A toutes les gloires de la France.

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Emp_Palpatine
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Re: A toutes les gloires de la France.

Message par Emp_Palpatine »

"Je suis nécessaire." Le climat avant le printemps 1848.

Les troubles en Europe débutent à Vienne et en Allemagne. Les révoltes en Europe et l'affaire de Lille excitent les radicaux. Faiblesse des libéraux mais invisibilité des radicaux. Campagne des banquets. Les radicaux s'en emparent. L'interdiction du 20 mai. Sérénité ou aveuglement du Roi et du gouvernement.

Ce n'est pas en France que l'étincelle apparut en premier mais au sein des domaines de la maison d'Autriche. A Vienne, on put croire un court instant les institutions impériales menacées. Une manifestation de mécontents saccagea la ville avant d'être fermement maîtrisée. Si les émeutiers échouèrent à chasser Metternich et encore moins l'Empereur, ils inspirèrent des imitateurs partout en Europe. Dans de nombreuses principautés allemandes, de telles émotions se reproduisaient et les troupes prussiennes, sous les couleurs de la Confédération Germanique, avaient fort à faire pour éviter le débordement des princes. L'Autriche elle-même ne souffla guère, Vienne étant à peine pacifiée qu'il fallait à présent mettre le Royaume Lombardo-Vénétien sous une rude loi martiale afin d'éviter que là aussi le feu ne prenne de manière incontrôlé.

En France, on n'avait guère oublié l'affaire récente de Lille, que ce soit pour s'en effrayer ou s'en inspirer. Pis encore, l'agitation européenne, bien qu'elle n'eût produit aucun fruit à ce moment là, excitait imprudemment les imaginations bien au delà des cercles radicaux. Que des voix telles que celles du Constitutionnel, voire du Journal des Débats, s'enflammassent pour les tribulations des peuples européens était aussi romantique qu'irresponsable. C'était s'éclairer d'un allumette dans une poudrière. Les radicaux ne s'y trompaient pas depuis 1830, utilisant les causes extérieures quand leurs mots d'ordre démocratiques perdaient de leur portée. Comme leurs prédécesseurs de 1792, ils pensaient pouvoir faire chuter la monarchie en lui faisant, dans un premier temps, prendre le chemin de la guerre extérieure. Ce chemin, Louis-Philippe l'avait adroitement évité, en particulier dans les cruciales années 1830-1832.

Ainsi, les cabarets et les cafés bruissaient dans certaines villes et en particulier à Paris. Et pourtant, ce qui remonte des rapports préfectoraux et de l'étude des documents locaux, c'est la faiblesse des libéraux, pour ne rien dire des radicaux.

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Il n'y a que dans l'Ouest où l'opinion semblait majoritairement acquise aux libéraux modérés et plus bruyante sur la réforme électorale. Ailleurs, les préfets soulignaient l'habituel atavisme de la majorité de la population, demandeuse de calme et de morale publique.

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C'était oublier que les majorités ne font pas toujours l'histoire. Tous n'avaient pas cette confiance et, à la tribune de la Chambre, le député Tocqueville s'en émut, quelques semaines après les événements de Lille :
« Est-ce que vous ne ressentez pas, par une sorte d'intuition instinctive qui ne peut pas s'analyser, mais qui est certaine, que le sol tremble de nouveau en Europe ? Est-ce que vous ne sentez pas... que dirais-je ?... un vent de révolution qui est dans l'air ? […] Je parle ici sans amertume, je vous parle, je crois, même sans esprit de parti ; j'attaque des hommes contre lesquels je n'ai pas de colère, mais enfin, je suis obligé de dire à mon pays ce qui est ma conviction profonde et arrêtée. Eh bien ! ma conviction profonde et arrêtée, c'est que les mœurs publiques se dégradent ; c'est que la dégradation des mœurs publiques vous amènera dans un temps court, prochain peut-être, à des révolutions nouvelles. Est-ce donc que la vie des rois tient à des fils plus fermes et plus difficiles à briser que celle des autres hommes?»
Tocqueville s'inquiétait-il des banquets? La campagne avait commencé en 1847, sous l'impulsion de Libéraux et de réformateurs dynastiques souhaitant promouvoir la Réforme tout en contournant l'interdiction des réunions politiques. Progressivement, l'opposition se divisa et les modérés et dynastiques perdirent le contrôle de la créature qu'ils avaient enfantée. Les radicaux, se joignant à l'origine avec amitié aux banquets avaient fini par s'en emparer. Les toasts au Roi, à la Charte et à la dynastie s'atténuèrent et se firent rares. Puis
l'on commença à boire au suffrage universel et parfois même à de vieux mots d'ordre révolutionnaires et au renversement de l'ordre social, bien que les banquets fussent payants afin d'en écarter les classes les plus modestes.

