, sont également fausses, et que le roi doit être jugé dans des principes qui ne tiennent ni de l’une ni de l’autre. Le comité de législation, qui vous a parlé très sainement de la vaine inviolabilité du roi et des maximes de la justice éternelle ne vous a point, ce me semble, développé toutes les conséquences de ces principes ; en sorte que le projet de décret qu’il vous a présenté n’en dérive point, et perd, pour ainsi dire, leur sève.
L’unique but du comité fut de vous persuader que le roi devait être jugé en aimable citoyen ; et moi, je dis que le roi doit être jugé en ennemi, que nous avons moins à le juger qu'à le combattre, et que, n’étant plus rien dans le contrat qui unit les Français, les formes de la procédure ne sont point dans la loi civile, mais dans la loi du droit des gens.
Faute de ces distinctions, on est tombé dans des formes sans principes, qui conduiraient le roi à l’impunité, fixeraient trop longtemps les yeux sur lui, ou qui laisseraient sur son jugement une tache de sévérité injuste ou excessive. Je me suis souvent aperçu que de fausses mesures de prudence, les lenteurs, le recueillement, étaient ici de véritables imprudences; et après celle qui recule le moment de nous donner des lois, la plus funeste serait celle qui nous ferait temporiser avec le roi. Un jour, peut-être, les hommes, aussi éloignés de nos préjugés que nous le sommes de ceux des Vandales, s’étonneront de la barbarie d’un siècle où ce fut quelque chose de religieux que de juger un tyran, où le peuple qui eut un tyran à juger l’éleva au rang de citoyen avant d’examiner ses crimes, songea plutôt à ce qu’on dirait de lui qu’à ce qu’il avait à faire, et, d’un coupable de la dernière classe de l’humanité, je veux dire celle des oppresseurs, fit, pour ainsi dire, un martyr de son orgueil.
On s’étonnera un jour qu’au dix-huitième siècle on ait été moins avancé que du temps de César-là le tyran fut immolé en plein Sénat, sans autres formalités que vingt-trois coups de poignard et sans autre loi que la liberté de Rome. Et aujourd’hui l’on fait avec respect le procès d’un homme assassin d’un peuple, pris en flagrant délit, la main dans le sang, la main dans le crime !
Les mêmes hommes qui vont juger Louis ont une République à fonder : ceux qui attachent quelque importance au juste châtiment d’un roi ne fonderont jamais une République. Parmi nous, la finesse des esprits et des caractères est un grand obstacle à la liberté ; on embellit toutes les erreurs, et, le plus souvent, la vérité n’est que la séduction de notre goût.
Votre comité de législation vous en donne un exemple dans le rapport qui vous a été lu. Morisson vous en donne un plus frappant : à ses yeux, la liberté, la souveraineté des nations sont une chose de fait. On a posé des principes ; on a négligé leurs plus naturelles conséquences. Une certaine incertitude s’est montrée depuis le rapport. Chacun rapproche le procès du roi de ses vues particulières ; les uns semblent craindre de porter plus tard la peine de leur courage ; les autres n’ont point renoncé à la monarchie ; ceux-ci craignent un exemple de vertu qui serait un lien d’esprit public et d’unité dans la République ; ceux-là n’ont point d’énergie. Les querelles, les perfidies, la malice, la colère, qui se déploient tour à tour, ou sont un frein ingénieux à l’essor de la vigueur combinée dont nous avons besoin, ou sont la marque de l’impuissance de l’esprit humain. Nous devons donc avancer courageusement à notre but, et, si nous voulons une République, y marcher très sérieusement. Nous nous jugeons tous avec sévérité, je dirai même avec fureur ; nous ne songeons qu’à modifier l’énergie du peuple et de la liberté, tandis qu’on accuse à peine l’ennemi commun et que tout le monde, ou rempli de faiblesse ou engagé dans le crime, se regarde avant de frapper le premier coup. Nous cherchons la liberté, et nous nous rendons esclaves l’un de l’autre ! Nous cherchons la nature, et nous vivons armés comme des sauvages furieux ! Nous voulons la République, l’indépendance et l’unité, et nous nous divisons et nous ménageons un tyran !
