Zagreb était le centre de la défense autrichienne et regroupait de nombreuses unités d'infanterie légère. L'armée qui s'y regroupait pouvait devenir dangereuse une fois qu'elle percevrait des régiments de ligne, capables de tenir tête à l'infanterie prussienne le temps qu'elle se fasse tourner par les diaboliques pandours. La progression rapide de zu Dohna-Schlobitten fut d'autant plus heureuse, car à son arrivée il ne fut confronté qu'a des éléments légers, que son excellente cavalerie balaya sans plus de façons.
La garde civile était plus sûre, car elle s'était réfugié dans une bourgade et formait une mêlée confuse. Sans trop s'attarder aux subtilités de l'art de la guerre, le général prussien ordonna la charge à la bayonette. Ses vétérans ne firent qu'une bouchée de la populace.
Zagreb fut ainsi occupée, et les conseillers de la reine ne tardèrent pas à s'occuper des différents chefs de guerre de la région. Le centre administratif de la région était loin de valoir beaucoup dans cette contrée au terrain accidenté et aux moeurs cruelles. De nombreux chefs locaux pouvaient continuer une guerre d'usure impitoyable s'ils l'estimaient nécessaire, à l'abri des montagnes et avantagés par leur connaissance des lieux. Des émissaires firent donc le nécessaire pour gagner les faveurs des familles influentes. Le prix à payer était fort, hélas il s'agissait là d'une nécessité impérative si l'on voulait de placer durablement de puissantes garnisons en Croatie.
Réduits à quelques arpents de terre transsylvains, les Habsbourgs n'eurent d'autre choix que de demander la paix, s'abaissant à confirmer les gains territoriaux du Royaume de Prusse et à verser des compensations sous forme d'argent et d'or.
Les efforts du Royaume pouvaient désormais être tournés vers la seule République des Deux Nations. Une nouvelle fois, Varsovie était assiégée, cette fois-ci par le corps envoyé par le baron Lempicki vers Budapest, rappellé après la défaite éclatante devant les murs de la ville. Zu Dohna-Schlobitten pressait le pas et tentait de rallier l'ancienne capitale polonaise à marches forcées. Il y a peu, il était encore en train de chasser des escadrons épars de l'armée autrichienne qui semaient la terreur en Hongrie.
Alors que l'armée de secours était encore à plusieurs centaines de lieues, le baron lanca un second assaut sur les forces décimées d'Achenwall. Quelques maigres régiments étaient venus de Königsberg, notamment les célèbres piquiers de Prusse Orientale. En face, des hordes de pandours, des piquiers et de la milice des marais du Pripiet.
La défense était organisée en arc de cercle autour de Zielonka, un passage obligé pour les troupes de Lempicki. La garde civile étant le maillon faible du dispositif, elle disposait de l'abri des murs de la mairie et du domaine d'un riche noble. L'infanterie restante était protégée par des fortifications de terre, la cavalerie déployée sur le flanc gauche. Un unique canon à la gueule bourrée de mitraille soutenait l'ensemble.
Une première charge de cavalerie sur le flanc droit squelettique fut repoussée, non sans mal ...
Un escadron de gendarmes lituaniens subit le même sort, taillé en pièces par les cuirassiers, toujours empressés de prouver leur bravoure.
La situation se compliqua pour les Prussiens lorsqu'il s'avéra que leurs positions soigneusement préparées avaient été tournées ...
Les piquiers polonais se ruèrent sur les gardes civils qui étaient sur un terrain dégagé et en empalèrent plus d'un sans rencontrer de grande résistance, tandis que l'artillerie placée à quelques pas se tenait silencieuse, de peur de sceller le sort d'autant de camarades que d'ennemis par un tir au milieu de cette foule.
Le résultat: un flanc droit démoli et un centre sous les tirs d'une grande masse de pandours. Ceux-ci n'aiment pas se battre au corps á corps, Achenwall fait charger à la bayonette ...
Les pandours ne se dérobent pourtant pas, pire, ils se battent comme des possédés! La ligne prussienne est inférieure en nombre et risque gros si elle n'arrive pas à briser le moral des gueux en lambeaux qui lui font face. Et de fait ...
... c'est la débâcle! Seuls restent quelques gardes civils dans la mairie et le domaine seigneurial, et les renforts de Königsberg intervenant enfin sur le champ de bataille. Une bonne partie de ces renforts, à savoir la milice de Königsberg, préfère faire demi-tour en voyant le rapport de force ...
... et se reprendre une lieue plus loin, où elle tire quelques volées contre ses poursuivants, qui ne demandent pas leur reste et s'enfuient hâtivement. Plus décidée est l'action des piquiers prussiens, chargeant les pandours de face, la bannière au vent!
Quatre bataillons de Galicie sont réduits en miettes de cette manière, tandis que la milice repousse un régiment de ligne entier! Achenwall est tombé durant les combats de retraite, et pourtant il semble rester une bonne chance à la Prusse de sortir vainqueur de cet affrontement. Hélas, la garde civile manque de munitions, elle se précipite au corps à corps mais les sabres turcs des pandours leur réservent une mauvaise surprise!
Les piquiers épuisés s'enfuient alors aussi, bientôt rejoints par miliciens et gardes civils. La défaite était devenue inéluctable, Varsovie était reconquise par les Polonais!
L'armée de secours était bien loin, et l'Europe entiére s'amusait de la défaite prussienne, jubilant en voyant les Polono-Lituaniens revigorés. Un malheur n'arrivant jamais seul, des nobles bellicistes obligèrent l'ex-empereur autrichien à tenter une nouvelle expédition militaire pour reprendre ne serait-ce que la Hongrie. Frédérique-Louise ne voulait pas voir ses nouvelles terres ravagées et ordonna à zu Dohna-Schlobitten d'occuper le dernier bastion Habsbourg, la Transsylvanie. Von Anhalt-Dessau devra secourir Varsovie, son action coûtera cher à la couronne car jusque là, son armée tenait à l'oeil d'éventuels rebelles autrichiens. Son départ n'était possible qu'après la levée de nouveaux régiments de dragons et la baisse des impôts.