AAR The Movies : une histoire sans fin

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mad
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AAR The Movies : une histoire sans fin

Message par mad »

Article paru dans la presse du Los Angeles tribune, le 12 novembre 1919

« Et au moment ou le cinéma semble connaître un véritable âge d’or, c’est un industriel new-yorkais qui rentre dans la danse en investissant sur la côte ouest. Apres un enrichissement fulgurant dans la construction de barbelés et d’obus vendus aux Français et aux Allemands jusqu’en 1916, l’américano-prussien Filberg von Aasen s’est démarqué en demandant avec insistance que l’Amérique intervienne dans le conflit européen au côté des forces de la Triple Alliance.
Malheureusement les Etats-Unis étant entrés en guerre du côté de l’Entente, l’empire industriel a semblé quelque peu se déliter durant les années 1917 et 1918, jusqu’à ce que le secteur chimie de l’entreprise Von Aasen s’empare de nombre de brevets (encore non déposés) de gaz dits de combats.
Nos lecteurs se rappelleront sans doute les polémiques qui avaient suivi ce choix commercial, et entaché la popularité de ce charismatique capitaine d’industrie. On ne sera donc pas étonné d’apprendre que c’est l’un des rejetons de Filberg, Von Aasen Jr, qui s’est vu confié un coquet budget afin d’investir dans l’art cinématographique en nos riantes contrées.

Une opération de communication rondement menée, diront certains, mais voilà un nouveau studio qui va s’installer afin de concurrencer United Artist ou les Productions de la Metro ou de la Goldwyn Corporation.

Ne doutons pas qu’avec les innovations du directeur des studios, le tout jeune Samuel Marloufberg, et la rigueur comptable typiquement prussienne des Von Aasen, la Pouf Prod Burg TM trouvera rapidement sa place au sein de l’eldorado hollywoodien ! »

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De droite à gauche : Von Aasen Sr, une dactylo, le comptable S. Mefy, le banquier I. Rprend, Von Aasen Jr.
A table, le jeune Marloufberg
Los Angeles, Hotel Trianon, le 11 novembre 1919
von Aasen
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Re: AAR The Movies : une histoire sans fin

Message par von Aasen »

Wouééééééééé, et en plus c'est moi qu'ai le costume le plus chic :jumpy: :jumpy: :jumpy: :jumpy:

Euh, je veux dire: "Il est 8h précises, très estimé monsieur Marloufberg. Laissez-nous commencer l'écriture des deux pages quotidiennes de théâtre que vous m'aviez grâcieusement concédées." :o:
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Re: AAR The Movies : une histoire sans fin

Message par GA_Thrawn »

Ouééé un nouvel aar de Mad! :clap: :clap:

Attention la pression est ééénaurme. :chicos:
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Locke
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Re: AAR The Movies : une histoire sans fin

Message par Locke »

Ah, The Movies, le surstressage des acteurs m'aura fait pété un câble bien plus d'une fois :lolmdr: :ko:
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mad
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Re: AAR The Movies : une histoire sans fin

Message par mad »

Le 8 février 1920

Chére petite mére,

Cette lettre pour t’informer que mon regretté pére et ton regrettable mari, Isaac David Salomon Marloufberg, pourrait être fier du succés rencontré par son fils. Me voilà à la tête d’un studio, et les Von Aasen m’ont même laché un chéque de 150.000 $ avec une liberté presque total.
J’aurais tant voulu que papa voit cela de ses yeux ! J’espére qu’il sortira de sa chambre capitonnée à l’Institut Psychiatrique du New Hampshire, même si je doute que quiconque puisse retrouver un semblant de santé mentale après avoir enduré 25 années de mariage avec toi.
Enfin tout cela nous nous le sommes déjà dis mille fois lors de nos disputes épistolaires, je préfére donc passer aussitôt à l’essentiel.

