Oui, enfin, c'est bien beau de tirer sur les USA et toussa toussa, mais Monsieur Rousset évite, dans son à propos, quelques vérités qui gênent sa démonstration:
- Bien évidemment, les USA n'ont pas déclaré la guerre à l'Allemagne et à l'Italie uniquement pour restaurer la démocratie en France et aider leur pote Churchill qui d'ailleurs les prenait pour des quasi sous-développé, mais dans leur intérêt propre. D'ailleurs, si on avait eu une dictature militaire en 45 au lieux de la IVème, ça n'aurait rien changé, à condition que ce ne soit pas un régime communiste. Le fait qu'ils soient devenus une des deux superpuissance après-guerre n'est pas totalement fortuit et indépendant de leur volonté, mais témoigne au contraire d'un opportunisme de bon aloi. D'ailleurs, en 45, s'ils avaient pu nous prendre la Nouvelle Calédonie pour en faire une grosse base, ils l'auraient certainement fait.
Ceci posé:
En Europe, oui, les USA ont payé en homme le prix faible et ont tenté d'avoir le meilleur ratio efficacité/perte, ce qui est plutôt à leur honneur. Ils ont préféré massacrer des civils allemands pour casser le moral de leurs ennemis (sans succès), plutôt que de risquer la vie de soldats US plus nombreux. Bon, et alors? le faible taux de pertes US en Europe par rapport à l'URSS ne signifie nullement que l'URSS aurait pu se débrouiller tout seul. Bien au contraire, si les USA n'étaient pas entrés en guerre en 41, je pense que Staline aurait pu signer une paix de compromis en 42 et Hitler aussi, fion de la guerre à lest, et Churchill tout seul comme un couillon sur son île avec Rommel aux portes du Caire (El Alamein, ce n'est vraiment pas loin du Caire). Même la bataille de Kursk peut s'expliquer stratégiquement comme une tentative d'Hitler de prendre un avantage diplomatique pour une négociation éventuelle (dont Staline ne voulait plus à ce moment là, mais sur laquelle, en bon communiste pragmatique, il n'aurait peut-être pas craché un an plus tôt). De ce point de vue, ce sont les alliés qui, les premiers, ont posés publiquement comme but de guerre la reddition sans condition de l'ennemi, et non pas les soviétiques.
L'URSS a eu des pertes importantes et fait des sacrifices. Certes, exact, mais ils ne sont pas réputé être économe de leurs troupes. L'exemple de Berlin est effectivement significatif, mais je crois d'abord que le chiffre est plutôt de 100 000 tués et non 300 000, et par ailleurs, les planificateurs alliés avaient tout de même projetés, dans l'hypothèse où ils auraient dû faire le boulot, 100 000 morts, blessés et disparus. Au demeurant, si les alliés avaient pu arriver les premiers à Berlin, ils l'auraient fait je pense.
L'URSS n'aurait jamais tenu le coup sans le matos et les fournitures des anglo-saxon, et ça c'est une réalité incontournable, même si ils ont produit beaucoup de T34, ils ont utilisé aussi du matos anglais et US, et des fournitures US et anglaises.
Bon, et tout ça pour affirmer qu'on ne doit pas remercier les US et que ce sont des sales impérialistes égoïstes? D'une certaine manière, il n'a pas tort, mais même si on ne leur devait que d'avoir évité de vivre en France pendant 40 ans comme ont vécus les est-allemands, les tchèques, les hongrois ou les roumains, finalement, ce ne serait pas si mal. Il se trouve qu'on leur doit aussi, peut-être par contre-coup et pas seulement à eux, de ne pas avoir un successeur du Maréchal Pétain dans un Etat Français croupion dont la capitale serait une ville d'eau du Massif Central au jour d'aujourd'hui. Moi, je trouve que cela fait pas mal de chose finalement.
Dans un registre autrement plus rigoureux, mais pas complaisant vis à vis de la diplomatie US, je vous conseille plutôt cet excellent opuscule de Couteau-Bégarie, qui trace les lignes de forces et de permanence de la diplomatie US depuis un gros siècle (voire même avant):
http://www.bir-hacheim.com/lamerique-so ... 2010,01,26