Il y a des secteurs de pointe, mais c'est un peu l'arbre qui cache la forêt...Boudi a écrit :Notre différence vient de la perception de l'importance stratégique du pillage, et aussi sur l'état de l'industrie française. Celle-ci est pourtant, sans doute, la 3ème européenne. Son industrie automobile, particulièrement, et si importante en temps de guerre, est peut-être la première en Europe. Son industrie aéronautique est de premier ordre, elle est capable de dessiner et de produire, certes trop tard, un chasseur comme le D520. Son réseau de ce qu'on appelle aujourd’hui les PME en mécanique générale, et notamment l'usinage de précision (et pourtant on n'a pas les commandes numériques à l'époque) est très dense. La France a aussi d'excellentes fonderies, sous l'impulsion par exemple de Jacob Holtzer et de ses successeurs. Ses arsenaux et chantiers navals sont aussi ce qui se fait de mieux. Bref la France en 1940 fait partie du top five de l'économie mondiale. Ce n'est pas un pays moribond. L’Allemagne fait main basse sur tout ça.
La productivité est dans les choux. Même si les efforts de rééquipement fait pendant la drôle de guerre sont notables, ils sont largement en deçà des prévisions (les D-520 étaient prévus pour janvier, avec plusieurs centaines en ligne au printemps...) et insuffisants. Sans oublier les nombreuses malfaçons et autres équipements construits par dessus la jambe, à qui il manque à l'un les batteries, à l'autre la radio, au suivant les freins... Pour ne rien dire, d'ailleurs, des horaires et discipline de travail de temps de paix. Il fallu attendre fin mai pour que les Week-ends ne soient plus chômés.
Ces mêmes PME que tu cites, et dont je ne nie pas certaines qualités, sont aussi une faiblesse d'un autre point de vue: faiblesse numérique de la production par rapport aux grosses entreprises allemandes, mauvaise synergie...
Alors certes, il y a de beaux projets dans les cartons, et certains qui volent et roulent déjà. Et si on fait abstraction des faiblesses structurelles de la production et de la technique française (dont certains sont encore présents aujourd'hui, je pense notamment à la sous-motorisation chronique dans l'aéronautique), ces projets sont dans la moyenne de ce qui se fait dans le monde. Certains étant supérieurs à leurs homologues étrangers.
Mais là n'est pas la question: ils ne sortent pas à temps. Quand il sont déjà sur les chaînes, ils sortent à un rythme quasi-artisanal. Un comble quand on est en guerre depuis six mois.
C'est pour ça que je dis que l'industrie française n'est pas performante en production brute et que ses structures productives sont obsolètes. C'est bien d'avoir un bon réseau de PME industrielles... Mais une chaine de bombardiers Amiot 354 productive et efficace, ça se fait pas dans l'usine de 100 ouvriers du quartier. Et c'est malheureusement le "business model" (en forçant un peu le trait) de l'industrie aéronautique française des années 1930.