Ainsi, tu n’as pas idée de la vitesse à laquelle on peut claquer 150.000 $. Cette somme de toute une vie, je me suis empressé d’en claquer une partie en quelques jours, avec une fébrilité presque maniaque. Nos studios sont installés pas loin des locaux de la United Artists, adresse prestigieuse s’il en est. Quoi que cela ne te dira certainement pas grand-chose, toi qui continues à penser qu’un grand homme comme Charles Chaplin n’est qu’un besogneux qui n’aurait même pas mérité de nettoyer notre linge de maison.

Enfin donc, les ouvriers ont construit vite et bien ! (enfin bien je ne sais pas, puisqu’ici nous attendons tous ce tremblement de terre qui rasera la ville) Ci-joint une photo que j’ai moi-même coloriée, afin que tu vois les locaux des équipes techniques, les bureaux de production et le siége des syndicats (car oui, et je sais que tu crierais aussitôt à l’attentat à la pudeur, mais chaque embauche d’un technicien du spectacle est ici suivie de la création immédiate de son propre syndicat. J’ai encore du mal à comprendre pourquoi avec 15 employés, je me retrouve déjà avec les doléances de 23 syndicats d’obédiences diverses, mais j’essayerai d’éclaircir ce point lors de ma prochaine lettre.


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28.000$ de construction plus tard, le studio était presque prêt à fonctionner. Connaissant ton esprit pratique, chére môman, je ne doute pas que tu auras déjà levé les yeux au ciel en te demandant quels énerguménes j’avais compté engager pour ce que tu appeles, avec cet humour ravageur qui t’a fait perdre bien des amies, « le monde merveilleux des prostiputes et des monstres de foires »

Et bien, chére mére, nul nain savant et autre montreur d’ours à l’horizon ! Sur recommandation de Von Aasen Jr (qui vient passer au moins une heure par semaine au studio avant de courir la gueuse en ville) j’ai donné toute ma confiance à un jeune prodige au physique stupéfiant, d’origine serbe ou balte (ou arménienne, je ne sais plus, tant l’élocution de ce jeune premier est malheureusement parfois embrouillée par l’alcool) qui fera parler de lui, je l’espére. Il s’appele Kara Iskandarian, mais il a preferé americaniser son nom en Iskandar afin de mieux s’intégrer.

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Te connaissant comme si j’avais passé 9 mois dans ton utérus, je ne doute pas que tu auras encore levé les yeux au ciel, commencé à chiffoner cette lettre et fait remarquer qu’Iskandar, ça ne sonne pas très américain.
Je déplore ton attitude, mére, car tu ne connais pas le passé douloureux de ce jeune Kara.

Devant un verre il m’a confié avoir fuit son pays suite à la mort de son pére afin de continuer à porter son nom avec courage. Je n’ai pas osé lui dire que changer de nom n’était pas le meilleur moyen d’honorer son pére, tant sa douleur était poignante. Le lendemain, devant une autre bouteille, il m’a annoncé avoir quitté son pays après avoir tenté de coucher avec une jeune femme tout juste mariée (mais apparement pas avec lui) Bref le passé de ce Kara est un grand mystére et dés que mon enquête aura porté ses fruits, je te donnerais plus de détails. Enfin j’y vais doucement, de peur que tout le budget qui me reste ne soit liquidé en bouteilles de Gin par cette force de la nature.

Je passe des castings afin de trouver maintenant un réalisateur, et je pense avoir trouvé une vraie perle. Il s’appelle Georges A. Thrawn, et je te parlerais plus longuement de lui dans la lettre que je t’enverrais tantôt. Il m’a envoyé un script complétement dément sur des histoires de destroyers stellaires, de force obscure, de sabre lasers (???) et tout plein d’autres choses que j’ai du mal à saisir. Je le vois demain pour lui expliquer quelles sont les limites du cinéma muet en noir et blanc.

