Carthage voulait bien conclure une paix et sceller le status quo. Leur laisser la moitié de la Sicile, à la bonne heure …
Le refus de toute négociation n’était pas forcément favorable aux chances de survie de la Legio VII Africana. Les Puniques passèrent à l’assaut sans plus de formalités.
La troupe était décimée par la marche à travers le désert, ainsi que par la bataille qui avait été menée pour conquérir la ville. Malgré tout, les diverses approches de Cydamus pouvaient être défendues.
Les nuages de poussière qui approchaient la ville firent peu à peu place à des contours humains, où l’on pouvait discerner les premiers guerriers en approche. Des colonnes qui donnaient une impression de discipline et de force fonçaient droit vers la façade Nord de Cydamus.
Des hoplites libyens, à peine armés, marchaient en tête. La racaille en premier, pour affaiblir nos rangs …
Derrière eux, de jeunes hommes issus de bonne famille et équipés finement, prêts à tuer tout déserteur et à cogner nos légionnaires par la suite.
Des hoplites carthaginois, la fleur des cités marchandes de Méditerranée, les suivaient. Lourds et patauds, mais diablement efficaces en combat urbain.
Des mercenaires ibériens restaient en réserve …
… et Sadith, le général punique, traversait à grand bruit les rangs de ses troupes pour les exhorter à combattre dignement.
Les Libyens ne formaient donc qu’une entrée de maigre qualité sur la façade Nord.
La façade Sud reçut directement le plat de résistance. De lourds cavaliers piétinaient les Principes et frappaient de leurs longues épées.
La cavalerie menait aussi le pas au Nord, une fois l’entrée consommée. Sadith lui-même se jetait dans la fournaise, et les réserves devaient déjà renforcer les lignes romaines, chancelantes.
Les défenses à l’Ouest pouvaient heureusement être vidées peu à peu, les Puniques n’attaquant pas ce flanc. Les nouveaux arrivants compensaient les pertes massives sur la façade Nord, dont les troupes enduraient le choc principal. Après un sauvage combat contre les hoplites carthaginois, deux détachements de Principes avaient la voie libre pour tourner les attaquants.
Il était temps, car la façade Sud étaient occupée à subir l’assaut de renforts ennemis.
Écrasés entre des rangs de légionnaires, les Puniques faisaient pourtant montre de bravoure et maintenaient une pression extrême au Nord.
Un effort ultime permit d’achever les guerriers au bouclier doré qui refusaient de se rendre. La situation était instantanément plus agréable.
Les Principes, saignés à blanc, résistaient pourtant avec une difficulté croissante aux assauts. Même contre des pouilleux sans armure, la fatigue, la chaleur, et l’infériorité numérique se faisaient douloureusement sentir.
Les Ibériens passaient aux choses sérieuses, et bon nombre de légionnaires à bout s’enfuirent devant ces sauvages épéistes. Le vent tournait …
Même les frondeurs des Baléares se battaient jusqu’au bout, alors même que la tête de Sadith avait roulé à terre.
Réduites à peau de chagrin, les troupes romaines essayaient malgré tout de mener un genre de contre-attaque.
Il restait une cinquantaine d’hommes valides, l’arrivée de troupes légères libyennes encore fraiches était toute sauf bienvenue.
Faire craquer les légionnaires ivres de fatigue ne relevait plus du grand art. Des forces surhumaines étaient nécessaires pour encore et toujours continuer à combattre.
Le sang coulait sans répit, les officiers étaient morts depuis longtemps, toute coordination manquait aux survivants des deux côtés. Une fois les effectifs réduits à une quinzaine d’hommes, la situation devenait plus claire. Les restes ultimes se regroupaient pour organiser une défense contre les Libyens.
Enjambant les cadavres de leurs camarades, les derniers légionnaires faisaient tout pour tenir face aux Libyens qui combattaient sans relâche. La petite troupe de vélites encore en vie abandonnait lâchement le combat, persuadée de l’issue fatale de cette bataille.
Six Principes, voilà tout ce qui séparait encore la victoire de la défaite … six braves incomparables, incapables de penser à la défaite.
Incroyable, mais vrai ! La perte successive de plusieurs des leurs acheva le moral ébranlé des Libyens mal équipés !
Six survivants … vainqueurs !
Quelques blessés et les vélites méritant la mort, mais indispensables, venaient grossir les rangs après le combat. Ce fut une des batailles les plus sanglantes de la république.
Les Carthaginois avaient payé le prix fort aussi. Ce que personne n’avait prévu, c’était qu’un clan libyen rôdait encore dans les parages, très bien informé des évènements. Les « ambassadeurs d’Atlas » avaient maintenant beau jeu. Qui pouvait encore les arrêter ? Six légionnaires et huit vélites ?
Rome était connue pour sa ténacité. La destruction de la Legio VII Africana entraînait non pas une retraite en Afrique, mais la reconstitution immédiate de cette glorieuse légion.
Devant Lilybée, une grande bataille navale eut lieu. Nos propres trirèmes, abondamment renforcées de légionnaires issus de la Legio V Fidelis qui avait quitté Carthage, purent venir à bout assez vite des navires puniques, bien plus mal dotés.
La Sicile était à nouveau libre ! Il était grand temps, une grande partie du commerce romain passe par ses ports. Le manque à gagner aurait été fatal pour la trésorerie.
La guerre entre Gaulois et Carthaginois en Ibérie gagnait en intensité. De bonnes nouvelles pour nous.
Pour prévenir à toute attaque celte dans les Alpes, la Legio X Augusta avait d’ailleurs été formée et envoyée en Gaule Cisalpine.
Les provinces germaniques étaient déjà plus ou moins digérée, la Sarmatie faisait encore un peu de grabuge. Les légions qui occupaient ces régions autrefois propices à la rébellion avaient été transférées peu à peu vers le Sud, en vue d’une attaque contre la confédération illyrienne …