Juillet -217
L'armée de Scipio, encore assez désorganisée et affaiblie se met donc en marche vers le sud mais rapidement, il s'avère que la traversée des monts de Gisa risque d'être plus ardue que prévue et Scipio décide d'incurver sa trajectoire vers l'est et de longer cette chaine montagneuse par le flanc nord.
C'est alors que le 5 juillet, Scipio apprend qu'Hannibal ne se dirige pas vers le sud mais vers l'ouest dans une trajectoire à peu parallèle à celle de son armée mais en sens contraire et plus au nord.
Vite, il faut accélérer!!!
Hélas, Hannibal est plus rapide que les romains et passe la Trébia en masse dès le lendemain puis incurve sa route vers le sud.
Scipio comprend immédiatement l'erreur du général carthaginois qui aurait dû tenter de lui couper la route et non de venir à sa rencontre pour une nouvelle confrontation.
Bien que difficile à réaliser, Scipio pense qu'ainsi, il lui reste une chance de passer alors qu'il aurait probablement été impossible de forcer le fleuve avec les carthaginois de l'autre coté mais il va falloir se battre pour maintenir le passage ouvert.
Le 7 juillet, au soir, les avant-gardes de cavaleries romaines ainsi que les auxiliaires vénètes équipés à la légère atteignent un passage sur la rivière tandis que Scipio pousse ses troupes fatiguées en avant et tente de former un front pour contenir Hannibal.
La Ve Légion de Marcus Aemilius ouvre la marche, puis vient la IVe et ainsi de suite jusqu'à la Ire en arrière garde.
Mais le 8 au matin, les carthaginois sont là et commencent à harceler le flanc gauche de la colonne romaine.
Très vite, la situation dégénère en particulier pour l'arrière garde constituée des Ire et IIe Légion de Mammula et de Serranus, harcelées sur leurs arrières par les troupes légères carthaginoises, en particulier la cavalerie numide et ses javelots mais aussi la cavalerie punique.
Mais Hannibal a lancé aussi ses troupes contre le passage des romains sur la Trébia et la Ve Légion a dû repousser une première tentative des mercenaires grecs de Gallus.
Ce n'était qu'un avant-goût car arrivent alors les mercenaires gaulois de Maharbal Himilco ainsi que les lybophéniciens de Hanno.
Ils tombent alors sur la IVe Légion magnifiquement commandée par Titus Octacilius Crassus qui, par une tactique de charges et de replis rapides va mettre en échec toutes les tentatives de forçage des carthaginois et leur infligent de sévères pertes.
Légèrement en arrière, la situation est plus équilibrée entre la IIIe Légion de Pomponius et les Ambactes boiens secondés des mercenaires ibériens de Mago.
Les romains arrivent heureusement à maintenir la cohésion de leur armée (il faut dire aussi que les carthaginois sont très éprouvés eux aussi).
La Ve Légion a passé le fleuve.
Les Ire et IIe Légions ont laissé de nombreux morts derrière elles mais finissent par atteindre le passage sous les tirs de frondeurs de Baliares et le harcèlement permanent de la cavalerie ennemie. Par chance, les éléphants d'Hannibal, trop lents, sont trop loin pour intervenir.
Il reste alors les IIIe et IVe Légion qui ont, jusqu'ici, combattu magnifiquement malgré un rapport de force de plus en plus défavorable.
La cavalerie alliée des Socci effectue alors une charge héroïque mais presque suicidaire pour leur permettre de passer à leur tour.
Scipio, de l'autre coté de la Trébia maintenant, est impressionné par la sacrifice des Equites Socci mais il ne peut réprimer un immense soupir de soulagement.
Malgré de sérieuses pertes et 1 millier de prisonniers perdus à l'ennemi, le gros de son armée a réussi à passer et peut maintenant continuer vers l'est sans entraves.
Tandis que la Ire armée consulaire se glisse doucement au sud de Mutina vers les montagnes d'Aquinum, Hannibal a renoncé à toute poursuite et s'est retourné contre Placentia.
La garnison de Placentia mise en alerte est heureusement bien protégée derrière ses remparts et dispose de surcroit, d'une bonne réserve de ravitaillement et de munitions.
Elle pourra tenir des mois.
En fin de mois, malgré la perte de près de 2500 hommes supplémentaires par la fatigue, les maladies, les blessures et les désertions, le gros de la Ire armée consulaire atteint enfin les monts d'Aquinum et s'y enfonce.
Scipio revient de loin!
Il décide presque immédiatement de lancer la construction d'un fort romain (Castrum) (dès que les hommes auront récupéré) et d'établir un dépot de ravitaillement: les monts d'Aquinum pourraient constituer une bonne ligne défensive!
griffon a écrit :L'aube d'un jour sinistre a blanchi les hauteurs.
Le camp s'éveille. En bas roule et gronde le fleuve
où l'escadron léger des Numides s'abreuve.
Partout sonne l'appel clair des buccinateurs.
Car, malgré Scipion, les augures menteurs,
la Trebbia débordée, et qu'il vente et qu'il pleuve,
Sempronius Consul, fier de sa gloire neuve,
a fait lever la hache et marcher les licteurs.
Rougissant le ciel noir de flamboiements lugubres,
à l'horizon brûlaient les villages Insubres.
On entendait au loin barrir un éléphant.
Et là-bas, sous le pont, adossé contre une arche,
Hannibal écoutait, pensif et triomphant,
le piétinement sourd des légions en marche.
Merci de m'avoir fait découvrir ce poète.
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