Citoyens, si le peuple romain. après six cents ans de vertu et de haine contre les rois ; si la Grande-Bretagne, après Cromwell mort, vit renaître les rois, malgré son énergie, que ne doivent pas craindre parmi nous les bons citoyens amis de la liberté, en voyant la hache trembler dans nos mains, et un peuple, dès le premier jour de sa liberté, respecter le souvenir de ses fers ! Quelle République voulez-vous établir au milieu de nos combats particuliers et de nos faiblesses communes ?
On semble chercher une loi qui permette de punir le roi : mais dans la forme de gouvernement dont nous sortons, s’il y avait un homme inviolable, il l’était, en partant de ce sens, pour chaque citoyen ; mais de peuple à roi, je ne connais plus de rapport naturel. Il se peut qu’une nation, stipulant les clauses du pacte social, environne ses magistrats d’un caractère capable de faire respecter tous les droits et d’obliger chacun ; mais ce caractère étant au profit du peuple, et sans garantie contre le peuple, l’on ne peut jamais s’armer contre lui d’un caractère qu’il donne et retire à son gré. Les citoyens se lient par contrat ; le souverain ne se lie pas ; ou le prince n’aurait point de juge et serait un tyran. Ainsi l’inviolabilité de Louis ne s’est point étendue au delà de son crime et de l’insurrection; ou, si on le jugeait inviolable après, si même on le mettait en question, il en résulterait, Citoyen, qu’il n’aurait pu être déchu, et qu’il aurait eu la faculté de nous opprimer sous la responsabilité du peuple.
Le pacte est un contrat entre les citoyens, et non point avec le gouvernement : on n’est pour rien dans un contrat où l’on ne s’est point obligé. Conséquemment, Louis, qui ne s’était pas obligé, ne peut pas être jugé civilement. Ce contrat était tellement oppressif, qu’il obligeait les citoyens, et non le roi : un tel contrat était nécessairement nul, car rien n’est légitime de ce qui manque de sanction dans la morale et dans la nature.
Outre ces motifs, qui tous vous portent à ne pas juger Louis comme citoyen, mais à le juger comme rebelle, de quel droit réclamerait-il, pour être jugé civilement, l’engagement que nous avons pris avec lui, lorsqu’il est clair qu’il a violé le seul qu'il avait pris envers nous, celui de nous conserver ? Quel serait cet acte dernier de la tyrannie que de prétendre être jugé par des lois qu’il a détruites ? Et, Citoyens, si nous lui accordions de le juger civilement, c’est-à-dire suivant les lois, c’est-à-dire en citoyen, à ce titre il nous jugerait, il jugerait le peuple même. Pour moi, je ne vois point de milieu : cet homme doit régner ou mourir. Il vous prouvera que tout ce qu’il a fait, il l’a fait pour soutenir le dépôt qui lui était confié ; car, en engageant avec lui cette discussion, vous ne lui pouvez demander compte de sa malignité cachée ; il vous perdra dans le cercle vicieux que vous tracez vous-mêmes pour l’accuser.
Citoyens, ainsi les peuples opprimés au nom de leur volonté s’enchaînent indissolublement par le respect de leur propre orgueil, tandis que la morale et l’utilité devraient être l’unique règle des lois. Ainsi, par le prix qu’on met à ses erreurs, on s’amuse à les combattre, au lieu de marcher droit à la vérité.
Quelle procédure, quelle information voulez-vous faire des entreprises et des pernicieux desseins du roi ? D’abord, après avoir reconnu qu’il n’était point inviolable pour le souverain, et ensuite lorsque ses crimes sont partout écrits avec le sang du peuple, lorsque le sang de vos défenseurs a ruisselé, pour ainsi dire, jusqu’à vos pieds, et jusque sur cette image de Brutus, qu’on ne respecte pas le roi. Il opprima une nation libre ; il se déclara son ennemi ; il abusa des lois : il doit mourir pour assurer le repos du peuple, puisqu’il était dans ses vues d’accabler le peuple pour assurer le sien. Ne passa-t-il pas, avant le combat, les troupes en revue ? Ne prit-il pas la fuite au lieu de les empêcher de tirer ? Que fit-il pour arrêter la fureur de ses soldats ? L’on vous propose de le juger civilement, tandis que vous reconnaissez qu’il n’était pas citoyen, et qu’au lieu de conserver le peuple il ne fit que sacrifier le peuple à lui-même.
