T1 Russe : 3 au 7 aout 1943
Il fait beau en ce début d'aout 1943. Le ciel azur forme un décor lumineux aux journées d'été durant lesquelles les hommes se battent et meurent. Chaque camp fourbi ses armes, et dispose d'un support aérien.
secteur Deuxieme Armée
Alors que le ciel commence à peine à griser en direction de l'Est, commencent à se faire entendre les premiers chants d'oiseaux.
Les sentinelles se détendent: les heures sombres de la nuit vont bientôt s'éloigner. Certes, le jour peut être brutal sur le front, mais la nuit à un coté insidieux qui effraye même les plus endurcis. Déja se font entendre les premiers vrombissements discrets des insectes, ou les plongeons des oiseaux aquatiques. Le vent bruisse dans les hautes herbes et les roseaux. Tout semble si paisible.
La Seim à l'aube (photo de la vraie rivière Seim au sud de Ryl'sk).
Cependant, ce jour vas mettre à rude épreuve les nerfs des défenseurs de la 327e Infanterie Divizion du cours de la Seim.
La Seim :
Alors que le paysage sort de sa masse grise indistincte, un sifflement déchire la quiétude matinale, enfle, et soudain éclate en une puissante explosion qui résonne et gronde. La première explosion sera la seule distincte.
Aussitôt, un grondement permanent, une sorte d'immense feulement d'un fauve titanesque, emplie tout l'espace, aboli tout les autres bruits, assourdi tout, écrasant les tympans, aspirant l'air. De grondement, ce fracas se transforme en tonnerre, en éclats qui roulent et retentissent, qui se répondent, sans fin ni répit.
D'immenses colonnes de terre, de poussière, de débris végétaux ou métalliques, ou parfois de restes humains, s'élèvent tels de furieux geysers haut dans le ciel, bien au delà de la cime des arbres, enflent, gonflent en immenses volutes de terre. Avant qu'ils ne retombent, d'autres geysers de feu et de terre jaillissent du sol, s’enchevêtrant avec les colonnes des explosions précédentes, sans cesse.
C'est l'enfer sur terre. Les éclats volent en tout sens, échardes de bois, cailloux, débris de fer, lacèrent le sol ou les troncs des arbres, déchiquètent les buissons, fracassent les assises des fortins, retournent les armes et écrasent les hommes.
Terrés dans leurs trous d'hommes ou leurs fortins, les soldats cherchent à survivre à ce déluge de fer et de feu. Certains se plaquent contre les parois terreuses des tranchées, d'autres se recroquevillent sur eux même, les mains plaquées sur la tête comme si cela pouvait les protéger. Les plus téméraires ou les plus crâneurs, pourtant terrés comme les autres, se contentent de ne pas avoir le visage crispé ou inondé de larmes de peur. Mais leur regard ne trompe pas, ils sont bien conscients de leur impuissance face à cette force infernale qui s'abat du ciel pour semer la destruction.
Les explosions déchirent le sol en série, progressant tel un infernal rideau de poussière et de flammes le long des berges de la Seim, faseyant au gré des caprices du dieu Artillerie, et progressant d'un bout à l'autre de l'horizon.
Profitant de l'éloignement des explosions, les vétérans redressent la tête, risquant un rapide coup d’œil en dehors de leur abris. Ils savent que ce déluge infernal n'est pas gratuit. En face, sur la rive opposée, des centaines de petites silhouettes ont surgis de nulle part et cavalent vers la rivière. Certaines silhouettes, groupés par paquet, transbahutent des canots, des radeaux, des chaloupes, tout ce qui flotte. Il semble y en avoir des centaines, de ces embarcations. Lorsque les soldats ennemis atteignent la rive, ces embarcations sont jetées à l'eau, sans ménagement, et se remplissent d'un coup d'hommes armés. Agglutinés, ces radeaux entament alors la traversée mus par des pagaies, des crosses de fusils, des casques. Aux endroits les plus étroits de la rivière, certains soldats ennemis se jettent à l'eau, tenant leurs fusils au dessus de leur tête, la traversée leur semblant plus courte et moins exposée que dans les embarcations.
Toute l'armée ennemie se rue en direction des lignes allemandes, avec la ferme intention de les submerger.