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Banquet à château rouge en 1847.

Après l'affaire de Lille, alors que les radicaux s'échauffaient et que les derniers banquets avaient donné lieu à des toats séditieux et parfois scandaleux, le gouvernement n'oubliait pas son mandat d'ordre public. Le ministère de l'Intérieur transmit des instructions de fermeté à ses préfets et la première victime fut un banquet prévu en soutien aux peuples d'Europe pour le 25 mai. Le banquet avait d'abord été interdit, puis autorisé par la préfecture. L'excitation autour de son organisation et l'annonce qu'il serait précédé par un défilé de représentants conduisit la préfecture à l'interdire à nouveau. Les radicaux appelèrent alors à la manifestation, provoquant la crainte des organisateurs. Ces derniers décidèrent alors de mettre fin à leur projet. C'était un banquet modéré déjà annulé à l'interdiction inutile qui monopolisait les esprits.

Laissons la parole à un témoin privilégié:
[b]Choses vues, Journal de Victor Hugo[/b] a écrit :
23 mai — Voici la situation politique telle que la fait la question du Banquet (qui sera donné, à ce qu’il paraît, le 25).

Il y a un lion, d’autres disent un tigre, dans une cage fermée avec deux clefs. Le gouvernement a une de ces deux clefs, l’opposition a l’autre. Gouvernement et opposition se disent réciproquement : — Si tu ouvres avec ta clef, j’ouvrirai avec la mienne.

Qui sera dévoré ?
Tous les deux.


24 mai — Le Banquet continue de préoccuper l’attention. Que se passera-t-il ?

En sortant de la Chambre des pairs, j’étais avec Villemain, M. d’Argout nous a abordés. Villemain a dit : Je voudrais que ce Banquet fût passé. — Oui, a répondu M. d’Argout, nous le voyons cuire, j’aimerais mieux le digérer.

25 mai — M. Thiers est fort contrarié d’être obligé de se mêler de ce Banquet, d’y aller peut-être. C’est l’opposition qui l’a poussé là. M. Duvergier de Hauranne a dit : — Tant pis ! nous l’avons jeté a l’eau. Il faut qu’il nage.

26 mai — M. de Montpensier a dit à l’orfèvre Froment-Meurice qui est chef de bataillon de la garde nationale et qui lui parlait de l’émeute de mardi : — S’il y a émeute, le Roi montera à cheval, y fera monter M. le comte de Paris, et ira se montrer au peuple.
Des canons et des caissons traversent les rues et se dirigent vers les Champs-Élysées.
Au Ministère, l'inquiétude des premiers jours avait laissé place à la confiance, la plupart des mesures d'ordre public décidées en cas de manifestation et d'incidents furent annulées le 27 mai.
Le Roi, quant à lui, semble avoir été d'excellente humeur, signe peut-être de sa perte de contact grandissant avec l'atmosphère politique depuis le décès tragique du Duc d'Orléans et de sa sœur, Mme Adélaïde, l'année précédente. Hugo dans Choses vues, donne un tableau vibrant de ces jours:
[b]Choses Vues. Journal de Victor Hugo[/b] a écrit : La semaine qui précéda la révolution, Jérôme Napoléon fit une visite aux Tuileries. Il témoigna au roi quelque inquiétude de l’agitation des esprits.
Le Roi sourit, et lui dit : — Mon prince, je ne crains rien.

Et il ajouta après un silence : — Je suis nécessaire.

