Une guerre contre l'Empire Ottoman, que peut donc bien contribuer le Danemark? Pas grand-chose à vrai dire, on n'aura pas le culot de qualifier la surveillance de la Mer Baltique de soutien valable. Les précieuses troupes rescapées de la guerre contre l'Angleterre sont là pour pacifier l'Écosse, et être lancées vers l'Est en cas de grand besoin.
Au moins, le commerce fleurit et remplit de précieuses pièces d'argent les coffres royaux. À ce rythme, les nombreuses dettes de la guerre passée seront remboursées en l'espace de quelques années.
Automne 1541: la Pologne et la Lituanie sont à bout, de larges parts de leurs royaumes ont été conquis par un Empire Ottoman à la splendeur inégalée. Les rois chrétiens d'Europe commencent à se faire de grands soucis, surtout après le sac de Cracovie, que l'on raconte avoir été d'une cruauté sans nom. La France répond à l'appel de Rome et envoie de puissantes armées en ces terres lointaines.
Même la Moscovie semble se souvenir de son passé récent, l'humiliation subie par les armées mongoles, la suzeraineté musulmane à ses portes est accablante. À notre très grand soulagement, elle retire son soutien aux indépendantistes suédois. Nos agents comblent immédiatement le vide et versent des subsides pharaoniques aux aristocrates, préférant embrasser les rebelles plutôt que de les forcer à une bataille que nous ne pouvons pas nous permettre.
En parallèle, des tractations avec la France, allié perdu, prennent place à Gdańsk. La menace ottomane fait serrer les rangs, une discussion ouverte sur le traité de paix si honi avec l'Angleterre a lieu. Nos diplomates font des miracles, une approche d'abord timide a lieu, puis enfin une conclusion étonnante: l'alliance est renouvelée, les spadassins de Norvège marcheront à nouveau aux côtés des piquiers de Gascogne.
Joie immense? Oui, mais pas pour longtemps. Les royaumes de Castille et d'Aragon viennent de s'unir, et n'ont rien de plus pressant à faire que d'attaquer leur rival commun, la France. Nous soutenons une fois de plus à bout de bras un effort de défense qui ne nous concerne que marginalement.
Les armées françaises mènent un combat désespéré en Pologne, seules des forteresses freinent les Espagnols. Les navires danois font ce qu'ils peuvent pour faire diversion dans l'Atlantique.
Une situation intenable, qui s'éternise pourtant pendant près d'un an. Alors que les Ottomans assiégeaient Riga, Auguste Stuart de Pologne a fini par négocier. Les Ottomans arrondissent largement leurs possessions autour de la Mer Noire.
La population chrétienne de ces conquêtes, qu'elle soit catholique ou orthodoxe, ne devrait pas goûter la tutelle de ses nouveaux maîtres. Il est à espérer que leur colère se manifeste par les armes et mette la Sublime Porte sous pression.
La guerre avec l'Espagne est moins dangereuse, et l'assainissement des finances danoises permet la construction d'un château-fort à Inverness. On peut parler d'une accalmie, surtout après la victoire navale dans le détroit de Gibraltar, qui a coûté à l'Espagne la moitié de sa flotte.
Pologne et Lituanie se sont rejointes au sein d'un royaume commun, les Espagnols subissent de plein fouet le retour des armées françaises, Naples en fait les frais, et nous nous permettons une incursion en territoire autrichien.
330 000 morts après sa déclaration de guerre, l'Espagne demande une paix blanche, qui lui est accordée. La France a beaucoup apprécié le soutien danois, les griefs passés sont désormais de la vieille histoire.
Un repos bien mérité, qui permet de conclure l'intégration de la Suède. L'Union de Kalmar est officiellement et pour tous les temps scellée, et la couronne du Danemark à sa tête indéboulonnable.
À peine remarquée, une transition sans accrocs se fait dans la succession au trône, avec un interlude de quelques années, qui a vu le Riksråd mener les affaires jusqu'à la majorité de Hans Ier, de la maison Wittelsbach.