T’embrassant fort,
Ton fils adoré car unique,
Samuel Marloufberg

Ps : je préfère que nous continuions à nous donner des nouvelles par courrier et non par téléphone, comme tu me le proposais encore récemment.
Certes, je doute que cette invention ait un réel avenir, et je me trompe rarement. Surtout, cette impression que tu me parles à moins d’1 mètre est assez terrifiante pour que je raccroche aussitôt, par reflexe de survie.
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Kara Iskandar
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Re: AAR The Movies : une histoire sans fin

Message par Kara Iskandar »

Excellent ! :ok:
J'ai hâte de voir à quoi va ressembler le premier long métrage de Isaac David Salomon Marloufberg. :chicos:
"Je suis fasciné par l'air. Si on enlevait l'air du ciel, tous les oiseaux tomberaient par terre...Et les avions aussi...En même temps l'air tu peux pas le toucher...ça existe et ça existe pas...Ca nourrit l'homme sans qu'il ait faim...It's magic...L'air c'est un peu comme mon cerveau... "
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Re: AAR The Movies : une histoire sans fin

Message par sval06 »

Avec l'acteur qu'il a, faut pas s'attendre à des miracles :siffle: :mrgreen:
Les gardiens de la paix, au lieu de nous la garder, ils feraient mieux de nous la foutre.

Coluche
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Re: AAR The Movies : une histoire sans fin

Message par GA_Thrawn »

Cool pour une fois j'ai pas un rôle de femme...

J'espère qu'on me laissera jouer, j'ai un très beau physique comme tu peux le voir:


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Re: AAR The Movies : une histoire sans fin

Message par von Aasen »

Très bon! :clap:

Les accents aigus systématiques, c'est parce que tu es aussi d'origine allemande? :lolmdr:

Sinon je ne fréquente point de dames de basse extraction voyons, nous autres aristocrates suivons un code moral très rig... hé! Vous avez vu les fesses de la nouvelle dactylo? :shock:
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mad
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Re: AAR The Movies : une histoire sans fin

Message par mad »

von Aasen a écrit :Très bon! :clap:

Les accents aigus systématiques, c'est parce que tu es aussi d'origine allemande? :lolmdr:

Sinon je ne fréquente point de dames de basse extraction voyons, nous autres aristocrates suivons un code moral très rig... hé! Vous avez vu les fesses de la nouvelle dactylo? :shock:
Pour les acccents, c'est parce que je tappe plus de la main gauche sur le clavier qu'avec l'autre main (et l'accent grave est plutôt sur la droite :lolmdr: )
Trés belle moustache de GA, même si j'ai peur qu'elle ne passe pas le barrage de sécurité à l'entrée des studios :mrgreen:
Enfin pour Kara, il se révéle "etonnant" sur le long terme (mais pas dans le sens auquel je pensais d'abord)
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Re: AAR The Movies : une histoire sans fin

Message par GA_Thrawn »

J'ai d'ailleurs une belle idée de scénar.
Ca s'appelle "Welcome to Moustachistan", ca raconte l'histoire d'un sosie de julien lepers mais moustachu, légitimiste et misanthrope qui part dans un road movie avec un notaire en chemise à fleur pour tenter de retrouver louis XX, enlevé par des canailles républicaines.... :jumpy:
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Re: AAR The Movies : une histoire sans fin

Message par Kara Iskandar »

Etonnant ? On va voir ça, je m'attends à tout ! :chicos:
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Re: AAR The Movies : une histoire sans fin

Message par Urial »

Dès que tu as un acteur de sf pour jouer le capitaine d'un vaisseau stellaire pense a moi ! :D

ou réalisateur de sf c'est bien aussi :oops:
Patron du BIG, la chaine youtube qui vous veux du mal !
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Re: AAR The Movies : une histoire sans fin

Message par mad »

Le 24 décembre 1920

Très chère maman,

Comme le temps passe vite ! Voilà déjà 11 mois qui se sont écoulé depuis ma dernière lettre, et mon devoir de fils m’impose de te donner de mes nouvelles. Avant de commencer par les dernières infos, je tenais à t’annoncer que juste après ce devoir d’écriture, je vais passer Noel avec des amis goys. Cela devrait, je l’espère, assez t’enrager pour que je n’ai pas à t’écrire avant encore quelques mois.

