L'Allemagne au desespoiAAR

gladiatt
Vétéran du Vietnam
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Re: L'Allemagne au desespoiAAR

Message par gladiatt »

TOUR 5

Alors même que la cour impériale de Vienne encaissait la nouvelle de la sévère défaite subie par les armes impériales à Ingolstadt, une autre nouvelle vint assombrir encore l'ambiance. Il semblait que décidément la providence abandonnait le parti des tenants de la foie catholique.

A Rome, en effet, le Pape Grégoire XV rendait son dernier souffle. Aussitôt, 55 cardinaux entrèrent en conclave pour désigner son successeur. ( IRL: début du conclave le 19 juillet 1623).
Mais ce conclave débuta sous de sombres augures. La malaria, qui sévissait dans le Latium, décimât le collège curial comme si les cieux venaient châtier les représentants du Seigneur, les frappant d'infamie.
Dans une ambiance de fin du monde, le Cardinal Maffeo Barberini reçut cinquante voix, et prit le nom d'Urbain VIII. Le trouble de son élection ne retombât pas immédiatement, car Barberini reporta son intronisation au 29 septembre, en raison des fièvres qui sévissaient toujours à Rome et menaçaient la santé fragile des membres de la Curie.

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Urbain VIII par Le Bernin :

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Ayant une haute opinion de lui-même, Urbain VIII fit tout pour imposer son autorité à l’épiscopat catholique: il enjoignit à tous les évêques exerçant des fonctions, cardinaux compris, de respecter la résidence de leur évéchés, ordonné par le Concile de Trente. Ce faisant, il se heurta à la morale vacillante et malléable de nombreux prélats, dont l'ambition politique se voyait compromise par une telle injonction.
Cela passait d'autant moins que Urbain VIII nomma plusieurs membres de sa famille à des charges honorifique. Cela commença par son frère, nommé grand pénitencier, puis bibliothécaire du vatican, et enfin cardinal. Un neveu, Francesco Barerini, fut sacré cardinal 3 jours apres le sacre. Un autre neveu, Antonio Barberini, fut sacré cardinal au bout de quelques mois, puis nommé camerlingue et enfin commandant des troupes pontificales. Un troisième neveu enfin fut fait prince de Palestrina et Prefet de Rome.
Si la pratique du népotisme était pratiquée de toutes les élites européennes, elle n'en attirait pas moins de nombreuses critiques de ceux-la même qui espérait recevoir autant de largesses.

Ambitieux et appréciant le luxe, Urbain VIII finançait aussi de grand projets somptuaires. Il fit achever le palais Barberini par Le Bernin.

Le palais Barberini :

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Il fit fortifier le chateau Saint-Ange. Il alla jusqu'à faire arracher le bronze du revêtement des poutres du portique du Panthéon pour en faire le célébrè baldaquin surplombant l'autel pontifical de la basilique Saint-Pierre, s'attirant les foudres et les sarcasme des romains, qui disaient "ce que n'ont pas fait les barbares, les Barberini l'ont fait".

Le Baldaquin, par Le Bernin :

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Abusant de leur crédit, les Barberini voulurent enlever au duc de Parme, Edouardo Farnese, les duchés de Castro et Ronciglione, et firent déclarer la guerre à ce prince par les Etats de Saint-Pierre. C'en était trop, les soutiens de la famille Barberini les abandonnèrent les uns après les autres, et après d'inutiles efforts, ils durent abandonner ce projet.
De telles pratiques honteuses et dispendieuses pratiques grevaient par trop la quantité de subsides alloués à la lutte armée contre les protestants d'Allemagne. Une coterie de prélats rattachés aux Habsbourg, menés par le cardinal Borgia, reprocha bien vite la molesse d'Urbain VIII dans sa lutte contre les hérétiques.

L'affaire Galilée

De longue date, les jésuites et les extrémistes catholiques dénonçaient les thèses galiléennes.
L'amitié, de notoriété publique, qui liait Maffeo Barberini et Galilée, celui-ci ayant commandité et financé l'étude astrologique de celui-la, mettait le pape en difficulté au moment où il n'avait plus que des ennemis à la curie.
Urbain VIII, pour se sauver, fut contraint d'accepter le procès de l'astrologue.
Toujours ami du savant, et compte tenu de l'abjuration de Galilée, Urbain VIII put cependant adoucir immédiatement les conditions de détention de l'astrologue.

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La famille Barberini finalement se rendit si odieuse par ses excès en tout genre, qu'à la mort d'Urbain VIII, la famille fut contrainte de se réfugier en France pour échapper aux vendettas qui les visaient de toute part.

Pour la cause impériale autrichienne, un appui moral et diplomatique important s’éclipsait sous leurs yeux à un moment critique !

Dans la situation difficile où il était, Ottavio Piccolimini fit preuve d'une énergie immense, bien décidé à sauver son armée.
Sans laisser le temps aux deux Christian (Kristian IV et Christian de Brunswick-Luneberg ) d'exploiter leur victoire d'Ingolstadt, Piccolimini mena une retraite rapide et éreintante jusqu'au fin fond de la Styrie, où il espérait recomposer ses forces, hors d'atteinte de l'ennemi, à l'abri. Il atteignit la ville ou Johannes Kepler avait enseigné 25 ans plus tot: Graz.

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Pour Cordoba en revanche, nulle difficulté insurmontable ne se dressait devant lui et son armée. Les effectifs réduits de Georg Friedrich von Bade-Durlach ne représentaient pas une menace réelle pour ses tercios. Depuis Mannheim, sur les bords du Rhin, il marcha à l'ouest et reprit sans coup férir le contrôle de la Lorraine.

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Round 2

Devant l'armée espagnole de Cordoba, von Bade-Durlach préférait éviter la confrontation. Il évacua la vallée du Rhin, où il savait les Espagnols encagés par d'impérieuses limites politiques ( par la ligne d'action du jeu oui !!), et en traversant la Foret-Noire, parvint à Nurenberg.


Suite à leur victoire d'Ingolstadt, les princes protestants savouraient leur victoire. Mais ils se reposèrent trop sur leur lauriers. Les affaires politiques de son royaume et les tensions avec la Suède détournèrent Kristian IV un moment de sa campagne. Les princes protestants laissèrent ainsi s'échapper l'opportunité de poursuivre Piccolimini, et peut-être de détruire son armée. Il ne serait alors resté, hormis les Tercios de Cordoba cantonnés à la vallée du Rhin, que la force réduite de Pappenheim, pour contrer les armées protestantes. Dans un accès d’exhalation contagieux, l’évêque de Brunswick se voyait déjà mettre à bas l'autorité Habsbourg et raser Vienne jusqu'aux fondations.

Kristian IV, qui avait jusque là opéré dans le nord de l'Allemagne pour son profit personnel, adhéra à l'enthousiasme de son homonyme. Briser l'autorité de l'Empereur aurait garantie l'acquisition définitive par son royaume de toutes ses conquêtes.
Cependant, Ingolstadt, insoumise, barrait toujours la route du Danube. Kristian IV n'aimait pas l'idée d'affaiblir son armée à un moment si crucial, en masquant la forteresse par un détachement de ses forces. L'armée protestante fit volte-face, remontant au nord. Pendant quelques temps on pu croire qu'elle se résignait à marauder en Allemagne centrale, mais le soulagement fut de courte durée.
A marche forcée, la coalition luthérienne progressa vers Nurenberg, puis passa en Bohème à Pilsen. De là, leur armée opta pour un axe au sud. Linz, qui fut si souvent utilisé comme point de passage sur le Danube, vit encore un déferlement de troupes se répandre dans ses campagnes et ses bourgs avant de franchir le fleuve sur le bac qui équipait la ville. Massée sur la rive gauche du fleuve, l'armée ne s'écoulait qu'au compte goutte sur l'autre rive. Christian de Brunswick, impatient, fit alors construire une flottille de barques et de radeau. Ses sapeurs et ses mercenaires abattirent à cet effet tant d'arbres dans les environs qu'il n'y eu plus ni bosquet, ni vergers, ni futaie, à des lieux à la ronde.
Pressant leur troupes, les généraux luthériens traversèrent donc l'obstacle: ils désiraient ardemment rattraper Piccolimini avant que celui-ci n'ait put se refaire une santé. Une fois le Danube franchit, l'armée luthérienne s'enfonça résolument dans les passes du Tyrol. Nulle armée protestante n'avait jamais progressé si loin au sud. Elle atteignit Salzburg.

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A Graz, Piccolimini apprenait avec inquiétude les progrès de l'armée protestante, chaque étape la rapprochant de lui. Lorsque la nouvelle lui parvint que les deux Christians avaient pénétré dans la vallée de la Salzach, l'effroi et le trouble se répandirent à la cour de Vienne.
Piccolimini cependant ne chaumait pas. Il fit venir à lui nombre de régiments et de condottas alors en garnison au sud des Alpes, depuis le Milanais jusqu'à Naples. Il embaucha des mercenaires ainsi que de nouvelles recrues mal dégrossies.

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Pour financer toute cette armée, il engagea sa cassette personnelle, mais mit aussi à contribution viles et bourgs, depuis la Styrie jusqu'à la Hongrie, laissant deviner les destructions que les Danois et leurs alliés ne manqueraient pas de commettre s'il ne leur barrait pas la route.
( recrutement 2 milices et un demi mercenaire).

Round 3

A mesure qu'il approchait de l'armée autrichienne, Kristian IV prenait conscience que l'avantage numérique de ses troupes s'amenuisait chaque jour, Piccolimini recrutant à tour de bras. Le roi danois tenait à s'assurer la supériorité. Grace aux estafettes envoyées par Christian de Brunswick, les deux chefs de guerre purent aisément persuader Georg Friedrich de Bade de venir renforcer leurs effectifs.
Alors que la campagne avait débuté dans l'euphorie et la certitude d'abattre l'armée Habsbourg, peu à peu Kristian IV entrevoyait des raisons de s’inquiéter. Une course contre la montre était engagée entre l'arrivée des renforts badois et l'embauche de troupes par les catholiques.
Kristian IV préféra taire son inquiétude: l’évêque de Brunswick, lui, diffusait autour de lui la vision messianique de leur armée triomphante écrasant les papistes. La troupe affichait d'ailleurs un moral de conquérant: n'était on pas en train de fouler au pied l'autorité de l'Empereur au cœur de ses possessions ancestrales ?
Lorsqu'enfin les miliciens badois firent leur jonction avec le reste de l'armée luthérienne, un immense espoir tenait lieu de détermination à l'armée !

L'armée de l'Union Evangélique marcha droit sur Graz. L'élan pour venir à la rencontre de Piccolimini donna des ailes aux protestants, qui couvrirent la distance si vite que l'armée impériale fut surprise ( et encore Surprise attack). La désorganisation entre officiers impériaux engendrait d'ailleurs un certain désordre et pas mal d’atermoiements ( command rivalry, encore !!).

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Au sein de cette vallée étroite et encaissée menant de Salzburg à Graz, la place manquait pour se déployer et manœuvrer.

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L'avantage serait donné aux gros bataillons, dans un engagement sans subtilité. Pourtant, l'élan protestant initial s'essouffla très vite. L'on croyait voir plier les rangs catholiques, étriqués, désespérés, aux abois. Il n'en fut rien, et le doute saisit les soldats protestants lorsque leurs pertes s'accumulèrent dans de confuses mêlées.
A la fin de la journée, les chefs protestants durent se résoudre au repli, après une journée indécise. Ils revenaient stationner à proximité de Salzbourg, sans avoir anéantie l'armée impériale !

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Pendant que la principale armée protestante s’enfonçait loin au sud dans les terres impériales, Ernst von Mansfeld changea à nouveau de théâtre d'opération. Il avait jusque là prudemment et méthodiquement mis au pas le nord de l'Allemagne ( hormis la Poméranie).
Face au vide qui existait entre lui et la vallée du Danube, où semblait devoir se jouer le sort de la guerre, il n'hésita pas à revenir à Kassel. Il espérait, de là, contester la prédominance catholique sur le Bas Palatinat, mais surtout croiser le fer contre Cordoba qui reprenait peu à peu le contrôle des terres lorraines. Il lui incombait de reprendre l'avantage sur le Rhin. Le trajet de son armée traversa la Hesse et l'amena en Franconie, à Wurtzbourg. Mais pour franchir le Rhin se dressaient devant lui deux obstacles de taille: les forteresses de Heidelberg et de Mannheim...

Wurtzbourg :

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Ernst von Mansfeld affiche un petit sourire. Juché sur un grand destrier, il s'est couvert d'un lourd manteau pour s'abriter du froid nocturne.
Devant lui, le flanc d'un coteau hérissé de grands pins et de châtaigniers dévale abruptement, pour s'estomper et disparaitre dans l'obscurité qui englobe le monde. Un ruban d'un noir profond, plus intense encore que le ciel, coupe le paysage dans le sens de la largueur, marquant le cours du Neckar à l'endroit où il rejoint le Rhin.
Au dela de ce trait noir, des lueurs disséminées dans le paysage trahissent l'habitat des hommes qui vivent le long du fleuve.
Comme illuminé depuis le bord d'un opaque chaudron, une cuvette emplie de toits de briques et de clochers révèle la concentration d'une ville dont seule le faite émerge de son rempart. L'oeil collé à sa lunette, Mansfeld discerne les fugaces ombres mouvantes animées par les sentinelles de faction le long des chemins de ronde, comme un trouble dans la clarté diffuse répandue par les torches et les braséros placés de loin en loin pour réchauffer et rassurer les sentinelles. Abaissant le champ de vision de sa lunette, Mansfeld cherche à deviner dans un paysage estompé la berge du Neckar la plus proche de la citadelle, mais il est impossible de distinguer quoi que ce soit dans le noir.

La vallée de la Neckar dans le soir :

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Juchés sur leurs montures, plusieurs hommes entourent Mansfled, scrutant de même le paysage enténébré, ou parlant à bvoie basses, ou encore flattant l'encolure de leurs destriers dont de discrets piaffements troublent le silence.
L'homme le plus proche de Mansfeld se penche vers lui et l'apostrophe:
- Pourquoi souris tu Ernst ?
Le sourire de Mansfeld s'aggrandit.
- Tu m'a demandé comment on allait passer, Théophile, et qu'il faudrait un miracle pour éviter la forteresse. Sache que tout vien à qui sait attendre !"

S'essuyant les mains moites sur son surcot, Fritz avance d'un pas nonchalant vers l'écurie dont les appentis masquent le fond de la cour pavée. Palefrenier de son état, son trajet n'attirera l'attention de personne au sein de la garnison. Une fois dans l'écurie, progresser à l'abri des regards, entre les stales, est aisé. De temps à autre, il se retourne, surveille que les deux lascars qui lui emboitent le pas ne s'égarent pas.
Fritz rumine, une colère sourde lui ronge les entrailles. Il va enfin pouvoir se venger de tant d'humiliations. Voila 4 ans que les armées bavaroises avaient pris la place, 4 ans qu'une garnison de soldats catholique y avait pris ses quartiers, 4 ans qu'un officier avait été placé par le général Pappenheim pour commander la citadelle. Les soldats du duc de Baviere avaient évincés le personnel précédent. Maréchal-ferrant, apothicaire, valets, avaient étés recrutés au sein de la population locale loyale à la cause catholique. Mais pas Fritz. Fritz était trop simple, trop idiot pour faire du mal à une mouche, à ce qu'on disait. Incapable de distinguer la vraie foie de la foie corrompue. On pouvait lui faire adresser des prieres à la Vierge ou au Pape, bien sur ! On l'avait gardé comme palefrenier.
Mais Fritz n'avait rien oublié, rien pardonné.
Fritz, sortant de l'atelier attenant à l'écurie, marcha résolument le long du haut mur qui défendait la forteresse, le long d'un étroit passage pavé et ouvert à tout les vents. Deux soldats battaient le pavé au bout de ce couloir, l'un une pique adossée à l'épaule et le morion de guingois, l'autre les deux mains frileusement glissées sous une lourde cape de laine.

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- tiens, Fritz, encore debout ? C'est tes deux cousins ? Que font-ils avec toi ici Fritz ?
Fritz serre les dents à s'en crisper la machoire. Il a déja approché ce couloir à deux reprises ces dernières semaines. La première fois, il était venu seul, en fin de journée. Il avait prétendu vouloir aider les braves soldats de faction et leur permettre de se reposer. On l'avait éconduit en lui suggérant d'aller vider les seaux de crottin, ce qu'il savait faire de mieux. A ce souvenir, les dents de Fritz grincèrent les unes contre les autres. Il était reparti si humilié !
Il avait retrouvé son mécène dans un des estaminet de la ville basse. L'homme semblait contrarié, mais pas contre lui, contre les tourmenteurs de Fritz. Il était arrivé en ville quelques jours plus tôt, négociant catholique en affaire ici pour quelques jours selon ses dires. Il avait fini par compatir au sort de Fritz, aux brimades qu'il subissait de la part des soldats de la garnison.
Il lui avait révélé que sa foie avait fluctué. Les odieux représentant du Pape avaient lachés des reitres sanguinaires sur son village, massacrants ses habitants. Quelques rares survivants, dont il avait été, durent se convertir. Peut-être Fritz désirait il l'aider à se venger, et à jouer un bon tour aux papistes qui l'employaient ? Il avait produit une bourse qu'il avait tendu à Fritz, qui avait alors pu soupeser l’intérêt que cet étranger avait à le venger de ses brimades. Fritz devait juste ouvrir la poterne nord, celle qui ouvrait sur la berge du Neckar.
Son second essai avait eu lieu 3 jours plus tôt, par un jour de pluie. Peut-être avait il mal choisi son jour ? Il avait approché la poterne toujours gardée assidument. Il avait prétendu rejoindre une galante de l'autre coté de l'enceinte. On s'était ri aux éclats de lui.
-Une galante, Fritz ? Voyons, mais avec ta tronche elle à du te poser un lapin ! Elle aurait plutôt choisi un gars comme moi. Ou même comme le gouverneur, tiens !
Grand éclat de rire des deux gardes, qui reprennent :
- Non, franchement, Fritz, vu ce qu'il tombe ce soir, ta galante serait trempée des pieds à la tête, elle du te poser un lapin. A moins que ce ne soit une putain, Fritz, à qui tu as promis un liard ou deux. Mais même les putains posent des lapins, l'ami. Elles ne voudraient pas de ta gueule dans leur giron. Allez, file !

C'était une humiliation de plus, qu'il avait rapporté à l'étranger. Celui-ci avait paru tres intéressé par son histoire. Il avait compatis à ses brimades, et lui avait suggéré la manière forte. Alors, Fritz était aller quérir ses deux cousins chaudronniers, deux malabars à la tête creuse. Les soldats de la garnison allaient voir qu'on ne devait pas se moquer de Fritz. Il avait tant de rage qu'il aurait pu mordre quiconque se serait interposé sur son chemin.

Ses deux cousins derrière lui, Fritz savourait le moment, le dernier de ses humiliations.
-T'a besoin de tes deux cousins pour ne pas trembler dans le noir de ton écurie, Fritz ?
Le rire des deux gardes s'étrangle vite. D'un claquement de doigts, Fritz a relaché ses deux cousins, qui n'attendaient que ça. Des buches faisant office de gourdin surgissent de leurs manches, sont brandies haut. Un des gardes s'écroule, mais l'autre a empoigné sa rapière, et fend l'un des cousins. Fritz n'est pas resté sans rien faire, il dégaine une dage, qu'il plante dans la gorge du garde.
Il y a désormais 3 corps affalés dans ce petit passage. Le cousin survivant de Fritz s'est agenouillé à coté de son frère, les yeux larmoyants, désemparé, cherchant à comprendre, à être rassuré. Fritz n'en a cure. Il s'approche de la poterne, et fait jouer la clenche de l'huis, laissant la lueur des torches se répandre vers l'extérieur si sombre.
Une forme apparait au milieu de nulle part, puis une dizaine sur ses talons. Des hommes, revêtus de capes noires. Aucune piece d'armure ne les trahit par un cliquetis sonore; en revanche ils ont l'épée au poing ou le pistolet en main, et plusieurs ont des mousquets à l'épaule. Le premier se présente devant Fritz, le dévisage, se glisse à coté de lui dans le passage, bientôt suivi par ses 10 comparses. Un coup d'oeil rapide à l'homme agenouillé et sanglotant à coté d'un corps allongé au sol, celui-ci ne semble pas poser de soucis.
-Fritz ? demande tout a trac celui qui semble être le chef de cette petite troupe. Mène nous à la poudrière maintenant !
D'un hochement de tête, Fritz acquiesce, puis se ravise. Il empoigne sa dague, et l'assène violemment au visage de son cousin, lachant, rageur "mais cesse donc de geindre, imbecile !". Sous le regard interloqué des hommes en armes, et sans un mot d'explication Fritz abandonne là son cousin agonisant, prenant la tête du petit groupe, en direction de l'armurerie.
Le déplacement furtif des envahisseurs leur assure la surprise. Quelques sentinelles sont réduites au silence. L'armurerie est investie, et 6 hommes armés jusqu'aux dents s'y barricadent aussitôt. Réduit à 4 assaillants, le groupe approche des baraquements de la garnison, bifurque vers un autre bâtiment, pénètre dans les appartements du gouverneur.

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Devant la lourde porte close, les soldats s’agglutinent en silence. Leur chef hésite à toquer, et un moment de tension vient éprouver les nerfs de tous. Sauf Fritz, qui semble bouillir sur place et se contient difficilement pour ne pas crier. Le chef de la bande toque à la porte un code convenu. Le battant grince en s'ouvrant. Soulagement. Une jeune femme rondelette, en tenue tres négligée ne cachant quasiment rien de ses charmes, ouvre. Elle arbore un grand sourire et tend fièrement une clef de bronze devant elle.
Le chef jette un coup d'oeil derrière elle. Avachi sur une banquette, un homme en calecon ronfle, entravé au niveau des poignets par une chaine en fer, et les pieds et les coudes fagotés dans une corde. Avec un sourire espiègle, la jeune blonde rajoute " il dormait d'un mauvais vin avant même de savoir que je le ligotait !"
-Parfait, tu as tenue ton rôle. Prend cette bourse et rhabilles toi, puis file ! Je te conseille d'avoir fait tes bagages aavant le petit matin, et de détaler au loin.
Plantant un baiser sonore sur la joue du chef, la jeune délurée le rassure :" avec ce que tu viens de me payer, beau gosse, je serais tranquile et bien loin d'ici demain soir !". Elle ramasse ses effets, et sans pudeur se revet devant les soldats avant de s'esquiver dans la nuit.
Fritz lui, s'est rapproché de l'homme qui cuve. Il renifle dédaigneusement, puis lui crache dessus. Il empoigne sa dague, s'approche du poivrot. Le chef des soldats saisi son bras.
- "Que fais tu ?"
-mais, ce qu'il mérite. je vais le tourmenter comme lui et ses hommes m'ont tourmenté.
- Hors de question, nous en avons besoin !
- Il était question de ma vengeance, par Dieu !
Le ton monte, Fritz ne se controle plus, ses éclats de voix seraient bien susceptibles d'ameuter toute la garnison, et ses grands gestes avec sa dague au poing pourraient blesser quelqu'un. Deux des soldats, glissés dans le dos de Fritz depuis un moment ont le regard fixé attentivement vers leur chef. Celui-ci opine du bonnet, fugacement. Alors, tandis que l'un d'eux plaque ses mains sur la bouche de Fritz et crochète son bras droit, l'autre lui passe 10 pouces d'acier a travers le corps, et le laisse s'affaler sur le carrelage qui se couvre de sang.

