A toutes les gloires de la France.

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griffon
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Re: A toutes les gloires de la France.

Message par griffon »

Chaudard !

Levons nos verres à la République universelle et sociale ! :biere:
SOL INVICTVS

Au printemps, je vais quelquefois m'asseoir à la lisière d'un champ fleuri.
Lorsqu'une belle jeune fille m'apporte une coupe de vin , je ne pense guère à mon salut.
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Chef Chaudard
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Re: A toutes les gloires de la France.

Message par Chef Chaudard »

Une bonne bouteille de sang du peuple pour fêter cela !
Les ignominieux traités de 1815 seront bientôt caducs ! :biere:
- On se bat, on se bat, c'est plutôt qu'on est comme une espèce de poste avancé, quoi. Dans le cas que... comprenez, une supposition, que les Allemands reculent, crac, on est là!
- Pour les empêcher de reculer...
- Non, pour euh..., la tenaille quoi.
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Emp_Palpatine
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Re: A toutes les gloires de la France.

Message par Emp_Palpatine »

Les élections constituantes du 28 septembre 1848

Enfin, septembre 1848 avançait et l'heure de l'élection approchait. Les dernières discussions qui agitèrent l'opinion illustraient l'inquiétude du pays. Le respect de la religion, l'ordre et les armes de la France étaient en ce mois fatidique au cœur des discussions dans les réunions publiques, les cabarets, les cafés.

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L'église reste au centre du village. Dans la France de la constituante, ça coule de source. Le lecteur se souviendra des événements de Paris et du respect de la religion qui y prévalut

A travers les journaux, les colporteurs et, tout simplement, la rumeur publique, le pays assistait au chaos parisien et s'inquiétait d'une répétition du chaos de la Grande Révolution.
Nulle surprise que le droit de réunion lui-même eût été un sujet d'alarme quand il rendait ombrageux jusqu'à la majorité du gouvernement provisoire.

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Enfin, alors qu'en Italie et ailleurs les soulèvements secouaient l'Europe et que l'horizon international de la France se couvraient de nuages porteurs de guerre, l'opinion s'alarmait de l'état des armes du pays, que la guerre soit désirée, comme c'était le cas chez les radicaux, ou crainte, comme chez les conservateurs. Il n'y a que chez les modérés que l'on appelait à poursuivre une politique militaire et étrangère prudente, telle que pratiquée sous la Monarchie de Juillet.

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Souvent, dans un pays où régnait la discussion politique, de vieux vétérans, parfois des guerres impériales elles-mêmes, intervenaient dans le débat.

Quelques jours avant le jour de l'élection, on célébra à Paris la « Fête de la Fraternité ». L'armée, éloignée des murs de la capitale depuis les journées de Mai, faisait son retour en ville et, malgré la pluie, était fêtée par la population et les légions de la Garde Nationale. Le Gouvernement Provisoire, au grand complet, se rendit à l'Arc de Triomphe où avait été dressé une estrade. A droite étaient assis les blessés et décorés de Mai 1848, les décorés de 1830 ; à gauche l'état-major général, les députations des différents corps de l'Etat, des dames en grand nombre portant des bouquets.
Le vénérable Dupont de l'Eure remis des drapeaux, aux Légions, à l'armée, à la garde civique qui remplaçait la garde municipale. Après cette distribution, le défilé commença. Des masses innombrables assistaient au splendide spectacle. Après quelques heures, ça n'était plus une revue de l'armée et de la Garde Nationale, mais une revue de la population toute entière alors que le soleil, perçant les nuages, venait illuminer la scène. Le soir, au milieu de la même affluence, les troupes et la foule parcouraient toujours les boulevards splendidement illuminés.

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La « Fête de la Fraternité »

Ce fut donc une fête superbe, où l'on prononça beaucoup le mot de fraternité, mais qui ne réconcilia personne. Une fête de la concorde qui n'eut guère de lendemain, tout comme celles de 1790 et 1791.

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Gravure d'époque.

L'enthousiasme retombé et, pire, le verdict des urnes tombé, les divisions et rivalités reparurent ; les ambitions se remirent à travailler tandis que les utopies menaçantes se redressèrent.

