Le front était stable: l'hiver monotone passa péniblement pour les deux camps français, enlisés dans leurs positions, avec des effectifs égaux; égaux dans la misère, le froid, les pertes. Mais surtout pour les sudistes, dont les camions de ravitaillement avaient jusqu'à 1200 km à faire de Marseille aux premières lignes. Les munitions manquaient perpétuellement, la nourriture était aux limites du supportable pour un être humain, les uniformes peu souvent remplacés étaient tous plus ou moins pleins de boue, et parfois du sang des camarades plus malchanceux: les conscrits.
Les conscrits... les plus nombreux, ils ont à peine 14 ans, (même parfois moins, car certains trichaient sur leur âge), ceux qui se faisaient faucher par un coup de howitzer, étaient massacrés par une rafale de mitrailleuse ou une roquette antichar.
A côté des conscrits, les vétérans, les soldats de métier et ceux engagés en l'an 2010, subissaient des pertes proches de zéro, car ils savaient, eux, ce qu'il faut faire quand on se prend une pluie de roquettes. Certains avaient même fait la bataille de Vichy, où 50.000 sudistes étaient tombés. D'autres encore avaient subi l'Alsace, Bourg-en-Bresse, Auxerre, Orléans 1 et 2, Châlons-sur-Saône, La Rochelle, Nantes, Tours, Luxeuil, Epinal... les combats héroïques ne se comptaient plus.
Quelqu'un dans l'armée écrivit dans son journal: "On enterre plus d'uniformes que l'on peut en fabriquer. Mais c'est là tout le problème: les conscrits se font atomiser, mais on ne peut gagner sans eux."
Côté industrie, les nombreuses bases militaires font la guerre des chiffres, tout aussi incertaine, au détriment des civils: même à Marseille, on en est aux carnets de tickets et aux catégories en tous genres. Il existait des villes où il n'y avait que du pain et des rutabagas; les villages étaient régulièrement évacués par l'armée pour ne plus avoir à les alimenter en eau et en électricité.
Les civils français ravalaient leurs rancoeurs: en Espagne, c'est bien pire, qu'ils disaient.
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Le front n'ayant guère évolué depuis novembre 2011, l'Etat-major marseillais se décida à rendre effective un plan particulièrement ambitieux: la "Grande Charge", nom de code Bulldozer Normand.
Le principe était simple, attaquer avec la majeure partie des troupes stationnées depuis un an en Loire-Atlantique, en direction de la Seine.
L'attaque fut lancée le 12 mars 2012, à 1 heure du matin.
Profitant de l'effet de surprise et des faibles effectifs des garnisons ennemies, les troupes du Sud écrasèrent toute résistance: leur avance prudente, appuyée par l'artillerie et les missiles Patriot, ainsi qu'une poignée de guérillas, les fit atteindre les côtes en une semaine. Même si, à cause des défenses blindées mises en place sur la rive gauche de la Seine, l'offensive n'avait pas atteint son objectif principal, elle avait quand même réussi à couper le ravitaillement des ports atlantiques.

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Consolidation toujours
Il est temps de faire un petit topo de la situation
(Situation au 5 avril 2012)
Gouvernement: C'est pas dur, il n'y a que trois ministres

Un pour Opérations/Défense/Etat, un autre pour Trésor/Commerce, le dernier pour l'intérieur; tous cracks dans leur domaine mais en même temps peu expérimentés.
Commerce: Pas de pétrole à produire, les gisements aquitains sont barcelonais


Armée: L'armée de 290.000 soldats (pour la plupart conscrits) est relativement moderne sur terre, mais la marine est réduité au Charles-de-Gaulle et à son escorte, et l'aviation à une poignée d'Alpha-Jets et deux-trois Mirage

Solde migratoire: 215.000 émigrants par an; seuls les scientifiques sont consignés sur le territoire. Les immigrants (97.000) se doivent d'être en bonne santé et qualifiés pour entrer.
Recherche: Avec à peine un tiers du budget requis, les laboratoires peinent à développer des blindages composites pour reconstruire des Leclerc (alors que les autres en ont à la tonne, merci le Marché Mondial

Après l'opération Bulldozer Normand, rien de notable ne se passa. Rien, quoi!... Sauf les attaques parisiennes. L'Etat-Major hésitait franchement à attaquer Paris: même si les ennemis sont deux fois moins nombreux, ils ont la maîtrise du ciel (cf. les bombardements réguliers sur Caen par une poignée de Rafale, qui détruisent à chaque fois des troupes d'artillerie qui coûtent les yeux de la tête

A noter la prise de tout l'intérieur breton par... un seul bataillon: le 2ème Groupe Bonifacio, effectif 3.000 hommes

Le 26 avril, Madrid déclare la guerre, mais comme il n'y a pas de frontière, rien de grave
En Espagne, les combats se font de plus en plus féroces et meurtriers, mais aucun des deux camps ne l'emporte.