Dans l'aube blème qui point, Ernst von Mansfeld commence à distinguer le paysage. Quelques maisonnées bordent le pont qu'il convoite, sur la rive orientale du Neckar. De l'autre coté de la rivière, elles s'agglutinent aux murs bastionnés de la citadelle, formant un maigre faubourg d'où s'élèvent quelques filets de fumée des cheminées. A l'extrémité de la ville, quelques toits surmontent le reste de l'agglomération: ceux de la citadelle, dont seuls les sommets de bâtiments émergent.
Mansfeld scrute à s'en faire mal aux yeux. Alors, il lache un hoquet de rire. Déployé au dessus d'un toit, un étendard blanc flotte mollement, à peine soulevé par le vent du matin.
Mansfeld vocifère ses ordres "Mettez la troupe en marche, tout le monde en route immédiatement !! La cavalerie file me prendre ce pont !'
Puis, se tournant vers son second qui l'avait apostrophé en pleine nuit, Mansfeld lache, triomphal:
"Tu m'avais dit qu'il faudrait un miracle, Théo ? Je t'offre mieux. Je t'offre la FBI ! La Forteresse Bien Incapable !"


C'est un spectacle étonnant et qui ne lasse pas d’inquiéter, qui s'offre à la garnison de Mannheim. Empruntant le pont qui franchit la Neckar juste sous les murs, une armée défile à portée de canon. D'abord prudemment, puis de plus en plus vivement, un fort parti de cavaliers est venu s'assurer du pont à l'aube, l'a franchit.

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Les officiers catholiques ont réagit. Quelques coups de canon ont tonnés, et l'un d'eux a fauché 2 cavaliers en percutant le parapet de bois du pont. Le crépitement d'une arquebusade a suivi, puis s'est vite tu: les cavaliers luthériens étaient hors de portée de leurs armes. Seuls les canons de la place auraient pu les massacrer. Les canons n'avaient que quelques boulets au pied de leurs affuts, et une seule gargousse de poudre. Il fallait ouvrir l'armurerie prestement, il fallait réveiller le gouverneur de la place.
C'est alors que la garnison constata son impuissance. Sur le toit de la maison du gouverneur, un drapeau blanc pendait mollement. A l'intérieur, le gouverneur était tenu en otage par plusieurs hommes armés. L'armurerie était barricadé et tenue de même. Bien que désireux de faire leur devoir, les subalternes du gouverneur en étaient incapables.
Sur le Neckar, Mansfeld s'est faufilé au milieu des rangs de ses soldats. Juché sur son cheval, il assiste à l’atermoiement et à l'hésitation de ses cavaliers d'avant garde qui viennent d'essuyer une salve provenant de Mannheim. Mais tres vite la citadelle se tait. Il saisit l'opportunité, et encourage son armée à franchir le pont.
Impuissants, les hommes de la garnison de Mannheim contemplent les colonnes d'hommes, de chariots, de cavaliers, de canons, qui défilent à peu de distance sous leurs murs.
Enfoncer à coup de bélier la porte de l'armurerie aurait pu être rapide et aisé sans la défense des hommes embusqués derrière et foudroyant de quelques tirs précis les soldats catholiques qui cherchaient à mettre à bas cette barricade. La mort dans l'ame, la garnison ne put que laisser faire. L'armée de Mansfeld aurait-elle donné l'assaut qu'elle aurait pu se défendre un moment, à la pique et à l'arquebuse. Mais l'armée protestante se contentait de cheminer. Le verrou sur la Neckar avait été escamoté.

Mansfeld était déja loin depuis deux jours quand le parti d'hommes en arme qui avait assailli Mannheim l'évacua. Un sauf conduit signé sous la contrainte assurait la sortie de la place à cette petite troupe, qui était amoindrie de deux d'entre eux, blessés durant l'assaut sur la poudrière, et qui avaient expirés. Le gouverneur fut l'invité de ce groupe, qui sortit sous le regard furieux des soldats de la garnison, avant de détaler sur de bons chevaux. Le gouverneur fut retrouvé entravé à un arbre, en tenue d'adam, le soir même. Le honte qu'il avait subi l'incita a disparaitre, ce qui lui permit d'échapper au procès que la chancellerie bavaroise avait l'intention de lui intenter.

Le franchissement de la Neckar par Mansfeld fut un coup de tonnerre, un de ceux qui feraient date dans cette interminable guerre.
Cordoba, qui se pensait à l'abri derrière l'écran du Rhin et de ses forteresses, se retrouvait désormais menacé par un adversaire redoutable.

(bon, on s'est rendu compte bien plus tard qu'on avait oublié cette forteresse sur la route de Mansfeld, et tant de choses s'étaient passés qu'on n'est pas revenu en arrière :o: )

Alors que Mansfeld surprenait l'ennemi catholique par son coup d'éclat qui lui ouvrait les voies de la Lorraine, une autre campagne sans pitié se déroulait bien plus à l'Est.
Avisant la situation des deux Christians, qui avaient menés leurs force luthériennes au cœur des vallées de Carinthie et de Styrie, le Graf Gottfried von Pappenheim, toujours stationné en Bavière, conçut une manœuvre susceptible de perdre l'adversaire. Il vint se positionner à Linz et coupait toute voie de retraite à l'armée luthérienne qui était à Salzbourg.

On voit Pappenheim et une armée réduite à Linz, les protestant à Salzburg, et Piccolimini à Graz :

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Déja résolu à se porter au contact de l'armée germano-danoise, Piccolimini n'en fut que plus motivé encore lorsque ses coursiers lui apprirent que Pappenheim lui offrait un précieux concours. Piccolimini mit son armée vers Salzburg, où l'armée de ses ennemis attendait le choc, privé échappatoire.

Salzburg :

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Une vue sur la vallée de la Salz en amont de Salzburg, où les protestants attendent Piccolimini :

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L'étroitesse du champ de bataille continuait à limiter les manœuvres d'approche. Les adversaires devaient compter sur leur nombre ou leur résolution. Piccolimini était confiant, son armée était plus nombreuse. Il négligea la détermination des protestants qui se savaient acculés, et opposèrent une vive résistance. ( 0 au dé catholique :ko: ). La journée restait confuse et indécise.
Piccolimini avait pris la précaution dès le début de l'engagement d'envoyer plusieurs escadrons s'emparer des cols par où l'ennemi aurait put s'esquiver, et plaça quelques batteries sur des hauteurs d'où elles pouvaient atteindre la ville.
L'armée protestante était cantonnée dans Salzburg et ses alentours immédiats, et ne pouvait plus en sortir.

Les pourparlers s'engagèrent entre les deux partis. Privés de munition et de vivre, l'Union Evangélique ne pouvait éviter la rédition.
Kristian IV de Danemark fut contraint à signer une paix rude. Les restes de son armée pouvait rentrer au pays, mais chaque homme dut preter serment de ne plus porter les armes contre aucune des nations catholiques engagées dans le conflit. Kristian dut racheter sa liberté, et dut donner des garanties à Vienne.
Christian de Brunswick, l’évêque exalté, blessé dans la bataille, se retrouva en prison, où il finit sa vie quelques mois plus tard des suites de ses blessures.
Georg Friedrich de Bade-Durlach parvint a fuir en barque le long de la Salzbach, échappa à Pappenheim, et chercha refuge aux Provinces Unies, où il vécut dans la misère.
Charles-Bonnaventure de Longueval, comte de Bucquoy, avait participé à toute la campagne en dépit d'une santé qui déclinait. Mais ses forces l'abandonnèrent et il rendit son âme a Dieu peu de temps après, reconnaissant d'avoir vu les armes impériales victorieuses.

En dépit du fait que les armées autrichiennes opéraient dans le sud de l'Empire, les Ottomans firent le pari que quelques incursions rapides n'attireraient pas l'attention de celles-ci.

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La campagne de Piccolimini avait mobilisé l'attention de l'Empereur et de l'ensemble des cours européennes. Un répit était nécessaire.
Face à la déroute de ses partisans, la Suède fournit un nouvel effort financier, mais qui ne pouvait bénéficier qu'à Mansfeld.

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A Nancy, Cordoba était confronté aux pires difficultés pour nourrir et solder son armée. La peste avait durement frappé la ville, et la part des habitants survivants fut contrainte de subvenir aux besoins des Tercios. Les moyens de subsistance, trop chiches, ne pouvaient alimenter l'armée espagnole. Celle-ci perdit une part de ses effectifs par sous alimentation, maladie, ou désertion.
Cordoba, pour maintenir la discipline, eut recours à la justice militaire la plus expéditive. Les déserteurs rattrapés, où qui revenaient d'eux même en espérant sa clémence, subirent l'estrapade, servant d'exemple au reste de l'armée.

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gladiatt
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Re: L'Allemagne au desespoiAAR

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TOUR 6

La situation des partisans de l'Union Evangélique était on ne peut plus critique. Il ne restait que la force, non négligeable au demeurant, de Mansfeld, qui opérait en Lorraine. Cela semblait trop peu.
Pressé par les circonstances, Mansfeld se voyait astreint à l'offensive, avec l'espoir d'éliminer l'armée de Cordoba.
Le duel des deux généraux débutait.
Quittant les abords de Landau, Mansfeld se précipita vers Nancy, dans les environs desquels se trouvait l'armée espagnole.

Venant de remettre la Lorraine sous l'orbite Habsbourg, Cordoba ne pouvait se résoudre à abandonner Nancy, ville catholique, aux forces de Mansfeld : c'était sa porte de sortie pour rejoindre les Flandres espagnoles. Au sud du plateau lorrain, Cordoba n'avait aucun débouché, ni voie de repli possible: la Bade, protestante, formait un écran dont le glacis était formé par l'imposante fortification de Breisach. Pour cette raison, Cordoba ne pouvait refuser le combat. Il allait faire donner ses tercios.

Ces tercios étaient de redoutables machines de guerre. Depuis 300 ans, l'infanterie dominait les champs de bataille: elle se révélait capable de briser une charge de cavalerie, de manœuvrer, de tenir le terrain, d'investir ou de prendre d'assaut une fortification, et d'utiliser des formations adaptées à chaque situation. Les carrés de piquiers étaient maitres des combats, et les tercios espagnols semblaient en être la quintessence.

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Ces grandes unités ont combattus en France, en Roussillon, en Italie, dans le Milanais ou à Naples, dans les Flandres ou aux Provinces-Unies, et y avaient gagnées leurs lettres de noblesse.
Bien que d'autres puissances aient adoptés la formation des carrés de piquiers, leurs armées restaient en deçà de la réputation de l'armée espagnole, qui possédait un noyau de soldats professionnels, dont la cohésion et la discipline était reconnue et vantée de par le monde. Ces unités étaient composées de plusieurs banderas (compagnie), centrées autour d'un etat major d'une trentaine d'hommes, une nouveauté pour l'époque.
Le cout d'entretien de ces unités devint si important, qu'en temps de guerre, les rois d'Espagne durent recourir à l'emprunt.

Une bonne partie des tercios étaient formée de contingents alliés de l'Espagne, et on trouvait dans leurs rangs des banderas d'Italiens, d'Allemands, de Wallons, d'Irlandais.

Pour stopper Mansfeld, Cordoba opta pour une rencontre au nord est de la ville, espérant ainsi se ménager une voie de retrait vers les Flandres. Mansfeld lui dénia cette possibilité, franchissant la Sarre, et marchant jusqu'à la Moselle, pour finalement descendre au sud et se rabattre sur Cordoba.
C'est à Landremont, quelques centaines de mètres à l'Est de la Moselle, que les deux armées se firent face.

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Dans un brouhaha assourdissant se mêlaient le piétinement de milliers d'hommes, le cliquetis des pièces d'armures metaliques, l'appel clair des trompettes, le sifflement strident des fifres, le roulement des tambours, les cris et les appels issus de centaines de gorges, le henissement des chevaux, le grincement des affuts de canon.
La terre etait pietinée, labourée par tant de souliers et de bottes, l'herbe arrachée, les mottes brisées ou écrasées, les cultures et les pousses saccagées, les buissons décharnés et mutilés.
Se pressant les uns contre les autres, épaules contre épaules, pressés de près, devant et derrière, par plusieurs camarades, les soldats se groupaient en imposantes et denses formations en carrés d'ou saillaient un terrible écheveau de piques et de hallebardes prêt à déchirer ce qui s'y précipiterait ou passerait à portée.

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Au premier rang, les vétérans les plus stoiques et les plus agueris avaient revêtus une demi-cuirasse leur couvrant l'avant du corps, pour se protéger en prévision du combat imminent. Dans leur dos, le poids de centaines d'autres hommes les rassuraient et les encourageaient. A l’arrière et sur les cotés, les sous officiers s'empressaient de faire rentrer dans les rangs trainards et têtes en l'air sans ménagement. Au centre, bien visible de tous, les officiers, plumet sur le casque et bâton de commandement en main, veillaient au grain et jetaient un œil régulièrement en direction de l'emplacement qu'avait choisis le général de l'armée, prêts à répondre aux ordres.
Sur les flancs de ces lourdes formation, on trouvaient des lignes d'arquebusiers qui s'affairaient. Tassant la charge de leurs armes au fond du long canon de celle-ci à l'aide de leur baguette de bois ou de fer, ou vérifiant la présence rassurante des "douze apotres" dans leur bandoulière, les 12 charges prètes à l'emploi, ils s’apprêtaient à lacher leur première volée de plomb au moindre signal. Planté devant eux, le fourquin, la fourche sur laquelle ils appuient leur lourde arme, formait une balustrade mal ajustée.

Dans le capharnaum et le vacarme engendré par l'agitation et l'anxieté de cette foule, inutile d’espérer entendre un ordre, un appel lointain: il faut être à proximité de l'individu qui interpelle pour espérer entendre un conseil, un ordre, un mot. La vue reste encore le meilleur recours, permettant de repérer une bannière, un étendard, un visage ami, l'épée dressée d'un officier.
En prenant du recul, un schéma se dessinait au sein de cette foule immense de soldats: les individus s'estompaient et se fondaient en unités aux contours plus ou moins nets, semblant se mouvoir de manière solidaire sur le paysage.
De grands carrés hérissés de pointes et coiffés d'étendards multiples et variés s'étalaient pour dessiner comme un mur discontinu dans le paysage. Pour les généraux et leurs capitaines, juchés sur leurs chevaux, ce sont ces grandes draperies colorés, ces fanions déployés, qui permettaient de repérer les différentes composantes de leur armée, de les positionner, d'imaginer leurs mouvements futurs.
Moins compact, plus mobiles, des escadrons de cavaliers, moins denses que les attroupements de fantassins, évoluaient aux extrémités de la ligne formée par l'armée, ou piaffaient à l'arrière, mis en réserve, bienheureux de ce sursis avant l'engagement.

Une clameur résonna au loin, l'éclat de quelques coups de pistolet se fit entendre, des volutes opaques blanches naquirent et se déchirèrent au grès de l'aboiement des armes a feux: la bataille vint à débuter.

En dépit de la réputation des Tercios, Mansfeld ne se laissa pas impressionner: il avait une armée nombreuse, et n'était pas novice en la matière. Ses effectifs, supérieurs à ceux de Cordoba, lui permirent d'engager la totalité des forces des tercios, et de garder des réserves. Après des heures de durs combats, Mansfeld engagea ces réserves contre le tercios du flanc droit espagnol, qui céda rapidement du terrain.
Les troupes de Mansfeld, éreintées et éprouvées par de sévères pertes, ne purent se lancer dans l'immédiat à la poursuite de Cordoba !

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Mais Nancy était désormais livrée à la soldatesque protestante. Le peu de la ville qui avait pu être épargnée par les avanies de la guerre subit la rudesse de la soldatesque. Nul ne pouvait plus se garder ou se préserver, et les habitants effrayés étaient livrés à la vindicte de leurs conquérants.

Une ville mise à sac, de Sébastien Vrancx :

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La retraite de Cordoba devenait un casse tête politique et logistique. La Lorraine n'offrait plus de quoi fourrager à son armée vaincue. Sur des lieux et des lieux, on ne croisait plus que des hameaux déserts, des fermes en ruines, des paroisses dépeuplées. Bétail et récoltes avaient disparues, ponctionnées par les incessants passages des hommes en arme, probablement pas par les paysans eux mêmes. De petites bandes de villageois terrifiés et affamés erraient dans les forets, cherchant à se mettre à l'abri des soldats, et brigandant d'autres civils pour dérober de maigres moyens de subsistance.

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Refoulé dans le secteur de Belfort, Cordoba ne pouvait marcher à l'Est: les instructions de la cour de Madrid étaient de protéger les Flandres, et pas de se perdre en Allemagne (toujours cette frontière pour les troupes espagnoles). Quant à l'Ouest, il était impensable de franchir les frontières du royaume de France, Louis XIII et son ministre Richelieu n'attendant rien moins que ce genre d'opportunité pour interner et amener à se rendre de précieux tercios, en mettant dans l'embarras la couronne d'Espagne.
Cordoba pouvait tout au plus reculer au fin fond de la Franche-Comté, ce qui n'aurait fait que retarder inéluctable confrontation avec Mansfeld.
A peine Cordoba prit il quelques jours pour réorganiser ses régiments. La faim tenaillait ses hommes, et la maladie les amoindrissaient, et il craignait que son armée ne se volatilise. Les éclaireurs devaient rayonner toujours plus loin pour trouver pitance, et certains préféraient ne pas revenir.
A la fin du printemps 1630, Cordoba fit de nouveau mouvement vers le nord. Il espérait cette fois vaincre Mansfeld, ou lui passer sous le nez pour rejoindre les Flandres. Il opta donc pour une progression à l'ouest de la Moselle, certain que Mansfeld veillerait à l'Est de cette rivière. Mais trahit par la lenteur de son armée, il fut découvert par les éclaireurs de Mansfeld qui se rabattit vers lui à Ecrouves, à portée de canon de Toul, sur la Moselle.

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Cordoba voulut forcer le passage, le petit pont de pierre, qu'on traversait naguère, de ce village lorrain, restant sa seule échappatoire. L'élan espagnol et la discipline des Tercios faillirent culbuter les rangs protestants, mais ceux-ci profitaient d'obstacles favorisant la défense: rivière, passage étroit du pont. Les pertes furent sensiblement égales de part et d'autres, mais les tercios ne purent forcer le passage. Cordoba repartait encore une fois battu.
Au cours de la bataille, Ernst Mansfeld voulu intervenir pour faire reculer un chariot de poudre imprudemment approché de la ligne des combats. Au moment ou il en fut proche, un tir de couleuvrine espagnole mit le feu au chariot, qui explosa, causant de nombreuses victimes alentours. L'explosion fit choir la monture de Mansfeld, qui se retrouva coincé sous elle. On l'emmena à Nancy, la jambe brisé. Ses médecins personnels voulurent lui scier la jambe, il refusa, et finit par mourir de la gangrène. Mais au moment de son trépas, il s'était réconcilié avec la foi catholique, ayant demandé les derniers sacrements à un des rares prêtres qui survivait terré dans un couvent de la ville.

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Pendant que les armées de Mansfeld et Cordoba s'affrontaient, celles de Piccolimini et Pappenheim profitaient du répit qui leur était offert. Leurs armées étaient affaiblies et nécessitaient des renforts en hommes et matériels. Les arriérés de paye surtout s'accumulaient, et il fallait trouver rapidement de quoi solder les hommes sous peine de voir complétement se désintégrer les unités. Les deux généraux retournèrent, qui en Bavière, qui a Vienne, pour recomposer leur forces. Si Pappenheim put attirer à lui quelques recrues, Piccolimini n'eut pas cette chance : les coffres vides de la famille Habsbourg ne pouvaient servir de promesse, et le temps où les unités et les armées entraient en campagne uniquement sur des motivations religieuses ou de fidélité à un souverain était depuis longtemps révolus.

En dépit de la réquisition de tous les grains et de tout le cheptel possible alentour, Cordoba voyait son armée dépérir.
A Belfort, la ville souffrait d'une disette épouvantable. Aucun chien ni chat ne sillonnait la ville depuis longtemps, ayant servi d'ordinaire aux hommes de troupe ou aux bourgeois affamés. De rares montures éthiques étaient conservées à grand peine par les officiers, mais chevaux de traits ou bœufs des trains de charrois avaient été décimés. Le moindre prétexte servait aux soldats pour décréter une bête inapte, et pour la transformer en pièce de boucherie sur le champ. Cordoba avait tenté de conserver ses animaux de traits, indispensable à la traction de son artillerie, le plus longtemps possible, réduisant civils et blessés à se trainer à pied à la traine des régiments. Cela n'était plus possible, et l'armée espagnole avait perdu bon nombre de ses pièces par manque de moyens pour les déplacer. Des soldats étriqués, prêts aux pires bassesses, croisaient en ville des gosses faméliques, les lorgnant comme on lorgne sur un met appétissant, et les rumeurs se répandirent d'enfants disparus, ou de cimetières profanés pour trouver de la chair à consommer.

La situation était telle que certains commirent l'irréparable, l'impensable.

« Enfin on en vint à la chair humaine, premièrement dans l'armée où les soldats étant occis servaient de pâture aux autres qui coupaient les parties les plus charnues des corps morts pour bouillir ou rôtir et hors du camp faisaient picorée de chair humaine pour manger. On découvrit dans les villages des meurtres d'enfants faits par leurs mères pour se garder de mourir et des frères par leurs frères et la face des villes était partout la face de la mort. » — in Girardot de Nozeroy, Histoire de Dix ans de la Franche Comté de Bourgogne (1651)

Mansfeld disparu, son armée n'en restait pas moins sur le pied de guerre. Un de ses lieutenant prit la tête de ses régiments, un obscur nobliaux dépassé par sa tache : le général Repl ( :o: ). Sa famille ne comptait aucun membre éminent, mais était fort nombreuse, et comptait des branches cadettes ou cousines dans toute l'Allemagne. Un de ses cousins servait ainsi en Brunswick, et un autre cousin d'une autre branche servait pour sa part sous les armes impériales, dans l'armée de Piccolimini.
Bien que n'ayant pas le charisme de son génial prédécesseur, Repl était décidé à parachever la destruction de l'armée de Cordoba, réduite à un faible conglomérat de banderas qui n’inquiétait plus vraiment. Les troupes lutherienne approchèrent donc de Belfort et des restes de tercios.