Je dirai plus : c’est qu’une Constitution acceptée par un roi n’obligerait pas les citoyens ; ils avaient, même avant son crime, le droit de le proscrire et de le chasser. Juger un roi comme un citoyen ! Ce mot étonnera la postérité froide. Juger, c’est appliquer la loi. Une loi est un rapport de justice : quel rapport de justice y a-t-il donc entre l’humanité et les rois ? Qu’y a-t-il de commun entre Louis et le peuple français, pour le ménager après sa trahison ? Il est telle âme généreuse qui dirait, dans un autre temps, que le procès doit être fait à un roi, non point pour les crimes de son administration. mais pour celui d’avoir été roi, car rien au monde ne peut légitimer cette usurpation ; et de quelque illusion, de quelques conventions que la royauté s’enveloppe, elle est un crime éternel, contre lequel tout homme a le droit de s’élever et de s’armer ; elle est un de ces attentats que l’aveuglement même de tout un peuple ne saurait justifier. Ce peuple est criminel envers la nature par l’exemple qu'il a donné, et tous les hommes tiennent d’elle la mission secrète d’exterminer la domination en tout pays.
On ne peut point régner innocemment : la folie en est trop évidente. Tout roi est un rebelle et un usurpateur. Les rois mêmes traitaient-ils autrement les prétendus usurpateurs de leur autorité ? Ne fit-on pas le procès à la mémoire de Cromwell ? Et, certes, Cromwell n’était pas plus usurpateur que Charles Ier ; car lorsqu'un peuple est assez lâche pour se laisser mener par des tyrans, la domination est le droit du premier venu, et n’est pas plus sacrée ni plus légitime sur la tête de l’un que sur celle de l’autre.
Voilà les considérations qu’un peuple généreux et républicain ne doit pas oublier dans le jugement d’un roi.
On nous dit que le roi doit être jugé par un tribunal comme les autres citoyens... Mais les tribunaux ne sont établis que pour les membres de la cité ; et je ne conçois point par quel oubli des principes des institutions sociales un tribunal serait juge entre un roi et le souverain ; comment un tribunal aurait la faculté de rendre un maître à la patrie, et de l’absoudre, et comment la volonté générale serait citée devant un tribunal.
On vous dira que le jugement sera ratifié par le peuple. Mais si le peuple ratifie le jugement, pourquoi ne jugerait-il pas ? Si nous ne sentions point tout le faible de ces idées, quelque forme de gouvernement que nous adoptassions, nous serions esclaves ; le souverain n’y serait jamais à sa place, ni le magistrat a la sienne, et le peuple serait sans garantie contre l’oppression.
Citoyens, le tribunal qui doit juger Louis n’est point un tribunal judiciaire : c’est un conseil, c’est le peuple, c’est vous : et les lois que nous avons à suivre sont celles du droit des gens.
C’est vous qui devez juger Louis ; mais vous ne pouvez être à son égard une cour judiciaire, un juré, un accusateur ; cette forme civile de jugement le rendrait injuste ; et le roi, regardé comme citoyen, ne pourrait être jugé par le citoyen avant son crime ; il ne pouvait voter ; il ne pouvait porter les armes ; il l’est encore moins depuis son crime. Et par quel abus de la justice même en feriez-vous un citoyen, pour le condamner ? Aussitôt qu’un homme est coupable, il sort de la cité ; et, point du tout, Louis y entrerait par son crime. Je vous plus : c’est que si vous déclariez le roi simple citoyen, vous ne pourriez plus l’atteindre. De quel engagement de sa part lui parleriez-vous dans le présent ordre des choses ?
Citoyens, si vous êtes jaloux que l’Europe admire la justice de votre jugement, tels sont les principes qui le doivent déterminer ; et ceux que le comité de législation vous propose seraient précisément un monument d’injustice. Les formes, dans le procès, sont de l’hypocrisie ; on vous jugera selon vos principes.
Je ne perdrai jamais de vue que l’esprit avec lequel on jugera le roi sera le même que celui avec lequel on établira la République. La théorie de votre jugement sera celle de vos magistratures. Et la mesure de votre philosophie, dans ce jugement, sera aussi la mesure de votre liberté dans la Constitution.
