ENGRENAGE
Cette révolte en Bohême suscite vite des réactions. De l'ensemble des cours d'Europe s'élèvent des voies, qui pour la répression la plus sévère, qui pour le pardon, voir l'indépendance. La Moravie, la Silésie, la Lusace se rangent aisément du coté des Tcheques de Bohême.
Hormis le comte Thurn, à la tête des bandes armées tchèques, le camp protestant pouvait compter sur un autre chef de guerre, d'une autre trempe celui là.
Ernst von Mansfeld est né bâtard du gouverneur du Luxembourg et de Bruxelles pour le compte des Habsbourg.
Rien ne destinait ce quadragénaire à embrasser la cause protestante, hormis son ambition qui ne s'attachait à aucune cause religieuse. Ernst avait été élevé dans la foi catholique.
Il fit carrière dans les armes, au service des Habsbourgs. Ses états de service signalés lui permirent d'obtenir de l'empereur Rodolphe II sa légitimation, remédiant ainsi à la bâtardise qui entachait sa réputation.
Cependant, une promesse non tenue de l'empereur, le privant de l'héritage de son père aux Pays-Bas, le fit basculer dans le camp opposé aux Habsbourgs.
Il ne fallu guère de temps aux révoltés de tout bord pour persuader Mansfeld de tout le profit qu'il pourrait tirer à se ranger dans leur camp, indubitablement celui des vainqueurs. Subsides et flatteries firent leur effet. Ernst von Mansfled attira alors à lui d'anciens officiers qui servirent dans les mêmes armées que lui, mais aussi des aventuriers, des déracinés. 10000 hommes se rangeaient derrière lui à Pilsen.
TOUR 1 - 1620-1621
A la périphérie de l'Empire, les puissances situées autour de la baltique voient survenir les troubles en Bohême avec intérêt. Suede ou Danemark aimeraient rogner sur les terres de l'Empire. Défendre leurs coreligionnaires protestants est l'occasion rêver d'affaiblir la puissance de l'Empire.
Roi de Danemark depuis 32 ans, Kristian IV est un quadragénaire énergique, cultivé, raffiné. Duc de Schleswig-Holstein, il est vassal de l'Empire pour ce duché, et rêve d'étendre son emprise sur les villes de la Hanse. Amoindrir l'autorité du Saint Empire assurerait une emprise nette sur ses futurs gains territoriaux. La paix de Kalmar l'a laissé les coudées franches vis à vis de son rival suédois.
Aiguillonné par la diplomatie française et quelques aides financières de son beau-frère le roi d'Angleterre, le voila qui se range au coté du parti protestant, et entre en guerre.
L'armée danoise arrive :
La statue de Kristian IV à Kristiansend :
Du point de vue catholique, et en dépit de l'entrée en guerre du Danemark, la situation n'est pas encore critique. Cependant, Vienne et l'Empereur optent pour la prudence. Car à quelques jours de marche seulement, Bethlen Gabor tient en respect les forces impériales.
Bethlen Gabor. Suite à une sombre rivalité, le prince de Transylvanie Gabriel Bathory a provoqué l’insurrection de Gabor. Appuyé par les Ottomans, celui-ci s'empare du pouvoir en 1613, au grand dam de l'Empereur Germanique Mathias.
A force d'efforts diplomatique, Mathias, qui finit par reconnaitre Gabor comme prince de Transylvanie en 1615, se rapproche de lui, lui offrant une alliance secrète contre les Turcs.
Pourtant, au vu du soulèvement de Prague et de la Bohême, l'ambition de Gabor se réveille. Il lève une armée et se saisit en quelques semaines de l'essentiel de la Hongrie. Il a même l'insolence de faire de Presburg (actuelle Bratislava) sa capitale, pour ainsi dire sous le nez de la cour de Vienne ( à 60 kilomètres de là).
Protégeant la capitale Habsbourg, une solide armée de vétérans tient en respect Gabor. A sa tête, Charles Bonaventure de Longueval, comte de Bucquoy. Ce wallon quinquagénaire est un soldat expérimenté, mais précautionneux à l’extrême. Il a par ailleurs l'instruction de préserver au mieux les précieuses unités de vétéran de l'Empire, impossible à compléter en cas de pertes.