Sur les flancs des Vosges, la bataille que se livrèrent Cordoba et Repl avait des accents d'aimable plaisanterie au vu des effectifs engagés, pourtant on ne s'y étripa pas moins que dans toute autre échauffourée de cette sinistre guerre. Les rangs protestants étaient presque deux fois plus nombreux que ceux des tercios. En dépit de leur expérience, ceux-ci ne purent contenir l'ennemi, furent débordés et massacrés. Amoindri par la fin et la maladie, Cordoba n'était pas parvenu à insuffler l’énergie dont lui même manquait à sa maigre armée. Encadré par quelques officiers trop heureux de bénéficier de la clémence et de la bienséance qui seyait à une rédition en bonne et due forme, Cordoba remit lui même son épée à son vainqueur.

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Cette défaite en quelques mois d'une armée espagnole jusque la réputé invincible éveilla d'avides intérêts à la cour de France, toujours plus impliquée dans cette interminable conflagration du Saint Empire. Déja, certain ministre coiffé d'un chapeau de cardinal anticipait de belliqueuses actions. Encore que pour l'heure il lui fallait pourvoir à l'impérieuse necessité de mettre les affaires et les finances du royaume de France en ordre pour pouvoir soutenir un tel effort.


Et tandis que Madrid enrageait de sa mauvaise fortune, Vienne apprenait la nouvelle somme toute devenue habituelle que les Turcs ottomans menaient de destructeurs raids aux frontières.

Les armées catholiques passèrent le reste de l'année à tenter de se refaire une santé, mais les recrutements ne donnèrent pas entière satisfaction aux généraux bavarois ou autrichiens.
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gladiatt
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Re: L'Allemagne au desespoiAAR

Message par gladiatt »

TOUR 7 - 1632-1633

14 années de guerre avaient provoqués d'importants bouleversements dans l'ordre politique européen.
Nombre de nations et de royaumes étaient, peu ou prou, impliqués dans la guerre qui déchirait le Saint-Empire. Certaines, comme le Danemark, avaient brillé d'un éclat fugace avant de perdre le peu d'acquis qu'ils avaient espérés conserver.
Durant des années, alors que les forces s'équilibraient, des royaumes voisins suivaient de près les affaires d'Allemagne, mais sans s'impliquer directement et militairement. Cependant, la situation en venait au point où la cause catholique apparaissait comme sur le point de l'emporter: la puissance militaire de l'Union Evangélique était réduite à une faible armée en Lorraine.

(ajout des cartes "Interventions" au jeu).

Pressé par les émissaires français et suédois qui lui promettaient monts et merveilles, Georg von Brunswick-Calenberg leva une armée protestante dans le nord de l'Allemagne, à Luneburg. Cela semblait cependant bien dérisoire pour s'opposer aux armées catholiques, mais Georg espérait rester hors de portée de ses adversaires.

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Georg von Brunswick-Calenberg :

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Une fois sa troupe mobilisée, il viola la neutralité du Munster, et en quelques semaines imposa partout son autorité, amenant les édiles et les princes locaux à se rallier, de mauvaise grâce, à sa cause.
Une fois cette région sécurisée, il se dirigea vers le Rhin. Son objectif était de prendre possession de Koln, une importante cité indépendante, et surtout le siège d'un des trois évéchés membre du collège électoral de la Bulle d'Or. Sa prise aurait assuré un regain de poids politique à la cause luthérienne.

De son coté, Repl ( ;) ) cherchait lui aussi a engranger des gages pour la cause protestante. Il jeta son dévolu sur Metz, sur les confins septentrionaux de la Lorraine, quand bien même cet évêché n'avait jusque là prit part pour aucun camp. La conduite de la guerre respectait de moins en moins de principe, et chaque avantage que pouvait acquérir l'un ou l'autre camp semblait justifier de tels états de fait. Repl mit le siège devant Metz, mais avec peu de forces. Une partie des officiers à la tête des régiments autrefois commandés par Mansfeld refusaient de se rallier à lui ( capacité de commandement limité).

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Les généraux catholiques, Pappenheim et Aldringer en Baviere, Piccolimini en Autriche, ne voulurent pas réagir avec précipitation. Ils espéraient gonfler encore leurs effectifs. Cependant, leurs démarches furent loin d'être couronnées de succès. Les campagnes et les villes semblaient tellement vides d'hommes qu'il était quasiment impossible de trouver des volontaires; quant aux mercenaires, 12 ans de guerre avait largement ponctionné les effectifs disponibles. D'autant plus que d'autres guerres se menaient, en Italie ou aux Provinces-Unies, et où la paye était plus aisément assuré. (en gros, sur 3 jet de recrutement, une seule milice recrutée par Aldringer....)

round 3
La torpeur des puissances catholiques servirent la cause de Repl. Sans espoir de secours des troupes bavaroises, et refusant d'appeler à l'aide une France voisine par trop désireuse d'imposer son autorité sur leur cité, les Messins ne purent tenir longtemps. Ils finirent par remettre les clefs de leur ville à l'armée protestante.
En revanche, sur les rives du Rhin, Georg von Brunswick-Calemberg pietinnait et s'entetait devant Koln, qui resistait. L'artère du Rhin, que le général protestant n'arrivait pas à contrôler, assurait à la ville-évéché un débouché sur les Provinces-Unies, où elle achetait son ravitaillement à prix d'or, les négociants bataves fermant les yeux sur le fait qu'ils soutenaient ainsi une cité à la foi rattachée à Rome. Mais les affaires étant les affaires, ils firent profit de la situation.


Désireux de contrer au plus vite Georg von Brunswick-Calenberg avant qu'il ait réussi à s'emparer de Koln assiégé, Maximilien de Bavière dépêcha Pappenheim en direction de la vallée du Rhin. Son armée reconstituée traversa le Wurtemberg, et parvint à Heidelberg, dont Pappenheim pouvait se servir comme base pour intervenir le long de la vallée du Rhin. Maximilien Ier exhortait les défenseurs de Koln à résister, ses armées étant sur le point de venir briser le siège qui les menaçait.

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A l'autre extrémité du Saint Empire, Piccolimini quittait Vienne, son armée s'étalant en larges et longues colonnes impressionnantes, regroupant plusieurs dizaine de milliers d'hommes et de chevaux. Il prit la direction du nord, et remis aisément la Moravie dans le giron impérial. C'était, dans son esprit, le début d'un vaste mouvement de reconquête.

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Paysages de Moravie :

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La tourmente frappait semble t'il le continent dans son ensemble. L'Allemagne était à feu et à sang, les Provinces Unies servait de champ de batailles aux armées de Nassau et de Spinola. La guerre pour la succession de Mantoue ravageait le nord de la péninsule italienne. Russie et Pologne était frappés par des guerres intestines qui n'en avaient pas le nom mais n'en causait pas moins bon nombre de victimes. Venise embauchait pour sa sécurité de nombreuses troupes.
Au royaume de France, le parti protestant luttait avec l'absolutisme de Richelieu.
Aussi, la signature d'un traité de paix dans cette accumulation de malheur semblait redonner espoir aux croyants en quête de sérénité.

Jacques Ier Stuart, roi d'Angleterre, avait déclaré la guerre à l'Espagne des années plus tôt. Son favori, George Villiers, duc de Buckingham, profitant de l'état de faiblesse du roi, rongé par la maladie, l'avait incité dans cette voie. Jacques Ier voulait ainsi apporter son concours aux Provinces Unies, et en même temps à son gendre Frederic V, dépossédé du Palatinat. Il décéda cependant peu après, et n'eut point à être le témoin du fiasco qui s'ensuivit.
Jacques Ier n'avait plus qu'un fils survivant. Son ainé, Frederic-Henri, était mort en 1612, à 18 ans, de la fièvre typhoïde. C'est donc son cadet, Charles, qui monta sur le trône, sous le nom de Charles Ier. Charles avait épaulé Buckingham dans les préparatifs de guerre contre l'Espagne, et il poursuivit donc naturellement dans cette voie.
Mal lui en prit.

En 1625, Sir Edward Cecil fut nommé commandant de l'expédition de Cadix. Le but était de s'emparer de cette ville, plaque tournante des échanges entre l'Espagne et ses colonies du nouveau monde. S'en emparer aurait, ô combien, mis à mal la richesse du royaume d'Espagne. En arrivant au bon moment, au début de l'automne, on espérait également s'emparer de la "Flota de Indias" chargée d'or avant qu'elle ne puisse pénétrer dans le port de Seville, en amont de Cadix.


Cadix, vue des airs :

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Un galion tel que ceux que les anglais espéraient capturer :

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Les contretemps se multiplièrent, la flotte anglaise se présenta bien trop tard devant Cadix pour capturer quoi que ce soit. Le corps expéditionnaire anglais fut mis a terre lentement, trop lentement, et perdit du temps à s'emparer d'un vieux fort proche de la ville. Ces délais accumulés permirent aux troupes espagnoles de se mobiliser et de venir défendre Cadix. Elles n'eurent pas à se donner grand peine. Une simple échauffourée refroidit les ardeurs de Edward Cecil, dont l'armée était déjà minée par le typhus. Une tentative d'approche par la mer se solda par un échec couteux, nombre de navires étant désemparés ou endommagés par les tirs des batteries côtières.
La tempête paracheva le désastre. Cecil fit rembarquer son armée pour rentrer à Portsmouth, vaincu. L'Angleterre y avait perdue plus de 7000 hommes et 50 navires.

La défense de Cadix, tableau de Francisco de Zurbaran :

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Charles Ier, afin de protéger son favori, Buckingham, Lord Grand Admiral, ne fit procéder à aucune enquête pour analyser les causes de l'échec de l'expédition, si mal conçue. Mais la chambre des communes en éprouva un fort ressentiment envers tant le roi que son ministre. Le parlement amorça donc le processus de destitution du duc de Buckingham.

Georges Villiers, duc de Buckingham par Rubens :

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Buckingham et Charles Ier ne désarmaient pas. Ils espéraient porter la guerre sur le continent, pour reprendre au parti impérial le Palatinat. Le duc de Buckingham négocia donc avec Richelieu, espérant obtenir le passage, le ravitaillement, et pourquoi pas des renforts, pour que ses troupes puissent passer d'un port français vers le Palatinat, par voie de terre. En échange, il promettait l'appui de la flotte anglaise, pourtant bien affaiblie, contre les Huguenots français qui s'enfermaient dans des cités fortifiées en bord de mer.
Le parlement anglais, et essentiellement la chambre des communes, fut horrifiée à l'idée de combattre contre des protestants. Cela alimenta encore la crainte d'un retour au catholicisme à la cour de Londres.
Buckingham dut se résoudre à faire volte face, et opta pour une politique de soutien aux Huguenots français. Cela ne lui fut d'aucun secours: les forces anglaises furent défaites au siège de Saint Martin de Ré, et à la Rochelle, perdant des milliers d'hommes et des dizaines de navires.
Le parlement n'en fut que plus décidé à poursuivre ses actions pour destituer le duc favori. Charles Ier voulu dissoudre le parlement, pour protéger celui-ci, ce qui créa une crise politique de grande ampleur. L'assassinat du duc par John Felton, ne mit pas fin pour autant aux luttes entre Charles et son parlement.

La guerre se poursuivait, mais restait malheureuse pour la couronne anglaise. L'amiral espagnol Don Fradique de Toledo détruisit les comptoirs anglais et français de St Kitt, aux Antilles, revendiqués par l'Espagne depuis le traité de Tordesilas.

Face au fiasco de plus en plus couteux et la longue série d'échecs, Charles jeta l'éponge, et se résolu à signer le traité de Madrid ramenant la paix au statut Ante Bellum.
Les couts exorbitants de la guerre, les mauvais choix de Charles, ses velléités absolutistes, ont attisés les oppositions entre le parlement et la couronne, annonciateurs de futur guerre civile...

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En attendant, pour l'Union Evangélique, en Allemagne, cette cessation des hostilités signifiait que l'Angleterre reprenait son aide financière, quoi que bien moindre que celle provenant de France ou des Provinces-Unies.

Délaissant Metz, dont la chute avait déjà eu lieu, Pappenheim se tourna vers le nord. La vallée du bas Rhin lui offrait un boulevard pour progresser à toute vitesse vers von Brunswick-Calenberg. Face à l'imposante force de Pappenheim, celui-ci ne pouvait se permettre de divertir une partie de ses effectifs pour maintenir le siège de Koln. Il regroupa son armée, et reçut de plein fouet le choc de l'armée bavaroise quasiment juste sous les murs de la cité.

Secondant jusque là efficacement son supérieur, Aldringer désirait cependant attirer sur sa tête les lauriers de la gloire. L'aile qu'il commandait agit donc sans tenir compte du plan de bataille établi à la hâte la veille de la rencontre.

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Bien que la coordination entre les différentes parts de l'armée de la Ligue catholique fit défaut, Georg von Brunswick-Calemberg ne put ni ne sut en profiter. Le déséquilibre tres net entre ses forces et les forces bavaroises ne lui laissait aucune chance, et il ne put mettre à profit la rivalité entre les chefs catholiques.
En quelques heures, il assista à la déroute de son armée.

Sur l'ensemble du champ de bataille, coté luthérien, on assistait à des scènes de chaos incroyables. Plusieurs cavaliers, profitant de la vitesse de leurs montures, s'esquivaient vers l'arrière, la mine déconfite. Quelques chevaux était tellement épuisés qu'ils ne pouvaient progresser qu'au pas, au grand dam de leurs cavaliers qui lorgnaient derrière leur épaule, inquiets.
Partout on apercevait des fantassins, en grappes disparates, qui couraient vers l'arrière. Certains avaient abandonnés leurs longues piques qui les gênaient, et on pouvait voir de ci de là de lourdes arquebuses jetées à même le sol herbeux. Ces groupes s'insinuaient partout, le long des chemins ou des haies bordant les champs, dans les halliers et les futaies, cherchant un passage praticable dans l'immense cohue qui cherchait à s'éloigner des lieux du combat. Au milieu d'un chemin de terre, un chariot avait versé sur le flanc, vomissant sur le passage son chargement de caisses, de vêtements et d'ustensiles de cuisine. Entravés par le timon du chariot qui n'avait pas cédé, plaqués au sol par leur harnachement, deux chevaux étaient affalés à terre, leurs membres emmêlés. L'un d'eux hennissait lugubrement, piétinant fébrilement les restes de son congénère, immobile, l’œil vitreux, et dont les entrailles formaient une plaque répugnante et déjà malodorante sous le soleil de l’après midi.
Au milieu du flot humain, on distinguait parfois un officier, juché sur son destrier, écharpe en bandoulière sur la cuirasse, qui brandissait son épée, cherchant à stopper la fuite des soldats, désespérant de les rallier pour qu'ils retournent au combat. Mais le flot de fuyards s'écoulait autour de ces rares isolés, les bousculant sans ménagement, ni égards pour leurs rangs ou leurs ordres, les déportant peu à peu tels des fétus emportés par un flot tumultueux et impétueux.
Au plus près de la ligne de front, des formations amoindries par les pertes et les fuites tentaient encore de combattre au milieu de panaches de fumée ou dans de furieux corps à corps, inconscient qu'elles permettaient ainsi aux fuyards de prendre de l'avance dans leur fuite éperdue.

L'OOB des deux armées :

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L'armée protestante se regroupât et se ressaisit à plusieurs lieux de distance du champ de bataille. Elle était insuffisante pour espérer en tirer quoi que ce soit. Son général dut se résoudre à retraiter en direction de Wetzlar en Hesse.
Pappenheim avait levé le siège de Koln !


Les hasards de la guerre et l'ironie de Clio, muse de l'histoire, n'a guère de limite. Alors même qu'une cité voyait son siège levé, une autre au contraire voyait une armée ennemie mettre le siège devant ses murs et installer son camp. A 80 lieux à l'Est de Koln, Piccolimini, ayant franchi sans encombre les collines de Moravie, avait pénétré dans la plaine de Bohème. Pressé par la volonté de l'Empereur dont l'orgueil avait été bafoué ici même, il venait pour soumettre Prague.


Fort de ses 40.000 hommes, Piccolimini se mit en devoir de prendre la ville.
Il opta tout d'abord pour la prise du vieux château de Vysehrad, une antique forteresse, qui défendait la ville à l'origine,sur son flanc sud.
Mais pour antique que fut la fortification, elle s'accrochait sur rocher abrupte, une masse noire et quasiment verticale qui semblait faire office de soubassements inaltérables forgés par Vulcain lui même. La pente mettait au défi quelque troupe que ce soit de la parcourir autrement qu'au pas, l'exposant plus longuement encore aux traits des défenseurs. Ce promontoire sombre donnait à la verticale de la Vltava, dont les eaux boueuses et troubles ne reflétaient guère que l'ombre de celui-ci.

Le Vyšehrad

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Un premier assaut fut lancé par une matinée étouffante d'été. Les troupes impériales se voyaient déjà maitre de l'éminence, mettant en déroute des bourgeois apeurés. Une immense clameur se fit entendre, émanant de centaines de gorges à l'unisson, lorsque les soldats autrichiens prirent leur élan en direction du Vysehrad. Pour les défenseurs, c'était une terrible épreuve. La clameur enflait et roulait sur toute l'enceinte, comme si l'ennemi était une multitude. Parmi les défenseurs, rares étaient ceux qui étaient soldats de métiers. La crainte de se retrouver face à des guerriers paralysait, les battements du cœur s’accéléraient, battant aux tempes et aux oreilles, les mains tremblaient, les jambes se dérobaient, les gorges étaient nouées. Il fallait se ressaisir si l'on ne voulait pas voir les rangs adverses atteindre le mur d'enceinte, le franchir, et venir vous égorger. Alors les hommes surmontèrent cette peur, se dressèrent au rempart, contemplant le nombre d'assaillants qui se ruaient vers eux, et de toute leur force répliquèrent.

L'élan qui animait les premiers rangs autrichiens fut brisé net par une garnison galvanisée et forte de sa position dominante. Les traits d'arquebuses, mais aussi d’arbalètes ou de pavés, fauchèrent suffisamment de soldats pour faire hésiter les suivants. La déclivité pour atteindre l'enceinte entravait la progression d'hommes qui restaient exposés aux coups plus longuement que ce qui était souhaitable pour leur survie. En peu de temps, les assaillants abandonnèrent, se repliant, honteux d'avoir été tenus en échec par de simples miliciens. Le Vysehrad avait tenu.

Contrarié par ce délai, Piccolimini prit des mesures pour faire en sorte que ses troupes isolent la position, pour priver les défenseurs de toute aide que la cité pourrait leur apporter, et les amener si possible à se rendre. Cela ne suffit pas. Il fallu lancer un second assaut. Les troupes autrichiennes peinaient à réaliser l’ascension abrupte sous les tirs d'arquebuse ou les jets de pierre. Le vieux rempart fut atteint, on forçat les portes, on escalada les courtines. Les défenseurs finirent par se replier. Ils ne furent pas pour autant exterminés. Bon nombre d'entre eux dévalèrent les pentes raides de la colline, s'agrippant aux arbres ou aux herbes, se raccrochant aux saillies de la pierre, glissant et se rappant sur cette roche, pour finalement se jeter dans la rivière. On exulta momentanément chez les assaillants: on espérait voir ces fuyards se noyer et couler. On déchanta vite.
Plusieurs barques, venant de la ville, se portèrent à leur secours, et purent en sauver un nombre important.

Les parois du roc sur lequel repose le Vysehrad :

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Cet épisode, loin de les démoraliser, galvanisa les défenseurs praguois.

Piccolimini réalisa alors qu'il avait négligé bien des aspects du siège.
Pour couper totalement Prague du reste du monde, il installa des barrages en amont et en aval de la ville, le long de la Vlatva. Il fit fondre le fer et le cuivre pillé dans les églises du pays, et en fit deux grandes chaines, qui furent tendues en travers des eaux bleues de la rivière. Des barques, armées de quelques soldats, devaient arraisonner toute embarcation naviguant sur ces eaux. Nul ne devait apporter vivre, armes, message porteur d'espoir, ni rien, aux assiégés.

La Vltava en amont de Prague:

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La soixantaine de canons de l'armée de Piccolimini ne pouvaient battre la totalité de la circonférence des remparts. Il se contenta de les grouper en 3 points, pour frapper les murailles sur une portion réduite. Le reste du cordon enserrant la ville fut confié à la charge de ses fantassins. Des patrouilles de cavaliers s'assuraient que nul ne pouvaient franchir ce cordon.

Que pouvaient donc attendre les assiégés ? Frederic II, l'empereur Habsbourg, avait fait connaitre sa colère, sa rancœur, son impossible pardon. De secours, il n'en viendrait pas. Thurn, Schlik, Christian de Brunswick-Luneberg étaient mort, tout comme Mansfeld. Kristian IV de Danemark avait capitulé. Georg-Friedrich von Bade-Durlach était en fuite, en exil. Et Georg von Brunswick-Calenberg venait d'être battu par Piccolimini. Qui donc viendrait à leur secours ? Leur seul espoir était d'offrir une défense acharnée face aux armées impériales, pour espérer obtenir des conditions de rédition acceptables. A moins que les assiégeants ne se lassent, rongés par les maladies et la faim, les désertions, la lassitude. Cela s'était déja vu.

Toute la communauté praguoise se mobilisa. Il fallait combattre tous ensemble pour se donner un espoir. Les premiers boulets qui s’abattirent sur la ville, en crevant les devantures, donnèrent l'idée de détruire quelques vieux bâtiments, pour s'en servir de carrière de pierres, avec lesquelles on confectionna de nouveaux bastions dans les rues. On installa des jardinets partout où l'on trouvait de la terre. On arma des frondes avec de gros galets ronds. On réquisitionna tout ce qui pouvait se consommer, pour le placer sous l'autorité des prévôts qui assuraient la distribution quotidienne. Nul écart, nulle dissimulation ne furent tolérées.

Les habitants se retrouvaient quotidiennement au cœur de la vieille ville, face à la tour de l'horloge astronomique édifiée par Hanus Ruze en 1490, et qui faisait la fierté des habitants.

La tour de l'horloge:

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L'horloge astronomique :

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Reclus dans leur cité, les habitants espéraient échapper au pire.

Pour sa part, confiant dans son dispositif, Piccolimini escomptait bien créer une brèche dans la muraille de la ville en quelques semaines. Si d'ici là les Praguois affamés ne lui avaient pas ouvert leurs portes. Mais il fut déçu sur les deux tableaux. Les murs bastionnés résistaient au boulet, en dépit de dégâts importants. Des pans de mur avaient croulé sous les impacts, et les vantaux en bois des portes avaient étés pulvérisés dès les premiers jours, mais nulle part il n'y avait une brèche suffisante pour y lancer des troupes à l'assaut.
A la grande fureur de son maitre l'empereur, Piccolimini ne s'était pas rendu maitre de la capitale du royaume de Bohême.
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gladiatt
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Re: L'Allemagne au desespoiAAR

Message par gladiatt »

TOUR 8

Il ne restait que des bribes d'unités ne méritant pas même appellation d'armée pour défendre la cause réformée.
Désireux de s'écarter du danger représenté par les imposantes formations catholiques, les deux généraux de l'Union Evangélique restant en jeu éloignèrent leurs troupes loin du Rhin,à l'abri autant que faire se peut. Georg von Brunswick-CaleNberg se porta au Mecklembourg. De son coté, "Repl" opta pour la Bade, pouvant compter sur la fortification de Breisach pour s'abriter.

