Merci, je ne connaissais pas cette bataille.
" Open bar " n'exagérons pas lol. Les Romains sont passés proche de l'anéantissement en 280-279 av JC avec deux défaites contre Pyrrhus à Heraclée et Asculum. A cette époque Rome domine le cœur de l'Italie et se retrouve en guerre contre Tarente en plus des Lucaniens, des Apuliens, des Osques, des Samnites et des Epirotes. Ils se font descendre un flotte d'observation dans le golfe de Tarente (fin 282 av JC), une garnison à Thourioi, perdent environ 16 800 hommes à Heraclée (280 av JC) et 6 000 hommes à Asculum (279 av JC).
Heureusement que Pyrrhus visait la Sicile et le trône de Macédoine à terme plutôt que la moitié sud de l'Italie, car en retournant toutes les tribus récemment soumises par Rome et en concentrant toutes ses forces en direction du cœur de la "petite" république, ça aurait pu se finir plus tôt que prévu. En plus, Pyrrhus avait le soutien financier des Séleucides, l'aide militaire des Lagides et du roi de Macédoine Ptolémée Kéraunos. Après Asculum, il avait encore 30 000 à 35 000 hommes et 20 éléphants de guerre à disposition en Italie et au moins 9 000 combattants égyptiens et 50 éléphants (envoyés par son beau-frère le roi d'Egypte) en réserve, dans son royaume de l'autre côté du détroit Adriatique.
Pire encore lors de la Deuxième guerre punique ou ils sont passés à un cheveux d'une défaite totale en 216-215 av JC. Avec l'arrivée d'Hannibal dans la plaine du Pô, ils perdent un combat d'avant-garde au Tessin (218 av JC) qui à pour conséquences la défection des Gaulois qui s'empressent de rejoindre l'armée carthaginoise. Un mois plus tard à la Trébie, l'armée d'Hannibal forte d'environ 38 000 hommes et 37 éléphants, écrase l'armée de PUBLIUS CORNELIUS SCIPION comptant près de 45 000 légionnaires/auxiliaires. Les sources indiquent la perte de tous les éléphants africains (sauf un) et de 5 000 carthaginois contre plus des deux tiers de l'armée romaine (32 000 hommes), ce qui est énorme. Les 10 000 hommes rassemblés après la défaite par l'autre Consul TIBERIUS SEMPRONIUS LONGUS, parviennent à repousser l'armée d'Hannibal devant les murs de Plaisance au prix de pertes équivalentes (un peu moins de 1 000 soldats) des deux côtés, mais l'arrivée de nouveaux renforts permettent de faire passer la troupe romaine à 30 000 hommes et encourage le sénateur à affronter Hannibal en terrain découvert. L'armée romaine est repoussée mais pas anéantie. Six mois plus tard, Hannibal tend une nouvelle embuscade au bord du lac Trasimène (217 av JC) à l'armée du nouveau consul CAIUS FLAMINIUS NEPOS : l'armée romaine forte d'au moins 25 000 hommes est totalement anéantie ou faite prisonnière. L'armée carthaginoise perd entre 1 500 et 2 500 hommes grand maximum. L'année suivante (216 av JC), Hannibal a consolidé ses alliances et sa position en Italie et avance vers le sud en direction de Cannes pour ses greniers à blé, car le ravitaillement est son problème numéro un. L'armée romaine forte de 8 légions (80 000 légionnaires/auxiliaires) va à la rencontre des 50 000 hommes d'une armée carthaginoise hétéroclite. Après une bataille d'anthologie, Hannibal Barça met à genoux Rome en anéantissant la fine fleure de l'armée des consuls VARRO et PAUL EMILE (mort ce jour là) avec 45 000 morts et 15 000 prisonniers, soit la perte complète de 6 légions romaines, 29 tribuns et 80 membres du sénat. L'armée carthaginoise perd de son côté dix fois moins d'hommes (environ 6 000 tués).
LA VICTOIRE D'HANNIBAL A CANNES EST LA PLUS DECISIVE DES BATAILLES DE L'HISTOIRE SUR LE PLAN TACTIQUE ET LA MOINS DECISIVE STRATEGIQUEMENT PARLANT LORSQUE L'ON CONNAIT Le FIN MOT DE L'HISTOIRE.
En faisant un calcul tout bête, on constate que l'armée romaine a perdue 118 000 combattants rien qu'aux batailles de la Trébie, de Plaisance, de Trasimène et de Cannes réunies. Sachant qu'ils ont perdu de nombreux cavaliers au Tessin et un combat non loin de Plaisance suite à la contre-offensive avortée de LONGUS, on peut estimer les pertes romaines sur le théâtre italien à plus de 120 000 légionnaires/auxiliaires (= 12 légions).
Quelques mois après la victoire de Cannes, le roi de Macédoine décide de profiter de la situation pour reprendre le contrôle de l'Illyrie alors sous protectorat romain. La république est au bord de l'effondrement et Hannibal ne profite pas de sa victoire pour assiéger Rome.
Hélas pour lui, les Romains rétablirent une situation désespérée grâce à la politique d'enrôlement du dictateur FABIUS ainsi que sa stratégie défensive en Italie, menant à une série de victoires pour la cité du Latium dans le nord de l'Espagne (Dertosa) et en Sardaigne (perte d'un énorme contingent carthaginois estimé à 16 500 soldats et 7 000 miliciens sardes) durant la même année.
Je me demande toujours comment Rome a pu faire pour se relever d'autant de pertes. Le seul cas "un peu comparable" sur le plan stratégique est celui de l'URSS et de son armée qui après avoir perdu 4 millions d'hommes entre le 22 juin 1941 et le 22 juin 1942, c'est relevée.