Gelder espérait une fin des combats définitive en Brittanie. Les riches villes que ses loyaux enfants avaient conquis remplissaient les caisses du trésor de guerre, assez vides après tant de campagnes et le recrutement de tant de guerriers. Ses notions de géographie étaient certes meilleures que celles d'Etelgis la brute, mais pas vraiment au fait pour autant. Sa connaissance des réalités politiques en vigueur dans ce fier pays laissait également à désirer.
D'une part, certains Britons décidèrent de rejoindre l'armée du rebelle romain Orgétorix Castus, qui rêvait de fonder sa propre dynastie en ces terres.
D'autre part, les Celtes habitaient le Nord de l'île et la légendaire île d'Eire avoisinante. Connus par-delà le monde, ces guerriers avaient de quoi imposer le respect. On raconte qu'ils perpétuent l'antique tradition des hommes berserkers, et qu'à l'occasion de batailles contre les Romains ils ont employé des chariots de guerre aux effets dévastateurs. Leurs chefs sont rusés et leurs hommes nombreux. Ce ne sont pas des gens à qui il faut chercher querelle.
Une fois ces informations rapportées par ceux qui désiraient se faire bien voir chez Etelgis, les tractations purent commencer. Les Britto-Romains rejetaient l'idée d'un arrangement avec les puissants Saxons, leur chef était décidé à nous chasser de ce qu'il considérait comme ses terres légitimes. Etelgis leur jura animosité éternelle.
Les Celtes étaient plus coopératifs. Ils avaient entendu parler des faits d'armes de notre chef de guerre et s'accordèrent à commercer avec nous. La paix fût fêtée tel qu'il est d'usage chez les gens du Nord.
Cette bonne nouvelle ne put atteindre Gelder, qui rejoignit ses ancêtres ...
Fréovin de Rebornode pris sa succession, comme Gelder l'avait stipulé aux membres de sa famille. L'autorité de Gelder était telle que même mort, personne ne mis en question sa décision. Tous jurèrent loyauté à Fréovin.
Rando et Vithicab des Lombards avaient espéré que sa mort pourrait leur sauver la vie en déclenchant des émeutes ou des vélléités d'indépendance chez les chefs de guerre saxons les plus célèbres. Mais il n'en fut pas ainsi. Quand ses réserves de nourriture furent épuisées, Rando décida de livrer bataille à Gundahar l'étrangleur de sangliers. Il ne pouvait que perdre ce combat.
Les Saxons étaient bien trop nombreux et trop braves. Beaucoup de têtes ornèrent les tentes de nos guerriers à la fin de ce jour sanglant.
Les habitants furent, à quelques rares exceptions près, sauvagement massacrés. Le pillage fut très lucratif, ces Lombards étaient des gens raffinés, bijoux, armes, peaux: tout était du plus grand agrément pour les yeux!
Des mauvaises nouvelles arrivaient en contrepartie de Brittanie. Les Celtes, ces traîtres, n'attendaient que le bon moment pour nous attaquer lâchement. La mort de Gelder et le siège qu'Orgétorix Castus des Britto-Romains avait établit autour de Londinium les avait vraisemblablement décidés. Pas question de rester les bras croisés! Les Celtes méritaient une correction, mais Etelgis était plus près des Britto-Romains et les forca à la bataille en premier.
Avant d'attaquer, Etelgis prit soin de se payer les services des meilleurs cavaliers de Brittanie. Ils se nommaient chevaliers du Graal. Certains avaient aussi rejoint nos ennemis.
Sous le soleil rouge du crépuscule, les Brittons connurent l'habileté des chasseurs saxons. Les tentatives d'Orgétorix de passer le mur de flèches enflammées se soldait irrémédiablement par un échec sanglant. Il n'avait pas assez d'archers pour répliquer de manière appropriée.
Les chevaliers du Graal à sa solde se lancèrent à l'assaut des keels qui faisaient partie de la garnison de Londinium, isolés de l'armée d'Etelgis car venant de l'Est. Ils payèrent cher l'arrogance de s'attaquer à un groupe de piquiers 8 fois plus nombreux.
Le moral chancelait au vu de ces deux défaites locales. Orgétorix joua un de ses derniers atouts: il engagea ses troupes impériales.
Elles furent dûment reçues.
La cavalerie lourde ennemie n'était plus de taille à emporter la décision.
Frappé dans le ventre à plusieurs reprises, Orgétorix Castus s'écroula au milieu de mercenaires avides de récupérer sa cotte de maille majestueusement forgée par un artisan ibère. La victoire était notre!
Un ennemi de moins!
Il fallait maintenant se presser de livrer bataille aux Celtes assiégant Eboracum ...