Fort de sa victoire à Koln, Pappenheim ne prit pas la peine de poursuivre son adversaire. Il préférait reprendre les places et les villes dont les protestants s'étaient emparés en Lorraine. Cela le mena droit à Metz, dont il entreprit le siège.

A Prague, c'est un siège à la durée déjà bien avancé qui se poursuivait.

Pour les défenseurs, le spectacle s’avérait terrible. En regardant vers l’intérieur des remparts, ils pouvaient voir cette ville, naguère si belle, désormais enlaidie par la brutalité de la guerre. Au milieux des pâtés de maisons serrées les unes contre les autres, se dressaient les carcasses de pierre, évidées et noircies par le feu, de celles qui s'étaient effondrées, victimes d'un boulet dont la trajectoire avait franchi le mur d'enceinte. Cela arrivait de temps à autre, que cela soit par un mauvais ajustement du tir des artilleurs autrichiens, ou par la volonté délibéré d'entretenir la peur chez les habitants. Mais après un automne et un hiver, ce nombre, si restreint fut-il au quotidien, avait suffit pour abattre grand nombre de maisons.
Dans les rues, les habitants se groupaient en processions de plus en plus étriquées, conduisant au cimetière les victimes toujours plus nombreuses de cet interminable blocus. Des morts par blessure, il n'y en avait qu'une mince fraction, les rares jours où les assaillants lançaient un assaut. La longue cohorte des disparus comptait surtout des morts de faim, des malades atteints par le choléra, les fièvres ou la peste qui décimait plus surement que les lames impériales. Les vivants qui restaient sur cette terre de douleurs étaient blêmes, le visage have et creusé par la disette ou la maladie qui déjà les affaiblissait et leur promettait de suivre le même chemin que la population déja disparue, et leurs vêtements semblaient bien trop amples pour eux, comme mal taillés. Chaque jour, les habitants se rendaient à l'Eglise, recommandant leur âme à Dieu, ne sachant trop quand celui-ci viendrait les quérir pour comparaitre devant lui. Même l'importante communauté juive de la ville se joignait aux processions réclamant l'intercession divine, comme si elle avait rejetée la légende tenace du Golem défendant leurs coreligionnaires. Nul n'avait aperçu cette créature dont on attribuait la paternité au Rabbi Loew qui était mort 30 ans plus tôt sans jamais avoir révélé l'étendu de ses secrets. La légende courre encore de nos jours que le Golem, rendu à l'état de la terre glaise qui l'avait formé, serait entreposé, inactif, dans la Genizah (entrepôt des vieux manuscrits hébreux, il est interdit de jeter des écrits qui contiennent le nom du très-haut) de la communauté juive de Prague, qui se trouve dans les combles de la synagogue Vieille-Nouvelle de Josefov, qui serait d’ailleurs toujours scellée et gardée.
Toujours est-il que nul ne songeait plus obtenir une aide magique ou divine.

Dominant la ville de son imposante masse, la colline du Hradschin ( Hradcany en tcheque) et son château n'offrait plus l'illusion de protéger la cité. Sa situation avantageuse en avait fait une cible privilégiée des artilleurs de Piccolimini, et il n'était nulle jour ou la colonne d'un incendie ravageant quelques bâtiments ne venait s'élever au dessus, tandis que les défenseurs étaient soumis à d'éreintants assauts de temps à autre.

La colline du Hradschin :

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En se tournant vers l’extérieur des remparts, la vue n'était pas moins terrible et effrayante. Une nouvelle agglomération de toile et de corde, de planche et de torchis, avait germée à proximité de la ville de pierre et de bois, étalée de manière apparemment disparate et confuse sur tout le pourtour des remparts, mais à bonne distance de ceux-ci. Entre cette ville provisoire et les remparts, grouillaient des masses confuses et indistinctes qui œuvraient à bouleverser et retourner la terre et les champs en avant du glacis de Prague. De sombres sillons glaiseux marquaient l'emplacement des tranchées d'approches qui chaque jour grignotaient quelques toises pour se rendre toujours plus proches des murs. Aux extrémités de ces tranchées, on parvenait à distinguer les ouvriers pelletant sans relâche la terre, en formant d'informes parapets, tandis que la tête de chaque tranchée se dissimulait derrière d'imposants mantelets fait de lourds madriers destinés à abriter les sapeurs autrichiens.
De loin en loin, quelques redoutes, forts sommaires fait de rondins et de terre, abritaient en leur sein les redoutées bouches a feu de l'armée catholique. De manière sporadique, un panache de fumée grise s'élevait de ces redoutes, avant qu'un fracas cristallin ne trahisse l'éclatement d'un boulet contre la maçonnerie du rempart, suivi d'un roulement grave et sourd dans le lointain, qui finissait par s'estomper.
Certains jours pourtant cette activité lente et inexorable enflait, et une vague de violence se déchainait et s’abattait autant sur la ville que sur le camp des assiégeants.
De longues colonnes grouillantes et agitées s'engouffraient dans les tranchées, les emplissant d'une foule dont dépassait la silhouette rectiligne et effilée de milliers de piques. Elles atteignaient les têtes des tranchées, puis s’élançaient de partout à la fois, couvrant le glacis désolé de leur multitude, vociférant et hurlant. Dans le même temps, les redoutes s'éveillaient, et des dizaines de bouches à feu éructaient leur panaches de fumée, obstruant le paysage rapidement des nappes de fumée qui s'épandaient sur le champ de bataille au gré des vents, tandis qu'un roulement de tonnerre permanent rivalisait avec les éclatements sinistres des boulets défonçant les remparts.
Alors, surmontant l'angoisse qui les étreignaient et tordait leurs entrailles, les défenseurs empoignaient piques, lances, hallebardes, arquebuses, mousquets, ou encore vieille arbalètes et rapières, et criant à leur tour pour conjurer la peur, se précipitaient vers l'endroit où se portait l'assaut, la fureur le disputant à la peur.

Un siège au XVIIe siècle :

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Les entétés Praguois ne cédaient pas aisément, et Piccolimini ne parvenait pas à s'emparer de la cité. En dépit de la faim, en dépit des effectifs des défenseurs qui allaient s'amenuisant, en dépit de remparts ou quelques brèches béaient désormais, il ne parvenait pas à les amener à merci !

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Prague vue des airs :

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Round2
Les armées protestantes restaient pathétiquement inactives, cantonnées dans des provinces qui pouvaient encore leur servir de sanctuaire. Les puissances qui finançaient la cause luthérienne faisaient parvenir des subsides qui n'auraient aucun mal à entretenir les maigres troupes de l'Union Evangélique.

Quinze ans de luttes incessantes avaient exaspérés les tenants de l'autorité impériale et ses alliés et porté leur patience à bout. Les généraux avaient pour instruction de faire tomber les bastions protestants les uns après les autres et le plus vite possible. Il fallait ramener dans le giron impérial autant de cités ou de provinces que possible, afin de rétablir l'ordre et d'imposer l'absolutisme Habsbourg.

Pappenheim obtint la capitulation de Metz aussi vite que la ville s'était rendue au troupes protestantes.

Quand à Piccolimini, après des mois à piétiner devant les murs de Prague, il obtint enfin, à son soulagement, une brèche qui permit à ses troupes de s'engouffrer dans la ville devenue fantôme.
La colère impériale s'abattit alors avec rancœur sur la ville, impitoyable et implacable. Les meneurs de la défenestration qui avait embrasé l'Empire et fait vaciller l'autorité de Frederic n'avait nulle clémence à attendre.
Des 27 meneurs que Vienne voulait voir chatiés, Thurn et Schlik étaient morts en combattant. Les autres n'eurent droit qu'à un procès à charge, et furent décapités sur la place de la vieille ville, où subsistent encore 27 croix blanches de nos jours. Avec leur mort et la prise de la ville s'éteignaient pour longtemps les espoirs d'indépendance des états de Boheme.

La vue (inversée !!) de la place de l’exécution historique: 21 juin 1621 !

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round3

Les généraux protestants restaient catatoniques face à la reconquête méthodique des généraux catholiques.
Tout au plus von Brunswick-Calenberg, réfugié à Wittstock, en Mecklenbourg, s’efforçait-il de recruter des troupes, mais sans grand succès ( tentative de recrutement d'un mercenaire, echec; recrutement d'une demi-milice).

Maintenant maitre de Prague, Piccolimini avait comme objectif de reprendre en main autant de territoires qu'il le pouvait. Il désirait reconstituer un glacis d'état sous autorité catholique couvrant au nord les possessions Habsbourg et Wittelsbach qui s'étalaient au sud de l'Allemagne. Se portant sur Pilsen, il mit au pas les édiles locaux, et ramenait ainsi la totalité de la Bohème sous la férule impériale. Un seul siège électoral échappait à l'autorité de l'empereur, celui du Brandeburg. Mais avant de s'y porter, Piccolimini voulait assurer son emprise territoriale. Il progressa donc vers l'ouest, décidé à reprendre la cité indépendante de Nurnberg, et en entama le siège. Nombre des élites impériales pensaient que les armées catholiques allaient se contenter de faire tomber les places unes à unes, n'ayant guère à craindre de rencontre sur un champ de bataille. Il serait toujours temps de régler le sort des foyers de résistance en Bade et dans le nord de l'Allemagne.

Piccolimini met le siège devant Nurnberg (on aperçoit "Repl" en Bade )

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Pappenheim, quant à lui, lorgnait sur la Lorraine. Metz fermement tenu, il s'attacha à éradiquer les bandes armées de l'Union Evangélique qui maraudaient encore en Lorraine, exerçant un contrôle modeste au vu de sa propre armée qui était sur le point de s'abattre sur elles. Les choses n'allaient cependant pas se révéler si aisées.

Les environs de Nancy furent à nouveau la proie des rapines et prédations de toutes sortes de la soldatesque. Partout ce n'était que villages abandonnés, fermes anéanties, hameau dévastés. Les habitants de la province avaient abandonnés toute civilisation, vivant terrés dans les forets, mourant de faim et se livrant à toutes les bassesses pour survivre une poignée de jour de plus.

Un ensemble hétéroclite de troupes protestantes se rassembla au sud de Nancy. Il ne semblait pas y avoir de commandement unifié, tant les unités semblaient n'obéir qu'a leur chef, pourtant face à la menace que Pappenheim représentait, elles firent front de concert. Trop sur de lui, Pappenheim ne prit pas toutes les dispositions qui s'imposaient. Avant même que ses régiments soient en ordre de bataille, il reçut de plein fouet une charge de cavalerie.

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L'ordre de bataille :

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Un vacarme assourdissant résonne sur le champ de bataille alors que des milliers de sabots foulent le sol et piétinent les champs. Impressionnants dans leurs cuirasses lustrées, les cavaliers guident leur monture au trot, se dirigeant à une allure modérée vers les premiers rangs de l'ennemi. L'approche se fait selon un axe en biais, et prend pour cible le carré de piquier le plus exposé de l'armée bavaroise, sur l'aile droite. A quelques dizaines de mêtres des longues piques adverses, les cavaliers accélèrent au galop, et déchargent leurs pistolets ou leurs carabines en faisant feu sur l'ennemi, puis dans le même mouvement de galop, font volter leur monture pour s'éloigner avant de se retrouver empalés sur les piques des fantassins harcelés. C'est la charge à caracole. Rangs après rangs, l'escadron de cavalerie lâche ses salves qui désorganisent peu à peu les piquiers. Si tout les coups ne portent pas, loin de là, le harcèlement épuise nerveusement les hommes visés, en blesse certains, en tue d'autres, et surtout érode peu à peu le bel agencement de l'unité.
Lorsque plusieurs escadrons enchainent une telle manœuvre, ils peuvent clouer sur place une unité.

Une charge à caracole :

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Pappenheim à perçut la menace. Il s'élance en direction de ses carrés de piquiers subissant l'assaut de la cavalerie ennemi, décidé à les motiver, et à organiser une poussée rapide et massive contre la cavalerie, pour briser l'élan de celle-ci. Alors que Pappenhaim se fraye un chemin au premier rang de ses unités, il est atteint par un tir de cavalier, et s'effondre de son destrier.

L'armée bavaroise est deux fois nombreuse que les bandes protestantes désorganisées. En dépit de la charge de cavalerie initiale qui vient la désorganiser, et de la blessure de son général, qui la désorganise, elle parvient à encaisser le choc et à rendre les coups. Mais tout juste. Apres une journée indécise, Aldringer, qui avait pris le relais de Pappenheim, ramena son armée à Metz.
Pappenheim y mourut le surlendemain de sa blessure.


La victoire des protestants à Nancy leur permit de s'éloigner et de quitter la Lorraine par grandes compagnies, avant que les forces bavaroises ne réagissent.
Franz Mercy, officier d'origine lorraine au service du duc de Bavière, reprit en main l'armée, et commença par rétablir l'autorité catholique sur la Lorraine désertée de troupes ennemies.

Mercy:

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La Lorraine revenue sous contrôle catholique :

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Si aucun général protestant ne se démarquait parmi toutes les compagnies qui venaient de quitter la Lorraine, terre dévastée et menacée par les armées bavaroises, un consensus se dégageait: il s'agissait de se regrouper en Bade.

Pendant que Piccolimini assiège Nurnberg, Repl stationne à Tuttlingen. Un détachement est positionné à Donauworth.

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Donauworth:

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La fin de l'année 1635 approchait à grand pas, et la frustration se faisait sentir à la chancellerie impériale de Vienne.
Car Piccolimini, décidément mal à l'aise avec les sièges, n'avait toujours pas mis au pas Nurnberg ( un dé moisi ça aide :sad: ).
Alors que les armées protestantes étaient réduites à la portion congrue, la puissance impériale ne parvenait pas à s'imposer en Allemagne à la vitesse que l'on avait espéré deux ans plus tot...
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gladiatt
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Re: L'Allemagne au desespoiAAR

Message par gladiatt »

TOUR 9 - 1636-1637

Quand bien même la cour impériale de Vienne estimait les progrès dans la guerre d'Allemagne bien trop lents, on n'en avait pas la même perception au Louvre.
Armand Jean du Plessis, cardinal de Richelieu, jugeait la situation par trop favorable aux Habsbourgs. Depuis des années, il s'échinait à réduire l'influence de cette hégémonique famille, qui régnait sur tant de couronnes et de principautés. Il avait profité de chaque opportunité pour affaiblir leur pouvoir, soutenant plus ou moins discrètement chaque parti qui prenait les armes contre eux.
Apres avoir soutenu les Néerlandais révoltés, il finança les armées de l'Union Evangélique; il envoya une force armée soutenir les troupes protestantes des Grisons dans l'affaire de la Valteline.

La guerre de succession de Mantoue s'était révélé une occasion de plus d'affaiblir l'Empereur. La France avait soutenue la candidature du duc de Nevers qui prétendait hériter de ce duché stratégique dans la plaine du Pô. Louis XIII s'était montré ravi des résultats de cette guerre. Le Duc de Nevers avait été placé sur le trône de Mantoue. L'importante place forte de Pignerol, au débouché des cols Alpins, avait été attribuée à la France. Le médiateur pontifical, un certain Julio Mazarini, plut tant à Louis XIII que le roi invita celui-ci à sa cour...

La vallée de Pignerol :

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Pourtant, cette guerre n'était pas sans conséquences. Le duc de Savoie, Charles-Emmanuel, avait été contraint par la force des armes de laisser passer sur son territoire les armées de Louis XIII. Il en éprouva une vive contrariété, et se montra de plus en plus hostile aux menées de Richelieu. Cette opposition entrainait l'isolement de Mantoue par rapport au royaume de France si le duché de Savoie fermait son territoire aux armées de France...

Charles-Emmanuel de Savoie :

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Ce succès sur des terres italiennes ne suffisait pas à lui seul à gêner l'Empereur.
Richelieu devait à tout prix fomenter de nouvelles difficultés envers Ferdinand II. Aussi, ses démarches diplomatiques envers le roi de Suède Gustave-Adolphe, deuxième du nom, se firent plus pressentes encore.


Gustave-Adolphe II :

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Le roi de Suède suivait d'un œil avide les événements qui se déroulaient en Allemagne et déchiraient le pays. A l'instar de son rival, Kristian IV de Danemark, il nourrissait des visées hégémoniques. La Baltique servait d'axe central à son royaume qui avait un pied de chaque coté de cette mer. L'Ingrie, l'Estonie, étaient provinces suédoises. A cela, Gustave révait depuis longtemps d'y ajouter la Poméranie, cette province pauvre au sol sablonneux peu fertile qui marquait la limite nord du Saint-Empire. Pour peu rentable qu'elle soit, cette terre lui aurait permit de parachever le contrôle des rivages de la Baltique, et donc de son commerce, rivalisant efficacement avec les armateurs danois qui avaient brisés la puissance moribonde de la Hanse.

Carte de Poméranie du XVIIe siècle :

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Comme on l'a vu précédemment, Gustave Adolphe était résolu à ne pas se précipiter dans une guerre difficile sans une solide préparation. Il accru fortement la fiscalité qui pesait sur ses sujets, favorisa le développement du commerce, créa des fabriques d'armes et de canon, recruta des officiers qui avaient prouvés leurs valeurs dans de précédentes guerres.

Toutes ces réformes prenaient du temps, trop de temps au gout du cardinal de Richelieu qui désespérait de pouvoir faire pièce aux ambitions Habsbourg. Il brusqua la décision de Gustave Adolphe en signant avec lui le traité de Barwald.
Cet acte diplomatique scellait une alliance militaire, commerciale et politique entre les deux pays. En effet, « il y aura une alliance pour la défense de leurs amis, pour la sauvegarde des mers Baltiques et Océanes [i.e. océan Atlantique], la liberté du commerce et la restitution des États opprimés du Saint-Empire Romain ; et aussi afin que les forteresses et les fortifications qui ont été construites dans les ports et sur les plages de la Baltique et de la Mer Océane et dans les Grisons soient démolies et remises en l'état où elles se trouvaient avant les commencements de la présente guerre allemande".
Pour obtenir l'engagement du Roi de Suède dans la guerre, Richelieu s'engageait à lui verser annuellement la somme faramineuse de 400.000 écus d'or. Fort d'une telle manne, le roi de Suède déclara la guerre à l'Empereur Ferdinand II !

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Pour le parti impérial, ce fut une amère déconvenue. Ferdinand II et Maximilien de Bavière ne doutaient pas le moins du monde des intentions suédoises, et des cajoleries françaises à l'égard de ce royaume. Les deux princes avaient cependant espérés que cette entrée en lice fut différée, le temps de saisir de nombreux gages territoriaux dans l'Empire. Leur espoir avait même été, un temps, de s'imposer à l'ensemble des électeurs impériaux, pour amener tout les partis à la table des négociations. Désormais, cet espoir était balayé, et il fallait se résoudre à poursuivre d'incessants combats.

Gustave-Adolphe pose le pied en Allemagne :

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Kolberg fut la porte d'entrée de l'armée suédoise en Allemagne. Le petit port, à l'embouchure de la rivière Parsenta, devint en quelques jours la plaque tournante d'un intense trafic entre la Scandinavie et l'Allemagne. Les docks furent encombrés de soldats, de portefaix, d'administrateurs, de négociants en tout genre, de matériel de guerre, de courtisans, d'hommes d'églises, d’émissaires, d'espions, de malandrins en quête d'une occasion, de prostituées, d'artistes de rues, et d'une foule d'autres individus attirées par une activité si soudaine.

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Le phare de Kolberg (actuelle Kolobrzeg en Pologne) :

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Le port, à l'embouchure de la Parsenta; on aperçoit le phare juste derrière.

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Les landes du Connemara ...euh, de Poméranie :

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L'arrivée d'une armée aussi impressionnante, menée par un général hors pair (c'est juste parce que c'est écrit dessus :o: ), provoqua une vive inquiétude à Vienne.

Les stats de Gustave:

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Ce type est hors catégorie ! Il s'active dès que l'envie lui en prend, commande plus de troupes que tout le monde, et à un bonus tactique inégalé..

Pour le parti catholique, il fallait réagir. Si les généraux Mercy et Piccolimini se concentraient sur Gustave-Adolphe, dans l'idée d'amener la disparition de son armée par une longue attrition, cela laisserait le champ aux autres chefs protestants pour reprendre le contrôle de province si durement acquises. Si au contraire les forces bavaroises et autrichiennes optaient pour la mise au pas systématique des provinces encore aux mains des Protestants, cela laisserait les mains libres à Gustave-Adolphe pour dieu sait quel projet.
Vienne requis alors l'aide de la couronne d'Espagne, alliée, cousine, et aux intérêts liés à ceux de l'Autriche.
Suite à la disparition désastreuse de l'armée de Cordoba, Philippe IV d'Espagne avait la ferme intention de renforcer la présence militaire de ses armes en Flandre. Il lui fallait protéger ces domaines, repousser la menace protestante, recouvrer la Franche-Comté si possible, appuyer Spinola aux Provinces-Unies si besoin. Une imposante force de 20.000 hommes fut réunie à Genes, qui devait remonter la vallée de l'Adige. La Valteline était ouverte, et il n'y avait pas à craindre d'intervention immédiate d'une armée française, le duc de Savoie ayant décidé au final de fermer ses frontières aux troupes françaises. Son commandement fut confié au frère de Philippe, Ferdinand, nommé le Cardinal Infant: ce jeune homme de 26 ans cumulait en effet les deux titres, en plus d'être neveu de l'Empereur Ferdinand II, le frère de Anne d'Autriche, la reine de France, le frère de Marie-Anne, l'épouse de Ferdinand, fils de l'Empereur.

Ferdinand, le Cardinal-Infant, par Diego Velasquez :

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Un accord fut passé entre les deux souverains Habsbourg, pour que le Cardinal-Infant assiste dans la mesure de ses moyens les armées impériales sur la route qui devait le mener en Flandre. Avec cet important renforcement des armées catholiques, on espérait pouvoir faire face à l'entrée en guerre des Suédois tout en reprenant l'avantage le long de la vallée du Rhin.

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Le Cardinal-Infant arrive à Trente :

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L'arrivée de l'armée espagnole aurait pu redonner espoir aux partisans de l'Empereur et de la cause catholique. Mais cet espoir fut douché tres vite.
Richelieu avait en effet prévu de longue date d'épauler la campagne militaire de Gustave-Adolphe. Apres des années de lutte clandestine et indirecte, le cardinal et le roi Louis XIII étaient déterminés à porter le coup de grâce à la puissance Habsbourg qui se refusait à péricliter. Les armées françaises devaient donc y concourir de vive force et sans intermédiaire.
A peine deux mois après que la Suède soit entré en guerre, la France déclarait la guerre à l'Espagne !! Cette fois, ce fut un véritable coup de massue que recevaient les cours de Madrid et de Vienne. La menace suédoise à elle seule justifiait certaines inquiétudes. L'entrée en lice de la France ajoutait aux craintes impériales !!

