Les folles aventures autrichiennes – Episode 5
(1537 – 1550)
L’affirmation de la nouvelle puissance protestante
Bien que cherchant à rallier un maximum de ses sujets à la vraie foi, l’Archiduc avait édicté un décret de tolérance sur l’ensemble de ses terres. Chacun était libre de vivre sa religion et les catholiques conservaient une bonne partie de leurs lieux de culte. Toutefois, seul le prosélythisme luthérien était accepté. Luthérien comme catholiques étaient égaux en droit devant la justice et l’impôt. Les peines pour des violences au motif de la religion étaient lourdes et identiques de chaque côté. L’Archiduc veillait scrupuleusement à la ferme exécution de ces clauses du décret. La bonne marche de l’Autriche en dépendait.
Dans les faits, il n’y eu guère de problèmes. La grande majorité des sujets de l’Archiduc (5 conversions sur 6 réussies) se convertirent en masse à la suite de leur chef. Quant aux régions les plus attachées au catholicisme romain, comme l’Alsace ou Cologne, l’Archiduc en signe de paix adressé au monde, leur offrit un statut d’autonomie comme membre du Saint Empire Romain Germanique. Ce geste, bien que critiqué par les plus radicaux des luthériens, fut remarqué au sein des cours européennes et perçu pour ce qu’il était : une marque d’apaisement et de tolérance.
Son pouvoir raffermi à l’intérieur de ses terres, l’Archiduc qui rêvait de la couronne impériale pris la décision suivante : puisque l’empereur est incapable de policer le SERG où les ignominies les plus dantoniennes se produisent, l’Autriche va jouer ce rôle. Ainsi, se disait l’Archiduc, les électeurs ne pourront plus se permettre de se passer de l’Autriche pour tenir le SERG et m’éliront. C’est dans ce contexte qu’éclata la guerre austro-poméranienne en 1537. La Poméranie, Etat catholique du Nord à l’époque, venait d’annexer en quelques années le duché de Brandebourg et celui de Saxe. L’empereur, totalement tel un pantin sans voix, n’avait ni bougé ni parlé. La disparition de 2 duchés ancestraux du SERG ne pouvait être toléré et beaucoup s’indignaient (mais personne ne bougeait). L’Archiduc avertit le duc de Poméranie que ce serait la guerre s’il ne rendait pas la liberté aux 2 anciens duchés. Devant son refus, l’Archiduc convoya 35000 autrichiens en Silèsie, à la frontière Nord, et déclara la guerre. Les premiers chocs furent décisifs mais l’armée poméranienne ne fit pas le poids devant les troupes autrichiennes. Son armée brisée, le duc refusait toujours la paix. De longs sièges de ses puissantes cités aller être nécessaire.
C’est à ce moment que l’Infidèle le fourbe, le lâche, amassa des dizaines de milliers d’hommes à nos frontières et entra en guerre sans sommation
. L’Archiduc, devant l’immense péril, preleva une partie des troupes assiégeantes et les rassembla avec les réserves de son armée en Bohême. 40000 autrichiens allaient devoir défendre l’Autriche et Vienne. Heureusement, l’Autriche n’était pas seule. Le frère de l’Archiduc, bien que fidèle catholique n’en restait pas moins soucieux de défendre la chrétienté dans son ensemble, c’est cette guerre qui réconcilia en partie les 2 frères
. L’Espagne, en effet, entra aussi en guerre pour apporter son aide au bastion de la chrétienté
.
La 1er guerre austro-turque
Et Vienne tomba…
Dans les 1er mois de la guerre, les troupes autrichienne et espagnoles se trouvant loin du front, les armées ottomanes purent manœuvre sans difficulté au sein du territoire autrichien. Suleyman en personne commandait une armée de 50000 fantassins et rien que par son nom et sa légende terrifiante (on raconte partout qu’il se délecte quotidiennement de chair humaine et qu’il fait subir d’horribles supplices aux populations soumises) il fit tomber nombres de cités autrichiennes. Déjà tout le sud de l’archiduché était tombé quand enfin les troupes chrétiennes firent leur apparition. L’Espagne, ayant des possessions en Italie du Sud, faisait remonter ses troupes par la plaine du Pô puis le Tyrol. Logiquement, la défense de la partie ouest du front lui fut confier. Son armée étant essentiellement composée d’infanterie et commandée par de brillants officiers, elle était tout indiquée pour lutter sur les terrains accidentés du sud-ouest de l’Autriche. L’armée autrichienne quant à elle, se chargerait de bloquer la route du nord au Sultan et de protéger Vienne. Malheureusement, ce beau plan fut réduit à néant par la vitesse de Suleyman qui en quelques jours atteignit Vienne et en entama le siège.
L’armée autrichienne commandée par l’efficace Von de Marseille (un génie
) stoppa sa marche pour Vienne. Suleyman tenait une position trop avantageuse pour l’affronter.
Plusieurs mois passèrent et nombre de batailles virent beaucoup de bons chrétiens périrent
mais ils emportèrent avec eux aussi nombre de janissaires
. Toujours est-il que l'armée assiégeant Vienne ne put être délogée et ce qui devait arriver arriva : Suleyman entra dans Vienne en juillet 1538. La capitale autrichienne n'avait tenue que 5 mois
. Ce fut une onde de choc pour toute la chrétienté et ceux qui n'avaient pas déjà les yeux braqués sur cette guerre entre 2 civilisations dominatrices n'en perdirent plus une miette à partir de là. Le découragement gagnait les rangs autrichiens. Von de Marseille rassembla tout l'armée autrichienne au nord de Vienne et arranga si bien ses troupes que le renoncement fit place à une incroyable soif de vengeance (quel génie
). Il était temps de retourner la situation en notre faveur.