Concernant la gestion des studios, je dois avouer que cinéma et sinécure ne vont pas de pair. Je t’avais informé déjà que nous tenions une vedette (qui a confirmé avoir d’autres talents, je t’en parlerais plus loin), j’ai du ensuite m’atteler à la découverte d’un réalisateur prometteur.
Je t’avais parlé, je crois, de ma rencontre à venir avec Georges A. Thrawn, un metteur en scéne prolixe qui m’avait envoyé un script de 2500 pages parlant de guerre dans les étoiles, d’empereur maléfique, de Ying et de Yang et que sais-je encore. L’homme m’étant éminemment sympathique, j’ai réussi à le faire renoncer à ce scénario qui ne marchera jamais.
Comme je l’avais invité à un barbecue, il a brûlé devant moi l’intégralité de son script original et nous n’en avons plus reparlé. Néanmoins, je l’ai senti aussitôt bien plus maitre de lui, et capable de s’adonner enfin à quelque chose qui pourrait rapporter de l’argent.


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Nous avons eu quelques divergences de fond sur le scénario à retenir pour la premiére œuvre des studios Pouf Prod Burg – TM.
Notre bailleur de fonds prussien, Von Aasen Jr, tenait à tout prix à une œuvre grandiloquente sur le patriotisme américain avec une histoire relatant le passé grandiose de l’Amérique. C’était un peu trop osé pour un premier film, et GA Thrawn ne s’en sentait pas le courage. Lors d’une beuverie dans un cocktail mondain, notre patron teuton a soufflé l’idée à un autre réalisateur, D.W. Griffith, qui en a tiré aussitôt une superproduction nommée « Intolérance » et qui a déjà rapporté plusieurs millions de dollars. C’est cocasse quand on voit ce qui est arrivé parallèlement au film que nous avons finalement choisis, et explique peut être la méfiance qui règne depuis entre les producteurs et moi.

Nos scénaristes étant pour la plupart des recrues tout juste sorties d’établissement pénitentiaires, nous sommes partis sur un scénario intitulé « le petit Groom » et pour lequel nous étions au moins tous d’accord pour dire qu’il était particulièrement indigent. Tu aimerais beaucoup, mère, d’autant plus qu’involontairement le film est raciste (mais tu serais bien la seule à y voir là une qualité)
Nous avons alors commencé à mettre en place une équipe technique parce que les mauvaises langues m’annonçaient que le personnel était payé à rien faire (ce qui s‘est vu quand j’ai enqueté discrétement auprés de G.A. Thrawn)


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J’ai d’ailleurs reçu encore une recrue des Von Aasen, un jeune allemand en voyage d’étude nommé Fritz Lang, et qui tenait à tout prix à tenir une caméra. Il n’avait visiblement pas le talent pour ça, et je l’ai renvoyé chez lui en lui faisant promettre d’essayer de trouver un travail honnéte, comme banquier ou notaire, par exemple.

Comme je pensais aussi au prochain film qui suivrait, j’ai engagé une actrice ayant déjà un certain vécu. A 18 ans c’est bien simple, la petite Boudi-Bouda en paraissait déjà 30. Elle est férue de cinéma, me parle sans arrêt des œuvres soviétique (oui, je sais, cela ne se fait pas entre gens civilisés) et essaye de se faire passer pour une espionne au profit d’une quelconque grande puissance. C’est en fait une danseuse de cabaret moyennement talentueuse, mais Von Aasen m’a dit grand bien de son jeté de Rhin (?)
Par la suite, comme elle était inoccupée, la camarade Boudi-bouda a apparemment tenté de pervertir l’esprit de tous les artistes et techniciens du studio, heureusement sans résultats (même si elle s’est beaucoup acharné sur mon acteur en le suivant toutes les 5 mn…)