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La Lorraine, que le défunt Pappenheim et son successeur Mercy avaient eu tant de mal à saisir, fut occupée en quelques semaines à peine. Le duc Charles IV de Lorraine avait pris le pouvoir de cette principauté en faisant rejeter par le parlement local les droits de sa cousine (et épouse) Nicole. Louis XIII, qui avait côtoyé dans son enfance le jeune Charles lorsque celui-ci était à la cour de France, ne voyait pas cette politique d'un très bon œil. Le royaume de France lorgnait depuis longtemps sur cette terre aux marges du royaume, et espérait l’intégrer par un mariage bien arrangé, à condition que les droits des femmes à hériter y soient maintenus.
Par calcul politique, Louis XIII refusait donc de reconnaitre la légitimité de Charles.
Déçu par le soutien trop fragile de ses oncles, le duc Maximilien de Bavière et l'Empereur Ferdinand II, Charles abandonna la politique pro-catholique traditionnelle de son duché, et se rapprocha de l'Union Evangélique et du duc de Savoie. Charles accueilli les comploteurs, nombreux, contre le puissant ministre de Louis XIII, au premier rang desquels Monsieur, Gaston, frère du roi.
Les campagnes menées sur ses terres l'amenèrent à changer de bord au gré des victoires et des défaites, mais il fit à plusieurs reprises campagne en tant qu'officier dans les rangs des armées catholiques. Le retour victorieux des armées de Mercy lui permit de revenir en son duché.

Charles IV de Lorraine :

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(la vraie vie mouvementée de Charles IV ):

http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_IV_de_Lorraine


Trop de revirements diplomatiques, de renoncements à des accords, de soutien à la cause impériale avait échauffé l'humeur de Richelieu. Lorsque celui-ci fit entrer en guerre le royaume de France, il n'hésita pas une seconde à donner l'ordre d'investir la Lorraine sans attendre. Ce fut fait par l'armée menée par Armand Nompar de Caumont, Duc de La Force.

La Force :

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Le déploiement initial français, en plein cœur de la Lorraine (et accessoirement de la Sarre, mais le jeu ne fait pas de différence)

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Un autre corps de bataille français avait été confié au Vicomte de Turenne, le jeune et talentueux Henri de la Tour d'Auvergne (jeune à l'époque, il a 26 ans). Loin d'être un néophyte, il a déjà combattu comme simple soldat, puis enseigne, puis comme colonel d'un régiment sous les ordres de son oncle le stathouder Frederic-Henri d'Orange Nassau. Il a participé à bien des sièges et des batailles. Aussi, lorsqu'il décide d'offrir ses services au royaume de France, choix plus prestigieux a ses yeux, Richelieu n'hésite pas à le promouvoir à la tête d'une armée, regroupée à Sedan, aux portes des Flandres espagnoles.

Turenne

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Le placement initial de Turenne.

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Face à la menace, le Cardinal-Infant se devait de réagir au plus vite. La défense des Flandres espagnoles devint sa préoccupation principale. Vienne et Munich allaient devoir affronter l'armée suédoise par eux même. Sans perdre un instant, il mit son armée en marche. Par longues colonnes, elle défilait dans les vallées tyroliennes, parcourant de longues étapes, allant toujours plus loin. Son chef était pressé. L'armée espagnole passa ainsi l'Inn sans faire de halte, et s'engouffra dans la Fernpass, par où on débouche dans la plaine bavaroise.

Le Fernpass, entre la haute vallée de l'Inn et la vallée du Lech :

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Le jeune Cardinal-Infant ne perdit pas de temps. Il marcha résolument vers l'axe qui desservait toute l'Allemagne du sud, la grande et longue vallée du Danube, dépassa Augsbourg, reprit le contrôle de Ulm, petit évêché indépendant, et de là se précipita sur Donauworth où il savait pouvoir trouver les premières unités ennemies. Mal commandées, dépassées par le nombre, celle-ci furent implacablement écrasées par les tercios espagnols.

Le Cardinal-Infant réalise un overrun à Donauworth; on voit bien Piccolimini aux prises avec son siège de Nurnberg (à suivre d'ailleurs).

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Franz von Mercy, face à l'armée française qui se déployait en Lorraine, devant Metz, devait faire face à de graves difficultés de ravitaillement. Il désirait également, si le temps le lui permettait, recruter de nouvelles troupes. Il opéra un mouvement de recul qui l'amena sur le Rhin, à Frankfurt, une zone jusque là épargnée par les dévastations, et à l'abri derrière la forteresse de Mayence (Mainz).

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Le cas de Piccolimini plongeait la cour impériale de Vienne dans la perplexité. Nul doute que le florentin replet servait la couronne impériale avec une fidélité sans faille, et qu'il faisait au mieux. Sur le champ de bataille, il obtenait des résultats satisfaisants. Mais le destin semblait vouloir s'acharner à lui créer difficultés sur difficultés dès lors qu'il devait mener un siège. Nuremberg lui résistait. La ville, bien que frappée de disette, refusait de rendre les armes. C'était un contretemps plus que fâcheux, car la menace de l'armée suédoise n'était pas vaine. Prendre Nuremberg aurait permis de disposer d'un glacis de plus devant la Bavière alliée, mais aussi d'un carrefour routier important vers l'Allemagne centrale.

Nuremberg, gravure du XVe siècle.

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Le vieux Nuremberg :

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Piccolimini confronté à ses jets de dès tout à fait foireux:

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Dans le nord de l'Allemagne, Gustave-Adolphe vient de mettre en marche sa terrible machine de guerre, une armée de vétérans imposante et crainte. Il n'aura de cesse de tout faire pour briser l'autorité de Ferdinand II.
Pour l'heure, il déambule en Poméranie, y asseyant son autorité par la seule intimidation de ses armées. Puisque cette province devait faire partie de ses gains, autant s'en assurer sur le champ, et par là même se créer une zone arrière sûre.

De son coté, le vicomte de Turenne se mit en devoir de prendre le contrôle des Flandres espagnoles. Quittant Rocroi, il marcha tout d'abord sur Luxembourg, occupé sans coup férir, puis de là se porta au nord, investissant Liege. De là, il ne lui restait qu'à marcher droit sur Bruxelles. Une fois cette ville tombée, ne resteraient guère que Ghent et Antwerp à soumettre pour prétendre contrôler la province de Flandre.
La maigre troupe espagnole qui défendait Bruxelles n'avait nulle fortification derrière laquelle s'abriter. Elle se porta à la rencontre de l'armée française, mais, sur cette plaine wallonne, ne put trouver aucun terrain susceptible de lui offrir un point d'appui sur lequel s'appuyer pour résister aux troupes de Turenne.

Les plaines au sud de Bruxelles :

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La faible troupe espagnole ne disposait pas d'un commandant digne de ce nom. Turenne put donc déployer ses troupes aisément, et profitant de sa supériorité numérique, parvint à envelopper l'adversaire. Cependant, l'affaire ne fut pas aussi aisé que l'aurait espéré Richelieu et son général.
Les effectifs espagnols avaient beau être réduits, ils n'en étaient pas moins robustes, et les soldats opposés à ceux de Turenne firent preuve d'une résistance honorable. Comme ils ne cédaient pas aisément aux assauts français, le cardinal de La Valette voulu insuffler plus de détermination à ses soldats. Il se porta en première ligne, mais fut victime de son courage. Une pique espagnole lui transperça la gorge, et il mourut sur le champ. Les carrés de piquiers français finirent cependant par avoir raison des carrés espagnols, anéantis sur place sans possibilité de recul.

Louis de Nogaret de la Valette d'Epernon, tombé ce jour là :

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La mort de la Valette :

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La rencontre :

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Le camp catholique réagit à cette incursion victorieuse de Turenne. Tout d'abord, le Bavarois Mercy se dirigeait vers la Flandre, prêt à en découdre avec Turenne. Sur ses talons, l'armée du Cardinal-Infant, qui venait de bien plus loin, parvenait à Trier. Cette position permettait au jeune Ferdinand d'intervenir selon les circonstances, contre Turenne, ou contre La Force, toujours présent à Saarbruck.

L'armée de Mercy, prête à la confrontation avec Turenne :

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Afin d'éroder le potentiel militaire espagnol, somme toute limité, Richelieu et Louis XIII convinrent de harceler les armées catholiques, en tablant sur le fait qu'au bout du compte, une série de rencontres et de batailles pourraient amener à la disparition des tercios du Cardinal-Infant. Les troupes bavaroises, si elles restaient dans le secteur des Flandres, seraient elles aussi visées. Si elles devaient, en revanche, se porter face à l'armée suédoise, la lutte contre les armées espagnoles n'en serait que facilitée.
Dans cette optique, le maréchal de La Force, enfin actif, quitta les rives de la Sarre. Son trajet passa par Landau et l'amena à Trier, où l'attendait l'armée espagnole.

La Moselle juste en amont de Trier (Treves).

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La cathédrale de Trèves, dont les origines remontent au XIIe siècle.

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Il apparut très vite que La Force avait présumé de ses forces. Si l'infériorité numérique était pattant d'entrée de jeu, le vieux maréchal de France n'avait probablement pas évalué la situation dans laquelle il se mettait. Il avait à faire à un adversaire redoutable, qui profita du terrain et de la solidité de ses tercios.
En quelques heures, le Cardinal-Infant fixa le centre de La Force grâce à la pression exercée par ses puissants carrés d'infanterie. Les banderas détachées sur les flancs de l'armée française durent batailler pour faire plier leur adversaire. Se faisant, ils permirent un enveloppement quasi complet des régiments français. La fin de la bataille fut un long carnage. Les hommes, pressés les uns contre les autres, ne pouvaient plus manœuvrer, se défendre, encore moins répliquer. Chaque coup de bombarde fauchait plusieurs hommes à la fois, les coups d'arquebuses portaient tous, les piques perçaient les corps.
Avisant tardivement la situation désespérée de ses troupes, le duc de La Force mena quelques escadrons à l'arrière de sa formation, où il espérait encore pouvoir dégager un passage pour une partie de ses troupes. Il fut très vite blessé par un tir d'arquebuse qui lui cassa le bras d'épée. Affaibli, le duc continua à encourager ses hommes, qui pourtant tombaient autour de lui à un rythme effrayant. Une pique lui entailla la jambe. Incapable de tenir debout, le duc s'effondra. Disparaissant ainsi à la vue de ses hommes, il provoqua malgré lui un vent de panique, et les soldats se rendirent alors en masse. Il fallu cependant quelques instants pour que le Cardinal-Infant fasse cesser les combats, stoppant un massacre devenu inutile. L'armée française du duc de la Force avait été anéantie. Celui-ci, blessé, fut pris en charge par les médecins personnels du Cardinal-Infant, qui le garda comme invité quelques jours, avant de l'envoyer comme prisonnier à Vienne.

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Une confrontation meurtrière:

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La première vraie bataille livrée par les armées de Louis XIII et Richelieu se soldaient par un désastre majeur. L’opiniâtre cardinal français notait cependant que l'armée espagnole avait été affaiblie, ce qui était son objectif. Il lui fallait cependant espérer que Turenne se montre plus combatif et efficace que La Force.

Profitant du fait que l'armée du Cardinal-Infant n'avait fait que passer son chemin pour rejoindre la vallée du Rhin, le général Repl se décida à lancer une opération de harcèlement sur les arrières catholiques. Il reprit Ulm, et de là piqua droit au sud, pour atteindre Innsbruck par le même chemin que les tercios espagnols avaient pris dans l'autre sens quelques semaines plus tôt. Ces terres, profondément catholiques, subirent un désastreux saccage, comme tant d'autres régions d'Allemagne avant elle. Les églises furent pillées et brulées, et à maintes occasions, le curée et ses ouailles étaient trainés par la soldatesque jusqu'à l'église et enfermés à l'intérieur avant que le feu n'y soit bouté. Les bourgades qui se trouvaient sur le chemin de cette modeste armée devaient acquitter un pâtis exorbitant sous peine de voir les soldats lâchés dans les rues pour les laisser faire le butin qu'ils pouvaient.

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A Innsburck même, Repl laissa la bride sur le coup à ses hommes, bien décidé à marquer les esprits des sujets des Habsbourg, cherchant à démontrer l'impuissance de leur suzerain. Toutes les maisons religieuses furent la proie des pillards.
Les nones des monastères subissaient les outrages des rustres armés, les moines étaient fait prisonniers et molestés sans retenue, et tout les objets de cultes étaient volés, parfois fondus sur place pour en récupérer le métal précieux.

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A l'autre bout de l'Empire, le roi de Suède, désormais maitre du nord de l'Allemagne, était enfin prêt à affronter les armées Habsbourg. Il se mit en route vers le sud du pays, franchit l'Oder à Frankfurt, puis se dirigea vers la Silesie, qu'il mit au pas, tout en s'approchant de la Moravie.

L'Oder à proximité de Frankfurt :

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L'avancée de Gustave :

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Le fait même que l'armée du roi de Suède se rapprochait sensiblement incita Piccolimini à redoubler d'effort pour mener à terme le siège de Nurnberg. Ne ménageant pas sa peine, ni surtout celle de ses soldats, il multiplia les travaux d'approche de la ville, et lança plusieurs assauts, jusqu'à ce qu'enfin il vienne à bout de la résistance de la cité.


L'anéantissement inespérée d'une des deux armées françaises opérant contre les Flandres espagnoles permettait au Cardinal-Infant de se concentrer contre la menace que Turenne faisait peser sur cette province. Il était crucial pour la couronne espagnole que Turenne soit refoulé et amoindri, afin d'éloigner cette menace.
Il fallait en effet préserver la base arrière de l'armée de Spinola qui opérait et bataillait au cœur des Provinces-Unies. Par ailleurs, la couronne d'Espagne considérait les Flandres comme partie intégrante de leur patrimoine, et cela justifiait de les défendre.

Le Cardinal-Infant quitta les cotes de Moselle, et fit sa jonction avec l'armée bavaroise de Mercy à Liege. Il était convenu que les troupes du duc de Bavière épauleraient les tercios afin de renforcer la puissance de ceux-ci (et pour servir de chair à canon pour préserver les précieux vétérans :o: ). Aussi Mercy détacha Aldringer et 2 régiments pour compléter l'armée espagnole qui progressait désormais à la rencontre de Turenne.

Cependant, le jour de la rencontre, un épais brouillard recouvrait la plaine belge, masquant le relief et les bois, les ruisseaux ou les étangs. De longues langues de brumes s'effilochaient et se recomposaient en amas opaques derrière lesquels ont discernait parfois le fantôme d'un arbre, la silhouette d'une haie, mais toutes les formes s'estompaient en s'enfonçant plus profondément au cœur de l'opacité brumeuse. Ces langues nébuleuses avalaient la lumière du soleil et les couleurs, et diffusaient une ambiance spectrale. Dans une telle purée de pois, pouvaient se dissimuler des masses d'hommes, plus surement encore que derrière une lisière d'arbres ou un repli de terrain. Il en était jusqu'aux sons qui s’atténuaient dans cette ambiance ouatée, comme si la nature se faisait un malin plaisir d'handicaper tout les sens, comme si les voix et les cliquetis des armes et des armures s'estompaient, trompant les oreilles indiscrètes.

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La bataille allait se réduire à une série d'affrontements détachés les uns des autres, où seule la sauvagerie ou l'endurance des hommes engagés dans une lutte à mort ferait la différence. Les généraux, aveugles à l'évolution de la rencontre, seraient incapables de déceler les failles dans le dispositif adverse ou dans le leur.

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Les piquiers bavarois, placés au centre du dispositif espagnol, subirent le premier choc avec les carrés français. L'empoignade et les coups d'estocs habituels, les cris de rage, de peur, se mêlaient aux gémissements des agonisants. Le claquement sec des tirs d'arquebuses émaillaient le vacarme ambiant en fonction du roulement que les tireurs enchainaient au premier rang, puis sur les flancs des carrés une fois le corps à corps débuté.

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Le Cardinal-Infant avait précautionneusement conservé une solide arrière garde. Une fois qu'il eut pris la mesure du champ de bataille, il ordonna à cette arrière garde de largement contourner ce terrain, avant de se rabattre sur les flancs de l'adversaire.

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C'est le seul poids des effectifs espagnols qui décida de la journée, causant plus de pertes aux Français qu'ils n'en subirent. Turenne fut contraint de se replier au sud, vers Rocroie et ses solides fortifications.
Aldringer s'était porté au centre avec ses bavarois, mais avait disparu. On retrouva son corps le lendemain, gisant au milieu des morts, percé de toute parts, et dépouillé comme tant d'autres malheureux par les malandrins se comportant en charognards sans scrupules qui volaient les morts la nuit sur les champs de bataille.

De son coté, débarrassé de manière définitive de la menace que l'armée de La Force aurait pu faire peser sur la sienne, Mercy se porta à Metz, restée aux mains des forces catholiques alors même que les armées de Louis XIII s'étaient emparées de la Lorraine.
Avec deux forces opérant contre la France, avec une écrasante victoire contre une des armée française, le parti catholique espérait bien infliger une sérieuse défaite à la cour de Louis XIII, avant de se retourner à l'Est contre le danger suédois.
En quelques semaines, opérant depuis le refuge que Metz fortifié lui offrait, Mercy repris contrôle de la Lorraine. Partout dans la province, ce n'était que dévastation et misère. Il semblait que les armées reprenaient le contrôle de territoires désespérément vides. Nombre de villages n'existaient plus que sur les cartes ou dans les registres paroissiaux. Les villes n'abritaient que quelques poignées d'habitants. De loin en loin sur les routes, les soldats croisaient quelques malheureux qui quittaient le pays, charriant sur une voiture à bras le peu de biens qu'ils possédaient encore, espérant trouver ailleurs un éden sans maladie ni ravages.

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La Lorraine n'avaient rien pour devenir une zone stratégique majeur. Mais par la force des choses et le hasard de la guerre, par sa situation entre la France d'un coté, la Bade protestante de l'autre, les Flandres et les évêchés rhénans au nord, et la Franche-Comté au sud, elle était devenu un champ de bataille quasi permanent, dont les population étaient les premières à en souffrir.


Car le danger suédois se rapprochait toujours plus du centre de gravité des terres catholiques. Gustave-Adolphe, plus actif et énergique que n'importe lequel de ses coreligionnaires, s'emparait méthodiquement de toutes les provinces sur sa route, et terminait la mise au pas de la Silésie.
Pour faire face à cette menace, Piccolimini revint de Nurnberg, remontant la vallée du Danube sans halte ni étapes superflues, décidé à doubler de vitesse l'armée suédoise, en direction de l'Autriche. Mais il ne s'attarda pas à Vienne. Comme il avait fait lorsque Kristian IV de Danemark avait menacé les terres Habsbourg, il se retira à l'abri du barrage que représentait la forteresse de Vienne. Il espérait pouvoir recruter des renforts. Car il ne faisait plus de doute que la destination de Gustave Adolphe était le cœur même de l'Empire, sa capitale !
Ferdinand II hésita à quitter sa capitale. S'en éloigner lorsque arrivait le danger ne pouvait qu'écorner son prestige. Mais s'enfermer dans la place, c'était risquer d'être capturé si les troupes de Gustave-Adolphe s'en emparait, ce qui aurait ruinée définitivement et abruptement toute chance de remporter cette guerre qui n'en finissait pas. Il se résolut a quitter sa capitale, emportant les régalias, sa famille, ses ministres. Ce départ se voulait discret, mais il est toujours des fuites et des indiscrétions concernant les grands personnages de l'Etat (Julie Gayet :o: ), aussi le bruit se répandit rapidement dans la capitale que l'Empereur fuyait. La population voulue quitter la ville, mais il était trop tard: l'armée suédoise était déja aux portes de la ville, et commençaient à l'investir de tout coté pour en établir le siège !

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La ville de Vienne, vue depuis Josephstadt, en 1690.

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Encore une fois, le destin, où les capricieux dieux de la guerre, se jouaient des hommes et des monarques, des généraux et des soldats, des riches et des pauvres. Lorsqu'un camp prenait l'avantage sur un théatre d'opération, l'autre camp à son tour prenait l'avantage à l'autre bout du champ de bataille qu'était devenu l'Empire et ses marges.
Ferdinand, le jeune frère du roi Philippe IV d'Espagne, avait de manière incontestable mis en déroute l'armée de Turenne et ainsi sécurisé les Flandres. Il ne se contenta pas de ce succès, et, bien décidé affaiblir durablement la capacité militaire française, passa à l'offensive. Pénétrant en Picardie, il vint mettre le siège devant Rocroi, une des portes d'entrée du Royaume de France. S'en emparer lui assurerait de solides gages pour la poursuite de la guerre. Chaque adversaire s'efforçait d'engranger ces gages, encore plus qu'avant si cela était possible (course aux PV ).

Rocroi : la place a été remaniée par Vauban en 1675.

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L'armée de Turenne, sévèrement étrillée, avait reflué loin au sud, cherchant à éviter l'affrontement tant que ses effectifs n'auraient pas été renforcés. Aussi l'armée espagnole put elle encercler la place sans la moindre inquiétude quant à un éventuel retour offensif français.

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On assistait à une course de vitesse entre les adversaires, chacun cherchant à sécuriser ses flancs en opérant à la périphérie de l'Empire. Dramatique compétition, qui se moquait bien de l'inquiétude légitime des populations, menacée par la brutalité des troupes en campagne, risquant de voir leurs biens dérobés dans un pillage, leur habitation saccagée ou détruite, ou plus encore risquant leur vie. L'espoir de voir un assaillant échouer dans ses tentatives de siège n'avait rien à voir avec une quelconque satisfaction patriotique, ce n'était que l'expression de la peur qui rongeait chaque individu en particulier.

Les défenses de Vienne jouaient leur rôle, et la population offrait son concours spontanément. Gustave-Adolphe n'était pas parvenu à s'emparer de la ville.

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Le Cardinal-Infant se révéla bien plus rapide, qui lui s'empara de la forteresse de Rocroi.

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Les progrès des uns et des autres ne permettaient pas d'envisager une fin rapide à cette guerre.
Un AAR Thirty Year War romancé :

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Une histoire de Britannia :

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gladiatt
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Re: L'Allemagne au desespoiAAR

Message par gladiatt »

Tour 10 - 1638-1639

Le cardinal de Richelieu, en dépit des revers subis par les armées qu'il avait mobilisé, ne désarmait pas. L’opiniâtre ecclésiaste comptait user les armées de ses ennemis. Il commençait cependant à douter d'arriver à un tel résultat en un laps de temps raisonnable. Cette guerre saignait les finances du royaume depuis presque 20 ans, en dépit du fait que le Royaume soit officiellement entré en lice deux ans plus tôt. Il n'était pas envisageable de poursuivre indéfiniment un tel effort sans obtenir de résultat en compensation.
Désireux de convaincre Turenne de l'absolue nécessité de remporter des succès contre l'ennemi, il abreuvait celui-ci de courriers et de missives, le convoqua au Louvre en plein hiver, et vint même jusqu'à son camp sans s'annoncer. Pour inférieur aux armées espagnoles qu'il était, Turenne ne pouvait différer son action. Il prit soin cependant d'éviter une bataille rangée contre les redoutés tercios.
Il se contenta de reprendre la Lorraine, qui subissait une fois de plus le passage indélicat d'une forte troupe. Puis, mettant du champ entre lui et ses adversaires, il vint stationner à Dijon, en attendant de recevoir d'hypothétiques renforts.