1550: la Pologne-Lituanie demande notre appui dans une guerre offensive contre la Moscovie. Nous visions plutôt une nouvelle guerre contre l'Angleterre, mais soit, l'armée est prête, les caisses remplies d'or, les recrues abondantes. De plus, la Moscovie a souffert de ses batailles passées, son armée est plus petite que la nôtre et égale à peine celle de l'Angleterre.
Restons prudent, surtout que le hareng vient à manquer!
Moscou se concentre sur les armées polono-lituaniennes, laisse le champ libre aux nôtres dans le Nord. Novgorod, la porte vers l'Ouest, tombe sans grands efforts. D'une rapidité insoupçonnée, cette campagne nous porte en quelques mois sous les murs du Kremlin. Le duc de Moscovie tourne désormais ses hommes vers nous, mais il est trop tard, les piques danoises dominent les plaines russes.
À Copenhague, on commence à forger des plans d'annexion, à estimer le potentiel économique du grand Nord ... Princes et duchesses rêvent de zibelines en abondance.
Dans cette euphorie, des fonds importants pour la prospection de la Norvège sont alloués sans attirer trop d'attention. Il faut bien compenser les pertes dans le commerce du hareng salé.
Comme Varsovie ne fait pas mine de signer une paix, nous nous en occupons. Ce n'est pas très cavalier vis-à-vis de nos alliés, mais reste dans le domaine du tolérable. La presqu'île de Kola, quelques forêts et des marais autour de la Neva feront notre plaisir.
Les rares habitants de ces régions sont orthodoxes, le Pape sera ravi d'apprendre que nous entreprenons tout ce qu'il faut pour sauver leur âme et les ramener dans les rangs de l'église catholique. Les temps étant prospères, le roi peut se permettre de faire avancer l'unification des codes de loi.
Les excédents fiscaux serviront à financer une manufacture d'armes, tout près de la grande montagne de cuivre de Falun, en activité depuis plus de 500 ans.
Un regard vers le Nouveau Monde, où l'empreinte européenne est encore modeste. On notera la colonisation française en Colombie, en concurrence avec les proches domaines espagnols. Les Anglais ont un pied-à-terre en Amérique du Nord.
Trêve de palabres, l'heure de l'Angleterre a sonné! La guerre contre la Moscovie a laissé peu de traces, les armées danoises peuvent se lancer à l'assaut d'un ennemi soutenu faiblement.
17 000 soldats anglais sont coincés en Irlande, la France débarque immédiatement 18 000 hommes sur les plages du comté de Sussex, les châteaux écossais restants sont enveloppés par une nuée de Danois. Les Tudor tremblent.
Clèves et Verden tendent vite leurs armes pour échapper au boucher français, qui mène campagne en Autriche également. Les armées anglaises divisées subissent défaite sur défaite, incapables de tenir tête à l'invasion de 55 000 Danois. Londres tombe en août 1561, après seulement deux ans de guerre.
L'appétit danois est grand ... très grand. L'Autriche est forcée de signer une paix séparée pour une somme mirobolante. Les Anglais subissent eux une saignée colossale, cédant près d'un tiers de leur pays.
Le morceau est lourd à digérer. Le protestantisme est à la mode dans les milieux bourgeois du Danemark, quelques premiers aristocrates sont eux affairés à fricoter avec l'hérésie. On murmure qu'une bonne partie de Copenhague même ne répond plus de Rome ... En saupoudrant le tout de puissantes villes anglaises, protestantes, on obtient un mélange dangereux.
Les croyances se mêlent aux doléances, les forces centrifuges sont énormes. En cette période de chamboulements, chacun demande à changer le statu quo en sa faveur.
Arquebuses et myrrhe sont mobilisées pour contrer brutalement ces tendances fautives. La maison Wittelsbach se joint à la ligue ultra-catholique, dont de vastes parts de l'Espagne, de la France et de la Pologne-Lituanie se réclament.