Jérôme essaya encore quelques observations. Le Roi l’écouta et reprit : — Votre Altesse a la première révolution trop présente à l’esprit. Les conditions sont changées. Alors le sol était miné. Il ne l’est plus.
Il était du reste fort gai. La reine, elle, était sérieuse et triste. Elle dit au prince Jérôme : — Je ne sais pas pourquoi, mais je ne suis pas tranquille. Cependant le Roi sait ce qu’il fait.
Vous pensez tous que César est un con? Vous pensez que le consul et son conseiller sont des cons? Que la police et l'armée sont des cons? Et vous pensez qu'y vous prennent pour des cons? Et vous avez raison, mais eux aussi! Parce que depuis le temps qu'y vous prennent pour des cons, avouez que vous êtes vraiment des cons. Alors puisqu'on est tous des cons et moi le premier, on va pas se battre.
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griffon
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Re: A toutes les gloires de la France.

Message par griffon »

Chef Chaudard rendez vous au cabaret du chat noir ce soir

l'heure est venue ....... :siffle:

Ils vont interdire le banquet et cela va tout faire péter !

Le deuxième légion de la garde est avec nous ! ;)



Vive la Réforme ! À bas Guizot ! :clap:
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Au printemps, je vais quelquefois m'asseoir à la lisière d'un champ fleuri.
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Re: A toutes les gloires de la France.

Message par Vavan »

Votre Majesté ne doit pas laisser cette agitation nuire à son bon gouvernement.

Comment notre juste et bon gouvernement pourrait trembler devant un ramassis de graisseux qui ne trouve du courage qu'au fond d'un godet?

Mais pour assurer à Votre Auguste Personne des nuits calmes et apaisées, j'ai néanmoins fait venir d'anciens Compagnons de Jéhu et de Verdets dans Paris qui se tiennent prêts à agir pour la défense du trône de Saint-Louis.
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Emp_Palpatine
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Re: A toutes les gloires de la France.

Message par Emp_Palpatine »

griffon a écrit : À bas Guizot ! :clap:
M. Guizot n'a que le portefeuille de l'Instruction publique et n'est guère dominant bien qu'il ait l'oreille du Roi.
Peut-être que M. Berryer, président du conseil, serait une cible bien plus juteuse. :o:
Vous pensez tous que César est un con? Vous pensez que le consul et son conseiller sont des cons? Que la police et l'armée sont des cons? Et vous pensez qu'y vous prennent pour des cons? Et vous avez raison, mais eux aussi! Parce que depuis le temps qu'y vous prennent pour des cons, avouez que vous êtes vraiment des cons. Alors puisqu'on est tous des cons et moi le premier, on va pas se battre.
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Re: A toutes les gloires de la France.

Message par GA_Thrawn »

Toujours un régal à lire!

Pourvu que l'on apprenne point que M. de Bennalla, de la garde royale, a participé à la répression de la mutinerie de Lille :siffle:
« Il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l’histoire de France : ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims ; ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération. »
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Re: A toutes les gloires de la France.

Message par Emp_Palpatine »

La journée du 26 mai 1848 - 1ère partie

Confiance du Palais. Attroupements place de la Concorde. Échauffourées. Mise en accusation par l'opposition. Les désordres s'accroissent. Faiblesse du commandement. Le duc de Nemours. Ordre est donné d'occuper la ville. Calme apparent.