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Richelieu comptait autant, voire même plus, sur les progrès de Gustave-Adolphe, financé tout autant que les armées de Turenne par les finances françaises. Cependant, Vienne n'était pas une proie aisée, et elle se dérobait au roi de Suède, qui ne parvint pas à la prendre dans l'immédiat.

Chaque jour que Vienne tenait était mis à profit par Piccolimini, qui attirait à lui tout ce qu'il pouvait recruter, tantôt cajolant et promettant, tantôt menaçant ou moquant les différents officiers possédant une troupe. C'était une époque à mi chemin entre la féodalité où les hommes se recommandait envers un seigneur, et l'absolutisme, ou chaque homme, chaque sujet, chaque soldat, devait fidélité à un monarque, un suzerain. Nombre de nobliaux ou de riches entrepreneurs faisaient carrière dans les armes, une profession en vogue dans une Europe déchirée par les conflits, et possédaient en propre leur unité, plus ou moins importante. Ils soldaient, et parfois équipaient, les soldats liés par un contrat en bonne et due forme.
Afin de se renforcer, Piccolimini usait donc de tout les ressorts de la négociation pour attirer à lui ces unités.
(+1 milice et + 1 mercenaire recrutés alors qu'il campe à Graz).

Il vint cependant un jour où Vienne tomba. Trop heureux d'avoir porté un terrible coup au prestige des Habsbourg, Gustave-Adolphe laissa ses troupes mettre à sac la fière cité. Il respecta néanmoins les accords conclus avec la France de préserver le culte catholique et ses fidèles. Une bonne partie de la population put donc se réfugier dans les églises et les chapelles, que le roi de Suède fit protéger par ses troupes les plus sures pour tenir à l'écart les pillards.

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Piccolimini n'avait pas eu le temps de réagir. Ses effectifs lui parurent satisfaisants trop tardivement, et lorsqu'il estima être en mesure d'affronter l'armée suédoise, Vienne était déjà tombée. Craignant de se faire piéger par Gustave-Adolphe qui pouvait le coincer entre Vienne désormais aux mains protestantes, et servant d'enclume, et le marteau formé par l'armée suédoise qui aurait pu progresser depuis Salzburg, Piccolimini prit les devants.
Au grand dam des courtisans de la cour impériale réfugiée à Milan, Piccolimini abandonna l'Autriche, et progressa prestement pour se mettre à l'abri. Sortant à marche forcée des étroites vallées alpines, il se précipita vers la vallée du Danube, d'où il pouvait rejoindre des positions plus sûres. Il rejoignit donc la ville qu'il avait eu tant de mal à soumettre, Nurnberg.

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Encore une fois, le sort des armes s'équilibrait. Sur la frontière nord du royaume de France, le Cardinal-Infant poursuivait la mise au pas systématique des places fortes françaises (entre autre car elles représentent 1 PV chacune :notice: ). Il prit le luxe de faire un crochet par Compiègne, jetant l'effroi à Paris. La rumeur prétendait que les Espagnols marchaient sur la capitale, descendaient l'Oise, atteindraient bientôt Senlis. Contrairement à l'Empereur qui avait fui sa capitale (à raison !), le roi de France voulut donner l'exemple. Il se montra donc partout dans la capitale, démontrant à l'envie qu'il n'avait nullement l'intention de se laisser impressionner.
Cela lui était pourtant facile. Une barrière infranchissable empêchait les troupes ennemies de s'enfoncer profondément au cœur du royaume ( règles du jeu).
En fait de poursuivre droit au sud, le Cardinal-Infant se rabattit sur Corbie par le sud, et débuta le siège.

Corbie sur la Somme :

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La photo est trouble, vous m'en voyez désolé. On devine Corbie assiégé et Compiegne aux mains catholiques.

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Les armées catholiques remportaient d'autres succès: Franz von Mercy, revenu à fond de train de la vallée du Rhin, se précipita en Bavière, prêt à défendre les états de son duc. L'incursion de "Repl" à Innsbruck inquiétait Maximilien, qui voyait se rapprocher dangereusement Gustave-Adolphe, et qui ne voulait pas d'un trublion sur ses arrières.
Mercy ne laissa donc pas un instant de répit à 3repl" et sa maigre troupe. En dépit de la défense acharnée des troupes luthériennes ( 8 aux dés !), Mercy anéantie l'armée ennemie sur les bords de l'Inn.

L'Inn en amont d'Innsbruck :

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Une fois maitre de Vienne, Gustave-Adolphe prit le temps de soumettre la Haute-Autriche, progressant loin au sud, et pris le contrôle de la Carinthie ( à Villach) et de la Styrie ( à Graz). Il cherchait ainsi à accumuler les points d'appui, préparant la min-mise complète sur ce duché.
(les conditions de contrôle pour engranger les PV sont plus dures dès lors qu'il s'agit de l'Autriche, la Bavière ou les Pays-Bas Espagnols: il faut la totalité des localités sous contrôle).

La lutte des Habsbourg pour préserver leur hégémonie s'étendait sur une bonne part du vieux continent. La guerre contre les insurgés des Provinces-Unies se poursuivait, âpre et acharnée. Le terrain entrecoupé de canaux et de champs inondables, de bras de mer et de digues, rendait les opérations difficiles. Cependant, le vieux marquis de Los Balbases, Ambrogio Spinola, poursuivait sans relâche ses efforts contre les troupes de Maurice de Nassau. La victoire que le Cardinal-Infant avait remporté contre Turenne assurait ses arrières, il put donc se concentrer contre son adversaire sans avoir à veiller en permanence sur une hypothétique voie de retraite.
Il put donc faire tomber, après un siège rapide, la ville d'Amersfoort, sur l'Eem. Peu à peu, le territoire aux mains des révoltés était grignoté. On espérait pouvoir conclure cette interminable guerre.

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Rédition d'une ville au marquis de Spinola :

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Une des portes de la ville:

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Pendant ce temps, Gustave-Adolphe reprenait sa marche en avant, menaçant ses ennemis, remontant le cours du Danube. Il parvint à Passau. La totalité de l'Autriche était désormais aux mains des protestants (et 5 PV dans l'escarcelle protestante).

Conscient que la responsabilité d’arrêter le roi de Suède lui incombait, Piccolimini ne se sentait pourtant pas prêt à une rencontre.
Il poursuivit donc l'effort de recrutement qu'il avait débuté lorsqu'il stationnait à Graz. Il lui fallait la plus large armée possible s'il voulait écorner et amoindrir l'impressionnante masse de vétérans suédois qui se rapprochait.
( +1 milice, + 1 mercenaire réduit).

Cet amalgame de troupes venant de tout horizons ne se passa pas sans mal. Piccolimini fut confronté à la plaie que craignait tant de généraux : les désertions. Attirés par la solde et la vie facile, inquiets à l'idée d'une prochaine bataille dont ils ne voulaient pas, et guère soucieux de morale et de justice, une grande quantité des recrues du général impérial désertèrent.

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Les déprédations qui en suivirent furent telles que les alentours de Nurnberg se retrouvèrent aussi dévastées que la Lorraine.

Les soudards se font brigands et attaquent une voiture :

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Apres Rocroi, ce fut au tour de la citadelle de Corbie de tomber aux mains de Ferdinand, l'Infant d'Espagne.

Corbie vient de tomber:

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Un AAR Thirty Year War romancé :

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Une histoire de Britannia :

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gladiatt
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Re: L'Allemagne au desespoiAAR

Message par gladiatt »

TOUR 11 - 1640-1641


Désormais maitre de l'Autriche, Gustave-Adolphe ajournait cependant la confrontation avec l'armée impériale menée par Piccolimini.
Il ne pouvait plus compter sur l'aide de quiconque pour maitriser et juguler les armées catholiques. Mercy, le général Bavarois, avait ramené son armée au cœur du duché de Bavière. Si ces effectifs n'étaient pas de taille à se retrouver face à l'armée suédoise, il pouvait cependant espérer grossir ses rangs par le jeu des recrutements. Surtout, le général bavarois pouvait s'abriter derrière plusieurs fortifications avant d'être contraint à la bataille contre Gustave-Adolphe.
Piccolimini menait une armée autrement plus importante. Mais le florentin semblait tout aussi hésitant à venir croiser le fer.

Poursuivant sur sa politique de reprise en main systématique des entités politiques composant le Saint-Empire, Gustave-Adolphe opta pour une solution satisfaisante à ses yeux. Il franchit le Danube à Linz, et fit traverser à son armée les monts métallifères, pour se rendre à Prague.

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S'emparer de la ville représentait l'occasion de priver l'empereur Ferdinand de l'appui d'un siège électoral, et de le dépouiller à nouveau du royaume de Bohême. La population de la ville, qui avait tant souffert du siège de Piccolimini 5 ans plus tôt, n'était guère encline à apporter son concours à la garnison autrichienne. Les brimades, les humiliations imposées par le pouvoir impérial rancunier avaient creusé un gouffre entre les Praguois et leur suzerain. Les habitants ne firent donc aucun effort lors des travaux que le gouverneur de la place exigeait pour réparer les dégâts et combler les brèches que causaient les canons suédois.

En dépit de la perte que pouvait représenter la chute de cités, si durement acquises par le passé, si aisément et rapidement perdue à l'envahisseur scandinave, la Sainte Ligue catholique fourbissait ses armes, loin de s'avouer vaincue. Pour épauler Mercy en Bavière, et remplacer Aldringer en Flandres, Maximilien nomma deux nouveaux généraux.

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Johan von Werth :

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La résistance de Prague ne pouvait s’éterniser. La ville était exsangue depuis le siège par les armées impériales. Il n'y avait que peu de moyens de subsistance sur place, que la garnison aurait pu s'accaparer. Ne pouvant compter sur aucune aide autochtone, la garnison fut contrainte de se replier sur le Hradschin, une fois une large brèche créée dans l'enceinte. Les soldats suédois investirent la ville, sans la mettre à sac, le roi de Suède ayant déclaré ses habitants des amis de la cause protestante. La garnison quant à elle finit immanquablement par capituler quelques heures plus tard.
La chute de la ville offrait par ailleurs à Gustave-Adolphe la main mise sur le royaume et sur le siège éléctoral.

Le siege de Prague :

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La nouvelle de la prise de Prague incitait les chefs de la Ligue catholique à anticiper au mieux les batailles à venir contre le roi de Suède. Car l'on ne pouvait différer indéfiniment une confrontation directe en rase campagne. Un jour ou l'autre, il faudrait affronter l'ennemi. Pour se faire, les officiers bavarois procédèrent, à l'instar de Piccolimini quelques mois plus tôt, à un recrutement aussi important que possible. ( à Ulm, par Mercy, +1 milice, + 1 mercenaire réduit).


Une fois Prague entre ses mains, Gustave-Adolphe ne poursuivi pas sa route à l'ouest, où il aurait pu rencontrer l'armée de Piccolimini. On pouvait aisément le sentir hésitant à engager le combat contre l'imposante force impériale.
Progresser à l'ouest, dans le Haut-Palatinat, ne lui aurait rapporté que peu d'avantages. La province était encore contrôlée par la Ligue Evangélique. Seule la ville fortifiée de Nurnberg était aux mains des Autrichiens, mais c'était justement là que stationnait Piccolimini.
L'armée suédoise eut donc un mouvement de recul: en quelques semaines, Gustave-Adolphe rejoignit la vallée du Danube. De là, il espérait peut-être s'attaquer à la Bavière, pour la soumettre de la même manière qu'il l'avait fait pour le duché d'Autriche.


Linz :

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Pendant ce temps, les généraux catholiques ne restèrent pas inactifs. A la tête d'une armée revigorée et renforcée, Mercy repris le contrôle du Wurtemberg, qui reliait la Bavière au Bas-Palatinat. Quant à Piccolimini, il se décida à enfin se lancer sus à l'armée suédoise. Il ne pourrait entreprendre aucune reconquête de l'Allemagne du nord s'il ne se débarrassait pas auparavant de la menace que l'armée suédoise faisait peser sur ses arrières.
Le long cortège d'hommes, des chevaux, d'animaux de traits et de charrois que formaient son armée se remit à sillonner les routes, s'étirant sur des lieux. Lorsque la tête de colonne atteignait une bourgade, l'arrière s'en trouvait à des lieux de distance. La migration quotidienne de milliers d'hommes et d'animaux emplissait le paysage, et la progression était marquée par un interminable nuage de poussière enveloppant et coiffant les routes assombries par le flot ininterrompu de cette peuplade guerrière.

Piccolimini abandonna Nurnberg, et s'en fut, à la tête de dizaines de milliers d'hommes armés, au sud, afin de rejoindre à son tour la vallée du Danube, qu'il traversa à Inglostadt. Il désirait progresser le long de la rive droite du fleuve, de manière à être en mesure de se replier sur la Bavière si d'aventure le sort des armes lui était défavorable. Il marcha alors à l'Est, sachant trouver Gustave-Adolphe sur son chemin.


Enfin, par une belle matinée d'été, arriva le moment tant attendu et redouté. Les éclaireurs autrichiens avaient repérés l'ennemi quelques jours plus tôt à proximité de Linz. Gustave-Adolphe de son coté prit aussi ses dispositions lorsqu'il fut conscient que l'armée autrichienne venait à lui. Il se porta à sa rencontre, de manière à garder Linz dans son dos. Il se ménageait ainsi deux voies de repli, l'une au nord à travers les ponts de Linz qui franchissaient le Danube et lui permettrai d'atteindre la Bohême, et l'autre en direction de Vienne par où il pouvait toujours rejoindre la Hongrie et la Moravie.

Paysage de la vallée du Danube un peu en amont de Linz:

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Sous un ciel azur ensoleillé, la nature verdissait et s'épanouissait, des coroles de fleurs, blanches ou jaunes, déployaient leurs pétales au cœur des bosquets ou des haies, ou au milieu de grands champs d'herbes hautes pas encore jaunies par le soleil. Les arbres étendaient leurs ramures au lourd feuillage, où s'abritaient nombre d'oiseaux aux chants cristallins. Les herbes hautes des champs laissés à l'abandon ondulaient sous l'effet d'une brise fraiche qui s'émoussait en rencontrant un muret ou le pan de mur d'une grange isolée. Un décor paradisiaque pour accueillir l'enfer.
Un brouhaha incessant enflait et gonflait, envahissant la vallée, résonnant d'un bord à l'autre, noyant tout les bruits dans une cacophonie gigantesque faite de roulements de tambour, de sonnerie de clairon, de hennissements et de vociférations, de grincements, de piétinement. Des milliers, des dizaines de milliers d'hommes se pressaient en gigantesques attroupements adoptant des formes rectilignes. De gigantesques draperies, étendards multicolores brandis haut au dessus des têtes, se déployaient en faseyant dans le vent. Où que le regard se porte, ces immenses formations, accolées les unes aux autres, barraient le paysage, s'étalant sur de grandes portions de champs, envahissant la plaine. Les hautes herbes furent foulées, piétinées par cette foule, réduites sous les milliers de talons qui soulevaient des nuées de poussière flottant au ras du sol. Derrière les boqueteaux, au sommet des replis de terrain, au creux des combes, ce ne sont que bousculade et attroupements. Les affuts des pièces d'artillerie, les troupeaux de chevaux de traits, les escadrons de cavaliers s'imbriquaient dans cet ordonnancement gigantesque qui semblait appliqué sur le paysage. S'écoulant depuis l'arrière de cette masse, d'autres groupes d'hommes se glissaient à leur tour dans le dispositif, formant à leur tour d'amples formations.

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Au devant de l'armée autrichienne s'étend un vaste espace. Des champs, des prairies, encore verdoyants, immaculés. Dans quelques heures, il seront souillés par le passage de milliers d'hommes et de chevaux, transformé en bourbier couvert de sang et de viscères, de dépouilles noircies, d'étendards déchirés et jetés au sol, d'armes brisées.
A l'autre bord de ce paysage, faisant face à l'armée autrichienne a quelques centaines de toises au plus, l'armée suédoise alignait elle aussi des formations à la géométrie parfaite, dans lesquels les individus disparaissaient pour se fondre en une masse indistincte et terne. Mais, loin de ressembler à de gigantesques pelotes d'épingles se mouvant avec lenteur, ces formations semblaient frêles et fluettes comparées aux autrichiennes massives.

Car le roi de Suède bouleversait l'art de la guerre. Il avait fait fi des lourds carrés de piquiers s'étalant sur 30 ou 50 rangs de profondeur. Ses régiments, amincis, n'avaient que 6 a 10 rangs de piques et de mousquets. Il n'en étaient que plus lestes et plus rapides. Car Gustave-Adolphe imposait un rythme rapide : il ne voulait pas laisser le temps à ses adversaires de réagir, de s'organiser.
Déja plusieurs de ses régiments faisaient mouvements, alors même que l'armée autrichienne n'avait pas fini de se déployer, et s'approchaient sur le flanc du champ de bataille des lourds carrés impériaux leur faisant face.
Au centre de l'aile droite suédoise, on distinguait les bouches à feu, tellement différentes des modèles autrichiens : plus modestes en taille, plus maniables, et bien plus nombreuses !
Ces petites pièces étaient bien dissemblables des lourdes pièces de l'armée impériale. Tractées par un unique cheval, ces petits engins, sanglés sur un affut de bois qu'une poignée d'hommes pouvaient manier sans peiner, reçurent le nom de "canon de cuir". Le coup de départ ne provoquait qu'un mince hoquet de la pièce, qui tressaillait d'avant en arrière sur son affut bas et léger. Quelle différence avec les énormes machines impériales. Amenées sur le champ de bataille par des trains de plusieurs chevaux, elles pesaient considérablement, creusant aisément de profondes ornières dans les terrains meubles. Lorsqu'elles tiraient, le coup de tonnerre assourdissait artilleurs et fantassins voisins, et le soubresaut géant de l'affut le propulsait en arrière violemment, avant qu'il ne glisse à nouveau vers l'avant au fond de son ornière, les canonniers dansant autour de l'immense fut.
Les pièces suédoises étaient par ailleurs regroupées en véritable batteries, et non réparties auprès de chaque formation, de chaque carré, par petits paquets.
Elles tonnèrent. Craquement sec, bien plus clair que les sourdes détonation des canons autrichiens, au rythme effréné, tel un crépitement infernal, que permet leur nombre important. Les boulets tombaient dans les champs avec de grands bruits mats, soulevant des gerbes de terre avant de ricocher au ras du sol et de venir faucher les rangs de piquiers autrichiens. Frappés sans répit, les hommes s'écroulaient en masse, tandis que les carrés se disloquaient peu à peu.

Les régiments suédois abordèrent alors ces carrés affaiblis et ébranlés. La ligne de mousquetaire suédois se déploya en ligne, à une volée de distance, et ouvrit le feu. Un feu roulant, car plutôt que de reculer à l'abri derrière les piquiers, ces mousquetaires s’avançaient au devant du rang précédent, lâchant leur salve sans répit, doublés à nouveau par le rang suivant, se portant toujours plus prêt de l'ennemi et talonnés par les piquiers.
C'était un mouvement résolument offensif, profitant d'une importante proportion de mousqueterie au sein des formations, bien supérieur à ce dont disposaient les Autrichiens, et qui décimait peu à peu leurs rangs. La vitesse de rechargement de leurs armes par les mousquetaires suédois, dut à un entrainement draconien, accroissait encore l'efficacité de leur tir.
Il fallut que les Autrichiens envoient d'autres carrés de piquiers soutenir et épauler ceux ainsi frappés. Ce faisant, il se créa peu à peu des failles dans la ligne de bataille.

Alors enfla peu à peu la lourde cavalcade des lanciers suédois. Point de pistolet ou de carabines dan leurs mains. Eperonnant leurs montures, ils chargèrent, lance couchée sous le bras, serrés les uns contre les autres en rangs compacts, percutant de coté les formations impériales dont les lourdes piques ne leur faisaient pas face. Gustave-Adolphe avait remis au gout du jour le choc comme arme de cavalerie, négligeant le lent harcèlement de la caracole. Cela nécessitait des soldats entrainés, capables de surmonter la peur d'un brutal et dangereux corps à corps, la menace directe des pointes de lances, des lames de rapières. Peu enclin à rester à l'écart de l'action, le roi de Suède avait pris la tête de ses escadrons, menant la charge, loin devant ses lignes de fantassins, chevauchant en tête de ses centaines de cavaliers qui s'abattaient sur les flancs autrichiens.

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Piccolimini n'était pas homme à laisser la situation se dégrader. Il fit avancer toute sa ligne pour que ses carrés de piquiers se portent au plus vite contre la ligne suédoise, pour engager les régiments suédois au plus vite et les assaillir sous le poids de ses carrés. Le chaos devint général, des milliers d'hommes luttant pour préserver leur vie et s'efforçant d'abattre les adversaires leur faisant face, tandis que nombre de leurs camarades s'effondraient en sang à leur coté.
La faiblesse relative des rangs de piquiers suédois les mettaient en situation délicate contre les lourds carrés autrichiens, capables de les bousculer en dépit de pertes sévères dues à la redoutable intensité des tirs des mousquetaires.
Johan Baner, général suédois à la tête de l'aile droite de cavalerie, dut engager ses forces pour contenir la pression sur le flanc droit de l'armée. Il ne bénéficiait cependant pas d'autant de place pour se déployer qu'il pouvait le souhaiter, enserré entre le cours du Danube et ses régiments d'infanterie. La charge de ses lanciers fut stoppée nette par les longues piques autrichiennes, dont l'une le blessa mortellement.

Johan Baner :


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Bien que déstabilisé par l'innovante manière de se battre des Suédois, Piccolimini avait de la ressource. L'engagement à point nommé de sa redoutable cavalerie de reitres expérimentés lui permit de contrer la charge de Gustave-Adolphe. Ce fut un balet chaotique de chevaux tournoyants, voltant, tandis que des vagues successives de cavaliers se mêlaient de part et d'autres, s'enroulant et se dissolvant les unes dans les autres. Les lanciers suédois ne pouvaient l'emporter par le choc contre les cavaliers autrichiens s'esquivant au dernier moment en déchargeant leurs carabines, à caracole. Ils répliquèrent cependant, usant des sabres ou des pistolets qu'ils emportaient avec eux pour ce genre de situation. On ne distingua bien vite plus d'ordre dans un gigantesque amas d'hommes et de chevaux, chaque cavalier concentré sur son entourage immédiat.

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La bataille fut rude et âpre, s'éternisant une journée entière, les morts et les blessés s'accumulant de part et d'autres. A la fin de la journée, les pertes des deux camps étaient sensiblement égales, mais Piccolimini ne pouvait pas se maintenir sur le champ de bataille, et il fut contraint de se replier à Passau (avantage au défenseur en cas de pertes égales et de leader dynamiques dans les deux camps).

