Paradox revient avec un Crusader King II des plus alléchants dans cette version preview.
Ceux qui ont joué à Sengoku ne seront pas dépaysés puisque Paradox a repris un certain nombre d'idées et l'interface de ce jeu, en les améliorant et en les adaptant à l'époque du moyen âge. Sengoku a donc sans doute servi de ballon d'essai en vue de ce CK2, ce qui permettra sans doute d'éviter un certain nombre de bugs et de roder déjà l'interface. Une des innovations agréables c'est que le jeu ne vous bombarde plus de pop-ups mais les affiche discrètement sur le côté à charge pour vous de les ouvrir et de les lire.
Pa rapport au 1 on est frappé par l'impression de richesse du titre. Ici l'objectif n'est pas tant la conquête territoriale que l'épanouissement de sa dynastie dans l'Europe du moyen âge. Ce sont donc bien les différents personnages de sa dynastie qui sont au cœur du jeu et tous les amateurs de rôle-play apprécieront.
Tout d'abord Paradox s'est attaché à multiplier les traits que peuvent posséder les personnages (près d'une cinquantaine selon le manuel comme l'alcoolisme, la couardise, l'imbécilité, la fourberie sans compter les nombreuses maladies horribles que peuvent attraper votre personnage ) ce qui fait que chacun d'entre eux sera réellement unique. Les personnages peuvent même se voir attribuer des surnoms en rapport avec leur caractéristiques (Le lion, le cruel, le gros...)
On y trouve tout un panel de choses oubliés dans le 1 et qui bien qu'anecdotiques prises séparément rendent ensemble le jeu très immersif. Ainsi il est désormais possible d'avoir des jumeaux. On peut même avoir un enfant atteint de nanisme. (un clin d'oeil à Tyrion et au trône de fer?)
En plus de ces multiples traits, les personnages peuvent aussi posséder des vertus/péchés (calme, gloutonnerie, cupidité...) basés sur les péchés capitaux et vertus chevaleresque telles que les définissaient les auteurs du moyen âge.

Le comte du Périgord. Il est plutôt doué sauf en ce qui concerne la diplomatie. Ses traits sont multiples et en font un parangon de chevalerie (diligent, brave, tempéré...) son seul défaut c'est une cupidité galopante.
Autre détail oublié du 1 et qui a finalement été implémenté: la possibilité pour le personnage qu'on incarne d'enfin pouvoir nommer son enfant à sa guise. Fini donc l'héritier au nom ridicule.
On prend un vrai plaisir à gérer ses personnages, à les faire réagir aux différents évènements et on est triste quand le jeune héritier qu'on avait patiemment entrainé et éduqué meurt bêtement d'une pneumonie à 16 ans laissant à son petit frère bossu et débile le poids de la succession. Et n'oubliez pas que si vous n'avez pas d'héritier en mourant, la partie est finie, on prie donc rapidement pour avoir des garçons et on évite d'envoyer son seigneur s'exposer à la bataille avant de l'avoir marié.
Heureusement on peut désormais aussi instaurer des fiançailles pour organiser le futur de vos rejetons même avant leur majorité.

La famille des comte du Périgord, avec le comte actuel, sa femme et ses 3 enfants, les jumeaux Jaime et Cersei et Tyrion le petit dernier.
Enfin les personnages ont leur propres ambitions, parfois facile à satisfaire, parfois cachés, ainsi en jouant le comte de Flandres, j'ai appris par mon maitre espion que ma propre femme voulait me voir mort. Cela m'a fourni un motif pour l'arrêter, mais elle a réussi à s'enfuir. (le fait que j'ai tenté de renverser son neveu, le Roi de France n'est peut être pas étranger à cette rancœur)
La phase role-play au cœur du gameplay est donc très largement réussie.
Le reste du jeu est aussi largement hérité du 1 mais énormément retravaillé et amélioré.
La guerre fonctionne toujours avec un système de levés au sein de vos terres, mais attention, si vous êtes défait, il vous faudra du temps pour reconstituer vos armées. Vous pouvez aussi engager des mercenaires, mais si vous tardez à les payer, ils risquent de se retourner contre vous et de piller vos terres.
La religion occupe aussi une place centrale, avec un Pape financièrement puissant puisque c'est à lui que les évêques d'Europe versent l'impôt et qui pourra appeler à la croisade. Les ordres religieux sont aussi de la partie, avec possibilité d'engager chevalier du temple et de l'hôpital pour partir en croisade.
Si vous êtes un Roi et que vos relations avec le saint père sont mauvaises vous avez même la possibilité de nommer un anti-pape! Reste à voir si l'ia n'abusera pas de cette possibilité qui doit demeurer, on l'espère, exceptionnelle.

