La révolte gronde à Heidelberg, où de nombreux paysans protestent contre les contributions de guerre écrasantes imposées par Frédéric V du Palatinat. Les aristocrates sont lynchés et leurs cadavres jetés dans le Neckar. Les archives des impôts sont brûlées, ainsi que tous les documents médiévaux qui certifiaient leur légitimité. Le bas peuple était en liesse et la ville sombra rapidement dans l'anarchie.
Une situation idéale pour le marquis de Spinola!
Les murs démunis de combattants furent pris d'assaut par quelques volontaires et les portes de la cité ouvertes. S'engouffrèrent alors les soldats aguerris dans les artères de la ville, tuant à qui mieux mieux. Des prêtres rapportent que le sang coulait dans toutes les rues jusqu'a la cheville.
Après trois jours de pillage pour récompenser ses hommes, Spinola rétablit l'ordre. La nouvelle de sa victoire effraya la population de Mannheim. Les dignitaires de la ville-forteresse offrirent les clés de la ville au seigneur espagnol sans opposer plus de résistance. Le Bas-Palatinat rentrait dans la sphère catholique, qu'elle n'aurait jamais dû quitter!
En conséquence, le margrave de Baden-Durlach, Georges-Frédéric, déclara la guerre au Royaume d'Espagne et à l'Archiduché d'Autriche. Il prit de vitesse les forces supérieures de Spinola et alla faire la jonction avec les troupes éparses qui étaient comme figées dans la ville libre d'Ulm depuis le début de la guerre. Ainsi, il pouvait compter sur une grande masse de gueux.
Le Baron Wolf était inquiété par les forces badoises si près de ses bases de ravitaillement et entreprit de chercher la bataille avec ses mercenaires. La discipline et l'expérience vainquirent facilement, repoussant les protestants vers Biberach. Il n'avait pas cependant pris en compte le Roi du Danemark, qui tel l'éclair était descendu du Holstein vers la Bavière, laissant derrière lui des contrées ravagées par des pillages immondes.
Heureusement les subsides espagnols arrivaient, à temps pour payer de nouvelles troupes. De plus, des capitaines mercenaires sillonaient leur pays à la recherche de recrues valables. Ils recevaient l'autorisation directement du monarque et devaient mettre sur pied et entretenir un régiment contre une somme fixe. Beaucoup de nobles appauvris voyaient là un moyen de faire fortune, et n'hésitaient pas à recourir à toutes sortes de tromperies pour maximiser leur gain ...
La guerre contre les Provinces-Unies rendait nécessaire le rappel du marquis de Spinola, qui ne put laisser que de rares régiments espagnols pour défendre Strasbourg et ainsi bloquer l'accès le plus pratique au Bas-Palatinat. L'hiver 1627-1628 passa par là et causa quelques morts chez les Espagnols, peu habitués au climat rugueux. Mais ce n'était rien à côté de la catastrophe qui frappa l'armée du baron Wolf, décimée par les désertions et la maladie. Décidément, il n'était pas homme à qui confier des troupes en des temps difficiles ...
La reprise des opérations au printemps 1628 vit deux actions téméraires: Christian IV abandonnait la poursuite du baron Wolf et fonçait vers l'Ouest, avec le but déclaré de ravager l'électorat de Mayence. Wallenstein évitait la confrontation avec les Danois et se précipitait vers la Hongrie pour mettre fin à la rébellion qui ternissait la gloire de l'empereur et menaçait Vienne.
La gigantesque armée de Wallenstein, près de 60 000 hommes dont 10 000 vétérans, balaya sans plus de façons ce que Bethlen Gabor pouvait encore lui opposer, à savoir pas grand-chose. Les dirigeants protestants qui avaient fomenté la révolte bohémienne et s'étaient alliés aux Hongrois furent décapités après un jugement sommaire. Von Schlick, Anhalt, tous y passèrent ... Bethlen Gabor fut renvoyé vers ses terres de Transsylvanie, la Hongrie passait sous la coupe de l'Empereur.