Juin 1941 : Depuis quelques mois, l'ambiance s'est singulièrement refroidie entre les deux protagonistes de l'alliance contre nature entre l'Allemagne hitlérienne et l'URSS stalinienne. Car en effet, et pour reprendre les mots d'un célèbre journaliste américain : "Que deux larrons jouent un double jeu destiné à en filouter un troisième est une chose ... le jouer entre soi en est une autre." Dès la conquête de la France achevée et l'échec de la tentative de sortir la Grande-Bretagne de la guerre consommé, le Führer avait ordonné le déplacement progressif de la masse de la Wehrmacht d'ouest en est. Diplomatiquement, l'Allemagne avait poussé ses pions dans les Balkans et en Scandinavie, à la grande irritation du Kremlin qui avait répliqué en attaquant la Finlande puis en annexant les Etats baltes ainsi que la Bessarabie. La visite à Berlin au milieu du mois de novembre 40 du Commissaire aux Affaires Etrangères de l'URSS, Viacheslav Molotov, destinée à préciser les zones d'influence des deux pays, tenter d'aplanir les tensions croissantes et donner des explications quant aux développements internationaux récents, n'avait fait qu'accentuer les méfiances réciproques et aggraver la situation.
Ainsi, dès le 18 décembre 1940, par la directive n°21, Hitler ordonne : "Les forces armées du Reich allemand doivent se disposer à écraser la Russie soviétique en une brève campagne avant la conclusion des hostilités contre l'Angleterre. Pour atteindre ce but, l'armée affectera à l'Opération Barberousse toutes ses unités disponibles, sous réseve du maintien sur le front de l'ouest de forces suffisantes propres à assurer la sauvegarde des territoires occupés contre une éventuelle attaque brusquée... Les préliminaires de l'opération devront être achevés le 15 mai 1941... Afin que leur objet ne puisse être décelé, il est essentiel d'observer la plus grande circonspection.
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En Russie occidentale, le gros de l'Armée Rouge devra être détruit par d'audacieuses manoeuvres comportant des trouées en profondeur exécutées par des unités blindées. Le repli des troupes ennemies intactes à travers les vastes espaces de la Russie sera empêché. L'objectif ultime de cette première offensive est de créer une ligne de défense s'étendant du Volga à Arkhangelsk. [...] La capture de Moscou représentera une victoire politique et économique dont l'importance dépassera de loin la possession du centre ferroviaire n°1 de la Russie."
Ainsi, la décision fatale était prise et dans les mois qui suivirent, la Wehrmacht multipliait les incursions aériennes et terrestres en Union Soviétique, par l'intermédiaire d'avions-espions et par celui des Brandebourgeois du régiment spécial n°800 de l'Abwehr, afin de photographier le futur théâtre d'opérations, effectuer des reconnaissances en territoire ennemi, repérer les défenses et les installations à saboter et enfin prendre contact avec les éléments nationalistes anti-communistes en Ukraine et dans les pays baltes.
Puis le 22 juin 1941 à l'aube, sans déclaration de guerre, prenant par surprise Staline qui refusait obstinément de croire aux nombreux avertissements transmis par de nombreuses sources fiables et qui avait ordonné à l'Armée Rouge de ne pas répondre aux provocations allemandes qui se multipliaient, l'Allemagne se lançait à l'assaut de l'URSS et scellait définitivement son sort et celui de millions d'hommes et de femmes de part et d'autre des frontières.

En Méditerranée, l'Italie mussolinienne avait accumulé les fiascos et les revers cuisants ( Tarente, Cap Matapan, échec de l'offensive en Grèce via l'Albanie, perte de la Cyrénaïque ), obligeant l'Allemagne à intervenir massivement aux côtés de son allié encombrant et sécurisant les Balkans par l'occupation de la Yougoslavie, de la Grèce, de l'île de Crète puis en envoyant le DAK en Libye. A sa tête, en trois mois, le GFM Rommel avait retourné la situation face aux troupes du Commonwealth, les repoussant jusqu'à la frontière égyptienne et encerclant la garnison de Tobrouk.

Pendant ce temps, en France occupée, le Français d'ordinaire si jovial est mortifié ... il souffre ...


Le décor est planté, le monde retient son souffle ...