Une vue des différents royaumes en 1066.
Autre innovation, les complots, idée reprise de Sengoku. Les personnages peuvent ainsi organiser différents complots pour augmenter leur richesse et leur pouvoir. On pourra ainsi voir de puissants duc comploter pour renverser un Roi faible. (il semble d'ailleurs que cela se produise un peu trop, il y a certainement un meilleur équilibre à trouver pour ces situations)
Et je n'ai survolé ici qu'une partie des possibilités du jeu puisque je n'ai joué qu'un comte et non un duc ou un Roi et qu'on pourrait encore parler du conseil (ou vous nommez chancelier et autres maitres espions) ou des lois que vous pouvez appliquer dans votre royaume.
La victoire s'obtient en accumulant prestige et piété qui s'acquiert au travers de multiples actions. (Ainsi marier ma fille à un duc ou même au Roi est une source de prestige appréciable. Participer en personne aux combats aussi)

Le duc de Bourgogne a réussi son complot et a renversé le malheureux Roi de France, trop jeune pour parvenir à tenir le royaume.
Bien évidement dans cette version preview tout n'est pas parfait et il demeure quelques défauts.
Tout d'abord un certain manque de visibilité, due aux peu de filtres (pour le moment?) disponible. Il n'est pas toujours aisé de voir au premier coup d'œil les guerres en cours et qui les gagne. Votre suzerain vous demande ainsi parfois d'envoyer vos troupes à son aide et votre seigneur est indiqué comme étant en train de mener des troupes mais sans apparaître sur la carte...
L'interface est parfois un peu brouillonne, et gagnerait à plus de clarté.
Ainsi il est très difficile de voir d'un coup d'œil les successeurs à un personnage ce qui empêche d'élaborer facilement des stratégies vicieuses à base de mariage et d'assassinat pour placer son fiston dans la ligne de succession d'un duc à coté de vos terres.

L'empire byzantin est en plein chaos après que l'oncle de l'empereur ait déclenché un coup d'état contre lui. L'empereur part à la bataille. L'armée est divisé en 3 ailes, chacune commandée par un personnage différent. (ici l'empereur au centre, son chef des armées à gauche et le patriarche de constantinople à droite)
Il subsiste de plus quelques détails gênants mais relativement faciles à corriger dans les mois qui viennent pour Paradox. Ainsi un certain événement aléatoire de chevaliers errants à accueillir dans mon comté et qui revenait tous les ans ou presque. (peut être aimaient-il mon accueil?)
Certaines lois de successions en début de partie sont bizarres et favorisent un peu trop les filles, au contraire de l'esprit de l'époque.
D'autres détails liés à la diplomatie (l'un des traditionnels point faible de paradox) sont aussi à équilibrer ou à revoir. Les complots pour saper l'autorité du roi semble assez fréquent, et il vous sera difficile de vous maintenir sur le trône en l'état.
Par contre le jeu est stable et je n'ai pas eu de CTD ou de bug majeur durant ma partie. De plus le jeu tourne vite et bien malgré la quantité de personnages qu'il gère.
Une bêta est en cours, qui permettra sans doute de résoudre ces problèmes.
Le constat après cette version preview du jeu est donc globalement positive et même très bonne si on aime la gestion de sa famille et le côté RP. (l'arbre de votre famille ravira le généalogiste qui sommeille en vous

Critiqué souvent pour sortir des jeux incomplets ou buggués Paradox semble avoir fait beaucoup d'efforts cette fois pour rendre un produit a peu près fini. Quand on sait à quel point leurs jeux s'améliorent au fil des patchs et des add-ons on peut être optimiste sur ce titre!