1546 – 1559. La guerre contre la France
Des percepteurs et des juges supplémentaires sont nommés, Charles Quint entame une diplomatie agressive contre la France : le glorieux souverain entend faire valoir ses droits légitimes en Italie, piétinés honteusement par les Français, qui annexent Naples. Le petit roquet parisien essaye en outre d’accroître encore plus ses possessions en Angleterre : Londres est en flammes. L’expansionnisme français doit être stoppé, décide Charles Quint, qui accorde généreusement 12 mois à ce pays impie pour évacuer l’Italie et restreindre sa présence en Amérique, chasse gardée espagnole. Face au grossier refus français d’obtempérer, Charles, le coeur serré, prépare la guerre, déclarée officiellement en 1555. L’Autriche marche avec Madrid, mais l’entraîne aussi dans une autre guerre, contre Venise, le Brabant (vieille connaissance
), l’Oldenburg, le Mecklemburg et Leinster...
Une grande armée part des Flandres, une autre du Roussilon : le pays méprisable tout entier est pris en tenaille et les tercios ont bien l’intention de se retrouver quelque part, au coeur même de la France. Les troupes déferlent aussi en Italie, la flotte sillonne la méditerranée, écrasant les galères françaises et vénitiennes. La Martinique, colonie française située dans la zone espagnole selon le juste traité de Tordesillas, est annexée rapidement avec l’approbation enthousiaste du Pape, ravi de voir l’étau français autour de Rome se desserrer enfin : deux bataillons espagnols veillent désormais sur la sécurité de sa Sainteté, qui légitimise par avance toutes les futurs conquètes de Madrid
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Les Français sont pulvérisés, Paris tombe rapidement. Satisfait, Charles Quint annonce alors son abdication, surprenant une fois de plus, une dernière fois, le monde entier : si l’Empereur a parfois pris des décisions a-priori aberrantes durant son long règne, force est de constater qu’il laisse derrière lui un empire puissant : l’Espagne est la première puissance d’Europe. L’empire est divisé entre ses deux fils : Ferdinand hérite de Vienne, Philippe II de Madrid (la vassalisation de l’Autriche prend fin...). Papiste jusqu’au bout des ongles, le nouvel empereur promet de lutter sans jamais fléchir pour imposer la suprématie de la religion catholique.
Venise, qui n’a subi que des défaites (navales) capitule et offre 228 ducats d’indemnités. En France, les armées espagnoles du nord et du sud ont fait leur jonction et traquent impitoyablement les soldats français, où qu’ils soient. En Italie, seule l’Apulie résiste encore. 12 provinces sont tombées, trois comptoirs français en Amérique ont été brûlés en représailles suite à la destruction de deux comptoirs espagnols : la présence française outre-mer se limite désormais à une colonie, contrôlée par Madrid. Des diplomates sont alors envoyés avec de généreuses conditions de paix, qui n’obtiennent aucune réponse. Philippe II n’en a cure : « C’est mieux ainsi. Que la stabilité de ce pays agressif s’effondre et que les rebelles le ravagent : quand nous ferons la paix, nos troupes ne laisseront derrière elles qu’un vaste champ de ruines ».
Ainsi soit-il.Henri II le pitoyable finit par comprendre que Philippe II le grandiose tiendra parole et qu’il assistera sans le moindre remord à la ruine totale de la France, qui retournera 40 ans en arrière : en 1558, après quatre ans de guerre, il capitule enfin. Les armées espagnoles, il est vrai, ont déjà évacué leurs conquêtes, ne voulant surtout pas affaiblir les armées rebelles qui pullulent en France, discrètement soutenues par Madrid, qui envoi armes et argent. Seule l’Italie est conservée d’une main de fer car elle représente l’objectif de l’Empereur (Philippe II a été élu empereur du Saint-Empire). Avec déjà 9 provinces contrôlées par les rebelles, la France est abandonnée à son triste sort. Pendant 50 ans, l’Espagne a toléré l’hostilité déclarée de la FRance et les vaines menaces : il était temps de faire comprendre à Paris que la France n’est rien comparé à la glorieuse Espagne. Espérons que la leçon sera salutaire.