La Confédération avait gagné son indépendance le 14 novembre 1862 (qui fut dès lors la deuxième fête nationale, après l'anniversaire de la Sécession de la Caroline du Sud). Il fallut au gouvernement Confédéré plusieurs semaines avant de pouvoir dresser un bilan de la situation de la Confédération.

La Confédération à son indépendance.
Les Etats Confédérés d'Amérique comprenaient alors 11 millions d'habitant (dont 3 millions d'esclaves), avaient une petite force industrielle et surtout, une dette abyssale.

Le ministère de la guerre, encore en charge de la gestion économique déclara alors "la confédération a gagné son indépendance, elle doit maintenant gagner sa viabilité". Immédiatement, Jefferson Davis pris des mesures énergiques: l'armée était démobilisée, une grande partie des effectifs (au grand dam d'une partie de l'opinion craignant une revanche Yankee) fut renvoyée. Dans le même temps, le gouvernement décida d'encourager l'industrie, tant pour trouver à la main d'oeuvre (redevenant abondante ) un travail que pour trouver les liquidités nécessaires au remboursement des dettes de guerre.
Qu'en était-il des risques de revanche? Dès l'indépendance, le gouvernement confédéré craignit que le traité signé à Richmond ne soit pour les Etats-unis qu'un moyen parmi d'autres pour reconstituer leurs forces et soumettre les Sudistes. Cette crainte fut rapidement dissipée:
Dans le courant de l'année 1863, encouragés par l'exemple Confédéré, les habitants du Grand Ouest se soulevèrent en masse.

L'armée des Etats Unis, non encore remise des pertes dues à la guerre de Sécession, aurait autre chose à faire que de prendre sa revanche sur la jeune Confédération. Après quelques mois d'anarchie, la République de Californie et celle de Colombie proclamèrent leurs indépendances respectives, malheureusement pour elles, la pression militaire de l'Union se fit de plus en plus intense et ces jeunes républiques n'avaient pas la force militaire de la Confédération. Finalement, l'Union réussit à s'imposer (aidée contre la Colombie par les Britanniques) et il ne resta que des lambeaux des Etats révoltés.

Pour de nombreux analystes, le Sud avait manqué une occasion importante de son histoire dans cette affaire. Soutenir les révoltés eut pu permettre le maintien de leur intégrité et par conséquent affaiblir les Etats-Unis. Au Congrès, de nombreuses voix s'élevaient en ce sens: "La Confédération, de part les conditions mêmes de sa naissance, ne peut rester indifférente à ce qui se passe dans le grand Ouest. Des hommes épris de liberté se dressent actuellement contre la tyrannie des républicains, il est de notre devoir de leur apporter notre aide" déclara un sénateur du Texas. Faisant moins dans la mesure, Stonewall Jackson commenta en privé: "Allons aider l'Ouest à Washington". Jefferson Davis avait la tête plus froide. La Confédération était en train de reconstituer une économie viable, et si sur le papier son armée était supérieure à celle du Nord, dans les faits, la plupart des divisions n'étaient qu'à 10% de leur effectif théorique. Plus grave, entrer en guerre pour soutenir l'Ouest, même en prenant en compte l'espoir -bien maigre- d'une adhésion à la Confédération de la Californie et de la Colombie, c'était prendre un pari des plus risqué: mettre en jeu l'existence de la Confédération pour des intérêts non vitaux. Bien malgré lui, le Sud était pour le moment condamné à l'Isolasionisme. Et c'est ce qu'il y avait de mieux à faire. D'autant plus que la politique économique commençait à porter ses fruits.
Dès la fin de l'année 1863, de nouveaux centres industriels ouvrirent. Les deux Carolines virent la naissance d'une industrie textile (tissu au nord, vêtements au sud), tout comme le Mississippi. En Arkansans, des scieries ouvrirent tandis que le Missouri vit une industrie sidérurgique s'adjoindre à son industrie minière.
Fabrique textile au bord du Mississippi.

