J'ai viré un périphérique (un clavier) et depuis je n'ai plus de soucis. Par contre j'ai bien 2 ports usb qui m'ont l'air morts. Tant que ça ne plante plus, je vais laisser comme ça ...
Ambiance houleuse lors de cette réunion au Temple … Quala’Un avait exigé que les meneurs du massacre soient envoyés au Caire, et nul doute qu’ils y auraient trouvé une mort peu glorieuse ! J’admets, Mattéo, que j’appuyais cette solution. Même si Acre bénéficiait également aux marchands arabes et qu’il s’agissait de la seule ville ou orientaux et européens pouvaient commercer, Quala’Un n’attendait qu’une occasion pour revenir sur la trêve … il ne faisait aucun doute que rejeter les demandes du Sultan apporterait la guerre, la dernière guerre que le Royaume de Jérusalem connaitrait avant de disparaître.
Quand je pensais à ce qu’était ce Royaume quand j’avais posé mes pieds en Terre Sainte, et ce qu’il était devenu depuis ! Réduit à peau de chagrin, et tous les noms des villes qui venaient à l’esprit renvoyaient à des massacres lorsqu’elles étaient tombés aux mains de Baybars, puis de Quala’Un…
Antioche, Césarée, Tripoli avaient été des exemples sanglants.
Jean de Boudi de Villiers frappa du poing sur la table et les discussions enflammées prirent fin. Le maître des Templiers voulait accepter la demande mamelouk, le temps de fortifier Acre, d’envoyer des demandes d’aide en Europe. Déjà un bateau était parti pour Chypre afin d’obtenir du Roi de Jérusalem, qui en avait fait son fief, des troupes aguerries. Mais il fut coupé par Jagermeister von Bonlant, le Maitre de l’Ordre des Chevaliers Teutoniques.
Et quoi, on allait se laisser dicter nos décisions par des Infidèles ? On allait obtempérer et livrer des Chrétiens aux Mamelouks pour que les notres défilent honteusement au Caire, esclaves d’anciens esclaves, avant de finir empalés, rôtis ou pendus ? De bons Chrétiens venus en Terre Sainte sur la demande express du Pape ?
Je ne peux te résumer plus loin cette soirée, Mattéo … Jag monta les esprits bien au-delà de toute pensée rationnelle. Suivi par tous les Teutoniques, mais également par les Hospitaliers, et même les commerçants pisans, il fit huer Boudi de Villiers, qui dut quitter la réunion avant que les armes ne sortent des fourreaux. Depuis des décennies on s’interrogeait et on jalousait les Templiers, leur pouvoir, leur argent, leur domaine… Au crépuscule du Royaume de Dieu il devenait une cible facile, et le Maitre des Templiers eut-il dit blanc que tous auraient répondu noir …
La réponse fut envoyée à Quala’Un et on se prépara au dernier appel au Jihad des peuples arabes. Les soldats montaient aux plus hautes tours d’Acre et surveillaient à l’est et au sud, attendant l’arrivée des colonnes Mamelouks… Mais elles ne venaient pas.
Acre et ses remparts, 1291
L’hiver passa, les chaleurs remontaient, des bateaux débarquaient de Chypre avec des renforts. L’Ordre Teutonique rameuta 40 frères chevaliers et 400 hommes d’arme depuis les contrées germaniques. Néanmoins le compte n’y était toujours pas. On parlait de 15.000 hommes capables de se battre en Acre, et combien en face ?
Mais en face ils ne venaient toujours pas.
Les arbres en fleurs laissaient présager que l’on pourrait encore avoir de nouvelles cueillettes, de nouvelles moissons.
On stockait toujours plus, les réserves étaient pleines à craquer, assez pour résister à un long siège.
Mais les Mamelouks ne venaient toujours pas.
Arriva avril et ses températures clémentes. L’espoir revint quand on apprit que le sultan Quala’Un était décédé peu de temps auparavant, stoppant net l’appel au Jihad. Puis la rumeur vint. L’armée avait été reprise en main par Al-Ashraf, son fils, qui avait du faire tomber des têtes pour asseoir son pouvoir. La rumeur vint et passa. Elle fut suivie par des paysans qui fuyaient les rives du Jourdain et les côtes au sud, jusqu’à Jaffa, pour trouver refuge à Acre. Les paysans apportèrent la peur et la désillusion. La rumeur précédait la fureur, et en ce début avril 1291 nous parvint le bruit au loin des 200.000 hommes du Sultan qui s’approchaient au nord, au sud et à l’est d’Acre.