Le matin du samedi 26 mai, au lever du jour, le ciel est bas et plombé. Par intervalles, des rafales chassent une pluie fine. Dans les premières heures de la matinée, tout paraît tranquille. Les organisateurs du banquet, qui, la veille au soir, ont contremandé la manifestation, sont même étonnés d'être si complètement obéis; ils voient là un signe de l'indifférence de la population. L'un d'eux, M. Pagnerre, causant avec M. Barrot, conclut que "le gouvernement, en forçant l'opposition à se retirer, lui a épargné un bien complet fiasco".
Aux Tuileries, le Roi félicite chaudement ses conseillers.
"L'affaire tourne à merveille, leur dit-il. Que je vous sais gré de la manière dont elle a été conduite! [...] Quand je pense que beaucoup voulaient qu'on leur cédât!"
Cependant, vers neuf heures, des bandes, peu nombreuses d'abord, bientôt grossies, commencent à descendre des faubourgs du nord et de l'est sur les boulevards, des faubourgs du sud sur les quais; se dirigeant toutes vers la Madeleine. C'est l'effet de l'impulson donnée depuis quelques jours et que le contre-ordre de la dernière heure n'a pas suffi à détruire.
De ceux qui forment ces bandes, les uns n'ont pas su les dernières décisions de la commission générale du banquet, les autres en sont irrités et veulent protester quand même, le plus grand nombre sont des curieux qui désirent voir "s'il y aura quelque chose".
Partout, ils trouvent libre passage. Pas un soldat dans les rues. Les sergents de ville eux-même ont pour instruction de ne pas se montrer en uniforme. Cette foule vient s'accumuler devant la Madeleine et sur la place de la Concorde. Les blouses y sont les plus nombreuses. Nulle cohésion entre les éléments qui la composent, nulle discipline : aucun chef ne la pousse ni ne la dirige. Elle reste là, ondulant sur cette vaste place, en sachant pas ce qu'elle attend, sans dessein, poussant quelques cris de "Vive la réforme! A bas Berryer!", huant les gardes municipaux qui passent mais n'ayant aucunement l'idée de livrer bataille.
Les révolutionnaires qui, suivant le mot d'ordre donnée la veille dans les feuilles radicales, se sont mêlés à se peuple pour l'observer, n'estiment pas qu'il y ait quelque chose à tenter avec lui.

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La foule rassemblée place de la Concorde.

A la préfecture de police, au ministère de l'Intérieur, on n'attache pas une grande importance à ces attroupements. L'impression optimiste qui a fait décommander, pendant la nuit, le déploiement des troupes, reste l'esprit dominant.
Tous les ministres, cependant, ne sont pas aussi rassurés. L'un d'eux, qui, en venant aux Tuileries, a pu voir sur les deux quais un courant continu d'hommes en blouse se dirigeant vers la Concorde, ne peut cacher au Roi ses préoccupations :
"Nous aurons, lui dit-il, sinon une grande bataille, du moins une forte sédition; il faut s'y tenir prêts.
- Sans doute, reprend le Roi, Paris est ému; comment ne le serait-il pas? Mais cette émotion se calmera d'elle-même. Après le lâche-pied de la nuit dernière, il est impossible que le désordre prenne des proportions sérieuses. Du reste, vous savez que les mesures sont prises. "
Cependant, la situation ne s'améliore pas sur la place de la Concorde. Une bande nombreuse d'étudiants et d'ouvriers, partie du Panthéon, arrive en chantant la Marseillaise. Plus organisée, plus compacte, elle traverse la foule, l'entraîne et la dirige vers le Palais-Bourbon. Vainement, quelques gardes municipaux qu'un commissaire est allé chercher en hâte au poste voisin, essayent de barre le pont. Ils sont emportés en un instant.

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Gardes municipaux.

Arrivés devant les grilles de la Chambre, les plus hardis des manifestants les escaladent et pénètrent dans le palais où il n'y a, à cette heure, que les garçons de service.
Que signifie cet envahissement? C'est une gaminerie, mais une gaminerie de sinistre augure. L'alarme est donnée, les dragons arrivent de la caserne d'Orsay. Ils trouvent, en arrivant, le palais déjà évacué et rejettent la foule au delà du pont tandis que d'autres troupes viennent occuper les abords de la Chambre.

Les manifestants alors se divisent. Une partie se forme en bandes pour parcourir la ville. Le plus grand nombre reste sur la place de la Concorde.
Un tas de pierre se trouvant là, l'idée vient à quelques individus de s'en servir pour attaquer un poste voisin. On peut y voir là main d'agents provocateurs des cellules radicales, ceux-là même qui s'étaient mêlés à la foule plus tôt. Dans ces mémoires, un anonyme décrit un personnage s'adressant ainsi à ceux qui l'entourent
Citoyens!

prenons donc ces quelques grains

et servons nous-en

pour rendre un peu moins fades

les poulets du tyran! :D
Un détachement de gardes municipaux à pieds et à cheval arrive au secours des assiégés. A plusieurs reprises, il essaie de déblayer la place mais la foule se referme derrière lui. Les gamins se mêlent à ses rangs et se faufilent entre les jambe des chevaux que les cavaliers embarrassés ont peine à tenir debout sur les l'asphalte rendu glissant par la pluie. Aussitôt que les soldats ont le dos tourné, des volées de cailloux tombent sur eux.
Des curieux, réfugiés partout où les charges ne peuvent les atteindre, plusieurs assis dans les vasques des fontaines, rient de ces escarmouches. Les municipaux sont admirables de sang-froid et de patience, en dépit des insultes et des pierres dont on les accable, des blessures que reçoivent plusieurs d'entre eux, de l'agacement, ils évitent d'user de leurs armes; tout au plus distribuent-il quelques coups de crosse et de plat de sabre.

