AACW - Shouting the Battle Cry of Freedom /Largo, Urial, moi
Posté : mar. sept. 28, 2010 5:02 pm
Soon on your screens !!
The White House
Washington D.C.
April 5th, in the Year of the Lord 1861
Mon Cher Ami,
Ne parvenant pas à dormir cette nuit encore, je prends la plume pour m'épancher une nouvelle fois auprès de vous, car j'éprouve le besoin de vous confier mes plus sombres angoisses, sachant pouvoir compter sur votre compréhension et votre soutien indéfectible.
Les cinq mois passés depuis mon élection ont été une épreuve des plus pénibles à soutenir, et je ne souhaite à aucun homme de connaître la pression qui s'exerce sur moi en ces heures terribles. Ma prise de fonction officielle, le 4 mars dernier, me voit confronté à la plus formidable situation de crise que ce pays ait connu depuis presque un siècle. En effet, et comme vous le savez, l'Etat de Caroline du Sud a fait part de son souhait de quitter l'Union le 20 décembre 1860, bientôt rejoint par les Etats du Missisippi, de la Floride, de l'Alabama, de la Géorgie, de la Lousiane et du Texas entre le 9 janvier et le 1er février de cette année. Tous les Etats Cotonniers ont décidé de mettre leurs menaces à exécution devant mon refus légitime de revenir sur les principaux points du programme du Parti Républicain qui m'avait fait élire par une majorité de nos concitoyens.
Mais que pouvais-je faire d'autre ? Et de quel droit la souveraineté des Etats est plus importante que l'Union perpétuelle proclamée dans notre Constitution ? Si une minorité quelconque a le droit de détruire le gouvernement à sa guise, parce qu'elle n'a pas eu ce qu'elle voulait, c'est la fin de tout gouvernement !! Le droit de sécession que revendiquent les Etats du Sud n'est que l'essence de l'anarchie !!
Seul le droit de révolution pourrait être constitutionnel, car il est l'héritage de 1776. Mais il n'existe pas de droit de révolution à volonté. La révolution n'est un droit moral que lorsqu'elle est exercée en faveur d'une cause moralement justifiable, mais lorsque ce n'est pas le cas, la révolution n'est plus un droit mais simplement l'application abusive d'un pouvoir physique, et je ne peux le permettre, en tant que garant des institutions et des valeurs de ce pays.
L'idée centrale des partisans de l'Union est la nécessité de prouver que le gouvernement populaire n'est pas une absurdité. Et j'ai peur qu'il faille régler cette question maintenant ; l'heure approche où nous devrons décider si, sous un libre gouvernement, la minorité a le droit de détruire ce gouvernement à chaque fois que l'envie lui en prend.
A l'heure où je vous écris, j'ai appris que les législatures de l'Arkansas, du Missouri mais surtout de Virginie, viennent de rejeter à une forte majorité l'ordonnance de sécession qui leur était soumise. Je persiste à penser que cette politique agressive et destructrice ne provient que d'une petite minorité de "Mangeurs de Feu" membres de l'aristocratie des planteurs et décidés à tester la résolution du présent gouvernement.
Et je me trouve face à un dilemme cornélien : dois-je user de mes prérogatives de Président des Etats-Unis d'Amérique légitimement élu pour faire respecter les devoirs et obligations des Etats, au risque d'aggraver la crise actuelle ? Il n'y a aucun doute dans mon esprit, mais mon cabinet reste divisé sur les mesures à prendre. Malheureusement, la question de la perception des droits de douane et du maintien de l'autorité fédérale sur les forts et autres possessions gouvernementales est devenue d'une actualité brûlante.
En effet, j'ai reçu il y a quelques jours une lettre du Major Anderson, commandant de la garnison du Fort Sumter en baie de Charleston, m'indiquant que ses réserves de vivres commençaient à s'épuiser. De plus, son rapport indique qu'il a interdit à ses hommes de patrouiller en ville, du fait de l'hostilité croissante d'une partie de la population, encouragée par certains meneurs politiques. Mesure fort judicieuse dans le climat actuel, mais qui contraint le Major et ses hommes à rester enfermés dans l'enceinte du fort et à subir ce qui commence à s'apparenter à un siège en règle. Cette situation m'oblige à prendre une décision qui peut s'avérer cruciale pour la suite des évènements. Après consultations avec mon cabinet - qui est en faveur de l'évacuation à cinq voix sur sept - et avec le général en chef Winfield Scott - qui suggère lui aussi l'évacuation pure et simple - ma décision est la suivante : comme il est hors de question d'organiser une véritable expédition militaire dont l'objectif serait de contraindre les sécessionistes à obéir au ordres du gouvernement et provoquerait sans nul doute une réaction épidermique de leur part, je compte envoyer dès demain un messager spécial au gouverneur Pickens de Caroline du Sud indiquant qu'un navire non armé va se présenter dans les jours à venir devant Charleston pour ravitailler la garnison en vivres, et en vivres seulement. Cela laisse le choix de la paix ou de la guerre au "gouvernement confédéré", car toute tentative de leur part pour empêcher cette action serait perçue par l'opinion comme une agression caractérisée contre une mission à caractère humanitaire, et condamnée autant au Nord qu'au Sud.
Voilà où nous en sommes rendus, mon cher ami. Le Destin de cette grande nation dépend désormais des évènements de la semaine à venir, et je prie le Seigneur d'entendre les prières des hommes de bonne volonté afin d'empêcher toute escalade dans le différent qui nous oppose à nos frères du Sud. Puissent les dirigeants sécessionistes entendre mon appel à la paix, mettre fin à leur folie, et revenir à la table des négociations.
Que Dieu vous garde ainsi que votre famille, et bénisse les Etats-Unis d'Amérique.
Abraham "Math" Lincoln.
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