Du coté allemand, les vétérans et les sous officiers les plus aguerris réagissent. Il n'y a pas le temps de se remettre du tir de barrage, de souffler ou de méditer, il faut se ressaisir immédiatement. Alors, les plus courageux empoignent fusils, mitrailleuses, mortiers, et ouvrent le feu frénétiquement vers les silhouettes innombrables qui se rapprochent bien trop vite, avec la conviction que leur vie en dépend. A leurs cotés, des morts défigurés, des blessés ensanglantés, râlant ou pleurant, ou des indemnes choqués, paralysés de peur.
Pour s'en prendre aux lignes allemandes fortifiées et appuyées sur la rivière Seim, l'armée Rouge a mis en œuvre ses redoutables unités de Katioushas, espérant assommer et écraser les défenseurs par un déluge de coups continu.
Pourtant, les landsher allemands s'accrochent avec opiniâtreté. Les combats sont rudes. La 327e DI perd un step, quant aux russes ils perdent 2 step sans parvenir à percer la Seim (les fortifications ici ont joué à plein leur rôle en aggravant les pertes de l'assaillant).
Alors même que la 327e DI s'accroche à ses positions, c'est l'ensemble de la 2e armée qui est soumise à la pression du Front Central soviétique.
Au nord de Sumy, il n'y a plus de cours d'eau servant de coupure dans un paysage ras, plat, dénué d'obstacle. Difficile d'imaginer un point d'appui dans de telles conditions, et pourtant là aussi une ligne de fortins se dresse face à l'ogre soviétique. Par chance, les blindés ennemis ne peuvent disposer du bonus blindé contre des fortifications. La 88e DI s'accroche elle aussi, et réussie une défense déterminée, au prix d'une partie de ses effectifs. En face, les russes ont perdu un bataillon de SU-2, victime des antichars allemands.
comment se défendre à un tel endroit ?
Les efforts du Front Central se poursuivent tout au long des lignes de la 2e armée. La 75e DI est à son tour confrontée aux masses russes. Là encore, afin de compenser la protection offerte aux soldats allemands par la ligne de fortification, l'ennemi déchaine le feu de sa redoutable artillerie. Pourtant, l'élan des troupes russes n'est pas irrésistible. Durant de longues heures, la 75e DI fait face avec courage. Profitant du terrain dégagé, les artilleurs allemands des pièces antichars réalisent plusieurs cartons bien ciblé contre les blindés du 3e corps mécanisé. A tel point que pendant un moment l'on pouvait espérer voir cette unité adverse amoindrie.
Cependant, et bien que son axe d'attaque principal se situe 50 kilomètres plus au sud, Zhukov veille à l'ensemble des composantes de son offensive. Les échecs répétés contre la 2e Armée allemande l'incitent à intervenir personnellement auprès de ses subordonnés.
En terme de jeu, Zhukov utilise son pouvoir lui permettant de relancer le résultat d'un combat.
Coordonnant les efforts des différentes unités, il parvient à mettre la 75e DI dans une situation compliquée, tout en limitant les pertes dans ses rangs.
Sur le point de reculer, la 75e DI tente, avec succès, une défense déterminée. La 75e DI se ressaisit. Au prix d'un step elle conserve l'essentiel de ses positions.
Par sa défense résolue, la 2e Armée allemande n'a pas (encore ) craquée, gagnant un temps précieux pour Manstein.
Secteur 4e Pz Armée
L'axe principal de l'offensive soviétique, supervisé par Zhukov en personne, se situe naturellement sur la partie du front où aucun cours d'eau ne vient entraver la progression. Entre Sumy et Bielgorod, Zhukov a massé 2 armées de char, épaulées par plusieurs unités d'infanterie de la Garde. Confiées à des officiers méritants, ces 2 formations rodées par des mois d'opérations, sont bien mieux coordonnées que l'ensemble des unités russes. Elles peuvent ainsi en théorie concentrer jusqu'à 3 corps et une brigade (alors que l'empilement soviétique maximal est de 2 divisions et une brigade).
En attaquant à ce endroit, Zhukov espère couper Bielgorod du reste des lignes allemandes et s'approcher de Kharkov, objectif important pour la Stavka, par le nord, évitant ainsi le Donets.
Pour fracturer le front, Zhukov concentre ses 2 armées de chars et 2 unités de la Garde, tel un marteau, contre la 57e DI. Aux aguets, il cherche à savoir si, enfin, l'aviation allemande réagit: on ne l'a vu nulle part, et l'on sent bien que Zhukov aimerait savoir à quoi s'en tenir au sujet de cette force adverse.