La majorité du Gouvernement Provisoire avait hâte de convoquer, enfin, l'Assemblée Constituante. Ceux qui n'avaient ni désiré ni prévu la révolution de Mai attendaient de l'Assemblée un retour à la légalité. Les clubs et les radicaux, au contraire, avaient fait tous leurs efforts pour en retarder la convocation dans l'espoir, à l'image de leurs aïeux, de réaliser avant sa venue leurs projets. Nous l'avons vu, le Gouvernement Provisoire tint bon et évita les embûches qui lui étaient tendues.
On avait adopté le grand principe du suffrage universel. Le vote devait être direct, au scrutin de liste , avec somme toute assez peu de changement par rapport aux lois électorales de la fin de la Monarchie de Juillet. La seule condition à l'exercice du droit électoral était une résidence de six mois.

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Lithographie, sarcastique, sur l'élection de la Constituante.

Les membres modérés du Gouvernement Provisoire n'entendaient exercer aucune pression sur les citoyens et voulaient que la France formulât enfin, réellement, son opinion. D'autres, dont Ledru-Rollin, envoyaient à leurs agents des instructions visant à ce que les élections n'envoyassent que des « hommes du lendemain ». Il insista sur ce point dans une circulaire : « vous demandez quels sont vos pouvoirs ? Ils sont illimités ! Agents d'une autorité révolutionnaire, vous êtes révolutionnaires aussi. ! » Ca n'était pas là une imprudence qui avait échappé au ministre, c'était bien sa pensée. Un ancien député de la gauche, sous Louis-Philippe, eut avec Ledru-Rollin une curieuse conversation. Alors que l'ex-député blâmait la fameuse circulaire et l'apparentait au règne de la Terreur « moins la guillotine », Ledru-Rollin lui répondit : « Précisément, c'est ce que je me propose d'établir. Je veux une république avec le peuple pur. Pour les élections, je ne les considérerait jamais avant que le pays fût préparé pour le coup. Croyez-vous que j'ignore que le pays n'est pas républicain ? Il faut le rendre tel. »

Nous verrons comment le pays répondit à de telles tentatives.

Le 28, enfin, commença l'élection. C'était la première manifestation véritable du suffrage universel, dans la mesure où la Convention Nationale de 1792 ne fut élue que par 10% du corps électoral, que la Constitution de l'an I ne fut pas appliquée, que celle de l'an III rétablit le suffrage censitaire et que celle de l'an VIII n'octroyait le suffrage direct que les consultations plébiscitaires. La participation fut donc massive. Le clergé, pour faciliter l'exercice du devoir citoyen, avait avancé ou le plus souvent retardé l'heure des offices. Tocqueville a laissé des lignes célèbres et mémorables sur ce jour particulier :
"Nous devions aller voter ensemble au bourg de Saint-Pierre, éloigné d'une lieue de notre village. Le matin de l'élection, tous les électeurs, c'est-à-dire toute la population mâle au-dessus de vingt ans, se réunirent devant l'église. Tous ces hommes se mirent à la file deux par deux, suivant l'ordre alphabétique. Je voulus marcher au rang que m'assignait mon nom, car je savais que dans les pays et dans les temps démocratiques, il faut se faire mettre à la tête du peuple et ne pas s'y mettre soi-même. Au bout de la longue file venaient sur des chevaux de bât ou dans des charrettes, des infirmes ou des malades qui avaient voulu nous suivre ; nous ne laissions derrière nous que les enfants et les femmes ; nous étions en tout cent soixante-dix. Arrivés au haut de la colline qui domine Tocqueville, on s'arrêta un moment ; je sus qu'on désirait que je parlasse. Je grimpai donc sur le revers d'un fossé, on fit cercle autour de moi et je dis quelques mots que la circonstance m'inspira. Je rappelai à ces braves gens la gravité et l'importance de l'acte qu'ils allaient faire ; je leur recommandai de ne point se laisser accoster ni détourner par les gens, qui, à notre arrivée au bourg, pourraient chercher à les tromper ; mais de marcher sans se désunir et de rester ensemble, chacun à son rang, jusqu'à ce qu'on eût voté. «Que personne, dis-je, n'entre dans une maison pour prendre de la nourriture ou pour se sécher (il pleuvait ce jour-là) avant d'avoir accompli son devoir.» Ils crièrent qu'ainsi ils feraient et ainsi ils firent. Tous les votes furent donnés en même temps, et j'ai lieu de penser qu'ils le furent tous au même candidat."
TOCQUEVILLE Alexis Clérel de, "Souvenirs de 1848"

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Scène de vote en 1848.

