Novembre 2015
La saison est à peine terminée qu'il faut d'ors et déjà préparer la prochaine et intégrer notre nouvelle équipe dans un championnat un minimum respectable. Hors de question de s'encroûter dans une quelconque série F3000. Fort heureusement, les mondanités londoniennes m'ont permit d'épaissir suffisamment mon carnet d'adresses pour échapper aux disciplines rookies. Je décroche le téléphone et enchaîne les appels. Les investisseurs sont très rapidement séduits par le
business plan de l'entreprise. La machine se met en route
Pour faire passer le dossier très maigrelet comme une lettre à la poste à la FIA, je sollicite le concours de mes plus redoutables collaborateurs: Maître Hippolyte de Coelio, mon fidèle notaire et conseiller judiciaire, l'homme qui rétablit Louis XX sur le trône des Kerguelen grâce à une faille législative. Herbert von Aasen, fondé de pouvoirs de la Deutsche Bank et conseiller économique. Enfin, le très citoyen Judicaël Griffon, conseiller écologie, algues vertes et greenwashing. Ce trio de choc doit convaincre Jean Todt, big boss de la FIA et ancien big boss chez Ferrari du temps glorieux de Schumi, du bien-fondé de notre projet monté à la hâte.
Un mauvais rôle dans Astérix aux Jeux Olympiques est caché dans cette image, saurez-vous le retrouver ?
Après quelques semaines d'intenses tractations, un appel salvateur de Griffon me libère: notre écurie pourra concourir en championnat open wheel l'année prochaine ! La nouvelle manque de me faire étouffer de joie dans mon Martini. J'implore mon collaborateur festivo-breton de me donner plus de détails. Et là, c'est la douche écossaise...
https://www.youtube.com/watch?v=W3gDNuMjwMk
L'écurie est amenée à concourir en Formula E pour remplacer en catastrophe le chinois Techeetah qui s'est retiré pour cause d'autocritique. Griffon, enthousiaste, digresse sur l'avenir de cette catégorie tout-électrique, verte et prometteuse. Rien à faire, ce sifflement de Formule Nikkon calant à 200 km/h brouille mon sens de la raison. La discipline est jeune, elle date de 2014. Ce fut le dernier petit cadeau de Bernie Ecclestone avant qu'il ne remette les clés de la FOCA à son très moustachiste successeur, Chase Carey.
"Et n'oublie pas qu'on s'en tient au plan: en 2020, je veux des V4 Dyson en F1 !"
Tandis que j'éructe mon incompréhension de la situation sur mon Iphone, von Aasen me fait remarquer de matière fort pragmatique qu'il sera difficile de concourir dans une autre discipline automobile internationale avec le budget que nous pensons lever. Les vapeurs d'alcool passées, je me résous à mon sort: notre équipe commencera dans la catégorie technico-rigolo.
Il n'y a plus qu'à signer l'ultime contrat auprès d'un fonds d'investissement pour nouer notre pacte avec le diable. Je décide de ne prendre aucun risque et de m'assurer l'indépendance la plus large en m'accoquinant avec le fonds Root, petite structure habituée à financer les activités automobiles. Dans le deal sont inclus deux prototypes de châssis prometteurs laissés par un client éphémère ayant fait faillite avant son premier engagement. Je dis banco !
Février 2016
Ach Baris ! Quoi de mieux que la ville des Lumières pour présenter notre écurie ? Le choix est d'autant plus naturel que nous avions décidé de nous implanter en France, avec un QG basé à Cosne-sur-Loire, non loin de Magny-Cours où nous effecturons nos essais. Un parterre de journalistes et quelques centaines d'invités plus attirés par les petits fours que le moteur à explosion piétinent devant la scène de présentation. Une piétaille du service événementiel s'avance micro à la main, c'est bientôt l'heure pour moi de jaillir sur le devant...
"Ladies and gentlemen, introducing....
QG Formula Team !"