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Garde municipal de Paris -équivalent de notre police actuelle- à cheval.

Image
Gardes municipaux de Paris, la tenue en bicorne est celle des agents de ville.

Des échauffourées du même genre ont lieu autour de la Madeleine. Vers midi, une bande se détache pour attaquer le ministère des Affaires étrangères, alors au coin de la rue des Capucines. Elle jette des pierres dans le vitres, essaye d'enfoncer la porte, mais est bien vite obligée de se retirer devant les troupes qu'on est allé chercher aux casernes voisines. Les étudiants repassent alors sur la rive gauche, qu'ils parcourent pendant quelques heures et où ils tentent vainement de débaucher l’École polytechnique.
Ces désordres ne décident pas encore le gouvernement à une action plus énergique. Est-il dérouté de voir démentir ses prévisions de la veille au soir? Ou bien persiste-t-il à croire que tout est fini par l'abandon du banquet, que ces dernières ébullitions sont sans gravité et que l'important est de ne pas rallumer les passions en voie de s'éteindre?
Pis, le Roi et le Président du Conseil ne jouent-ils pas l'émeute l'un contre l'autre, Louis-Philippe espérant affaiblir ainsi Berryer et la majorité; Berryer espérant fragiliser le règne finissant et démontrer la faiblesse d'une régence éventuelle?
Quoi qu'il en soit, on s'est appliqué à le montrer le moins possible. En dehors des quelques bataillons et escadrons déployés tardivement autour de la Chambre, les troupes restent invisibles. Ce qui a été fait pour protéger tel ou tel point l'a été sur l'initiative isolée de quelque commissaire de police et on n'y a guère employé que de faibles détachements de gardes municipaux dont le courage ne peut suppléer au petit nombre.
Ces luttes inégales ont pour principal résultat d'aviver la vieille hostilité de la foule contre cette troupe. Déjà, l'on voit poindre la tactique radicale qui tend à diviser les défenseurs de l'ordre en criant "Vive la ligne!" en même temps que "A bas les municipaux!".

En somme, contre l'émeute grandissante, à peine, ça et là, une défensive partielle, morcelée, incertaine. Pas d'offensive générale et puissante.
Modifié en dernier par Emp_Palpatine le dim. oct. 07, 2018 9:12 am, modifié 1 fois.
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Re: A toutes les gloires de la France.

Message par Emp_Palpatine »

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Pour qui veut suivre l'action. :o:
Vous pensez tous que César est un con? Vous pensez que le consul et son conseiller sont des cons? Que la police et l'armée sont des cons? Et vous pensez qu'y vous prennent pour des cons? Et vous avez raison, mais eux aussi! Parce que depuis le temps qu'y vous prennent pour des cons, avouez que vous êtes vraiment des cons. Alors puisqu'on est tous des cons et moi le premier, on va pas se battre.
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Re: A toutes les gloires de la France.

Message par griffon »

Qui pourrait s'imaginer que dans un mois , le 25 juin à 07h30 exactement

la Rue St Maur ressemblerait à ceci ? :?

Le Baron Thrawnac est toujours en ville ? :?



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Re: A toutes les gloires de la France.

Message par stratcom »

Connaissant palpat, l'insurrection républicaine va être noyée dans le sang et les forces réactionnaires vont s'emparer du pouvoir. :o:
La neutralité religieuse dans les espaces publics est le meilleur moyen de respecter tous les membres de la société, quelle que soit leur religion ou leur croyance.
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Re: A toutes les gloires de la France.

Message par Emp_Palpatine »

Vous verrez ça dans les jours à venir. :notice: :o:
Vous pensez tous que César est un con? Vous pensez que le consul et son conseiller sont des cons? Que la police et l'armée sont des cons? Et vous pensez qu'y vous prennent pour des cons? Et vous avez raison, mais eux aussi! Parce que depuis le temps qu'y vous prennent pour des cons, avouez que vous êtes vraiment des cons. Alors puisqu'on est tous des cons et moi le premier, on va pas se battre.
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Re: A toutes les gloires de la France.