Quelques jours seraient nécessaires pour que les résultats soient connus.
L'urne à laquelle le sort du pays était suspendu :

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Vous pensez tous que César est un con? Vous pensez que le consul et son conseiller sont des cons? Que la police et l'armée sont des cons? Et vous pensez qu'y vous prennent pour des cons? Et vous avez raison, mais eux aussi! Parce que depuis le temps qu'y vous prennent pour des cons, avouez que vous êtes vraiment des cons. Alors puisqu'on est tous des cons et moi le premier, on va pas se battre.
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Re: A toutes les gloires de la France.

Message par griffon »

La malédiction de notre république est de n'avoir que des torchons comme constitution :?

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Re: A toutes les gloires de la France.

Message par Emp_Palpatine »

Il y a en eu des bonnes. D'autres beaucoup moins.
Le problème est surtout l'esprit latin qui pousse à ne jamais en respecter le fond. :o:
Vous pensez tous que César est un con? Vous pensez que le consul et son conseiller sont des cons? Que la police et l'armée sont des cons? Et vous pensez qu'y vous prennent pour des cons? Et vous avez raison, mais eux aussi! Parce que depuis le temps qu'y vous prennent pour des cons, avouez que vous êtes vraiment des cons. Alors puisqu'on est tous des cons et moi le premier, on va pas se battre.
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Re: A toutes les gloires de la France.

Message par GA_Thrawn »

Quel démago ce Tocqueville :lolmdr:
« Il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l’histoire de France : ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims ; ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération. »
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Re: A toutes les gloires de la France.

Message par Emp_Palpatine »

D'après les rapports préfectoraux, M. de Thrawnac est candidat dans plusieurs département du Sud-Ouest, sans étiquette. Vivement le 3 octobre, que l'Assemblée siège. :o:
Vous pensez tous que César est un con? Vous pensez que le consul et son conseiller sont des cons? Que la police et l'armée sont des cons? Et vous pensez qu'y vous prennent pour des cons? Et vous avez raison, mais eux aussi! Parce que depuis le temps qu'y vous prennent pour des cons, avouez que vous êtes vraiment des cons. Alors puisqu'on est tous des cons et moi le premier, on va pas se battre.
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Re: A toutes les gloires de la France.

Message par griffon »

Chaudard !

La réaction est de retour :froid:
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Re: A toutes les gloires de la France.

Message par Emp_Palpatine »

La fin du Gouvernement Provisoire et la mise en place de la Commission Exécutive.

Esprit public à la réunion de la Constituante. Les membres du gouvernement provisoire se rendent à l'Assemblée. Le Gouvernement Provisoire remet ses pouvoirs aux représentants de la Nation. L'Assemblée acclamée s'abstient de proclamer la république à nouveau. Physionomie de l'Assemblée nationale constituante. L'élection du président Dupin révèle les équilibres politiques. Républicains de la veille et républicains du lendemain. Victoire électorale du Parti de l'Ordre. Les membres du Gouvernement Provisoire rapportent leur activité. Le Gouvernement Provisoire a bien mérité de la Patrie. Mise en place de la Commission Exécutive.

Alors que les troubles continuaient en Europe, la France restait inerte et inactive. Pour qu'elle pût agir à l'extérieur, il eût fallu qu'elle fût solidement assise elle-même. Hélas, l'ébranlement qu'elle avait reçu dans ses institutions était trop profond. On espérait alors que la réunion de la Constituante permettrait enfin de rétablir un gouvernement solide.
En 1848, comme dans toutes les révolutions, confiance, optimisme et crainte se succédaient et se remplaçaient tour à tour. Il y avait les jours de péril et les jours de fête. Le 3 octobre fut un de ces jours de soleil qui percent les nuages mais qui disparaissent, menacés par l'orage. L'enthousiasme était sincère, on croyait la période révolutionnaire terminée, l'ordre légal raffermi. On comptait que l'Assemblée, issue du suffrage universel, se hâterait de résoudre une constitution qui assurerait les libertés et garantirait l'ordre ; qu'elle satisferait aux demandes légitimes tout en repoussant l'utopie.

Le 3 octobre à 10h, les membres du gouvernement provisoire réunis au Ministère de la Justice en sortirent pour se rendre à l'Assemblée. Ils remontèrent la rue de la Paix, descendirent les boulevards jusqu'à la Madeleine, traversèrent la place de la Concorde et arrivèrent au Palais-Bourbon dans la cour duquel on avait à la hâte construit une salle assez grande pour contenir les huit cents représentants de la nation.