Scierie en Arkansas.
La politique économique d'industrialisation commençeait donc à porter ses fruits. En 1864, une nouvelle usine de vêtements ouvrit en Géorgie.
La dette se résorbait, le dollar confédéré devenait une monnaie crédible tandis que le gouvernement pouvait maintenant envisager la construction de voies de chemin de fer.

50 dollars Confédérés
La dette fut définitevement remboursée courant 1868.

Depuis quelques mois déjà, la Confédération avait d'autres soucis et commençait à regarder vers l'extérieur. En 1867, le gouvernement confédéré avait renoncé à acquérir auprès de l'Empire Russe l'Alaska, que ce dernier mettait en vente. Dépités, les Sudistes virent l'Union emporter le morceau. Mais Davis savait que la Confédération ne pouvait mettre en danger sa cure financière, de même ce dernier ne voulait pas laisser en leg à la confédération toujours plus de dettes. En effet, Jefferson Davis approchait de la fin de son mandat. En 1868, conformément à la constitution de la Confédération, des élections présidentielles furent organisées et le Vice Président de Davis, Alexander Stephen fut élu président pour un mandant de 6 ans, non renouvelable.

Alexander Stephens, deuxième président de la Confédération.
Ce dernier allait immédiatement avoir de nombreux dossiers à gérer.
Depuis quelques mois déjà, Cuba était en rébellion ouverte contre sa métropole Espagnole. Pour de nombreux Confédérés, c'était l'occasion de s'en saisir. Il s'agissait de concrétiser un vieux rêve sudiste datant d'avant l'Indépendance: s'installer dans les Antilles. Malgré les réticences de Stephens, une proposition d'achat fut envoyée en Espagne qui la rejetta de façon véhémente. La Congrès Confédéré n'oublierait pas l'insulte, nombreux furent à présent ceux qui gardaient les yeux fixés sur Cuba, à l'affut du moindre Casus belli...
Autrement plus important fur l'affaire de l'abolition de l'esclavage. La Confédération était maintenant indépendante depuis huit ans. L'industrie était en plein essor. L'abolitionnisme gagnait de plus en plus une bonne partie de l'opinion, mais aussi des élites. Un représentant du Kentucky déclara au Congrès: "La Confédération ne s'est pas battu pour l'institution particulière, mais pour la liberté de vivre selon sa propre volonté. La survie de la Confédération n'est pas liée à l'institution particulière. Aujourd'hui il est temps que la Liberté que nous avons gagnée soit aussi celle des personnes astreintes au travail. L'avenir n'est plus dans la plantation mais dans l'industrie si nous ne voulons pas être détruits. Il est temps pour la Confédération de rembourser la dette qu'elle a envers le Seigneur en libérant ces hommes, ces frères!" Ce à quoi les députés esclavagistes (Louisianne, Mississippi entre autres) opposaient "le mode de vie du Sud, la civilisation, la sang versé pour l'institution particulière".
L'esclavage avait en effet été le déclancheur du conflit. Mais e fait, l'immense majorité des soldats ne possédait pas d'esclaves. Rapidement, l'opinion fut conquise par les arguments abolitionnistes. Les Elites, elles, comprenaient tout l'intérêt économique qu'il y avait dans une telle mesure: les travailleurs ainsi libérés pourraient aller travailler dans les usines ou à tout le moins seraient incités par le salariat à produire. Même l'aristocratie des plantations, dont une grande partie disposait maintenant de parts dans l'industrie, se laissait gagner à de tels arguments, bien qu'ils s'en défendassent vigoureusement en public. Certains appellaient même à la Sécession.
C'est durant ces débats tendus que la nouvelle éclata:


R.I.P
Monument en l'honneur du Général Lee

La nouvelle de la mort de "l'épée de la Confédération" fut un choc pour l'opinion. Partout, les bannières furent mises en berne. L'esprit n'était plus qu'à l'unité nationale et à la commémoration. Les opposants à l'abolition avaient perdu la bataille, ils le savaient. Stephens utilisa habilement la mémoire de Lee, abolitionniste, et le 10 juin 1870 proclama l'émancipation immédiate de tous les esclaves sur le territoire de la Confédération.


Une page de l'histoire des Etats du Sud venait de se tourner.