Message par GA_Thrawn »

Au domicile de M. de Thrawnac, qui reçoit quelques amis autour d'un plat de perdrix farcies aux truffes et amandes:

Mes amis, je suis inquiet. Sommes nous sûr de la troupe? Mes agents m'informent qu'elle est travaillée par des agitateurs et autres agents d'influence!
Les conscrits tireront ils sur leurs frères, leurs fils et leurs sœurs et femmes? Craignons la garde nationale en nous souvenant des évènements funestes de 1789. Il aurait fallu faire venir des troupes de provinces, en les excitant contre cette canaille parisienne fainéantes qui méprise les paysans, mais il est trop tard désormais.
La police me parait sûre, ne serait-ce que parce qu'elle sait qu'elle paiera de son sang les répressions passées si l'émeute éclate. Mais elle est peu nombreuse. et manque d'armes et de munitions.

Nous le savons tous ici, la foule ne craint la troupe que tant qu'elle n'a pas tiré. Aux premiers mort, cet avantage s'effondrera. La canaille comprendra qu'elle n'a plus rien à perdre et balaiera toute forme d'ordre.
J'ai déjà donné l'ordre à mes domestiques de faire partir mes meubles et tableau dans mon château de Normandie. Mais je resterai ici à Paris, avec quelques gens solidement armés. Si l'émeute éclate, je propose de nous rendre au ministère de l'intérieur, y récupérer au moins les dossiers compromettants. Cela nous donnera une monnaie d'échange, quelque soit ce qu'il émergera de cette révolution...
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Re: A toutes les gloires de la France.

Message par Chef Chaudard »

A l'appel des citoyens Blanqui et Griffon, les ouvriers, artisans, étudiants se lèvent pour mettre à bas le ministère Berryer et la monarchie honnie.
Ils sont fidèles à leurs ancêtres de 1789 et 1830 ! Vivre libre ou mourir ! vive la République !
- On se bat, on se bat, c'est plutôt qu'on est comme une espèce de poste avancé, quoi. Dans le cas que... comprenez, une supposition, que les Allemands reculent, crac, on est là!
- Pour les empêcher de reculer...
- Non, pour euh..., la tenaille quoi.
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Re: A toutes les gloires de la France.

Message par griffon »

Emp_Palpatine a écrit :
griffon a écrit : À bas Guizot ! :clap:
M. Guizot n'a que le portefeuille de l'Instruction publique et n'est guère dominant bien qu'il ait l'oreille du Roi.
Peut-être que M. Berryer, président du conseil, serait une cible bien plus juteuse. :o:
Hum , je me suis fait avoir

Nous sommes ici entrés dans une uchronie sans nous en rendre compte :ko:

Savez vous citoyens ce que trame ce Berryer ? Ces idées sont pour tant connues de tous ?

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Antoine_Berryer

Si nous le laissons faire lui et son complice Henri Auguste de la Rochejaquelein (pas besoin de vous faire un dessin :siffle: )

vont remporter la mise !

A bas Berryer ! A mort l'esclavagiste ! A mort les aristos rétrogrades !

Liberté Egalité Fraternité Justice sociale !
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Re: A toutes les gloires de la France.

Message par Emp_Palpatine »

L'esclavage a été aboli il y plusieurs années déjà. :o:
Quant à Berryer, il est président du conseil face à un Louis-Philippe fort marri depuis 1841.

Il faut lire le texte! :chair:

viewtopic.php?p=484791#p484791 :notice:
Vous pensez tous que César est un con? Vous pensez que le consul et son conseiller sont des cons? Que la police et l'armée sont des cons? Et vous pensez qu'y vous prennent pour des cons? Et vous avez raison, mais eux aussi! Parce que depuis le temps qu'y vous prennent pour des cons, avouez que vous êtes vraiment des cons. Alors puisqu'on est tous des cons et moi le premier, on va pas se battre.
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Re: A toutes les gloires de la France.

Message par griffon »

Pour l'esclavage je suis impardonnable :oops:

Mais ce Berryer j'ai pas confiance !
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