Aussi, pour la cour de Vienne, n'est-il pas encore l'heure d'entrer en campagne. Des lettres patentes sont délivrées à quelques officiers fidèles, qui seconderont Bucquoy. On veillera à leur recruter des effectifs dès que possible.
Richelieu
En France, le jeune roi Louis XIII est longtemps resté dominé par sa mère, l’irascible Marie de Medicis. Celle-ci, autrichienne par sa mère, et sa belle fille infante d'Espagne, est la tête de file du parti dévot à la cour de France, et en impose à son fils.
Dans son entourage, un jeune homme, Armand Jean du Plessy, 4e fils de François du Plessy, seigneur de Richelieu. Issu d'une vieille noblesse de robe et d'épée poitevine, le jeune homme entre dans les ordres afin de préserver à sa famille les bénéfices de l’évêché de Luçon.
C'est sur recommandation du cardinal de Perron que le jeune homme (il a trente-et-un an en 1616) entre au service de Marie de Medicis. Il entre le 25 novembre 1616 au conseil du roi comme ministre des affaires étrangères. Cependant, ce service le rapproche de Concino Concini, Maréchal d'Ancre, aventurier qui en devenant favori de la reine mère, parvint a devenir incontournable à la cour, au grand déplaisir de nombre de nobles. Frustré, brimé, humilié, Louis XIII, en accord avec le duc de Luynes, finit par faire assassiner Concini le 24 avril 1617.
La disparition du Maréchal d'Ancre entraine aussitôt la disgrâce de la reine mère et de son entourage, dont Richelieu.
Cependant, ne tolérant pas sa mise à l'écart par son fils, Marie de Medicis s'échappe de Blois le 22 fevrier 1619. Luynes fit alors appel à Richelieu, qui avait pris ses distance avec Marie, pour négocier un accord entre la mere et le fils. Habile négociateur, Richelieu fit conclure le traité d'Angoulème le 30 avril 1619.
La réconciliation de la mère et du fils, de Rubens, 1622-25
Rapproché de la reine, Richelieu obtint de celle-ci le cardinalat auprès du pape Paul V ( NB: IRL ce fut auprès de Gregoire XV, le successeur de Paul V, mais vous allez voire que ce n'est pas possible

).
Revenu en grâce auprès du roi, et membre de son conseil, Richelieu suggérait à Louis XIII, face aux événements qui agitaient l'Allemagne, de soutenir les protestants allemands pour lutter contre l'hégémonie Habsbourg. Marie de Médicis, toujours fidèle au dogme catholique, prônant la suprématie Habsbourg pour défendre la foi, l'entendait mal.
De plus en plus défiante vis à vis du cardinal de Richelieu, considéré comme le pire des ingrats, Marie demande à plusieurs reprise au roi son fils de le renvoyer.
A l'hiver 1620 (1630 IRL), au palais du Luxembourg, lors d'un conseil restreint du roi, Marie de Medicis laisse libre cours à sa haine contre le Cardinal. Choqué, Louis XIII interrompt le conseil sans un mot. Le lendemain, le roi annule le conseil de la journée, désireux de réconcilier sa mère et son ministre. Mais Marie, vindicative, reprend sa diatribe de la veille, plus durement encore, jurant et insultant (en italien !), exigeant de son fils l'éviction de Richelieu. " Préférez vous un laquais à votre propre mère" hurle-t-elle ?
Le réservé Louis XIII n'en peut plus, et sans même répondre, quitte Paris pour son modeste relais de chasse de Versailles.
A ce moment là, Marie et ses partisans ne se sentent plus de joie, persuadée de la chute imminente du cardinal-ministre.
