Crème brûlée
un AAR The Guild II – Renaissance
Campagne de la Hanse / Mode Dynastie / Difficulté normale
A.D. 1400, ville libre et hanséatique de Hambourg. Le commerce dans la Baltique et la Mer du Nord connait un essor sans précédent. Au centre de cette évolution se trouve Hambourg, qui grâce à sa position privilégiée, son port gigantesque et ses marchands de renom, accumule des richesses sans relâche. Sa prospérité rayonne jusqu'aux royaumes les plus lointains et attire tout ce qui se trouve de personnes ambitieuses le long de l'Elbe en ses murs.
L'un de ces vagabonds en quête de fortune se nomme Elliott von Aasen. Personne ne sait trop d'où il vient ni pourquoi il disposait déjà d'une coquette somme d'argent lorsqu'il fut remarqué la première fois, passant les lourdes portes de la cité.
Il était dans la force de l'âge, pas plus de 20 ans, avait deux mains gauches mais un talent incomparable pour rouler n'importe quel vendeur. Visiblement issu d'une famille aux moeurs simples, il tenait plus du paysan rustre que du bourgeois aux manières distinguées.
À peine arrivé, il acheta rubis sur l'ongle un logis suffisament grand pour y abriter une famille entière. Le jour suivant, il héla quelques journaliers qui longeaient la route, à la recherche de travail. De ses quelques observations du jour précédent, il avait conclu que la ville manquait singulièrement de boulangers. Il ordonna donc aux quelques miséreux de lui construire une boulangerie solide, leur jetant quelques bonnes pièces comme avance.
Lui-même n'avait pas vraiment idée de comment faire du pain, mais après tout, le personnel de basse extraction était là pour ça. Un obole pour le petit vieux accoudé à sa fenêtre qui mâchonnait des noix à longueur de journée, et Elliott avait les noms de tous les nécessiteux du quartier. Il en prit deux jeunes femmes pour tenir sa boulangerie, leur payant ni plus, ni moins que le salaire habituel.
Restait à engager un journalier muni d'un chariot pour transporter des sacs d'orge vers la boulangerie, et le tour était joué. Ces détails ayant été réglés, il se préoccupa de ses besoins les plus pressants: trouver une femme à épouser. Rien de mieux pour celà que de traverser la place du marché, l'oeil alerte. Impossible cependant de ne pas remarquer l'oppressante mairie, centre de toutes les intrigues politiques.
Des sculptures impressionantes, des blasons époustouflants, des vitraux dantesques, incomparable! Incomparable? Oui! Incomparable à cette beauté rusticale qui s'offre aux yeux de ce brave Elliott. Ses reins ont l'air solides, idéal pour avoir un nombre respectable de rejetons, n'est-il pas?
Quelques mots pour l'amadouer s'imposent, mais la campagne où il a vécu durant sa jeunesse n'était peut-être pas le meilleur endroit pour se former en rhétorique ...
Néanmoins, la demoiselle ne renie pas le boulanger frais émoulu. Après une discussion plutôt trainante, le gaillard se sent même obligé de lui offrir une bague en ... fer.
En bonne entente et chaleureuse amitié, les deux personnages se promettent de se revoir sous peu. Elliott a attrapé une méchante grippe cette journée-là, un moine lui vend de quoi se revigorer à un prix ignoble. La charité n'est plus ce qu'elle était ...
Et les affaires? Oui oui, très important. En bon rapace, von Aasen a décidé de faire installer son chariot rempli de pains d'orge en marge de la place du marché, et d'attendre que les marchands écoulent leurs stocks. Une fois sans pain et confrontés aux ménagères revenues du pénible travail de lavage qui réclamaient de la nourriture, ils se contentaient rapidement de réduire leur propre profit et d'acheter le pain à un prix plus haut.
Le temps passant, Friderun et Elliott se rencontraient de plus en plus souvent, de préférence devant l'hospice de la ville, bien que les gens qui fréquentaient l'endroit n'étaient guère recommandables, et qu'Elliott en revenait systématiquement malade. L'air empesté émanant de la salle des malades n'était peut-être pas des meilleurs pour sa santé.
Cette histoire de puceaux commençait à devenir sérieuse. Elliott avait pris son courage à deux mains et prononcé la phrase qu'il préparait depuis des semaines: "Vous avez de beaux yeux" (remarquez-vous l'amélioration sensible du charme de l'intéressé?). La réponse fut convaincante.
Serait-elle bientôt prête à lui offrir la marmaille auquel il tient tant?