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Le bâtiment construit pour accueillir les députés.

Sur leur passage, la Garde Nationale formait la haie et une foule considérable se pressait pour voir les hommes qui, après avoir si pacifiquement exercé le pouvoir dans les circonstances les plus critiques, allaient abdiquer leur mandat.
Au Palais-Bourbon, le bureau provisoire, composé des plus jeunes membres de l'Assemblée, les reçut sur le péristyle. Le canon annonça leur entrée dans la vaste salle où se pressaient les députés qui avaient déjà pu rejoindre la capitale. Dix mois plus tôt, c'était le Roi Louis-Philippe qui venait ouvrir la session parlementaire, en une cérémonie dont on s'inspirât sans vergogne.

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Procession du Gouvernement Provisoire vers le Palais-Bourbon.

Seul un curieux décret avait réglé le costume des représentants, d'une manière fort peu heureuse, en renouvelant les étranges accoutrements de la Convention de 1792. Seul Caussidière, un radical excentrique qui s'était d'ailleurs vu attribuer la Préfecture de Police de Paris par les événements de Mai, avait respecté le décret. L'Assemblée accueillit par les démonstrations les plus sympathiques le gouvernement qui venait lui remettre son pouvoir et s'incliner devant elle. Le vénérable Dupont de l'Eure monta à la tribune et, au nom de ses collègues, déclara que le Gouvernement regardait sa mission comme terminée.
« Le moment est arrivé, dit-il, pour le Gouvernement provisoire, de déposer entre vos mains le pouvoir illimité dont la révolution l'avait investi. ». Les plus vives acclamations répondirent au discours du vieillard. Les représentants se retirèrent ensuite dans les bureaux pour procéder à la vérification des pouvoir. Quand la séance reprit, on proposa que chacun des membres jurât fidélité à la République. Il y eut des murmures et des protestations. Devant le risque d'une dispute en ces premiers jours, le bureau provisoire convint que ces questions de forme pourraient attendre. Vers quatre heures, on entendit un grand bruit au dehors : c'était le peuple qui voulait que l'Assemblée se rendit sur le péristyle. Certains voulurent qu'elle proclamât à nouveau la république. Le doyen d'âge, qui présidait la séance, accepta que les député se rendissent à l'extérieur et avança en tête, entrouré de la Garde Nationale et de l'Armée. Il se contenta de saluer la foule, de vives acclamations couvrirent sa voix et tous s'unir dans des transports d'enthousiasme qui devaient peu durer. Le mot fatidique n'avait pas été prononcé.

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L'Assemblée acclamée ou "la non-proclamation".

Le lendemain, le marquis de Normanby consignait dans ses notes « l' aspect de la Chambre, dans son ensemble, est des plus convenable. On remarquait bien, parmi les représentants, quelques figures étranges ou quelques physionomies sauvages. Cependant, cette assemblée ne paraissait pas, pour la composition, différer d'une manière frappante des dernières Chambres de la monarchie. Les membres qui la formaient semblaient, pour la plupart, des hommes de la classe moyenne, recommandés par quelque célébrité provinciale. Il était facile de voir que le plus grand nombre était incapable de comprendre les détails les plus simples des usages parlementaires. Ce qui faisait le plus craindre pour l'indépendance de la Chambre c'était cependant la part active et bruyante que les tribunes publiques prétendaient prendre aux délibération. »  En effet, si les deux-tiers des constituants de 1848 étaient des hommes neufs, sans grand passé politique, l'écrasante majorité était issue des notabilités de province et, en cela, différait peu des rescapés de la Monarchie de Juillet, plus nombreux qu'on ne put le penser.

Lorsque l'Assemblée eut terminé la vérification des pouvoirs, elle procéda à l'élection de son président. Ce fut la première mesure grandeur nature des équilibres politiques qui traversaient la Chambre. L'élu fut André Dupin, membre du Tiers Parti sous la Monarchie de Juillet, habitué du perchoir ayant déjà assumé la charge dans les années 1830, siégeant parmi les élus conservateurs. La composition de la Chambre se révélait ainsi au grand jour.

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André Dupin, Orléaniste, élu président de la Constituante.


