C’est avec tristesse que nous constatons que le roi d’Espagne s’est une fois de plus laissé emporter par la haine tenace qu’il semble nous porter, responsable des graves troubles mentaux dont il souffre depuis des années. Ce malheureux retarde de plusieurs siècles et se croit encore au temps des croisades, espérant gagner l’absolution pour sa bien noire âme si pathétique en marchant contre le musulman. Même le Pape, dit-on, en lisant l’appel solennel de Felipe se serait roulé par terre de rire en s’écriant : »Son état ne s’arrange décidément pas et il nuit à la cause catholique beaucoup plus qu’il ne l’aide. Peut-être serait-il judicieux de l’excommunier ? ».

Le Sultan rappèle donc que de nombreux chrétiens vivent pacifiquement au sein de notre empire, leur pays, qu’ils sont prêts à défendre les armes à la main s’il le faut contre les croisés fous ibériques, grands spécialistes des macabres inquisitions. Il ajoute qu’il fut le seul à protester contre l’injuste annexion de la Moldavie par les barbares hongrois (seule la sagesse de l’Empereur a permis aux wallaches d’éviter ce triste sort).
Mais, pour le Roi d’Espagne, peu importe tout cela : que l’Autriche attaque aussi Venise et s’étende dangereusement en Italie ou que le Moscovie attaque d’autres chrétiens, peu importe (le Sultan s’en soucie peu aussi, nous tenons à le préciser : il ne fait que souligner des points qui devraient plus concerner Madrid que ce qui se passe dans le harem du sultan) : une chose, une seule le guide : sa haine de l’Ottoman. La moindre action de celui-ci et le roi bouffon saute de son trône et, bavant, hurle à l’anachronique croisade, menaçant sans cesse le seul qui se préoccupe réellement du sort de « ses frères des balkans ».

Il est temps que Madrid prenne conscience d’une chose : l’extension limitée de l’empire en méditerranée orientale, aux dépens de Venise, n’a été décidée que pour une seule et unique raison : la haine déclarée que nous porte le Roi d’Espagne. Face à un tel chien enragé, le Sultan a appliqué le vieux proverbe latin ‘Si vis pacem, para bellum’. En clair, la sécurité de l’empire, menacé par le roi fou, exigeait que les îles vénitiennes passent sous contrôle ottoman : pas question de laisser ces bases avancées à un allié potentiel du dément. La responsabilité de la guerre veneto-turque est tout entière espagnole et nous ne l’avons menée que contraint et forcé.
La sublime Porte invite donc toutes les grandes nations chrétiennes, que nous saluons, à ne pas suivre la folle ambition guerrière du dément, à analyser au contraire plus en détail ce que peut bien cacher une telle haine... peut-être y verrez-vous une simple diversion : Madrid cherche à attirer les regards de tous vers l’orient pour dissimuler ce qu’elle réalise en occident. L’annexion de l’empire aztèque relève de cette fourberie : les sages monarques anglais, français, portugais et autrichiens ont certainement noté que l’afflux colossal d’or qui en résulte pour l’Espagne va faire de celle-ci à moyen terme la plus grande puissance d’Europe.
A ce moment, il sera trop tard pour réagir et le roi fou lancera contre vous, impuissants, ses chevaliers inquisiteurs. Il lui faut encore un peu de temps avant de pouvoir dominer le monde, ce dont il rêve secrètement... la diversion contre l’Ottoman est sa réponse pour gagner ce temps. Suivre le roi fou dans ses délires anti-ottomans, C’EST CREUSER VOTRE PROPRE TOMBE. Songez-y. Ou s’arrêtera donc le dément ?