De son coté, Richelieu, qui s’apprête à sa déchéance, finit par se rendre, sur le conseil de quelques fidèles du roi, auprès de celui-ci à Versailles. Il y est accueilli avec sympathie par un Louis détendu et aimable. Le roi repousse une proposition de démission du cardinal, et lui déclare "Je suis plus attaché à mon Etat qu'à ma mère". Pour réservé qu'il est, le roi n'en est pas moins fin politique et très déterminé. Dès le lendemain, les favoris de Marie de Medicis sont arrêtés, et la reine recluse en ses appartements.
C'est Guillaume Bautru, comte de Serrant, qui prononce alors une phrase promise à la postérité: " c'est la journée des dupes".
Désormais libre de ses choix politiques, débarrassé de ses plus virulents opposants, Richelieu engage délibérément une politique de soutien au parti protestant d'Allemagne, y consacrant une large partie des revenus de la France.
Richelieu par Philippe de Champaigne :
Alors que les rangs ennemis gonflent, le parti catholique fourbissait ses armes de son coté. Afin de faire face à toutes les menaces, il fallait accroitre au plus vite les effectifs des armées impériales. Les efforts de Buquoy et de Charles de Lorraine ne furent pas des plus efficaces pour recruter des troupes de basse qualité et se limitaient à quelques régiment dépareillés. ( + 1 milice et une demi-milice à Vienne).
Alors même que le parti catholique cherchait à se renforcer, son plus fervent soutien vacillait. Paul V rejoignait son créateur.
La curie était divisée, indécise. Nombre d'affaires retenaient l'attention des prélats, et le conclave qui débutait semblait s'orienter vers un choix par défaut. L'habitude tacite dans ce cas était de faire élire un pape agé, en fin de vie, et peu rattaché aux factions en rivalité à la curie. C'est dans cette ambiance de manque de résolution que Alessandro Ludovini, 66 ans et notoirement malade, fut propulsé sur le trone de Saint Pierre le 9 février 1621. Gregoire XV était peut être décidé à soutenir la Ligue catholique de Maximilien Ier de Bavière, mais dans le tumulte de son élection, il fut impossible de maintenir un flot régulier d'argent frais à destination des catholiques d'Allemagne.
Les déboires de tous ordres s'accumulaient pour le parti catholique. Il fallait réagir. L'occasion en fut donné avec la déclaration de guerre à l'Angleterre par l'Espagne. Contrarié par l'appui de Jacques Ier à son beau-fils Ferdinand V, électeur Palatin et roi de Bohême choisi par les révoltés de Prague, l'Espagne voulu contraindre Jacques Ier a renier cet appui. L'Espagne de Philippe III tablait sur une situation intérieure tendue au sein du royaume d'Angleterre. Troubles religieux et politiques minaient peu ou prou l'autorité de Jacques Ier. Dans cette situation, il n'était plus question de soutenir financièrement le parti protestant en Allemagne.
on lit mal le marqueur, désolé
Menacé sur son flanc oriental par les indépendantistes hongrois du prince Gabor, l'Empire est en revanche protégé à l'occident par l'armée de Spinola stationné à Bruxelles. Ce militaire génois est un fidèle soldat de Philippe III, depuis qu'il contracta une condotta (un contrat) pour recruter et mener 1000 hommes contre les Néerlandais révoltés aux Pays Bas. Grand adversaire de Maurice de Nassau, il devient réputé pour son habileté à conduire des sièges. Ses succès le propulsent à la tête des armées Espagnoles.
Requis pour garder les abords des Pays Bas, Spinola ne pouvait guerre manœuvrer que le long de la vallée du Rhin. C'était cependant bien suffisant pour en assurer la garde.
Ambrogio Spinola par Michiel Jansz van Mierevelt :
Au centre des territoires catholiques, a mi chemin entre les Flandres espagnoles et l'Autriche, se situent les terres de Maximilien Ier de Baviere. Ce digne représentant des Wittelsbach a été élevé dans le respect de la foi catholique par les Jésuites, et c'est un ami personnel de Ferdinand II de Habsbourg qu'il a connu sur les bancs des collèges jésuites.