Les « républicains de la veille » étaient une petite minorité, peut-être un quart des représentants. Les « républicains du lendemain », ralliés après la révolution étaient l'écrasante majorité, à droite comme à gauche. Mais si dans ce camps là, qu'on dénomma le Tiers Parti ou les Modérés, on s'accommodait de la république d'autant plus qu'on s'étonnait d'être tombé en minorité, chez les « républicains du lendemain » du Parti de l'Ordre l'allégeance était moins certaine maintenant que l'on se trouvait rassuré par le nombre.
Les radicaux s'étaient effondrés et n'étaient qu'une quarantaine. Le vœux du pays n'aurait pu être plus clair. Le Tiers-Parti, rassemblant le centre gauche et les républicains libéraux et modérés, ne représentait qu'à peine plus d'un tiers des élus. Enfin, occupant presque la moitié des sièges à lui seul, régnait le Parti de l'Ordre, coalition hétéroclite du centre-droit, de quelques républicains conservateurs, de nombreux « républicains du lendemain » véritablement monarchistes. Un curieux assemblage où se retrouvait pêle-mêle Odilon Barrot, Adolphe Thiers mais aussi d'ancien ministériels sous la Monarchie de Juillet. Enfin, les Légitimistes arrachaient tout de même une centaine de siège et privaient ainsi le Parti de l'Ordre de la majorité absolue. Aucune des factions ne pourrait gouverner seule. Aucune ne pourrait gouverner sans le Parti de l'Ordre. La volonté du pays semblait claire.

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L'opinion dans le pays à la veille de l'élection.

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Composition de l'Assemblée Nationale Constituante.

Quelques jours après l'élection du président de l'Assemblée, les membres du Gouvernement provisoire vinrent rendre compte des actes de leur administration. Lamartine lut, au nom du président nominal du conseil, Dupont de l'Eure, un résumé composé par lui-même de la politique du gouvernement provisoire. C'était, comme toujours avec Lamartine, un discours magnifique et lyrique où abondaient les sentiments élevés. Il eut un autre succès, peut-être plus sincère, lorsqu'il rendit compte de sa conduite comme Ministre des Affaires étrangères. Une proposition fut alors faite, invitant l'Assemblée à déclarer que le Gouvernement provisoire avait bien mérité de la Patrie. C'était le baiser de Judas.

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La résolution demandait en outre la nomination d'une Commission exécutive de cinq membres qui exercerait le pouvoir sous le contrôle de l'Assemblée jusqu'à l'achèvement de la constitution. La proposition fut adoptée au milieu des applaudissements, l'Assemblée était trop heureuse de se débarrasser aussi élégamment du Gouvernement Provisoire.
Comme conséquence de cette déclaration, il fallait choisir les membres de la nouvelle Commission exécutive. C'était l'espoir des membres les plus en vue du Gouvernement provisoire que l'Assemblée choisirait parmi eux les futurs dirigeants du pays. Lamartine, notamment, espérait le premier poste qui serait pour lui et ses amis le marchepied vers une future présidence de la république. Ce fut pour l'orateur une humiliation de n'être que le quatrième de la liste votée par l'Assemblée.
Les Constituants envoyaient un message clair : leur confiance allait à un gouvernement de l'Ordre et ne donnait que de faible gage, sous la forme de Lamartine qui plus est, républicain du lendemain, à la révolution de Mai.

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Re: A toutes les gloires de la France.

Message par Emp_Palpatine »

Petites remarques:

- Pour les noms de partis, Victoria 2 est bien moins flexible que Victoria 1. Dans ce dernier, on pouvait conditionner l'apparition/disparition de partis à un régime. Maintenant, c'est uniquement par date.
Le jeu étant uchronique par nature, j'ai essayé de trouver des noms aussi neutres que possible considérant les régimes possibles tout en gardant l'esprit des partis/factions supposément représentées.

- Bien sûr, le résultat des élections est ici uchronique, Dupin n'a pas été président de la Constituante mais de la Chambre en 1849 après la victoire conservatrice aux législatives. Il était donc parfait pour le rôle. :o:

- Quelqu'un peut me dire comment je peux mettre les images en full size et pas seulement en vignette? :yho:
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Re: A toutes les gloires de la France.

Message par griffon »

J'ai le même souci hélas !

Le forum n'est plus assez large , il va falloir faire avec , Lafrite attend une prochaine version dans pas longtemps !

PS: Ce n'est pas des élections , c'est une farce :evil:


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Re: A toutes les gloires de la France.