.....puis elle se releva plus forte et plus belle
La 1er grande nouvelle vient d'Espagne où dans les terres montagneuses de Krain, les troupes espagnoles du duc d'Albe résistèrent à l'attaque de Suleyman. Cette nouvelle fit l'effet d'une boule de neige. Ainsi donc il n'était pas invincible. Von de Marseille, jusqu'alors assez prudent, pris la décision de bouter les Infidèles hors d'Autriche plutôt que de se lancer dans une guerre des sièges (mais quel génie
). Conjointement avec un corps de 15000 espagnols, la cavalerie autrichienne fit des merveilles et terrassa nombres de janissaires. Les armées ottomanes refluaient vers la Hongrie. Leur renfort semblait lent et insuffisant pour compenser les pertes. La route de Vienne étant libérée
, Von de Marseille ne perdit pas un instant et marcha vers la capitale autrichienne (quelle idée de génie ). Une forte garnison ottomane avait été laissée là par le Sultan. Le duc d'Albe et Von Marseille décidèrent qu'il valait mieux ne pas se perdre dans un long siège de Vienne mais plutôt la prendre d'assaut pendant que l'armée de Suleyman pensait ses plaies. De plus, les assaillants pourraient compter sur l'appui des habitants de la ville. Une formidable armée de 50000 hommes fut rassemblée sur Vienne et l'assaut commença en cette fin d'année 1538.
Triple hélas, on ne sait pas quel sortilège, les janissaires tinrent bon
. Le moral des chrétiens en fut atteint d'autant plus que tous s'attendaient à voir Suleyman et ses janissaires sortir des bois hongrois au retour du printemps. L'hiver allait être long et pénible.
Bon gré, mal gré, espagnols et autrichiens campent sous les murs de la capitale. Le duc d'Albe et Von Marseille sont d'accord : il ne faut pas attendre l'arrivée de Suleyman et tenter un nouvel assaut coûte que coûte. Ainsi, en mars 1540, alors que les rapports indiquent une forte présence de troupes à la frontière hongroise, les alliés décident de déclencher un nouvel assaut. "Malheur de malheur, maudit soit le destin pour favoriser ainsi les turques" s'écria Von Marseille lorsqu'il constata que ce nouvel assaut était encore un échec
. Et comme une mauvaise nouvelle n'arrive jamais seule, On apprit quelques jours plus tard que Suleyman était en marche vers l'Autriche à la tête d'une nouvelle armée. La route qu'il suivait.....................celle de Vienne !
Se démultipliant, le duc d'Albe et Von Marseille se préparèrent à la confrontation inévitable. Il n'était pas question d'abandonner Vienne si proche de céder. Il allait falloir résister. Heureusement, le terrain favorisait les défenseurs et surtout, ce qu'ignorait le Sultan, c'est que Von Marseille gardait 28000 cavaliers à proximité de Vienne pour soutenir l'infanterie à tout moment. Pendant cette longue attente qui dura des semaines, 2 bonnes nouvelles vinrent gonfler encore un peu plus la détermination des alliés : Salzbourg et Steiermark venaient d'être libéré par les troupes espagnoles après de longs mois de siège. La bataille tant attendue eut lieu en juin : 48000 janissaires contre 30000 chrétiens.....très rapidement renforcés par 28000 cavaliers. Ce renfort de poids déstabilisa complétement l'armée ottomane qui fut repoussée à défaut d'être écrasée
. Suleyman faisait montre d'un réel talent pour limiter ses pertes quelque soit l'issue de la bataille. Néanmoins, ce nouveau succès eu un impact retentissant sur la garnison ottomane à Vienne et sur les habitants de la ville. Et en juillet Vienne fut libérée
.
La guerre n'en était pas terminée pour autant. L'Infidèle ne voulait pas renoncer à ses intentions. Toutefois, les armées chrétiennes marchaient sur un nouvel élan et reprirent progressivement le contrôle de l'ensemble du territoire. De plus, l'armée autrichienne qui était restée au nord pour vaincre la Poméranie était enfin libre. Le duc fou reconnaissait enfin sa défaite en 1540 et cédait les terres annexées quelques années auparavant à l'Archiduc. Celui-ci s'empressa alors de refonder le duché du Brandebourg. L'Autriche regroupait ses forces en Bohême et comptait alors plus de 50000 hommes.
La guerre dura encore une année entière. De nombreux combats eurent lieu. L'Espagne se retira de l'Autriche et nous laissa seul face aux armées ottomane. Le roi d'Espagne ouvrait en fait un nouveau front en Egypte. Le front se stabilisant dans les Balkans et le Sultan sentant forcément le vent tourner, il accepta de négocier une paix blanche. Les alliés chrétiens hésitèrent un instant à poursuivre la guerre mais préférèrent se montrer raisonnable et patient. Le fruit serait récolté plus tard
L'Autriche sortait saine et sauve de ce conflit. Son prestige se trouvait rehausser par la libération du Brandebourg et sa résistance face à l'Infidèle. L'Archiduc remercia officiellement et sincèrement l'Espagne pour l'aide décisive qu'elle apporta. Sans elle, nous aurions probablement été vaincu. L'Archiduc profita de la paix avec le Sultan pour régler un différend avec le roi de Pologne. Les armées expérimentées de l'Autriche ne firent qu'une bouchée de celles polonaises. En 1550, l'Autriche était devenu indiscutablement une grande puissance de ce monde.