Alors que les tensions religieuses et politiques deviennent de plus en plus vive au sein de l'Empire, les puissances protestantes créent l'Union évangélique en 1607. C'est au sein de cette institution que se fédèrent la multitude d’Etats confettis, villes, marquisat, duchés minuscules, désireuses de défendre en fonction de leur possibilités la foi protestante.
En réaction a cette union, Maximilien suscite, en 1609, la Ligue Catholique, à laquelle s'agrègent les petits états désireux de défendre le parti catholique et l'Empire.
Maximilien I
Tandis que Buquoy, Galas et Charles de Lorraine focalisent leur attention sur Bethlen Gabor, Maximilien prenait en compte la menace Bohémienne. Au préalable de toute campagne, il renforça son armée par des recrutements.
Cette armée était aux ordres d'un vieux général wallon de soixante ans, Jean t'Serclaes, comte de Tilly. L'homme est réputé. Ses armes se firent contre les hollandais de Maurice de Nassau, mais aussi contre les protestants français aux bataille d'Arques (1589) et Ivry (1590), et fit la guerre contre les Turcs en 1602.
Ce brillant homme de guerre a réorganisé les armés de Maximilien de Bavière, et il en a désormais les rênes.
Tilly par Van Dyck :
Dans les premières semaines de 1621, il procède à un recrutement de mercenaires, secondé par le jeune comte de Papenheim, vingt cinq ans à cette date là. (+1 milice, +2 demi-mercenaires).
Alors que Tilly grossissait les rangs de l'armée Bavaroise, dans les rangs protestants, Ernst Mansfeld mit son armée en marche.
Depuis Pilsen où il stationnait, il marcha tout d'abord à l'Est pour rejoindre Prague. De là, il fit bifurquer son armée vers le nord.
Franchissant les Monts Elbstandst à la fin du printemps 1621, il descendit le cours de l'Elbe.
Parvenant à Dresde, il écrasa en quelques jours (Overrun) les milices saxonnes qui défendaient la ville. La petite cité fut mise à sac, puis Mansfeld changea encore une fois de direction. Marchant plein ouest, il se dirigeait droit vers la capitale de Jean-George Ier de Saxe.
L'overrun:
Paysage de Saxe.
Et commencèrent alors à apparaitre les premiers pillages, s’égrenant le long des routes des armées, au rythme des colonnes de fumées s'élevant à la verticale des bourgades marquées par cette malédiction.
En premier apparaissent les éclaireurs, par petits groupes de 2 ou 3, montés sur leurs chevaux, pistolets dans les fontes ou en main, l'oeil aux aguets. Ceux-ci ne font que précéder les ennuis. Tout au plus réclament ils à boire, ou un peu de pain.
Mais lorsque cette avant garde repart, elle laisse place aux colonnes d'hommes en marche. Par paquets de cinq ou par douzaine, par vingtaines, ils avancent sur la route, pique à l'épaule, arquebuse à la main, la poussière ou la boue collant à leurs habits selon la saison. Ces groupes se répandent dans les fermes, les basses cours, les jardins. Ils saisissent la volaille, le bétail, intimidant par leur nombre et leurs armes les paysans qui voudraient protester, les laissant démunis et frustrés.
Bientôt le gros de la colonne surgit, grande masse d'hommes cliquetant de fer et piétinant la route. De proche en proche, des drapeaux surplombent ces hommes, déployant leurs couleurs vives et chatoyantes. Quelques soldats ont des tambours, des fifres, mais on ne joue pas à chaque entrée dans une bourgade sans importance. Au centre de l'interminable cortège, grincent et cahotent des chariots, sur lesquels se juchent enfant de troupes et lavandieres, apothicaires et pretres. Des trains de mules s'échinent a faire avancer de lourds canons massifs sur leurs affuts aux gigantesques roues cerclées de métal.
En permanence s'échappe de cette colonne des groupes de reitres, armés jusqu'aux dents. Ils investissent les alentours en quète de rapines, gravitant à proximité de la colonne en marche. Ils forcent les enclos, les portails de grange, les portes des maisons. Linge, ustensile, outils, mais surtout bijoux, nourriture, sont la proie de ces hommes.
