Dans cette Europe du début des années 1840, le Royaume des Deux Siciles n'est qu'un poids moyen.
Ferdinand II, plus ambitieux pour son Royaume -Naples est après tout la troisième ville d'Europe!- y travaille et fait travailler son administration et son gouvernement. Les encouragements à la carrière militaire deviennent nombreux. De nouvelles recrues feront autant de fils en moins à la recherche de terres. Ainsi, de nouvelles divisions sont levées, augmentant d'abord d'un tiers les effectifs totaux de l'armée, tandis que d'autres créations d'unités sont prévues dans les années à venir.
Période romantique et uniformes chatoyants obligent, certains jeunes bourgeois et jeunes nobles manifestent eux aussi leur enthousiasme martial.
Rien de tel pour, en goguette, aller charmer les dames de Palerme, Messine ou Naples.
Dans le même mouvement de réforme militaire, un système de conscription embryonnaire est mis en place, assurant d'abord quatre, puis huit divisions de réservistes pouvant être appellés en cas de besoin.
Bien évidement, sans le nerf de la guerre, rien de tout ça n'aurait été possible. Une armée, ça s'entretient. Surtout quand, comme Ferdinand, on ne veut guère entendre parler de demi-soldes, d'équipement manquant et d'entraînement baclé (ie les curseurs d'entretiens et de dépenses sont à fond). Rien ne serait donc possible sans le développement économique du Royaume qui poursuit à son rythme son chemin.
L'aisance financière de l'Etat est plus que satisfaisante, grâce au souffre sicilien et à la nouvelle usine de conserves de Naples.
C'est ainsi que le phénomène, amplement démontré depuis -notamment par les études de Rostow- de révolution industrielle (cercle vertueux d'investissements) prit une nouvelle ampleur dans le Royaume des Deux Siciles. Encouragée par l'Etat, financée sur fonds privés, la première voie ferrée de la péninsule italienne est fondée.
Elle est inaugurée par le Roi en grande pompe à l'automne 1844.
La couronne, la presse... tout le pays en fait, se gargarise de la première voie ferrée italienne (en omettant celle construite à Vérone dans le Royaume Lombardo-Vénitien, mais les Terres Habsbourgs sont elles italiennes?) et de la place pionnière prise par le Royaume sur la péninsule, mais aussi dans le bassin méditerranéen.
Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes?
Hélas pour lui, bien malgré elles, les Deux Siciles eurent vite l'occasion de confronter cette prospérité et cette réforme militaire à la dure réalité diplomatique...
(et m....)