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Il faudrait que je veille au grain, car si les histoires d’amour entre de grands artistes peuvent rapporter beaucoup d’argents, j’ai peur qu’entre des acteurs de seconde zone, cela ne m’améne plutôt un sacré lot d’emmerdes (tu m’excuseras ces paroles, chére môman, c’est ainsi qu’on parle sur la côte ouest)
Enfin ceci étant, le tournage a commencé. Il n’y avait que 3 scènes, un seul acteur, un seul décor, on en avait pour une petite semaine de tournage, d’après nos estimations. C’était sans compter sur le nouveau talent de Kara Iskandar, la cabotinage. C’est bien simple, au bout d’une seule journée, le seul moyen de le faire venir sur scéne, c’était d’applaudir tous à son arrivée…


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Il faudra donc que je remette un peu d’ordre dans tout cela, certes… Puis le pére de Kara Iskandar, que je croyais mort, a déboulé un matin sur le plateau, poursuivant son fils en réclamant l’argent que ce dernier aurait dérobé en quittant la maison.
J’ai d’ailleurs appris que les Iskandar n’étaient pas slovènes ou de toute autre nationalité à la guturalité exotique et chaleureuse, mais originaires de l’Oklahoma. J’ai été quelque peu douché, je ne te le cache pas, chère mère, et me suis demandé si ce travail était bien fait pour moi. Je rêvais aux palmiers, à l’argent facile et aux cocktails à la nuit tombée avec des actrices célèbres, or j’ai finalement l’impression de gérer une batterie de volailles.

Le temps que le tournage, interrompu pour ces raisons familiales, reprenne, j’ai décidé d’agrandir un peu les studios, sachant pertinemment que si le public accepterait un film tourné sur un fond de linge sale, il n’en accepterait pas deux de suite.
Von Aasen Jr a allongé quelques milliers de $ supplémentaires, nous avons rajouté un décor de western vrai à s’y méprendre pour un citoyen de New-York ou de Washington, et avons fêté les premiers 50.000 $ dépensés.
J’ai cru comprendre que Von Aasen Sr attendait dés lors un minimum de résultats pour redorer son blason. On parle d’une commission d’enquête au Sénat pour étudier l’aide apportée à l’Allemagne de 1914 à 1916, et un petit bol d’air avec un succès public lui ferait du bien. Enfin tout cela je l’ai appris plutôt par les journaux, puisque le fils passait encore son temps à des activités chronophages et exigeantes comme le farniente sur la plage et le travail acharné aux tables de craps.

Nous avons enfin terminé le film non sans quelques soucis (Georges A. Thrawn tenait à tout pris à mettre en place ce qu’il appele un traveling avant, à savoir à faire avancer la caméra durant la prise, ce qui n’est pas des plus faciles avec du materiel pesant plusde 130 kgs, tu dois t’en douter) et avons soumis le film au premier ban-test (un public trié sur le volet donnant son avis sur le films peu avant sa sortie)

Comment dire … même si je ne m’attendais à rien, je trouvais quand même l’occasion d’être déçu. Aprés 6 mois de tournage, la critique la plus positive concernait la bonne entente entre les différents comédiens (ce qui en soit était encore à esperer, puisqu’il n’y en avait qu’un)


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Nous voilà donc, chère maman, à la veille de Noel et de la sortie du film et je ne te cache pas que, en mon fort intérieur, j’ai peur de devoir, d’ici quelques mois, supporter de nouveau ta présence à New-York suite à l’échec cuisant qui s’annonce. Nous avons dilapidé un tiers de la somme initiale, embauché un acteur mythomane originaire de l’Oklahoma avec un physique taillé pour les films d’horreur, l’avons plongé dans une comédie vaseuse de 10.000$ dont je n’ai pas encore compris quel était le ressort humoristique, et attendons le carnage à venir quand le film sera distribué dans les salles…
Enfin je te laisse là avec mon désespoir et vais donc aller noyer mon chagrin en fêtant les 1920 ans du petit opportuniste dont tu detestes tant que je te répète le nom.

Te souhaitant un Noel aussi triste que le furent les précédents,
Ton fils unique,
Samuel Marloufberg



Bilan fin 1920 :
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Re: AAR The Movies : une histoire sans fin

Message par GA_Thrawn »

Vraiment très bon. :lolmdr:

Faut avouer que si on me donne des acteurs minables je peux pas faire grand chose... :o:
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