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Gustave-Adolphe, qui jusque là ne s'était guère soucié de perdre des membres de son impressionnant état major, fut profondément marqué par la mort de son subalterne Baner. Craignant de voir son commandement décimé lors d'une meurtrière rencontre, il nomma deux généraux de plus à des postes de responsabilité: Wrangel et Konigsmark.
Carl Gustaf Wrangel était un balte officier de cavalerie qui venait de se distinguer à la bataille de Linz.


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L'évolution de la guerre devenait difficile pour le Cardinal de Richelieu. Son allié suédois, bien que victorieux à Vienne, ne parvenait pas à obtenir de victoire décisive contre Piccolimini, mais lui coutait fort cher.
Pire encore, les armées de la France subissaient revers sur revers. Ces calamités militaires dressaient toujours plus d'opposants politiques sur le chemin du cardinal ministre, bon nombres de personnages de la cour espérant le voir trébucher, quitte à l'y aider. Les conspirations s'enchainaient, dans lesquels Monsieur, le frère du roi, louvoyait sans cesse. Ces intrigues, et les moyens de les combattre, réclamaient force énergie et temps à Richelieu.
A cela, le cardinal devait ajouter les troubles provoqués un peu partout dans le royaume par le mécontentement populaire. Si les Protestants du royaume avaient étés mis au pas après la Paix d'Ales, qui avait conclue l'épisode du siège de la Rochelle, les masses laborieuses se montraient de plus en plus réticentes à l’impôt. Depuis longtemps, le budget royal était en déficit ( de 58 millions de Livres en 1639 pour un total de dépenses de 172 millions de Livres). La couronne multipliait les expédients pour engranger quelques revenus de plus. La vente des offices se généralisa dans le royaume. On en vint à vendre des "offices" de brouettier, de chiffonnier, de sauniers...
Les épidémies de peste avaient limités les récoltes, les manœuvriers manquants pour procéder aux travaux des champs, et les échanges commerciaux avaient décrus, limitant les rentrées d'argent nécessaire au menu peuple pour s’acquitter de l’impôt. Le peuple étouffait.


Louis le Nain, le diner paysan :

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En 1636, un soulèvement se produisit en Angoumois, suite à l'introduction d'une taxe des cabaretiers sur le vin, mais dont bien vite les réclamations portèrent sur les trop fortes tailles. Les révoltés furent matés par l'armée, un bon millier massacrés à la Sauvetat-du-Dropt.
La pression fiscale n'en finissait pas de croitre. La Normandie, riche province, fut durement mise à contribution.
En 1639, la création d'un emprunt forcé sur les habitant "aisés" des villes de la province les obligeait à fournir la liste de leur patrimoine. Les villes elles mêmes furent soumises à l'emprunt forcé, les endettant durablement.
Au début de l'année 1639, le gouvernement décida de supprimer le privilège de quart-bouillon du Cotentin. Jusque là, les sauniers ne devaient qu'un quart de leur production au roi, qui la revendait avec force taxe, mais le reste était commercialisé sans taxe. Désormais, toute la production était soumise à la gabelle et vendue exclusivement dans les greniers à sel royaux, ce qui tripla le prix du sel pour la population.

L'exaspération était à son comble. Plusieurs collecteurs des impôts furent molestés, chassés, et l'un d'eux fut lynché par la foule à Avranches en janvier 1639. La révolte embrasa toute la province, et mobilisa tout le corps social: paysans, laboureurs, clerc, artisans, petits robins, gentilshommes ruinés. Le fait même que l'argent soutiré par le Cardinal au bon peuple catholique de Normandie aille à des princes protestants renforça la détermination des insurgés. Il fallu une année pour que les troupes royales sous le commandement de Jean Gassion (futur maréchal de France) répriment, durement et sans pitié, cette révolte. Les villes normandes perdirent leur privilèges, le parlement de Normandie fut interdit, les bourgeois durent héberger les soldats. L'autorité royale fut rétablie. Mais cette insurrection avait détourné bien des moyens, militaires, judiciaires, financiers, à un moment où le Cardinal ministre aurait préféré les engager dans la lutte contre l'Espagne.

Les va-nu-pied :

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( à cette date, au royaume de France, au vu de la situation, il s'agit plutôt de soulèvements populaires, j'ai préféré donc mettre en avant ceux-ci).


Pendant ce temps, peu ou prou, l'Allemagne se remettait des déprédations et des épidémies diverses. Une heureuse récolte pouvait assurer la subsistance des paysans, et permettre aux malades de recouvrer la santé avec une alimentation décente. Quelques chefs de guerre cherchait à limiter les dégats que leur troupe pouvaient causer, prenant en pitié les humbles, à plus forte raison si ils étaient de la religion qu'ils défendaient. Les villes se voyaient plus fréquemment soumises à rançon, négocié de manière à ne pas tuer la poule aux œufs d'or, plutôt que dévastées. Les opérations militaires, si elles se déroulaient au loin, épargnaient quelques cantons de ci de la.
La justice militaire faisait de véritables efforts pour punir les soldats qui désertaient et se faisaient brigands, cherchant à se réconcilier une population civile qui se défiait des hommes de guerre de quelque bord qu'ils fussent.

Les malfaiteurs sont traqués :

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puis exécutés :

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(la décision protestante de jouer cet événement tiens à un calcul simple: réduire les niveaux de pillage faciliterait le déplacement des armées fourrageant sur leur passage, limitant l'attrition).


Les efforts de Gustave-Adolphe pour assurer le ravitaillement de son armée (voir la carte précédente) laissait aisément deviner qu'il allait bientôt repartir en campagne. Piccolimini, en dépit du fait qu'il n'avait pas été totalement défait lors de sa précédente bataille, se trouvait malgré tout éprouvé. Il désirait renforcer son armée avant de livrer à nouveau bataille au roi de Suède. Il décida donc de ne pas s’éterniser à Passau, cherchant à mettre de la distance entre lui et son adversaire. Il franchit à nouveau le Danube à Ingolstadt, et se porta dans le Haut Palatinat, à Bamberg.

Mercy, dont l'armée campait à Ulm, revint en Bavière. Les forteresses de Ingolstadt et Munich devaient lui assurer une certaine tranquillité face à d'éventuelles actions suédoises. En réintégrant le sanctuaire bavarois, il espérait être en mesure de solder plus aisément son armée, et lui adjoindre dans le futur des renforts lui permettant de combattre l'armée suédoise.


En périphérie de l'Empire, la lutte entre Provinces-Unies révoltées et Espagne se poursuit, implacable.
La prise de Breda, et la mort de Maurice de Nassau en tentant de dégager la ville, a porté un coup sérieux aux chances néerlandaises. Mais l'armée républicaine, guidée par le demi-frère de Maurice, Frederic-Henri d'Orange Nassau, reprend le flambeau, et tente de reprendre l'avantage. Au coeur du Brabant, escomptant bien couper la ligne de communication de l'armée de Spinola qui opère un peu plus au nord, Orange-Nassau s'attaque à Hertogenbosch. La place est bien défendue, par des fossés profonds et des murs maçonnés. Par ailleurs, le terrain, coupé de canaux et de marécages, empêche toute sape d'approche ou de mine.
Frederic-Henri n'hésite pas. Il fait détourner les deux rivières de l'Aa et la Dommel qui entourent la ville. Une digue de 40 kilometres est créée, et des dizaines de moulin installés pour actionner les pompes destinées à assécher les marais. Au bout de plusieurs semaines, des tranchées pourront être creusées.
Une armée espagnole de renfort, commandée par Henri van den Bergh, ne put faire lever le siege, l'armée de Nassau trop bien protégée par les canaux et fortifications de campagne. Van den Bergh tenta de détourner l'attention de l'armée batave en s'attaquant à Amersfort. En vain: le ravitaillement est coupé lorsque la Wesel entre en crue, et Van den Berg est contraint de se replier vers les Flandres, abandonnant Hertogenbosch à son sort. La place, après quelques assauts bien ciblé, dut se rendre aux Hollandais...

Frederic-Henri d'Orange Nassau au siège d'Hertogenbosch :

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La guerre s'éternisait, brassait les destins, brisait les vies, et se jouait de la foi des hommes. Les retournements de situations s'enchainaient, ne laissant présager aucune victoire décisive, susceptible de mettre fin au conflit...
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Re: L'Allemagne au desespoiAAR

Message par griffon »

je vais finir par me servir d'une de tes illustrations dans le quizz histoire !

il y en a tellement qu'il n'est pas sur que tu la reconnaisses ! :lolmdr:
SOL INVICTVS

Au printemps, je vais quelquefois m'asseoir à la lisière d'un champ fleuri.
Lorsqu'une belle jeune fille m'apporte une coupe de vin , je ne pense guère à mon salut.
Si j'avais cette préoccupation, je vaudrais moins qu'un chien

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Re: L'Allemagne au desespoiAAR

Message par gladiatt »

griffon a écrit :je vais finir par me servir d'une de tes illustrations dans le quizz histoire !

il y en a tellement qu'il n'est pas sur que tu la reconnaisses ! :lolmdr:
En tout cas j'espère que ca plait aux lecteurs ? :euh:

J'ai pas mal de lectures, peu de retours..... :?
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Re: L'Allemagne au desespoiAAR

Message par griffon »

je sais pas pour les autres mais comme j'aime la période et le style je fouine

pas mal dans ton AAR ( et peut être au détriment du commentaire qui va bien avec ... :? )


devine ce que j'y ai trouvé ce matin ? :lolmdr:

ceci :notice:

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SOL INVICTVS

Au printemps, je vais quelquefois m'asseoir à la lisière d'un champ fleuri.
Lorsqu'une belle jeune fille m'apporte une coupe de vin , je ne pense guère à mon salut.
Si j'avais cette préoccupation, je vaudrais moins qu'un chien

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Re: L'Allemagne au desespoiAAR

Message par Lunarc »

Comme l'a dit Griffon plus haut, c'est un peu le Guerre et Paix du forum.... :signal:
C'est fastidieux a lire(même pour moi qui ait des facilités dans ce domaine :surrender: ), mais c'est si bien écrit! :wink:
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Re: L'Allemagne au desespoiAAR

Message par gladiatt »

Lunarc a écrit :Comme l'a dit Griffon plus haut, c'est un peu le Guerre et Paix du forum.... :signal:
C'est fastidieux a lire(même pour moi qui ait des facilités dans ce domaine :surrender: ), mais c'est si bien écrit! :wink:
Merci :signal:

griffon a écrit :devine ce que j'y ai trouvé ce matin ? :lolmdr:

ceci :notice:

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Re: L'Allemagne au desespoiAAR

Message par Greyhunter »

Quel magnifique AAR, à moi ça me donne des envies de lecture! Félicitations, continue comme ça! :D
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Re: L'Allemagne au desespoiAAR

Message par stratcom »

Et moi de jeu, mais je suis comme toi, j'ai plus le temps. :pascontent:
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Re: L'Allemagne au desespoiAAR

Message par gladiatt »

Tour 12 - 1642-1643

Voila 6 ans que Gustave-Adolphe, roi de Suède, illustre représentant de la dynastie des Vasa, duc de Finlande, duc d'Estonie, qui avait arraché à la Russie des lambeaux de ses territoires, qui avait contraint son cousin Sigismond, roi de Pologne, à lui céder la Livonie, et qui était devenu le champion de la cause protestante dans le Saint-Empire germanique, avait posé le pied à Kolberg.
Il avait été auréolé d'une gloire éclatante, en s'emparant de Vienne, l'imprenable capitale de ses ennemis Habsbourg, humiliant Ferdinand II, le contraignant à la fuite et à l'exil. Il avait rétabli la liberté à Prague, rendu l'autonomie aux états de Bohême;
Il avait réalisé tout cela. Mais il ne parvenait pas à terrasser les armées impériales, qui continuaient à se battre et à se dresser contre lui, en dépit de la main-mise suédoise sur l'Autriche. La dynastie Habsbourg disposait de tant de ressources, de tant de couronnes, de tant de provinces pour y recruter des soldats... Régulièrement, le général Piccolimini, sa Némésis, recevaient des gages, des fonds, levait des troupes, complétait les rangs de ses régiments.
Gustave-Adolphe était venu en Allemagne avec une formidable armée, innovant dans la manière de livrer bataille. Mais cette armée s'érodait. Les batailles, les escarmouches, les sièges, avaient prélevés leurs tribu. Il fallait y rajouter les victimes de maladie, nombreux, et quelques désertions. Le bel équipage commençait à s'écailler et se ternir. Nombre d'Hakkapélites, les cavaliers légers suédois si précieux, capables de tenir tête aux lourds cuirassiers impériaux, capables de briser un carré de piquier, avaient disparus, à jamais. Johan Baner, son meilleur officier de cavalerie, n'était plus à ses cotés.

Hakkapélite:

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Gustave-Adolphe dut se rendre à l'évidence, il lui fallait engager des troupes pour seconder son armée. Il se mit en devoir d'attirer des mercenaires. Hessois, Brandebourgois, Silesiens, ils répondirent à son appel (+2 mercenaires réduits).


A 250 lieux de Gustave-Adolphe, Henri de la Tour d'Auvergne considérait lui aussi les effectifs de son armée avec crainte. La bataille livrée 3 ans plus tôt en Flandre espagnoles contre le Cardinal-Infant avait couté fort cher à l'armée du roi Louis XIII. Retiré à bonne distance de l'armée espagnole, Turenne ne pouvait prendre l'offensive sans de sérieux renforts. Les fonds avancés par le trésor étaient bien maigres, et Turenne se résolut à piocher dans sa propre cassette pour recruter des hommes et les former aux armes.
(+ 1 milice réduite. à noter que le jeu sous évalue les capacités militaires françaises, il est impossible de recruter autre chose que de pauvres milices pour le français).

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Les généraux fidèles à l'Empereur, Mercy le Bavarois, et Piccolimini le Florentin au service de l'Empire, ne furent pas dupes de ce que signifiait le renforcement de l'armée du roi de Suède. Il était évident qu'il désirait se mesurer à eux sur le champ de bataille.
Préférant différer un tel moment, chacun opta pour un mouvement s'éloignant de l'armée suédoise.
Mercy quitta la Bavière, marchant au nord, et pénétra en Saxe. Il vint mettre le siège devant Leipzig. S'il parvenait à s'emparer de la place, il pouvait non seulement reprendre le contrôle d'un siège électoral, mais également se porter bien plus à l'Est une fois la ville tombée, et isoler Gustave-Adolphe de ses bases de Poméranie. Une telle situation pouvait mettre en difficulté l'ensemble du camp protestants: les fonds français devraient alors financer à eux seuls l'effort de guerre des luthériens.

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Piccolimini quant à lui résolu de mettre au pas le Haut Palatinat. S'emparer de la province, puis de la Hesse, permettrait de créer un véritable boulevard entre la Bavière et la vallée du Rhin. Il aurait pu se tourner vers la Bade, encore aux mains des protestant, et peu défendue. Mais en restant dans le Haut Palatinat, Piccolimini pouvait épauler au besoin Mercy, distant d'au plus 80 lieux, ou réagir aux menées du roi de Suède.

Piccolimini vient assiéger Wurzbourg.

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La forteresse de Marienberg domine le Main et contrôle la ville de l'autre coté de la rivière :

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round2:

Fort de ses effectifs renforcés, Gustave-Adolphe envisageait une reprise de ses mouvements offensifs. Néanmoins il lui fallait tout d'abord regler l'épineux probleme de l'intendance de son armée. Une telle masse d'hommes dévorait chaque jour une telle profusion de vivre que le moindre train de ravitaillement ne permettait d'assurer que quelques jours de subsistance.
Le roi de Suède, qui initialement s'efforçait de limiter les déprédations sur les populations civiles, en quête d'une image magnanime susceptible de lui attirer quelques soutiens ou d'obtenir plus aisément des reditions de villes assiégées, en vaint cependant à user d'expédients.
Il débuta donc sa campagne en revenant vers Vienne. Il imposa aux édiles de la ville, tenus en respect par une garnison suédoise, de lui livrer une importante quantité de grains, de bétail et de biere.
(retour sur Vienne du joueur protestant pour pouvoir placer le nombre de marqueur pillage imposé par son déplacement en retrait de son chemin).
Une fois son armée chargée de victuailles, le roi de Suède prit enfin la direction de la Boheme. De là, il progressa vers la Saxe, afin de dégager Leipzig assiégée par Mercy.

L'armée bavaroise ne pouvait rivaliser en effectif avec l'armée suédoise. Mercy préféra lever le siège de la ville pour disposer de l'ensemble de ses effectifs. Cependant, alors que les estafettes rapportaient chaque jour les étapes des suédois qui se rapprochaient, l'émoi gagnait les rangs bavarois. Les troupes les moins fiables, peu enclines à livrer un combat qui semblait perdu d'avance, desertèrent, abandonnant Mercy à quelques heures de la bataille, le laissant plus démuni qu'avant.

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Lorsque la bataille s'engagea, l'armée de Mercy adopta une attitude résolument défensive à proximité de Leipzig, à un lieu nommé Breitenfeld, espérant briser l'élan suédois. Tres vite l'artillerie de Gustave-Adolphe affaiblit le centre catholique, avant que l'infanterie ne vienne bousculer le dispositif de Mercy.
Jan Goetz, à la tête de la cavalerie bavaroise, chercha à rétablir la situation, chargeant et mettant en déroute les milices protestantes qui couvraient le flanc gauche suédois. Cela ne suffit cependant pas à stopper l'élan général de l'armée protestante. Franz Mercy voulut inciter son centre à resister, et se porta au milieu de ses soldats. Une balle de mousquet le frappa en pleine tête, le tuant sur le coup. Le reste de l'armée bavaroise se délita alors tres vite. Les bagages et l'artillerie catholique furent abandonnés sur place par la masse de fuyards qui ne songeait plus qu'à se sauver. Goetz essayait de regrouper les bribes d'unité qu'il trouvait en déroute.
Enterré pres du champ de bataille, Mercy vit gravé sur sa tombe l'épitaphe suivante : "Sta, viator, heroem calcas" (arrêtes toi, voyageur, tu marches sur les cendres d'un héros).

Vaincue et tres amoindrie, l'armée bavaroise n'avait pas même réussie à entammer l'armée suédoise en propre. Les troupes de mercenaires recrutées par le roi de Suède avaient remplie leur role peu enviable d'auxiliaire et de chair à canon.

L'ordre de bataille :

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Gustave-Adlophe triomphant :

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Sur le site même, un monument rappelle la victoire :

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Menant ses troupes démoralisées et diminuées loin de la Saxe, Goetz entamma une longue retraite, atteignant enfin le coeur de la Baviere, optant pour la stratégie habituelle consistant à se mettre à l'abri loin derrière les forteresses du duc de Baviere. Il lui fallait maintenant attendre la possibilité de remettre son armée en etat de combattre le Lion du Nord.

La victoire suédoise de Leipzig ouvrait l'Allemagne centrale à Gustave-Adolphe. Immobilisé par le siège de Wurzbourg, Piccolimini se trouvait désormais menacé directement par le roi de Suède.
Il se décida à lancer un assaut contre la forteresse de Marienberg qui dominait et défendait la ville elle même. Mené dans l'urgence et sans préparation, l'assaut échoua. Il semblait écrit dans les mystérieuses tablettes du Destin que Piccolimini ne pourrait jamais s'emparer aisément d'une ville. De mauvaises langues lui attribuèrent le sobriquet de Déicide. Non que le général impérial se soit rendu coupable d'un quelconque crime envers le Seigneur, mais il avait été vu jettant les dès avec rage :o: .

Marienberg :

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Ce nouvel echec le mettait dans une situation terriblement délicate: il ne pouvait plus se retrancher derrière la fortification si d'aventure Gustave-Adolphe venait à sa rencontre.

Les forces fidèles à la maison de Habsbourg traversaient une passe difficile, tenues en echec partout. Elles n'étaient pourtant pas détruites, et quand bien même elles ne parvenaient pas à arracher de victoires décisives, elles empéchaient néanmoins l'armée suédoise de remporter elle même une victoire totale.

Au contraire, les forces espagnoles se trouvaient dans une situation aisée. Le Cardinal-Infant bénéficiait des dividendes de sa victoire contre Turenne, bien des années plus tôt. Le royaume de France, éprouvé fiscalement, peinait à financer tout autant les princes protestants, le roi de Suède, et ses propres armées. Turenne, le général en chef de la seule armée française opérant au nord du royaume, en faisait les frais. Des arrièrés de solde régulieres n'incitait pas les troupes à la fidélité, et encore moins à attirer de nouvelles recrues. Turenne parvenait tant bien que mal à conserver ses effectifs, mais ne pouvait les renforcer.
Le Cardinal-Infant estimait le moment choisit pour porter un coup décisif aux armées de France.
(nb IRL le Cardinal-Infant est mort en 1641 à l'age de 32 ans, des suites d'un ulcère combiné à l'épuisement de ses inombrables campagnes).


Le Cardinal-Infant par Rubens :

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Il mit donc son armée en ordre de marche, et s'éloigna des Flandres Espagnoles, bien décidé à affronter Turenne.
La progression s'effectua le long des routes lorraines déja si souvent empruntées. Elle traversa des contrées vides d'habitants, des villages dépleuplés, des champs en friches, des prairies redevenues incultes, des paicages vides de bétail. Quelques bourgades croisées semblaient trop grandes pour la population dérisoire qui y résidait encore.
Dans de telles conditions, trouver de quoi subsister se révélait difficile. Les fourrageurs maraudaient toujours plus loin, étendant leur ponctions sur de larges parties du territoire. La Lorraine n'était plus qu'une zone inculte sans richesse.

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Turenne était conscient de l'arrivée de son adversaire. Il tenta quelques manœuvres évasives mais il ne pouvait éviter l'affrontement plus longtemps: il n'avait nulle part où aller. Il marcha alors au devant de son adversaire, espérant le surprendre au débouché du plateau de Langres, lorsque l'armée espagnole redescendrait dans la plaine de Saone.


La route de Ferdinand, Cardinal-Infant :

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L'ordre de bataille :

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Informé des mouvements français, Ferdinand , qui marchait au sud-ouest en direction de Chalancey, se rabattit vers l'Est à hauteur de Prothoy et Aubigny.
Turenne avait entamé une marche pour prendre de flanc l'armée espagnole. Il appris par ses vedettes de cavalerie que la marche de celle-ci s'était infléchie. Il vint se positionner au débouché de Prothoy, couvrant son flanc gauche de la rivière Badin, et le droit par la Vingeanne.