Contre la division d'infanterie allemande, c'est un déchainement de puissance qui ne laisse que peu de chance aux troupes germaniques (du 6/1 ! ).
Pourtant, les assaillants laissent du monde sur le carreau. Cependant, en dépit de ses efforts, la 57e DI finie par plier, incapable de tenir face au nombre adverse, et retraite. Zhukov et la 5e armée de chars s'engouffrent dans la brèche, droit au sud, progressant de 20 km. La 1st Tank Army, elle, vient border la Vorskla, élargissant la brèche.
Quant à la 255e DI, elle est à son tour désorganisée par l'assaut russe. Réduite d'un step, elle décroche et recule. Encore une fois, le soviétique a payé son avance au prix fort (un step).
Une brèche large de 60 kilomètres est crée dans le front allemand !!
Enfin, pour amenuiser le glacis qui défend Bielgorod, l'armée rouge agresse la 168e DI qui occupe des positions à l'est de la ville mais au nord du Donets, dans une région boisée. C'est encore une fois une grosse concentration de moyens, épaulés par une puissante artillerie, qui contraint l'unité à refluer, la queue entre les jambes, sans que le soviétique n'ait subi de pertes significatives. L'emprise autour de Bielgorod commence à se resserrer.
Front du Sud
A proximité de Voroshilovsk, la 111e DI allemande encaisse une attaque qui, bien que couteuse pour l'assaillant, est sur le point de bousculer ses positions. La 111e DI tente une défense déterminée et parvient à s'accrocher au terrain, mais au prix d'une perte.
(Les résultats de combats sont rarement sanglants: un step de perte au maximum; l'essentiel des résultats sont des reculs plus ou moins imposés à l'ennemi. Dans beaucoup de cas on peut alors tenter une défense déterminée, en fonction du terrain ou de la qualité de ses troupes; mais cela peut être au cout d'un (ou dans les pires des cas) plusieurs steps; cependant, éviter une retraite, c'est éviter de se retrouver désorganisé (disrupted) sans capacité d'attaque et avec une capacité de défense amoindrie).
Hormis cela, l'ennemi ne passe pas à l'offensive sur le reste du front : la 5e Armée de choc et les troupes avoisinantes complètent leurs effectifs. Ce n'est qu'un court répit pour moi, mais il est toujours bon à prendre.
Front du Sud Ouest
Je me suis mis le doigt dans l’œil. Le Donets ne ralentira pas l'ennemi. La tête de pont dont il dispose à l'Est d'Izium lui sert de véritable tremplin, et ses unités blindées déboulent droit au sud. A peine ont elles le temps de jeter un coup d’œil au monastère de la montagne sacrée qui s'accroche aux pentes abruptes du fleuve depuis 3 siecles.
La 333e DI allemande défend le Donets au nord est de Slaviansk, mais elle se retrouve confrontée à pas moins de 4 divisions d'infanterie, 2 corps mécanisés et 2 brigades blindés. Le fleuve lui permet d'adosser sa défense au cours d'eau, en s'appuyant sur une série de fortins. Mais l'ennemi concentre les moyens: artillerie et aviation s'en mêlent, poussant le rapport de force à 2/1. Dans la confrontation, chaque adversaire perd un step.
La 333e DI doit alors faire un choix entre reculer en se retrouvant désorganisée, ou tenter une défense déterminée qui risque d'anéantir les restes de l'unité. Alors commence le repli, à l'est de Kramatorsk.
Le russe perce, et entre aisément dans Slaviansk, élargissant sa tête de pont et s'appropriant un verrou solide dont il serait bien difficile de l'en chasser.
Quant
aux remplacements russes, ils sont nombreux: 2 steps d'infanterie, 1 de blindé et 1 spécial. A ce rythme là, impossible pour l'armée allemande de resister à l'attrition face à une Armée Rouge qui peut se régénérer aisément.
Bilan :
Bien que couteux, les assauts multiples de l'Armée Rouge sont parvenus à créer 2 brèches dans le dispositif défensif allemand. De nombreuses unités sont dors et déjà réduites. Si la situation ne semble pas encore catastrophique, nul doute qu'une fois que le Russe aura élargi les brèches, l'absence de bonnes positions défensives empêchera tout rétablissement du front, et que la supériorité numérique de l'adversaire jouera a plein en sa faveur.
Il me faut donc réagir tant que c'est possible.