Qu'un tendron attire leur regard lubrique, et c'en est fini de l'intimidation. Le père veut s'interposer, véhément. Le talon d'une lance dans l'estomac lui coupe le souffle, un poing lui écrase la pommette, le laissant inconscient. Mais déja la mère réagit, désireuse de protéger son enfant. Elle a saisit un couteau de cuisine, et se précipite sur un des soudards en train d'agripper sa fille. La lame de couteau entaille profondément le bras du rustre. Ses compagnons réagissent avec brutalité. Une pique crève le ventre de la mère, qui s'effondre avec un soubresaut. Alors, les soudards violent la fille, hurlant et pleurant tandis que sa mère agonise à coté d'elle. Lorsqu'enfin les soldats ont assouvis leur bas instincts, ils laissent une enfant traumatisée aux soins d'un père éploré qui vient juste de reprendre ses esprits à coté du cadavre de son épouse, tandis que des volutes de fumée grise enflent dans sa maisonnée incendiée par vengeance par ses agresseurs. Le soldat blessé, le bras sanguinolent, ira voir un médecin, mais, pris par la fièvre, mourra probablement dix jours plus tard.
Juchés sur de fiers destriers, vétus élégamment, velours, brocard, damas, dentelle, grands chapeau et bottes de cavalerie, écharpe de commandement sur le torse, entourés d'aides de camp et de valets, les officiers de la troupe modèrent leur troupe selon leur bon vouloir ou l'étendue d'autorité qu'ils ont sur elle. Que l'on soit en pays ennemi, et la clémence sera mince, la discipline abolie, la violence exacerbée. La paye, les trains de chariot de ravitaillement sont choses aléatoires et insuffisantes. L'homme d'arme se sert sur le pays. En terre ennemie, l'Etat major, en grand équipage, vient signifier au bourgmestre la mise en coupe reglée de sa localité, tandis que les déprédations se multiplient.
Avec soulagement, avec tristesse, avec rage, la communauté des villageois verra s'éloigner l'armée au loin, au bout d'une nuit, d'une semaine, d'un hiver, priant pour que jamais le destin ne conduise d'autres soudards par chez eux.
En marchant sur Leipzig, Mansfeld compte bien mettre au pas le versatile Jean-George Ier de Saxe.
Bien que protestant, ce prince voit d'un mauvais œil l'accroissement de puissance d'un autre électeur. Désireux de s'attirer les bonnes grâces de l'Empereur, Jean-George refusa la couronne de Bohême que Joachim von Schlik lui proposa à la suite de la révolte praguoise. Il laissa ainsi le champ libre à Frederic V, comte et électeur palatin, qui coiffa alors deux couronnes disposant de voies au collège électoral institué par la Bulle d'Or de 1356.
Menant une politique d'équilibre au sein de l'Empire, Jean-George bascula alors dans le camp impérial lorsque la crise éclata.
Jean-George de Saxe :
En se portant contre lui, Mansfeld a la ferme intention de de ramener la Saxe dans le giron protestant, et de dissiper la menace que l'armée saxonne fait peser sur son flanc nord.
Conscient de l'infériorité numérique de son armée, Jean-George refuse le combat lorsque Mansfeld se présente devant Leipzig. Il se retire alors derrière l'enceinte de la ville. C'est cependant un choix funeste, qui le condamne à plus ou moins longue échéance: il n'a nul secours à attendre de ses alliés catholiques, trop éloignés.
Mansfeld assiège Leipzig :
De leur coté, Thurn et Schlik regrettent la manœuvre de Mansfled, qu'ils considèrent comme une perte de temps. Briser nette la puissance de l'Empereur leur semble prioritaire. Emmenant à leur suite les levées tchèques, ils marchent au sud et atteignent le Danube à Linz. Mais parvenu là, le bon sens reprend le pas sur l'audace. A l'Est, l'armée impériale de Bucquoy et Gallas monte la garde à Vienne, trop gros morceau pour eux.
