Von Heß a du mal à décrocher. Un sévère combat d'arrière-garde se développe graduellement en bataille de pleine ampleur alors même que l'armée tente de rejoindre la Bulgarie. Le baron Raglan est un mord-boyaux de premier ordre! Nous déplorons 15 000 pertes et une défaite, mais les Anglais accusent aussi le coup et voient leurs effectifs se réduire à 60 000 hommes au total.
La situation est corsée, car les Ottomans décidément très enclins à la bougeotte se sont rassemblés à Thessalonique pour appuyer les Anglais. Il va nous falloir concentrer nos forces aussi, et laisser oeuvrer les Russes, qui ont rassemblé une puissante armée aux portes d'Istanbul.
Quelques raids de cavalerie ne feront pas de mal, les provinces vides de garnisons font de belles cibles, et un corps d'armée hongrois pourra s'occuper d'assiéger Plevna.
Les journaux viennois s'échauffent à cause de ce contretemps, parlent de vengeance, et ressortent quelques vieux documents pour demander le retour de la Podolie au sein de notre empire. Comme si nous n'avions pas mieux à faire que de nous mettre la Russie à dos ...
Dans le dos de la Sublime Porte, des tribus nomades sèment la zizanie et menacent Baghdad. Le Moyen-Orient est un baril de poudre qui pourrait bien faire exploser la suprématie ottomane dans la région.
Notre marché national ne cesse de profiter des réformes libérales du comte von Greiffenau. Les échanges intérieurs ont gonflé pour atteindre 938 000 couronnes!
C'est une évolution que nous comptons encore accélérer, en instaurant des réseaux de transports publics qui doivent compléter ceux du train en ville.
Début septembre 1852
Pas de nouvelles militaires, juste quelques manoeuvres. Von Heß et von Haynau ont pu se rejoindre et attendent en chiens de faïence de voir leurs ennemis attaquer en montagne, ou alors les renforts qui compenseront les pertes de von Heß. La Grèce a signé une paix blanche avec la Sublime Porte, leurs effectifs bien que maigres manqueront dans cette guerre.
En attendant, réjouissons-nous de voir la nouvelle scierie de l'Empire ouvrir ses portes dans les Sudètes. La production de planches de bois est si importante que j'envisage un nouveau dîner où il faudra discuter d'usines capables d'en faire quelque chose de plus sophistiqué.
La molle activité de ces jours me permet de visiter l'opéra plus que d'habitude. C'est avec grand plaisir que j'assiste à la première viennoise de La poupée de Nuremberg d'Adolphe Adam avec un gentilhomme trempé de culture, le baron Azerty-Liebkenstein.
Fin septembre 1852
Status quo en Macédoine. L'armée von Heß a récupéré un peu de mordant, von Haynau et sa 3e armée l'appuyent. Les Russes pillent tout ce qu'ils trouvent le long des côtes occidentales de la Mer Noire, et Albert, archiduc d'Autriche et duc de Teschen, assiège avec son IXe corps d'armée la citadelle de Plevna.
Tournons-nous vers les transports! La province de Kremnitz en Slovaquie bénéficie de la générosité du prince Elviszörszkögtzkyszervar, qui y a financé la construction de chemins de fer. Son habitude de jouer (et de perdre) au whisk l'a poussé à regarder d'un peu plus près ses revenus, et l'on se murmure dans les couloirs de la Hofburg que sa maîtresse lui aurait suggéré d'améliorer l'infrastructure locale pour décupler ses entrées. La région est non seulement importante pour le prince, mais aussi pour tout l'Empire, car le tokay hongrois se consomme en larges quantités en Autriche.
La question des transports de gamme inférieure, en premier lieu des tramways de courte portée et des systèmes organisés d'omnibus tirés par chevaux, est elle aussi éminente. Les améliorations dans ce secteur devraient montrer à la population que le gouvernement les prend au sérieux et investit dans leur développement, réduisant le risque de révoltes. Autant donc commencer par les régions les plus propices à prendre les armes. Le bassin des Carpathes occupe une triste place de tête dans ce domaine, et se voit offrir ce cadeau pour changer d'avis.