Je le répète, on ne peut point juger un roi selon les lois du pays, ou plutôt les lois de cité. Le rapporteur vous l’a bien dit ; mais son idée est morte trop tôt dans son âme ; il en a perdu le fruit. Il n’y avait rien dans les lois de Numa pour juger Tarquin, rien dans les lois d’Angleterre pour juger Charles Ier : on les jugea selon le droit des gens ; on repoussa la force par la force, on repoussa un étranger, un ennemi. Voilà ce qui légitima ces expéditions, et non point de vaines formalités, qui n’ont pour principe que le consentement du citoyen, par le contrat.
On ne me verra jamais opposer ma volonté particulière à la volonté de tous. Je voudrai ce que le peuple français, ou la majorité de ses représentants voudra, mais comme ma volonté particulière est une portion de la loi qui n’est point encore faite, je m’explique ici ouvertement.
Il ne suffit pas de dire qu’il est dans l’ordre de la justice éternelle que la souveraineté soit indépendante de la forme actuelle de gouvernement, et d’en tirer cette conséquence, que le roi doit être jugé ; il faut encore étendre la justice naturelle et le principe de la souveraineté jusqu’à l’esprit même dans lequel il convient de le juger. Nous n’aurons point de République sans ces distinctions qui mettent toutes les parties de l’ordre social : dans leur mouvement naturel, comme la nature crée la vie de la combinaison des éléments.
Tout ce que j’ai dit tend donc à vous prouver que Louis XVI doit être jugé comme un ennemi étranger. J’ajoute qu’il n’est pas nécessaire que son jugement à mort soit soumis à la sanction du peuple ; car le peuple peut bien imposer des lois par sa volonté parce que ces lois importent à son bonheur ; mais le peuple même ne pouvant effacer le crime de la tyrannie, le droit des hommes contre la tyrannie est personnel ; et il n’est pas d’acte de la souveraineté qui puisse obliger véritablement un seul citoyen à lui pardonner.
C’est donc à vous de décider si Louis est l’ennemi du peuple français, s’il est étranger, si votre majorité venait à l’absoudre, ce serait alors que ce jugement devrait être sanctionné par le peuple ; car si un seul citoyen ne pouvait être légitimement contraint par un acte de la souveraineté à pardonner au roi, à plus forte raison un acte de magistrature ne serait point obligatoire pour le souverain.
Mais hâtez-vous de juger le roi car il n’est pas de citoyen qui n’ait sur lui le droit que Brutus avait sur César ; vous ne pourriez pas plutôt punir cette action envers cet étranger que vous n’avez blâmé la mort de Léopold et de Gustave.
Louis était un autre Catilina ; le meurtrier, comme le consul de Rome, jugerait qu’il a sauvé la patrie. Louis a combattu le peuple : il est vaincu. C’est un barbare, c’est un étranger prisonnier de guerre. Vous avez vu ses desseins perfides ; vous avez vu son armée ; le traître n’était pas le roi des Français, mais le roi de quelques conjurés. Il faisait des levées secrètes de troupes, avait des magistrats particuliers ; il regardait les citoyens comme ses esclaves ; il avait proscrit secrètement tous gens de bien et de courage. Il est le meurtrier de la Bastille, Nancy, du Champ-de-Mars, de Tournay, des Tuileries : quel ennemi, quel étranger nous a fait plus de mal ? Il doit être jugé promptement : c’est le conseil de la sagesse et de la saine politique : c’est une espèce d’otage que conservent les fripons. On cherche à remuer la pitié ; on achètera bientôt des larmes ; on fera tout pour nous intéresser, pour nous corrompre même. Peuple, si le roi est jamais absous, souviens-toi que nous ne serons plus dignes de ta confiance, et tu pourras nous accuser de perfidie.
SOL INVICTVS
Au printemps, je vais quelquefois m'asseoir à la lisière d'un champ fleuri.
Lorsqu'une belle jeune fille m'apporte une coupe de vin , je ne pense guère à mon salut.
Si j'avais cette préoccupation, je vaudrais moins qu'un chien
Lorsqu'une belle jeune fille m'apporte une coupe de vin , je ne pense guère à mon salut.
Si j'avais cette préoccupation, je vaudrais moins qu'un chien