Ils entreprennent alors de remonter le Danube en direction de l'Ouest, ravageant et mettant à sac les terres de l'Empereur, s'emparant de chaque bourgade afin d'y supplanter l'autorité Habsbourg ( en dépensant 1 pm de plus, on peut prendre le contrôle d'une "ville"). Apres quelques semaines de marche, l'armée de bohème approche de Regensburg.
Entre Linz et Regensburg, Passau, sur le Danube :
Tandis que les protestants allemands étendaient leur emprise au nord et au sud de la Bohême, Kristian IV poursuivait ses ambitions personnelles. Violant la neutralité de Lubeck, ville hanséatique libre, il y imposa son autorité, captant à son profit peu à peu les bases du commerce en Baltique.
Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, il marcha alors sur Hambourg, bien décidé à compléter son emprise sur le nord de l'Allemagne.
Face à l'incursion protestante le long du Danube, le comte de Tilly devait réagir. Laisser Thurn libre de ses mouvements lui permettrait certainement de venir faire le siège d’Ingolstadt, lui octroyant un verrou sur le Danube, avant de s'esquiver vers le nord.
Tilly regroupa donc l'armée qu'il avait renforcé durant le printemps et se mit en marche. Les déprédations de la soldatesque touchèrent particulièrement la région de Passau.
Tilly appuya sa manœuvre sur le fait que la forteresse d'Ingolstadt barrait la voie de Thurn et Schlik vers l'ouest.
En les prenant à revers, Tilly coupait toute échappatoire à l'armée protestante. Il approchait à grand pas de Regensburg, où il savait trouver l'ennemi.
Cavalier Wallon des régiments de Tilly :
Thurn était conscient de son infériorité numérique, ainsi que du renom de Tilly. Ce n'était cependant pas un imbécile. Lorsqu'il apprit que Tilly venait à sa rencontre en remontant le Danube, il avait pris soin de reconnaitre le terrain dans les environs de Regensburg.
En arrivant à un jour de marche de Regensburg, Tilly fit faire halte à son armée. Ses éclaireurs lui annonçaient la présence de troupes ennemies un peu en avant de la ville. Il fit donc installer le camp, bien décidé a mener bataille le lendemain. Dans une cacophonie et un désordre apparent habituel, ses différents régiments s'installaient, qui dans des tentes, qui dans les fermes proches, les granges, les maisons isolées. Déja les pillards et les approvisionneurs s'égayaient alentours, en quête de victuaille à saisir pour alimenter la foule affamée que représente une armée en marche. En ce début d'automne humide, Tilly s'abrita dans une petite chapelle de pierre au toit bienvenu pour s'abriter de la pluie fine qui commençait à tomber. Eclairé à la bougie, servis par ses aides de camp qui installèrent bagages, garde robe, vaisselle, archives, Tilly se concentrait sur la confrontation a venir.
Ses officiers, au premier rang desquels Papenheim lui tenait lieu de second, écoutaient les rapports des éclaireurs. Une carte rudimentaire posée sur deux tréteaux dépeignait les environs que Tilly tentait d'identifier en fonction des description de ses éclaireurs. Alors que la nuit s'étendait sur son armée, Tilly dressait son plan. Il marcherait sur Regensburg, appuyé sur sa droite par le Danube, sur sa gauche par un bois épais impropre aux manœuvres militaires.
Alors que l'aube grisâtre et pluvieuse redonne une forme au paysage, le camp catholique s'éveille peu à peu. Des nappes de brouillard s'accrochent encore aux bouquets d'arbres, ou dérivent le long des berges du Danube.
La plaine juste en aval de Regensburg :
Soudain, une rumeur enfle. Un clairon sonne, sinistre, alarmiste. Quelques détonations éclatent. Par petits groupes, des soldats se pressent vers leur unité. Le désordre s'étend. Surgissant du petit bois encore empli des ténèbres de la nuit, un partie de cavalier se rue sur le camp catholique, talonné par des formations de fantassins. Thurn a surpris l'armée de Tilly !