L'armée demande de l'attention aussi, même si les opérations se font à flamme douce. Le comte von Stratte zu Kömsz veut étendre massivement le système de réserve. Soit, 20 régiments d'infanterie et 5 régiments de cavalerie de réserve seront mis sur pied pour organiser les renforts de manière plus efficace. De plus, 8 navires de ligne sont commandés à l'arsenal de Trieste, car notre marine accuse un sévère retard, et les biens manufacturés sont disponibles en quantité.
Début octobre 1852
Des navires marchands quittant Macaraibo ont été attaqués par des rustres anglais. Fort heureusement, le résultat de la canonnade s'est limité à quelques voiles trouées.
Cette tête brûlée de Frédéric, régent du Grand-Duché de Bade, nous envoie un télégramme intempestif: "Frères! Le temps est venu de vous soutenir et de jeter les armes badoises dans la bataille. La déclaration de guerre envers les chiens français est déjà en route vers Paris. À l'assaut!"
Avec une pleine division d'infanterie, il va faire belle figure face à deux armées rodées, héritières des traditions napoléoniennes ... Ce qui nous sauve, c'est le Royaume de Wurtemberg, qui par sa neutralité fait toujours barrage aux Français. Nos discrets sondages diplomatiques, visant à faire signer à la France ou au Royaume-Uni une paix blanche, n'ont eux pas abouti.
Fin octobre 1852
Ces semaines n'auront pas eu pitié de nos flottes. Les dommages encourus par les raids incessants de frégates adverses sont cette fois-ci plus importants, bien qu'encore loin d'un niveau inquiétant. Le commerce continue, malgré tout. Un peu de mouvement sur terre ne ferait pourtant pas de mal, car les Français ont à l'évidence occupé l'intégralité du Bade sans sourciller, et les Russes ont gagné une bataille à Gelibolou. Von Heß et von Haynau, reposés et bien équipés, avanceront vers Thessalonique. Peut-être que le général russe Gorchakov et sa puissante amrée adjacente viendra les soutenir?
Nos officiers apprennent vite, le conflit accélère toutes les dispositions militaires, y compris la réfléxion théorique. L'ouvrage phare de Carl von Clausewitz, "De la guerre", est désormais une lecture obligatoire pour tout cadet de l'académie militaire théresienne.
Le siège de Plevna traine, le manque de gros calibres se fait sentir. Radetzky devra leur envoyer la sienne, un nouveau régiment d'artillerie lourde viendra à terme compléter sa troupe.
En guise d'évolution stratégique, le reseau ferré sera à terme étendu vers Grosswardein. Nous approchons à grand pas de la frontière russe!
Début novembre 1852
Les Russes ont gagné une bataille à Kars, la clé du Caucase! Les dernières forces réguliéres ottomanes sont tombées fusil à la main, la forteresse même tient encore. L'hiver approche, le sort de la garnison n'est donc pas encore scellé.
À Thessalonique, surprise! Le baron Raglan et Riza Pasha ont fui à l'anglaise, ne laissant derrière eux qu'une garnison apeurée, qui a tendu les bras dès les premières explosions. Nous faisons 13 000 prisonniers, Vienne jubile!
Que de sièges! La garnison de Plevna tente une sortie, avortée par la circonspection de l'archiduc Albert. Le coup de feu a été rude, mais les Ottomans ont clairement tiré la mauvaise carte.
Raglan fuit, notre armée suit. 400 000 soldats se lancent dans cette course efrénée.
Le programme d'extension des dépôts militaires avance bien. La Lombardie et la Vénétie sont désormais en mesure de soutenir les actions de plusieurs armées amies, et la situation est nettement meilleure dans les Balkans aussi. Il faut poursuivre ces efforts!