Le paysage depuis Aubigny :

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Au centre du vallon , entre les bois au sud du village, et la Saone, se dressait un mamelon hérissé de quelques maisons, Montsaugeon. Turenne voulut s'y appuyer avant que l'armée espagnole ne s'y installe (note 1). Il dut faire avancer toute sa ligne, sous le tir sporadique de l'artillerie espagnole. Pour se rabattre vers Prauthoy et contenir l'armée espagnole dans le vallon, le flanc droit de Turenne devait parcourir bien plus de chemin que le reste de l'armée (note 2). Le Cardinal-Infant en profita pour déborder l'aile marchante française (3). Les effectifs réduits de Turenne ne lui permettait pas d'étirer ses lignes à l'envie. Son flanc droit fut malmené. En revanche, le centre tint bon, s'appuyant sur la colline de Montsaugeon que les Espagnols n'avaient pas atteint.
C'était en fait à dessein que le Cardinal-Infant avait laissé Turenne s'avancer. Ce dernier espérait contenir plus aisément les tercios sur un front de bataille réduit. Une fausse note gênait cependant Ferdinand: Francisco de Melo, qui commandait son centre, crut bon de donner en force contre le centre Français. La résistance des troupes du baron de Sirot, solidement retranchées au pied du mamelon ou dans les corps de ferme, brisa plusieurs assauts espagnols, avant que Ferdinand ne fasse cesser les attaques inutiles de son subordonné.

Montsaugeon :

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Les tercios espagnols étrillés devant Montsaugeon

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Le piège se referma à ce moment là sur l'armée de Turenne. Un important détachement bavarois aux ordres de Werth, dont une forte partie de cavalerie, avait été envoyé contourner loin en arrière l'armée française. Ces troupes descendirent le cours du Badin, à l'abri du cours d'eau. Sur les arrières de Turenne, on se rendit compte de cette incursion. Le général français dut en urgence dégarnir son aile gauche, pour trouver des détachements à jeter en désordre vers Aubigny. Les Bavarois atteignaient déjà le pont du village. Une rude mêlée s'ensuivit avec les premiers détachement français épars. La situation se rétablit lorsqu'une poignée de mousquetaire français interdit l'accès au pont en le prenant en enfilade sous leur tir efficace. Néanmoins, les Bavarois furent stoppés au prix de lourdes pertes: les arquebusiers bavarois prirent pour cible les mousquetaires du Roi à leur tour. Cependant, le passage était désormais tenu (note 5).

Le pont d'Aubigny:

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Werth ne s'en tint pas à cette reculade. Il lança sa cavalerie loin derrière les lignes françaises, en quête du pont de Isomes.

Le pont de Isomes :

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La cavalerie bavaroise s'engouffra sur le pont, doublant de vitesse les "chevau-legers" envoyés par Turenne (note 6). L'armée française semblait désormais menacé d'encerclement et de destruction. Cependant, les cavaliers français arrivèrent peu après la traversée par les Bavarois.

Le sang battant dans les tempes, faisant comme un bourdonnement permanent; le staccato sourd des sabots foulants l'herbe; la respiration haletante et grave des chevaux; le cliquetis des harnais. La sueur qui ruisselle sur le front, et glisse dans les yeux en piquant, qui roule dans le dos. Le champ de vision est réduit: la tête du cheval, vu de derrière, au niveau des oreilles, juste devant soit ; le postérieur d'un cheval galopant encore devant, sur son dos un camarade dont on apercoit que la cape volant derrière lui. Sur les flancs, d'autres cavaliers, lancés au galop, le regard fixé droit devant eux, masquent le paysage de champs herbeux. Le poids du sabre au bout du bras, tendu et ferme. En ligne de mire, une trait de broussailles vertes au milieu des champs jaunes, une rivière. Perçant cette coupure, un étroit passage qui grandit progressivement au fur et à mesure que la monture s'en rapproche: un pont. D'autres cavaliers, au loin, venant en face, et semblant des modèles réduits. Moins, peut être ? Où dispersés, passant le pont en petit groupe. Un ordre résonne. Verrouiller le poignet, contracter les muscles du bras, bien empoigner les rênes de l'autre main. Les cavaliers adverses ont grandis en s'approchant. Le souffle rauque, maitriser sa peur, viser un adversaire. Déja les lignes de cavaliers s'entremèlent. Le choc.

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Sabre au clair, la cavalerie française fit fléchir un moment les troupes de Werth. Le flottement ne durerait pas. Turenne dut prendre la difficile décision de faire retraiter toue son armée. Le flanc gauche, déjà amoindri par les détachements qu'il avait prélevé pour contrer la menace sur ses arrières, céda à la pression espagnole. En revanche, l'aile droite était parvenu à contenir l'infanterie espagnole. Quant au centre espagnol, il était durement éprouvé. La retraite en fut facilité. Des régiments fuirent par Dardenay, à travers la Vingeanne, ou à travers la Coulange.
( décidément, les dès sont contres le catholique: 0 aux dés)

Le déroulement de la bataille :

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La bataille aurait put tourner bien plus mal pour Turenne. Cependant, ses effectifs déjà réduits furent plus amoindris encore. Le vicomte ne pouvait se maintenir en Bourgogne. Il se retira à l'ouest vers l'Auxerrois, où le Cardinal-Infant ne viendrait pas le chercher (sur la photo vous pouvez repérer les zones en bleu foncé, représentant les zones "hors carte" du royaume de France).
L'on voyait cependant mal comment l'armée française aurait pu répliquer contre l'armée espagnole dans un futur immédiat.

Libre de ses mouvements, le Cardinal-Infant se fit un devoir dans les semaines qui suivirent ( au round suivant) de liberer les terres de Franche-Comté de l'emprise ennemie.

Round3 :
Vainqueur à Breitenfeld, Gustave-Adolphe devait malgré tout surmonter un certain nombre de difficultés. Après avoir réglé les question de l'avitaillement de ses troupes en début de campagne, il devait faire face aux questions pécuniaires, afin de solder ses troupes et celle de ses alliés. Il démarchait ses créanciers habituels, et sollicita à plusieurs reprises les ambassadeurs français afin que le royaume de France honore les clauses financières du contrat de Barwald.
(financement protestant).

Cette forme d'attentisme du roi de Suède ne pouvait que profiter à Piccolimini, qui se considérait trop proche du Lion du Nord pour se sentir à l'aise. Le siège de Wurzbourg s’éternisait, stagnait pour ainsi dire, au grand dam de la chancellerie impériale et au désespoir du général florentin. La malchance s'en mêla. Piccolimini voulut obtenir la rédition de Marienberg par l'intimidation; or son armée était minée par la gale, et ses troupes bien trop faibles pour procéder efficacement à un assaut. La ruse fut éventée, Piccolimini dut revenir au harcèlement constant de la place, sans parvenir à la prendre :ko: .


C'est alors que le général florentin apprit que Gustave-Adolphe et son armée ne campait plus à Leipzig, et marchait à l'ouest, vers lui. Moins de 80 lieux séparant les deux armées, le Lion du Nord pouvait l'assaillir en moins de deux semaines. Piccolimini dut se résoudre à lever le siège de Wurzbourg, regroupant ses forces et cherchant un terrain favorable à la bataille qui s'annonçait.

Gustave-Adolphe espérait pouvoir rabattre Piccolimini vers Wurtzbourg encore aux mains protestantes. Il aurait pu ainsi l'écraser comme entre marteau et enclume. Le général impérial ne l'entendait pas de cette oreille. Il fit effectuer une marche de nuit à toute son armée. Une véritable prouesse, réalisée grâce au dévouement de ses estafettes et de ses officiers, chevauchant sans cesse d'un point à un autre, guidant les régiments, rattrapant les égarés, fustigeant les trainards, et maintenant peu ou prou l'ordre d'ensemble du corps de bataille.
Avant l'aube, les éclaireurs de Piccolimini avaient repérés l'armée suédoise, sans que celle-ci ne se doute de rien. Quelques cavaliers finnois détachés en avant par le Lion du Nord étaient tombés en embuscade, au beau milieu de la nuit, et ne pouvaient plus avertir leur général de la feinte de Piccolimini.

L'armée impériale se mit en position sur le flanc de l'armée suédoise. Les mouvements et l'activité de tant d'hommes ne pouvait passer inaperçu indéfiniment. Les protestants avisèrent l'ennemi, commencèrent à se positionner. Piccolimini ne leur en laissa pas le temps. Une vaste charge venait de s'élancer vers les rangs suédois. La quasi totalité des escadrons impériaux y participait.

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Le choc bouscula les rangs de fantassins suédois dont la panique s'empara. Elle se répandit comme une trainée de poudre. Le flanc droit suédois entier refluait en désordre.
Il fallu toute l'énergie du roi de Suède pour rallier les fuyards, reformer les rangs, revenir au combat, pour tenter d'endiguer la poussée impériale. Mais le recul brutal de toute une aile de l'armée suédoise avait permis aux impériaux de prendre de flanc le centre, là où l'aile droite aurait du le couvrir. L'armée autrichienne avait obtenue un succès tactique qu'elle ne lâchait plus. La pression était exercée sur les flancs des unités suédoise les unes après les autres, à chaque fois que le régiment qui la protégeait sur un coté refluait. Les lourdes formations de piquiers impériaux pesaient de tout leur poids contre les minces lignes suédoises, les faisait craquer, les contraignant au repli, tandis que les hommes tombaient de chaque coté.

Formation de piquier :

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En dépit des efforts des généraux suédois, leurs troupes ne parvinrent jamais à stopper la progression autrichienne. A la fin de la journée, l'armée suédoise avait dû concéder le terrain, avec de très sérieuses pertes.
Cette victoire n'était pourtant pas sans prix pour Piccolimini. La puissance de tirs de la mousqueterie suédoise, la précision de l'artillerie, avait amputé ses régiments de bon nombre de soldats. La bataille avait été rude. C'était une victoire chèrement acquise, sans pour autant que l'adversaire scandinave n'ait été anéanti.

L'ordre de bataille des deux adversaires.

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A la fin de la bataille, tout les vétérans suédois seront réduits et l'un d'eux détruit. Piccolimini perd ses deux unités de mercenaires (déjà réduites).
Cette victoire pourtant n'avait pas de sens pour Piccolimini. Il avait du abandonner le siège de Wurzbourg, qui lui aurait ouvert le Haut Palatinat et la voie vers le Rhin. Il aurait pu poursuivre l'armée affaiblie de Gustave-Adolphe, mais craignait de voir ses précieux vétérans subir des pertes irréversibles. Prendre la direction du sud pour s'abriter en Bavière lui aurait permit de reconstituer lentement une puissante armée, mais laissait le temps à Gustave-Adolphe de reconstituer lui aussi ses forces en enrôlant des mercenaires allemands.
Piccolimini se résolut alors à s'éloigner du Palatinat et de l'armée suédoise qui restait une force avec qui compter. Bien que s'érodant peu à peu au fil des batailles, elle ne semblait pas sur le point de se déliter totalement au prochain choc d'une rencontre. Désirant préserver le noyau dur de vétérans de son armée, Piccolimini prit la direction de l'Ouest. Il détacha à contrecœur ses miliciens pour faire écran devant Wurzbourg qui lui aurait sinon barré le passage. Sa marche le porta à Heidelberg: il avait deux écrans de fortifications désormais entre lui et Gustave-Adolphe.

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Depuis plus de 60 ans, la flotte espagnole menait de considérables efforts pour assurer la domination navale et hégémonique permettant au royaume de persévérer dans ses menées impérialistes. Le tragique épisode de l'Invincible Armada, en 1588, n'avait pas vu la disparition soudaine des escadres espagnoles. La flotte de ce royaume restait puissante et redoutable. Elle assurait la liaison avec les colonies du Nouveau-Monde, protégeant les convois marchands et les galions chargés de métaux précieux des Flotta de Oro qui alimentait régulièrement la péninsule ibérique et pourvoyait à une importante part de ses efforts financiers. Une série de défaites navales avait amoindrie son potentiel, qui n’empêchait pas certains retours offensifs (tel celui qui avait vu les comptoirs anglais et français de St Kitts dévastés).
La flotte espagnole, qui avait abandonnée depuis plus de vingt ans toute idée d'assurer une liaison navale régulière entre le royaume et les Flandre, se retrouva devant l’exigence de Philippe IV de mener une opération en direction des Provinces-Unies et des Flandres, pour y amener troupes et or nécessaires à la poursuite de la guerre.
Une importante flotte de plus de 70 navires, commandée par l'amiral Antonio de Oquendo, quitta la Corogne à destination de Dunkerque, dernier grand port catholique de la mer du Nord. Repéré à l'entrée de la Manche par l'amiral Martenn Tromp et ses 12 navires, Oquando subit son harcèlement; mais la disproportion de force est telle que Tromp rompt le combat au bout d'une journée, allant chercher du renfort.

Maarten Harpertszoon Tromp :

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Alors que le nombre de ses navires freinait la marche de Oquendo, Tromp reparu deux jours plus tard, renforcé des escadres de Witte de With et Johan Evertsen, tous avec de nombreux capitaines qualifiés sous leurs ordres.
Les Hollandais engagent alors la flotte espagnole. Manoeuvrants, rapides, bien armés, les bâtiments hollandais malmènent les espagnols par leur canonnade, tout en évitant l'abordage que les Espagnols auraient préférés, disposant de plus de troupes à bord de leurs navires. Les combats s'éternisent, s’arrêtant à la nuit, reprenant à l'aube. Au bout de 60 heures de bataille, les deux adversaires sont à courts de munitions. Les escadres espagnoles sont sévèrement endommagées, mais l’approche de Dunkerque n'est pas possible en raison de l'omniprésence des flottilles hollandaises et de vents contraires.
Oquendo décide alors de mouiller dans les Downs, une étendue de mer à proximité immédiate de la cote anglaise du Kent, protégée par les bancs de sable de Goodwin, découverts à marée basse.

La preuve par l'image, les Goodwin sands :

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La situation politique en Angleterre était telle que le roi se cherchait des alliés où il le pouvait. Charles Ier, catholique convaincu, était confronté à un Parlement anglican résolument hostile à sa politique. Il existait donc une neutralité bienveillante entre le royaume d'Angleterre et la couronne d'Espagne à ce moment là. Profitant de cet état de fait, Oquendo espérait faire venir en Angleterre les matériaux dont il avait besoin pour réparer ses navires: mats, agrès, munitions. Mais les livraisons n'étaient livrées qu'au compte goute par les caboteurs anglais, hostiles à l'ordre royal. Le temps qu'Oquendo perdait ici profitait d'autant à Maarten Tromp.
L'amiral hollandais réclama au gouvernement des Provinces -Unies tous les renforts que l'on pouvait lui faire parvenir. Un immense effort fut fait, et au bout de 3 semaines, la flotte hollandaise comptait une centaine de navires de tout type. Certains capitaines hollandais avaient étés attirés par la perspective de piller des navires espagnols chargés d'or.

Constatant l'emplacement protégé de la flotte espagnole, Tromp établit un blocus serré avec ses différents amiraux subordonnés, espérant bien ne laisser échapper aucun navire ennemi. Oquendo comprenait qu'il ne faisait que retarder le combat. Il avait pour ordre, au demeurant, de rejoindre les Flandres. Il donna donc l'ordre, après quasiment 3 semaines au mouillage, de forcer le blocus.


Avant la bataille des Downs, par Reinier Nooms:

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Cependant, l'indiscipline se répand parmi les capitaines espagnols. Certains refusent tout net le combat, coupant leurs cables d'ancre, et laissant leur navire s'échouer délibérément à la cote anglaise. Mal leur en prit. Plusieurs navires, une fois à marée basse, furent attaqués et pillés par la populace anglaise hostile aux catholiques et attirée par le butin à y faire. Les autres furent finalement capturés par les Hollandais. Quant à ceux qui choisirent de combattre pour forcer le blocus, ils s'égayèrent en tout les sens, poursuivis par les escadres hollandaises.
Choisissant délibérément de foncer sur le navire amiral hollandais pour l'attirer à lui, Oquendo espérait ainsi faciliter la fuite de ses autres batiments. Le galion qui le suivait fut intercepté par un brulot. Son capitaine, Lope de Hoces, décide de poursuivre le combat, faisant tirer son navire contre les hollandais, avec détermination, jusqu’à ce que la soute eux poudres n'explose et pulvérise son navire, le tuant avec quasiment tout son équipage, ainsi qu'une partie de l'équipage hollandais qui allait l'aborder.
Oquendo résiste toute la journée. Au soir, il profite de la brume qui se lève et de l'obscurité pour s'éloigner avec les débris de sa flotte.
Mais au final une quinzaine de navires manquent à l'appel. Ce n'est pas le pire; car prés de 15000 marins sur 23000 ont étés tués; les effectifs des renforts terrestres ont étés amoindris, le trésor transporté sévèrement diminués, grévé encore par la facture auprès de la couronne anglaise. Le cout de réparations des navires qui rejoignent Dunkerque est exorbitant.
L'expédition était en soit une défaite. Mais elle présageait surtout l'incapacité future de l'Espagne à défendre ses cotes et ses colonies du Nouveau-Monde. Elle annonçait aussi l'impossibilité de soutenir efficacement Spinola et son armée dans sa lutte contre les Provinces-Unies.

Tout les efforts espagnols entrepris contre les révoltés bataves, tous les sacrifices consentis, tous les succès passés venaient d'être balayés d'un revers de main du Destin.

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C'en était trop pour l'Espagne. Les victoires militaires contre la France avaient permis de conserver les Flandres à la couronne d'Espagne, mais avait couté un prix exorbitant. Le soutien perpétuel et sans faille à la maison cousine de Habsbourg de Vienne durant 22 ans avait dilapidé des sommes folles, provoqué deux banqueroutes, saigné des générations d'Ibères, mais aussi de Milanais, de Napolitains, de Portugais. Les armées de Louis XIII et d'un Richelieu vieillissant pouvaient bien être battus à chaque rencontre, la réalité était que le royaume d'Espagne n'en pouvait plus.
Le prestige de l'Empereur Ferdinand II était entaché depuis la perte de son duché au profit de Gustave-Adolphe le suédois. Les armées de Piccolimini avaient beau tenir tête au Lion du Nord, elles n'étaient pas parvenues à le dompter. Le soutien intéressé du duc de Bavière avait apporté un appui considérable à la couronne Impériale, si l'on considère les victoires que Tilly, Pappenheim ou Mercy avaient obtenus. Les provinces dépendantes de la Sainte Ligue Catholique étaient dévastées, appauvries, dépeuplées.

Le camp protestant n'en pouvait pas plus. La plupart des principautés allemandes qui s'étaient rangées derrière la banière de la Ligue Evangélique étaient ruinés par les participations financière de plus en plus contraignantes d'alliés trop puissants comme le Danemark, la Suède ou la France. Le Danemark était ressorti battu et humilié du conflit. Les avantages que Kristian IV avait cru arracher à l'Empire n'avaient étés qu'éphémères. Le pays avait perdu la plupart de ses soldats, l'armée avait du mal à s'en remettre.
La Suede semblait s'en être mieux tirée, acquérant la Poméranie, mais à quel prix. En dépit des subsides français, les finances du royaume avaient étés lourdement ponctionnées pour entretenir la puissante armée de Gustave-Adolphe. Souvent victorieux sur le terrain, celui-ci n'était pas parvenu à terrasser les puissance catholiques. Pour un pays faiblement peuplé comme le sien, les pertes militaires semblaient loin d'être négligeables.
L'Angleterre avait participé de loin à la conflagration au cœur du Saint Empire. Mais son implication avait des impacts profonds pour la politique anglaise. Le parlement et le roi en vinrent au conflit direct. La Guerre Civile débuta alors que s’éteignaient les feux de la Guerre de 24 ans (bein oui, on à pas eu les Trente :oops: ), et allait se terminer tragiquement pour Charles Ier.
La France de Richelieu et Louis XIII avaient orchestré ce sinistre opéra de mort et de ravages depuis le début. Le Cardinal Ministre, moribond ( IRL mort en 1642, dans le jeu l'événement n'est pas encore tombé, idem pour Louis XIII ou d'ailleurs Ferdinand II) avait ardemment œuvré à l'abaissement de l'hégémonie Habsbourg. Il accepta pour cela que le peuple de France en paye un prix écrasant, écrasant celui-ci sous une imposition fiscale étouffante et un absolutisme de plus en plus impérieux.
La noblesse française avait tout autant pâtit de l'autorité du Cardinal, que ce dernier souhaitait incontestable, mais de plus elle était discréditée par les défaites qu'elle avait subies tout au long de la guerre contre l'Espagne. Elle s'en souviendrait dans une poignée d'année, une fois Richelieu disparut et que l'héritier du trône de France serait sous la régence de Mazarin.

A l'automne 1643, les belligérants s'accordèrent à cesser les hostilités. Une série de traité n'obtint rien d'autre qu'un retour plus ou moins similaire à la situation ANTE BELLUM.
Ce qui allait en résulter dans l'histoire politique et internationale du reste de ce XVIIe siècle flamboyant n'était que conjectures et suppositions.

Les réels perdants de cette conflagration colossale étaient les populations de l'Empire et de ses marges. Rançonnées, volées, pillées, molestées, violées, elles avaient tout subies. On ne comptait plus les meurtres impunis, les massacres de masse, les exécutions sommaires, les expulsions et les déracinements. Ecrasées d’impôts ou de réquisitions, elles avaient subies les pires épidémies connues, affaiblies par les disettes et les privations, et s'étaient vues décimées, années après années. On ne comptait plus les villages déserts, les villes devenues trop grandes pour leurs habitants épars, les champs redevenus incultes, les granges en ruines. Les lieux de cultes avaient endurés la haine des fanatismes de tout bords, avaient étés pillés, saccagés, incendiés, rasés à ras de terre. Certaines villes, qui avaient eu le malheur de vouloir résister à un assaillant, avaient étés brulées, leurs fortifications démantelées, leurs municipalité chassées. Des milliers de bourgeois avaient étés ruinés, contraint de participer aux dédommagements et aux contributions en or et argent des armées qui parfois prétendaient les défendre...ou de leurs ennemis. Des milliers de paysans avaient abandonnés leur campagne, démunis de tout, endeuillés par la perte de plusieurs proches, qui d'un soudard en maraude, qui d'une infection incurable.
L'ensemble du corps social avait subi un cataclysme, et il était temps qu'il s’arrête. Mais pour combien de temps avant que les puissants de ce monde ne se déchirent à nouveaux, sur leur dos ?


Les malheurs de la guerre vus par Sebastien Vrancx:

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Par épuisement des joueurs et sur un commun accord, nous avons cessés le jeu ici. Chacun espérait pouvoir faire basculer la situation, tout en subodorant que les deux tours de jeu restants ne suffiraient jamais pour arracher une victoire définitive.
L’intérêt n'en était pas de vaincre à tout prix mais de s'amuser, et pour ma part d'en faire un AAR. Inutile donc de s'entêter.

Nous espérons sincèrement, Madame et moi-même, avoir contribué à votre divertissement et votre intérêt.

Mes remerciements vont évidement à Madame qui s'est prêtée volontiers aux exigences d'un AAR, qui ralentissait le rythme du jeu: prises de notes, photos (ratées pour certaines :oops: ), etc.
Un AAR Thirty Year War romancé :

viewtopic.php?f=77&t=14547

Une histoire de Britannia :

viewtopic.php?f=77&t=12282
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