Dans le tintamarre général, Tilly et Papenheim surgissent au milieu de leurs troupes. Les ordres fusent, la riposte s'organise. Héraults et sergents rameutent leurs effectifs, formant à la va vite leur formations.
Une ligne de fantassin s'ébauche:
Déja les cavaliers ennemis s'abattent sur les sentinelles et les piquets de garde, sabrant, lâchant au jugé des tirs de pistolets, renversant tout sur leur passage.
Tilly rallie ses troupes, les premiers régiments à être regroupés, laissant le soin à Papenheim de rameuter le reste de l'armée. Puis il mène la charge, cherchant à contrer l'assaut protestant. Ses mercenaires et stipendiés dressent une ligne d'hommes en arme face à la charge adverse, qui vient buter dessus. Le corps à corps s'engage. Désordonnés, les troupes impériales perdent du terrain et du monde. Il faut du temps avant que la situation se rétablisse.
La matinée avance. Papenheim a envoyé l'aile droite de son armée, plusieurs escadrons, déborder l'armée protestante.
Cuirassiers de Papenheim:
Couvert par le Danube, il s'empare de Regensburg et commence à se rabattre sur le flanc des protestants. La résistance catholique, une fois la surprise passée, fait vaciller la détermination des hommes de Thurn. La menace de Papenheim sur leur flanc achève de les démoraliser. C'est la déroute.
Profitant des mouvements désordonnés des troupes protestantes, les soldats catholiques les poursuivent, taillent et percent, frappent, bousculent.
Incapable de retraiter, l'armée protestante disparait. Schlik a reçu un coup de pique à la cuisse et un autre à la hanche en cherchant à rallier les fuyards. Il est prisonnier. Thurn a mené l'assaut surprise. Un coup d'arquebuse l'a atteint à la joue, et il a agonisé une longue partie de la matinée.
Tilly a été évacué en milieu de matinée, une fois sa contre-charge victorieuse a stopper l'assaut protestant. Une balle d'arquebuse lui a brisé le coude, et il a reçu un coup de pique dans le foie. Il ne savourera que peu sa victoire, et mourra de ses blessures une semaine plus tard.
Voila une victoire chèrement acquise, le meilleur général bavarois étant au nombre des disparus dès la première confrontation sur un champ de bataille

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Si l'armée protestante a été écrasée et anéantie, les pertes catholiques n'en montent pas moins à 2 unités de mercenaires (sur 8 unités).
Tour1- round6
Si le parti protestant essuyait une défaite en Autriche sur le Danube, il marquait des points dans le nord.
Mansfeld maintenait le siège de Leipzig, bien qu'incapable de faire tomber la cité.
Kristian IV de son coté parvenait à s'emparer de Hambourg, étendant toujours plus son influence.
L'autorité impériale fut promptement rétablie par Gallas à Linz.
Papenheim, de son coté, conduisit son armée éprouvée en Bavière, où elle serait plus aisément entretenue qu'en campagne.
Phase de paiement
La volatilité des effectifs, le manque de fiabilité des troupes se firent jour rapidement. Les désertions, l'attrition provoquée par les maladies accompagnant inévitablement les masses de soldats, la lassitude, creusaient les rangs des armées.
L'armée danoise stationnée à Hambourg n'était déjà plus en grande forme, et la ville avait subie quelques pillages
( 1 pillage, 1 pas de perte).
Reclus dans Leipzig, Jean-George Ier de Saxe ne disposait plus des revenus de ses Etats. Ses stipendiés mettaient à mal la ville autant qu'une force ennemie. Réquisitions forcées, vols, rapines, le tout aggravé par les privations dues au siège laissèrent la ville exsangue ( 2 pillages, 2 pas de pertes). Maladie et désertion frappèrent l'armée saxonne assiégée qui avait perdue un tiers de ses effectifs sans combattre.
Phase de siège
A bout de souffle, sans espoir de secours, Jean-George fut contraint de se rendre à merci à Mansfeld, lui remettant les clefs de la ville (chute de Leipzig).
Leipzig désormais aux mains de Mansfeld et d'Anhalt :