Message par Emp_Palpatine »

Au nom du Peuple français,

Image

Article unique :

L'Assemblée Nationale confie le pouvoir à une Commission exécutive qui choisira des ministres hors de son sein.

Délibéré en séance publique à Paris, le 4 octobre 1848.

Le président, M. Dupin
Au nom du Peuple français,

Image

L'Assemblée nationale,

vu la délibération du 4 octobre 1848,
vu le dépouillement du scrutin du 4 octobre 1848,

décrète :

Article unique:
Sont proclamés membres de la Commission exécutive du gouvernement de la république MM. Molé, Tocqueville, Rémusat, Lamartine, Falloux.

Voté en séance publique à Paris, le 4 octobre 1848.

Le président, M. Dupin.
Vous pensez tous que César est un con? Vous pensez que le consul et son conseiller sont des cons? Que la police et l'armée sont des cons? Et vous pensez qu'y vous prennent pour des cons? Et vous avez raison, mais eux aussi! Parce que depuis le temps qu'y vous prennent pour des cons, avouez que vous êtes vraiment des cons. Alors puisqu'on est tous des cons et moi le premier, on va pas se battre.
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Re: A toutes les gloires de la France.

Message par Chef Chaudard »

Le Tiers Parti, c'est le Marais, les radicaux, ce sont les braves Montagnards !!!
Vive la montagne !!!
Hébert, reviens !!!
- On se bat, on se bat, c'est plutôt qu'on est comme une espèce de poste avancé, quoi. Dans le cas que... comprenez, une supposition, que les Allemands reculent, crac, on est là!
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Re: A toutes les gloires de la France.

Message par stratcom »

Emp_Palpatine a écrit : mer. janv. 22, 2020 9:36 am Quelqu'un peut me dire comment je peux mettre les images en full size et pas seulement en vignette? :yho:
Change d'hébergeur. :o:

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Sinon, c'est toujours aussi bien. Tu arrives à me faire découvrir des choses que j'ignorais sur une période que j'ai pourtant abondamment étudiée (il y a fort longtemps il est vrai). :ok:
La neutralité religieuse dans les espaces publics est le meilleur moyen de respecter tous les membres de la société, quelle que soit leur religion ou leur croyance.
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Re: A toutes les gloires de la France.

Message par Emp_Palpatine »

Merci. :chinois:

Des recommandations d'hébergeur? :o:

Pour le récit, je me plonge dans les historiens d'époque, c'est la mode des histoires en 8 volumes qui regorgent d'anecdotes et de détails oubliés aujourd'hui comme la "fête de la fraternité" ou la procession des membres du gouvernement à l'ouverture de la constituante.

Mais c'est long à lire et ça me rallonge encore plus le boulot. :lolmdr:
Beaucoup sont en ligne sur gallica ou google books. :signal:

Il faut aussi prendre des libertés compte-tenu de mon contexte : historiquement, la Constituante a re-proclamé la république lors de sa première séance, au moment où elle s'est portée à la rencontre de la foule qui l'appelait au dehors. J'ai estimé qu'avec une telle majorité de "lendemain" qui étaient des orléanistes/monarchistes déguisés pour la plupart, ils se seraient abstenus après avoir pris conscience de leur vraie force pour ne pas... insulter l'avenir. :o:

Ce qui commence à devenir délicat est également la définition du personnel politique dans une situation uchronique.
Si les libéraux avaient gagné, j'aurais pu me contenter de reprendre la commission exécutive historique, celle d'Arago. Mais pour mes résultats, elle est beaucoup trop "républicaine de la veille" et Ledru-Rollin a fait 4% :lolmdr: .
Il faut trouver des personnages qui ne soient pas improbables (genre Hugo, qui devait en mourir d'envie), téléphonés (genre Thiers, qui n'aurait pas mis les pieds dans cette galère de toute façon et attendait son heure), tout en faisant un compromis réaliste pour la majorité parlementaire en mettant des cautions "centristes" ou ralliées plus ou moins sincèrement à la république comme Tocqueville tout en restant conservateurs. J'ai fouillé deux jours. :yho:
Vous pensez tous que César est un con? Vous pensez que le consul et son conseiller sont des cons? Que la police et l'armée sont des cons? Et vous pensez qu'y vous prennent pour des cons? Et vous avez raison, mais eux aussi! Parce que depuis le temps qu'y vous prennent pour des cons, avouez que vous êtes vraiment des cons. Alors puisqu'on est tous des cons et moi le premier, on va pas se battre.
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