Vox populi, vox dei
1er Septembre 1939
En réponse au soi-disant "diktat de Versailles", Hitler commet le pas de trop en déclarant la guerre à la pacifique Pologne.
Les canaux diplomatiques s'affolent, les puissances alliées françaises et anglaises se portent au secours de leur allié oriental en déclarant la guerre à l'Allemagne.
Chamberlain déclare :
"Nous allons affronter de mauvaises choses : la force brute, la mauvaise foi, l’injustice, l’oppression, la persécution, et contre toutes ces choses, je suis persuadé que la justice prévaudra".
Reynaud, quand à selui, se contente d'un sobre :
"Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts".
Le soldat polonais se tient fusil en joue, prêt à se défendre jusqu'au fin fond des Carpathes en attendant le secours salvateur de l'Ouest.
8 Septembre 1939
C'est la déconvenue totale dans les états-majors.
L'armée polonaise a été pulvérisée comme une vulgaire coquille de noix. Bien que la supériorité numérique et matérielle de la Wehrmacht soit évidente, nous ne nous attendions pas à voir pour autant débarquer des éléments avancés du Wodrig Korps traverser la Narew et s'approcher des faubourgs de Varsovie en moins d'une semaine. Pire, des chars ont été signalés traversant Lodz et fonçant droit sur la capitale à tombeaux ouverts !
Les armées de Poméranie, de Lodz et de Mazovie ont été écrasées par la puissance combinée des chars et de l'aviation. La cavalerie, malgré quelques épisodes de panache magistral, a également été détruite.
Ne subsiste désormais que :
- L'armée de Poznan, assiégée dans la ville et tenant héroïquement tête à l'envahisseur
- L'armée des Carpathes, lointaine et fixée par plusieurs corps germano-slovaques
- Les restes de l'armée de Cracovie, comprenant notamment la 10ème brigade blindée, condamnée à être encerclée
- Le groupe opérationnel de la Narew, dépassé par les évènements et incapable de repousser la tête de pont allemande sur le fleuve
- L'armée de Varsovie et ses éléments blindés, seul ensemble cohérent, qui se prépare à l'assaut final
Il n'y a plus d'espoir. La progression allemande a provoqué l'effondrement du moral polonais et l'état-major n'envisage plus l'option du réduit des Carpathes. La Pologne va subir son ultime
showdown puis disparaître...
A l'Ouest, les gouvernements sont dépassés par les évènements.
L'armée française est encore en pleine mobilisation. Au GQG, Gamelin assure à Daladier qu'il n'est pas en mesure de pouvoir faire davantage qu'une simple "reconnaissance armée" à la frontière. D'autres comme Giraud hurlent quant à l'idée de laisser passer une occasion pareille et pétitionnent pour se porter dans la Sarre. Le général Prételat qui commande le Groupe d'Armées 2 estime être en mesure de pouvoir au moins occuper le bassin minier de Sarrebrück avec la IIIe Armée de Condé et la IVe de Réquin, mais il lui faudrait la priorité ultérieure sur les renforts. Il n'exclue pas également qu'une contre-offensive allemand puisse avoir lieu. Il faudrait alors évacuer la zone et se contenter d'une simple victoire de propagande qui pourrait néanmoins donner un coup de fouet au moral national français.
De l'autre côté de la Manche, la fulgurance de l'offensive allemande a mis Chamberlain dos au mur. Le cabinet de guerre fraîchement monté multiplie les plans hypothétiques pour le conflit à venir. Parmi les propositions, le lord de l'amirauté Churchill en vient à évoquer l'alliance anglo-portugaise qui, a bientôt 700 ans, est la plus ancienne du monde encore en vigueur. Il estime que l'entrée en guerre du Portugal aux côtés des Alliés faciliterait le contrôle de la façade Atlantique grâce à l'accès à ses ports et dégagerait davantage de moyens pour la Royal Fleet en mer du Nord pour faire face à la Kriegsmarine.
Salazar, anglophile convaincu, pourrait être convaincu par quelques concessions coloniales et économiques et verrait d'un bon oeil que son
Estado Novo soit tacitement légitimé. En revanche, il est certain que le jeune régime nationaliste espagnol percevrait un tel geste comme une provocation et une dénonciation du Pacte Ibérique signée un an plus tôt. Ce serait à terme jeter Franco dans les bras d'Hitler, d'autant plus que des rapports du SIS indiquent que l'Allemagne a récemment commencé l'acheminement d'aide matérielle et financière vers l'Espagne en transitant par l'Italie. Il est donc également prévu de déployer un corps expéditionnaire pour assurer l'intégrité territoriale du Portugal. Churchill assure cependant que l'Espagne encore exsangue ne serait pas en mesure de menacer la frontière portugaise ou française immédiatement et que cela ne menacerait en rien les plans de guerre initiaux de l'Entente.
Enfin, le dernier choix porte sur l'amélioration des défenses de Malte. La petite île est une base-clé dans le trafic maritime anglais entre Gibraltar et Alexandrie. Bien que Mussolini ait pour l'instant fait le choix de la neutralité, il est quasiment acquis qu'il entrera en guerre aux côtés de son maître d'ici peu. Malte deviendrait alors une verrue entre la botte et la Libye qu'il serait alors judicieux de faire disparaître. L'amirauté propose d'y consacrer quelques crédits de guerre afin d'en faire une forteresse inexpugnable qui assurera la suprématie de la marine franco-britannique en Méditerranée centrale.